Mois : août 2022

Yunnan (云南) – Voyage le long du fleuve Yangtsé

Yunnan (云南) – Voyage le long du fleuve Yangtsé

Le fleuve Yangtsé (en pinyin Chángjiāng, ou 长江 en chinois) prend sa source dans les hauts plateaux arides du Tibet, pour se jeter ensuite à Shanghaï dans la mer de Chine Orientale, en ayant traversé toute la Chine. Avec une longueur de 6380km, c’est le plus long fleuve d’Asie, le troisième plus long fleuve du monde et le plus long au monde à couler entièrement dans un seul pays. Je vous l’avais bien dit: ici tout est « le plus grand/le plus haut/le plus long du monde ».

Les Gorges du Saut du Tigre (Hǔtiào Xiá en pinyin, 虎跳峡 en chinois) 🏔: Nous quittons à présent Shangri-La, direction « les Gorges du Saut du Tigre ». Avec une longueur d’une trentaine de kilomètres, ces gorges sont absolument spectaculaires: encastré entre le mont Haba (sommet à 5400m) et le mont enneigé du Dragon de Jade (sommet à 5600m), le fleuve Yangtsé franchit tel un énorme torrent pas moins de 18 rapides dans des paysages époustouflants. Des parois incroyablement verticales étranglent le fleuve, par endroit il doit il y avoir pas moins de 2000m de dalle, un véritable paradis pour les grimpeurs. Cette zone est si magnifique qu’elle fait partie des 15 « aires protégées des 3 fleuves parallèles » classées au Patrimoine mondial de l’Unesco.

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Vue panoramique sur le Mont enneigé du Dragon de Jade (5600m)

C’est toujours aussi impressionnant d’être entre ces deux sommets culminants à plus de 5000m d’altitude, sans même voir de la neige. Mais rappelons que nous sommes ici à une latitude équivalente à celle du milieu de l’Algérie, soit beaucoup plus bas que celle du Mont Blanc 🏔⛰🌏.

Mais d’ailleurs, savez-vous d’où vient ce nom de « Gorges du Saut du Tigre »? Ce nom provient d’une légende, celle d’un tigre qui aurait franchi d’un bond le Yangtsé pour échapper à un chasseur. Pas bête, le félin aurait choisi le point le plus étroit (20m seulement), là où un rocher, le Tiger Leaping Rock, s’enracine au milieu des flots déchaînés.

Revenons donc à notre arrivée dans les Gorges, qui est déjà en soit une petite expérience dont seuls nos amis les Chinois ont le secret 🚗🚕🚌🚙. A l’entrée des Gorges, un énorme noeud de voitures nous attendait. En effet, il fallait d’abord arriver au niveau d’une personne auprès de qui l’on devait acheter nos tickets permettant d’entrer dans les Gorges (tout est payant ici). Ensuite, deuxième noeud de voitures avant d’aller montrer nos tickets à une personne dans une petite guitoune, afin de contrôler que nous avions bien pris nos tickets (n’oublions qu’ici le plein emploi est le mot d’ordre, quitte à avoir des emplois complètement inutiles). Et à nouveau, longue attente au milieu d’un tas de voitures, à attendre que l’on nous laisse passer pour accéder à la route longeant les Gorges, le tout après 2 heures d’embouteillages. C’est incompréhensible car autant sur certains sujets, comme par exemple la logistique, les Chinois sont imbattables, mais pour ce genre de gestion de flux, l’expression « pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué » n’a jamais été aussi vraie.

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Voir tout ce monde dans ces Gorges est très récent car jusqu’à la fin des années 1990, il n’y avait qu’un sentier muletier, qui a depuis été remplacé par la route que nous empruntons. Il y a à présent plusieurs façon de visiter les Gorges du Saut du Tigre: par en bas via l’itinéraire aménagé, toujours par en bas mais façon trail « pour aller toucher l’eau », ou encore par en haut façon trek. Pour contenter toute la famille, nous allons donc tester les trois méthodes! Pour nos enfants encore un peu ronchons quand il faut marcher, nous commençons par le chemin aménagé du bas, le fleuve étant particulièrement puissant et rugissant à cet endroit précis, étranglé entre la montagne Haba et la montagne du Dragon de Jade.

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Et puis tant qu’à aller sur les plateformes aménagées spécialement pour les photos TikTok (c’est une vraie institution ici), autant les utiliser aussi 📸

Pour remonter, 2 options: soit remonter par les escaliers en bois, soit remonter en escalator (si si, un vrai escalator a été installé pour descendre et remonter au parking, il faut ce qu’il faut). Nous avons donc laissé les enfants remonter avec Jeff en escalator, après qu’Augustin se soit laissé prendre en photo par une maman chinoise qui le trouvait très beau car il ressemblait à Harry Potter 🧙🏻🤓.

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Après cette première étape dans les Gorges, nous reprenons la voiture pour aller déjeuner dans une auberge plus le long de la route. Même si cette route avait été refaite récemment, il n’était pas rare de voir des morceaux de falaise s’étant détachés de la montagne pour tomber sur la route, et ça n’était pas juste des petits cailloux. Mieux valait ne pas se trouver en-dessous à ce moment-là!

J’ouvre ici une petite parenthèse sur les sanitaires en Chine. La plupart du temps, notamment dans les lieux publics, il s’agit de toilettes à la turque. Ce n’est pas ce que je préfère, mais au moins c’est plus hygiénique. De plus, le système de canalisation en Chine est si mauvais qu’il ne faut pas jeter le papier dans les toilettes, mais dans une poubelle à côté, même dans les habitations privées (bonjour l’odeur…). Troisième point, en Chine la notion d’intimité n’est pas la même que pour nous, à savoir qu’il n’y en a pas (ou du moins pas beaucoup). En allant faire une pause technique après le déjeuner, j’ai donc eu la joie de tester les latrines, mais grand luxe car il y avait des petits murets entre chaque. J’ai quand même demandé à Augustin de faire le guet pour que personne ne rentre alors que j’y étais…

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Après un bon déjeuner avec une superbe vue sur les Gorges, nous prenons la route mais dans une voiture plus petite que celle de Jeff, et qui ne passerait sans doute aucun contrôle technique, conduite par un de ces amis. Et en effet, la route qu’il fallut emprunter pour atteindre le début de notre rando était beaucoup trop étroite pour son van. La montée par cette route étroite était déjà une aventure en soit: route de montagne sans parapet, inclinaison sans doute supérieure à nos normes, et nous avons eu de la chance de ne pas croiser d’autres véhicules… Et vu les rochers que nous avions vus sur la route en contre-bas, nous espérions très fort que la route ne cède pas sous le poids de la voiture. Bref, nous sommes arrivés en haut sur le chemin de rando sans soucis 🥾! Ce sentier haut remplace l’ancien sentier bas, qui a été remplacé par la route goudronnée qui nous avions empruntée le matin. On ne côtoie pas ici le fleuve, mais on le domine du haut, voire de très haut, cheminant à flanc de montagne sur les basses pentes du Mont Haba.

Le trek complet se fait sur une journée, voire sur deux jours pour bien en profiter. La difficulté par temps sec est moyenne (et il devient très dangereux par temps de pluie), mais même si nous avons l’habitude de traîner les enfants avec nous les week-end pour randonner autour de Pékin, ce sont aussi leurs vacances donc nous avons opté pour ne faire qu’une partie du trek, sur un après-midi.

Les paysages sont grandioses, et impressionnants du fait de certains passages vertigineux. Pas de main courante ni corde pour sécuriser les passages aériens, nous comprenons mieux pourquoi cet itinéraire devient déconseillé par temps pluvieux: les pierres sont déjà très glissantes par temps sec, donc je n’ose pas imaginer si elles étaient mouillées. Et la terre argileuse dans les descentes rend le sol très glissant (même Julien nous a offert une figure artistique digne de ce nom en tombant avec Constance sur les épaules, pour ne pas qu’elle se fasse mal. Plus de peur que de mal, tout le monde va bien!).

Après la cohue du point de vue ultra fréquenté en bas, ici nous étions seuls au monde dans l’immensité des gorges. Enfin presque seuls, car les villages aux alentours sont constitués de fermes, et les flancs de montagnes sont les prairies des animaux de la basse-cour 🐂🐐🐓🐎.

En chemin, à peu près à mi-parcours, nous passons par un petit village où l’on s’arrête sur la terrasse panoramique d’un gîte à l’allure de gros refuge alpin. Nous y étions à peu près tous seuls, pourtant on sentait qu’ici fut un temps ça devait grouiller de monde. Il faut savoir que le sentier haut est plutôt empruntés par les occidentaux, plus amateurs de rando comme on les aime chez nous, où avoir un beau paysage se mérite au travers de l’effort. A contrario les chinois sont plus friands d’un accès facile à de beaux endroits à immortaliser pour leurs followers, le chemin aménagé du bas est donc tout indiqué. Etant donné qu’il n’y a plus de touristes étrangers en Chine, sauf les quelques de plus en plus rare expatriés, ces gîtes d’étape ne sont plus fréquentés comme ils l’étaient autrefois 😟.

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Après cette journée qui nous en mis plein les yeux et les jambes, nous arrivons à notre chambre d’hôte d’un soir. Un lieu que l’on ne devine pas de la route, caché à flanc de montagne, avec une vue imprenable sur les sommets, le tout rythmé par le cours du Yangtsé. Sans se concerter, Julien et moi retrouvons ici des sons et odeurs nous transportant dans le souvenir de notre voyage au Sri Lanka 🌴🌸🍃🎋🌺⛰🦎🦋. Après un délicieux repas (à base de produits du jardin) sur le toit-terrasse 🌄, nous avons longuement discuté avec la propriétaire du lodge (le bonheur pour nous de discuter avec des personnes parlant anglais, et pour elle de pratiquer la langue). Elle nous expliqua que la nouvelle route a fait grand bien pour les gîtes reculés comme le sien. En effet, auparavant avec l’ancienne route moins fréquentée (car en mauvais état), les touristes ne s’aventuraient pas trop loin des bords de route (sauf les étrangers notamment, plus en recherche de calme que nous amis chinois). Le COVID étant passé par là, presque plus personne ne venait donc dans ces petits lodges éloignés. Avec la nouvelle route, il y a plus de trafic, et les voitures roulent à une vitesse plus importante. Par conséquent, les gîtes trop proches de la route sont devenus trop bruyants, et donc moins attractifs, mais cela a fait le bonheur des autres plus reculés. Cela étant dit ce soir-là nous étions seuls, et très égoïstement nous avons beaucoup apprécié.

Le lendemain matin, Julien et Jeff se sont levés à l’aube pour descendre « toucher l’eau » comme ils disaient, façon trail cette fois-ci (moi je reste avec les enfants, car ce jour est un jour spécial 👦🏼🎂🔟). Une autre façon d’apprécier les lieux. Bizarrerie pour nous, arrivés au début du sentier de descente, Julien a dû payer son entrée à un monsieur qui attendait là. La raison? C’est lui qui avait tracé le chemin. En remontant, même histoire à l’entrée d’un autre sentier à un autre monsieur. Et même raison. Décidément, randonner ici semble encore être une activité à caractère exceptionnel.

Wumu (吾木): Au retour de Julien et Jeff, nous reprenons la route pour Wumu, notre gros coup de coeur des vacances, une véritable pépite, un voyage dans le voyage! Mais comme je vous le disais, ce jour est très spécial puisqu’Augustin souffle sa dixième bougie! Même si nous avons fêté ça comme il se doit avec ses petits camarades avant de partir, et même si son cadeau l’attend pour son retour de vacances, j’ai demandé à Jeff s’il était possible de trouver en chemin un gâteau, ou au moins quelque chose pour mettre une bougie dessus. Mais c’était sans imager l’expédition qui attendrait ledit gâteau! 🎒🎂🥾

La veille, Jeff nous avait expliqué que l’unique route menant à Wumu était en train d’être complètement refaite, et que par conséquent en temps normal elle n’était ouverte que deux fois par jour: de 12h à 13h, puis après 19h. Toutefois, la route ne pouvait à priori pas être dégagée pour nous permettre de passer avec la voiture le lendemain. Il nous demanda donc de préparer un sac à dos avec nos affaires pour les deux prochains jours, sa voiture restera avec nos valises à l’entrée du chantier non dégagé. Il nous faudra alors rejoindre à pied l’autre extrémité du chantier, où une autre voiture devait nous attendre. Bon… ça semble être un peu compliqué, mais après tout nous voulions sortir des sentiers battus, ce programme nous convient donc très bien! Il faut savoir aussi que le Huahuasei Lodge, là où nous passerons nos deux nuits à Wumu, appartient à Jeff, et au fur et à mesure du voyage nous nous sommes rendus compte qu’il connaissait à peu près tout le monde dans la région, qu’il connaissait comme sa poche. Donc aucune inquiétude, nous nous savons entre de bonnes mains. Après un passage par Lijiang pour acheter un ÉNORME gâteau d’anniversaire (là j’espère très fort que le passage à pied avec les sacs à dos ne sera pas trop compliqué…), où nous avons aussi déjeuné avec Wendy, l’épouse de Jeff qui est aussi une compatriote belge, nous reprenons la route en direction de Wumu.

La route est longue, et nous faisons un arrêt tourisme à « Blue Moon Valley ». Il s’agit d’un lac très prisé, du fait de l’eau d’un bleu turquoise éclatant (photo non retouchée), au pied de la montagne du Dragon de Jade.

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Et donc comme vous pouvez vous en douter… les rives du lac étaient noires de monde! Il faut dire que le lieu se prête particulièrement bien à de jolies photos, même s’il n’est pas simple de n’avoir personne d’autre dessus! 📸💧

Ce qui était assez drôle, c’est le nombre impressionnant de couple de futurs mariés venus avec un photographe pour immortaliser l’évènement. Prendre des photos pour les occasions spéciales est une vraie religion en Chine (et ça n’est pas moi qui le dit!), les mariés prévoient donc en général une journée (voir plus) pour faire les photos dans les plus beaux endroits possibles. Nous avons croisé au moins 40 couples de futurs mariés (ou pas en fait, car finalement rien n’empêche de choisir une tenue de marié(e) plutôt qu’une autre pour sa séance photos!), et c’est toujours très amusant de voir une jeune femme bien maquillée et en robe de mariée, relever sa robe pour marcher sans trébucher, et de découvrir qu’en dessous elle est en legging et claquettes en plastique 🧖🏻‍♀️🩴.

A y regarder de plus près, l’ensemble a été fortement aménagé, et n’a donc plus grand chose de naturel. Le lac a été creusé plus encore pour qu’il n’y ait plus que du sable au fond, afin d’accentuer la couleur turquoise. Les cascades en terrasse, au départ complètement naturelles, ont été aménagées pour les rendre plus régulières, plus esthétique.

Mais ça n’en reste pas moins très joli lieu, parfait pour le plaisir des followers sur les réseaux sociaux, et ce qui montre aussi ce que l’on veut sur ses photos, l’envers du décor étant bien moins glamour que l’image que l’on souhaite montrer.

La famille s’est prêtée à ce jeu, même si nous avions du mal à garder notre sérieux 😅

Allé hop, c’était joli, mais nous on préfère s’isoler au milieu de nul part. Nous reprenons donc la route avec Jeff et le gâteau (si si), et nous roulons jusqu’à ce que la route sous complètement bloquée. Deux heures de marche plus tard, avec des enfants demandant toutes les 2 minutes « quand est-ce qu’on arrive? », le gâteau est sain et sauf (pourtant ça n’était pas gagné!)

Arrivés enfin de l’autre côté, le neveu de Jeff, qui devait nous retrouver avec une autre voiture, n’était pas monté si haut (Jeff nous disait en rigolant que son neveu était un fainéant), mais pas de soucis, un ouvrier va nous y conduire avec son camion de chantier, qui sentait aussi fort le carburant et l’huile que ses amortisseurs étaient inexistants.

Quand nous retrouvons un véhicule plus traditionnel, nous pouvons admirer la vue qui s’offre à nous à chaque virage.

Construit sur un rocher (à présent bien caché par les maisons), Wumu est un village de 600 âmes offrant une superbe vue sur la vallée creusée par le Yangtsé, et sur toute la région de Baoshan. Et cette vue est encore plus impressionnante depuis la terrasse du Lodge de Jeff! Le village a beau être à 2200m d’altitude, en hiver les températures ne descendent pas en dessous des 15°C, c’est donc un climat idéal en toutes saisons. On ne vient pas ici par hasard. On y vient spécialement, dans un but précis : on s’y pose loin de tout, on contemple, on randonne.

Ce très joli Lodge appartient donc à Jeff et Wendy. Quand ils ont racheté l’ancienne habitation il y a quelques années pour une bouchée de pain, il n’en restait plus grand chose, la maison ayant été en grande partie dévastée par un incendie. Avec l’aide des artisans du village, ils ont tout reconstruit, pour ensuite ouvrir en 2014 ce Lodge, qui est d’ailleurs le seul endroit du village accueillant des touristes. Tout ici a été fait sur place, y compris les meubles, parfois par des gens n’ayant jamais mis les pieds dans un hôtel de leur vie. Mais cela donne un vrai cachet à cette maison, qui est chaleureuse, confortable, fonctionnelle, et qui plus est très belle.

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Petit privilège du début de saison, nous étions tous seuls, et ça n’a pas de prix quand on est en Chine. Et aujourd’hui étant un jour spécial, on s’autorise donc un petit apéro comme chez nous 🍻🇧🇪, avant un succulent repas, avec pour dessert… le gâteau miraculé🎂🎉!

Laissez-moi vous parler un peu plus de Wumu (signifiant « lieu d’abondance »), village qui, vous l’aurez compris, nous avons vraiment adoré. Ici, comme dans la région autour de Lijiang, la grande ville des environs, vit la minorité Naxi (纳西族). Les Naxi, d’origine nomade, possèdent leur propre religion, le dongbaïsme, dont le culte de la nature, et plus particulièrement des eaux et des montagnes, en sont les fondements. Les prêtres, les dongba, sont des shamans, et il y en aurait encore pas moins de neuf actifs dans cette vallée. Pour exprimer leurs coutumes et transcrire leurs écrits, les Naxi utilisent une écriture vieille de plus de 1000 ans, qui se compose de pictogrammes inspirés de la nature. Pas de caractères abstraits comme dans l’écriture chinoise, mais des caractères représentant le mot de façon graphique. Contrairement à l’écriture chinoise qui a beaucoup évolué au fil des millénaires et est donc devenue très abstraite, celle-ci est restée originelle et reste donc beaucoup plus intuitive à lire.

Le cours du Yangtzé passe en contrebas de Wumu, Dans cette boucle du fleuve, le gouvernement central prévoyait la construction de huit barrages, principalement afin de doter les grandes villes du sud en électricité (jusqu’à récemment, le village n’était pas alimenté en électricité). Deux barrages ont été terminés en 2012 : Liyuan et Ahai. Cela a fait monter le niveau du fleuve, inondant ainsi les cultures aux abords du cours d’eau. Les paysans impactés sont depuis indemnisés par le gouvernement par une prime de ¥30 000/an (soit un peu plus de 4 300€), ce qui leurs suffit amplement pour vivre dans cette région si reculée. Regroupés en 5 clans principaux, les paysans ici élèvent principalement des cochons, le jambon étant d’ailleurs une des spécialités locales 🐷. Ils cultivent du blé et maïs (pour nourrir le bétail), mais aussi beaucoup de tabac (beaucoup de familles ayant d’ailleurs ici signé un contrat avec China Tobacco), ainsi que des légumes et des fruits. Ici tous les villageois sont donc des agriculteurs, vivant de manière encore très traditionnelle, avec des liens familiaux très forts. Evidemment, tout comme chez nous dans nos villages isolés, 40% de la population officielle de Wumu vit en réalité à Lijiang (ce qui est d’ailleurs le cas de Jeff et Wendy), pour être plus proche des écoles pour leurs enfants (en Chine, les familles accordent énormément de moyens pour donner la meilleure éducation possible aux enfants. C’est d’ailleurs aussi pour cette raison que beaucoup de jeunes chinois ne veulent pas d’enfants, car leur éducation coûte beaucoup trop cher).

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Les champs de tabac
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Les cultures en terrasse

Revenons à notre périple. Après une bonne nuit de sommeil et un très bon petit déjeuner (avec en prime du pain frais, du Nutella et de la confiture maison, ce qui est suffisamment rare en Chine pour le souligner), nous partons randonner vers les rives du Yangtsé. Ici les distances à vol d’oiseau peuvent être courtes pour aller d’un endroit à un autre, alors qu’il est souvent nécessaire de prendre la voiture sur plusieurs dizaines de kilomètres pour aller de ce même point A au point B. Ainsi, pour faciliter les déplacements entre les différents villages (Jeff était auparavant maire de Wumu), mais aussi pour développer son activité, Jeff nous raconta qu’il avait fortement amélioré l’été précédent la praticabilité des chemins de randonnées des environs (et vu la situation très reculée des lieux, cela a été fait manuellement, avec l’aide des villageois). La descente était par endroit très raide donc pas toujours aisée (du moins pour moi, Julien et Jeff étaient comme des cabris, et Constance était le plus souvent sur les épaules de l’un ou de l’autre), mais quel paysage magnifique s’offrait à nous! 🏞⛰🥾

Nous descendons ainsi jusqu’à arriver au bord du fleuve, où un vieux bateau de pêcheur nous a rejoint pour nous emmener ensuite au village de Baoshan, à 40 minutes de navigation de là 🛥. Cet été est aussi ici particulier: plus sec et plus chaud. Malgré que nous soyons en plein milieu de la saison des pluies, le niveau du fleuve est déjà très bas, laissant à l’air libre une terre complètement asséchée 🌞🌞😟.

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Notre embarcation nous dépose ensuite en bas du village de Baoshan, que nous atteindrons après une montée en plein cagnard, à pied pour les grands, et à dos de poney pour les petits 🦄.

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en montant vers Baoshan…
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Baoshan vu de loin

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Le village de Baoshan, aussi surnommé « le village de Pierre », est installé sur un énorme rocher (un autre!), surplombant le fleuve Yangtsé. Ses petites habitations sont étroitement collées les unes aux autres, et avec ses petites ruelles tortueuses, le village donne une impression de désordre. C’est si calme ici aussi! C’est tellement salutaire quand on vient du fourmillement incessant de la capitale.

En penchant la tête par-ci par-là, on découvre par les portes laissées ouvertes de magnifiques petites habitations, et nous pouvons apprécier la vie quotidienne du village, si paisible.

C’est ici que nous prenons notre déjeuner, encore une fois dans un lieu que seuls les initiés peuvent connaître. Comme dans tous les endroits où Jeff nous emmène, nous apprécions toujours un peu plus la nourriture chinoise, riche en légumes (parfait pour moi), avec des viandes en sauce très parfumée, à base d’herbes et d’épices dont nous devons apprendre les secrets avant de rentrer en Europe. Par contre, c’est toujours un peu compliqué avec les piments 😅🌶🥢.

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Et en bonus, une vue magnifique pour ce déjeuner

Pour la suite, deux options s’offrent à nous: soit retour à pied, avec montées et passages vertigineux, soit retour en voiture avec le neveu de Jeff. Vu la chaleur, la fatigue des enfants et ma tendance à avoir le vertige, Julien et Jeff partent à pieds, et nous les retrouverons un peu avant Wumu. Les photos de Julien sont superbes, mais en effet j’aurais probablement été incapable de passer par certains endroits effectivement très aériens (d’autant plus avec des enfants à gérer en plus de moi-même 😱.)

De notre côté avec les enfants, nous remontons tout le village pour trouver le neveu de Jeff, et une route aussi en travaux…

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Avec le ralentissement dû aux travaux et la nécessité de devoir contourner toute une montagne pour rejoindre Wumu, ça n’était pas beaucoup plus rapide de prendre la voiture 😅🚘🥾.

C’est donc avec regret que nous quittons Wumu le lendemain matin, mais encore à pied, pour le plaisir d’en profiter jusqu’au bout! Cela se passe de commentaires, les images parlent d’elles-mêmes…

Un minibus nous attendait à un village plus loin, pour nous ramener à la voiture de Jeff, restée bloquée par les travaux deux jours plus tôt. Car, bonne nouvelle, la route est ouverte aujourd’hui, mais il ne faut pas rater le créneau!

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Lijiang (丽江市): retour vers la civilisation, prochaine étape, mais aussi la dernière avant de partir vers le sud du Yunnan: Lijiang (signifiant: la ville du beau fleuve). La vieille ville de Lijiang est une ancienne ville absolument charmante. Bien que détruite en grande partie en 1996 suite à un tremblement de terre, elle s’est vite reconstruite, notamment grâce à son classement au patrimoine mondial de l’UNESCO. Lijiang est le centre de la minorité Naxi, à la culture, nous l’avons vu, très spécifique. Ancien centre d’échanges importants sur la route du thé et des chevaux, et relié avec le Tibet et la Birmanie, Lijiang est toujours aussi riche, et peut-être trop : Lijiang est devenue ces dernières années une destination très prisée des touristes chinois, qui la considèrent comme une région très romantique et où voyager avec sa moitié y est très répandu. Cela est notamment dû à une légende locale racontant le suicide de jeunes gens dont l’amour était rendu impossible en raison de leurs origines sociales différentes. Lijiang abrite aujourd’hui de plus en plus de boutiques, de bars et de restaurants, rendant certains quartiers beaucoup trop bruyants et occultant le cachet de cette vieille ville. Lijiang n’en reste pas moins un ville très jolie, avec ses nombreux canaux qui lui confèrent un air de Venise asiatique.

L’un des clichés les plus célèbre de Lijiang est celui de l’étang du Dragon noir, avec son pont blanc de style oriental, sa pagode, et en arrière-plan la montagne du Dragon de Jade .

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Ce jour-là, comme tous les autres d’ailleurs, il faisait une chaleur de plomb. Nous nous sommes mis à la recherche d’un marchand de glace, mais ici ça n’est pas si simple, les chinois n’étant absolument pas adeptes du sucré. Finalement, nous trouvons cette curiosité: un robot qui nous sert de très bonnes glaces à la fraise 🍓🍦🤖.

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Avant de clôturer ce second volet de notre voyage, nous faisons 2 petits détours à côté de Lijiang.

Tout d’abord par Baisha, signifiant littéralement « le sable blanc », situé au nord de Lijiang. Avant 1270, Baisha était la capitale du royaume Naxi. Les ancêtres des Naxi traversèrent la rivière Jinshajiang (aussi connue comme la rivière au sable d’or), descendirent la montagne du Dragon de Jade puis entrèrent dans le bassin de Lijiang. Le premier lieu où ils s’installèrent et développèrent leur culture fut Baisha. A présent cette petite ville à l’architecture très typique, est surtout très animées par des petites boutiques d’objets d’antiquité, ainsi que d’objet faits main. Mais surtout, ce que nous retiendrons de Baisha c’est cette magnifique vue sur la montagne enneigée du Dragon de Jade, avec le ciel rosé du coucher de soleil.

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Un second détour nous emmène à Yuhu, qui est aussi le village qu’avait choisi l’explorateur Joseph Rock pour s’installer. En effet, botaniste de métier, le Dr. Rock est venu ici en mission pour étudier les plantes de la Montagne du Dragon de Jade. Lors de ce voyage, il tomba amoureux de la région, de ses habitants et de sa culture, et décida alors de s’y installer. Il habitera au village de Yuhu pendant 27 ans. À partir de 1922, il commença un énorme travail de recherche sur la minorité Naxi locale, prit de nombreuses photos et rédigeât des articles pour le magazine « National Geographic ».

Cela fait maintenant un moins que cette étape de notre voyage s’est terminée, et nous en gardons un souvenir incroyable. Depuis, la situation a apparemment beaucoup changé. En effet, des amis ont suivi nos traces (ils y sont actuellement), et l’épidémie fait à présent aussi de l’ombre sur le Yunnan (juste pour une poignée de cas). Ils nous ont rapporté avoir vu une réelle différence entre leur arrivée là-bas il y a dix jours et maintenant: tout le monde reporte le masque, obligation d’avoir un test PCR de moins de 24h pour faire un check-in dans un hôtel, beaucoup d’établissements doivent fermer (notamment le Lodge de Jeff, ou encore tout Shangri-la). Shangri-la a d’ailleurs enregistré son tout premier cas depuis le début de l’épidémie, la psychose reprend, nous avons eu le nez creux en partant début juillet!

La suite du voyage: Xishuangbanna, dans le sud du Yunnan 😎

Yunnan (云南) – Voyage aux portes du Tibet

Yunnan (云南) – Voyage aux portes du Tibet

Ça y est, nous avons enfin pu sortir de Pékin pour VOY-A-GER. Oui, le voyage c’est ce que nous plaît, c’est ce que nous voulons transmettre aux enfants, c’est notre carburant. Ce voyage nous l’attendons depuis des mois, la politique COVID appliquée ici nous l’a fait décaler 2x, mais ça y est, le grand jour est enfin arrivé!

Pour notre premier voyage en Chine, nous avons choisi le Yunnan. Quand nous avons commencé la préparation du voyage, nous avions contacté plusieurs agences, car par les temps qui courent voyager seuls quand on ne connaît pas le pays, que l’on ne parle pas la langue et quand on n’est pas chinois est malheureusement déconseillé. Notre cahier des charges était assez simple: nous voulions découvrir la Chine, nous voulions de l’authenticité, sortir des sentiers battus, et nous voyageons avec 2 jeunes enfants qui n’aiment pas toujours autant marcher que leurs parents 😅. Les trois agences contactées ont été unanimes: il faut aller dans le Yunnan! C’est donc Yunnan Roads que nous avons choisi pour organiser notre voyage, juste pour nous quatre, avec un chauffeur guide pour une partie du voyage.

Le Yunnan (云南, signifiant « au sud des nuages »), est une province nichée dans le Sud-Ouest de la Chine, frontalière  avec les forêts tropicales du Vietnam et du Laos au Sud, et de la Birmanie à l’Ouest. Le Nord-Ouest du Yunnan est le début quant à lui des hauts plateaux tibétains, avec notamment la célèbre ville de Shangri-La. Cette province, ayant une superficie équivalente à celle de l’Allemagne, présente une altitude moyenne de 1980m, avec au nord des sommets dépassant les 5000m. La province du Yunnan comporte pas moins de 25 minorités ethniques (sur les 56 recensées sur toute la Chine). D’un point de vue économique, c’est une des provinces les plus pauvres de Chine, mais c’est aussi la plus riche de par sa diversité: le territoire, recouvert à 40% de forêts et à près de 94% de montagnes, est caractérisé par la plus importante variété de climats, de paysages, et de populations de Chine.

Il était évident qu’en 2 semaines et demi nous ne pouvions pas tout voir, il a donc fallu faire des choix. Nous avons donc choisi de parcourir en itinérance toute la partie nord-ouest du Yunnan pendant les 10 premiers jours de notre voyage (cela fera l’objet de cet article ainsi que du suivant), pour finir par une semaine « tranquilles » dans l’ambiance subtropicale des bords du Mékong (cela sera le troisième article de ce voyage).

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Au départ de Pékin (rouge): road trip dans le Nord-Ouest du Yunnan (bleu), semaine dans l’ambiance sub-tropicale du Sud.

Mais nous reviendrons! Il nous faudra en effet approfondir certaines de nos pépites découvertes lors de ce voyage, mais aussi aller voir les rizières en terrasse de Yuanyang au centre de la province, ainsi que les forêts de pierre à l’Est à Kunming. Bref vous l’aurez compris, nous sommes revenus à Pékin avec nos têtes pleines de souvenirs, nos batteries rechargées à bloc, ravis de toutes les belles rencontres faites lors de ce voyage, et par-dessus tout heureux d’avoir enfin pu goûter à cette Chine que nous étions venus chercher en venant vivre ici.

Dǎlì (大理) et Xizhou (喜洲): Nous commençons donc notre périple par la ville de Dǎlì. Perchée à une altitude de 2000m, la ville de Dǎlì s’étant le long du lac Erhai, au pied de la chaîne des Cangshan. Cette région est habitée essentiellement par les Bai (il y en a environ 2 millions dans le Yunnan). La communauté Bai (signifiant « Blanc » du fait de la couleur dominante du costume féminin) se forme au début de notre ère, à l’époque des royaumes de Nanzhao et de Dali. Elle est constituée de l’ensemble des populations qui occupent alors la région du lac Erhai, c’est à dire d’indigènes, de migrants Han (c’est-à-dire l’ethnie qui constitue le peuple chinois historique), de Di et Qiang tibétains, de Birman et de Yi, fusionnant localement pour former la culture Bai. En 1958, pendant la révolution culturelle, une grande partie des Bai fuient en Birmanie.

Nous n’avons pas pu passer autant de temps que prévu à Dǎlì, du fait de la suppression du vol prévu initialement et du basculement sur un autre nous faisant arriver seulement en fin d’après-midi. Nous n’y avons passé qu’une soirée, mais d’entrée nous avions l’impression d’avoir changé de Chine. Des couleurs, des rues pleines de monde (sans masque! Nous avons mis un peu de temps à nous rendre compte que nous étions les seuls à porter le masque, réflexe que nous nous sommes empressés d’oublier). Des sourires, et beaucoup de regards curieux, car les touristes étrangers dans cette région son très rares par les temps qui courent, et du fait que le Yunnan n’autorisaient pas les voyageurs avec étoile (voir mon article précédent). Dans la vieille ville de Dǎlì, pas d’immeubles mais des bâtiments bas dont les façades sont habillées de grandes portes en bois, qu’il s’agisse d’habitations, de boutiques ou de restaurants.

En déambulant dans les rues du vieux Dali, notre constat fut aussi qu’ici les gens ont un faciès bien différent de celui que nous avons l’habitude de voir à Pékin. Pour faire simple, je dirais qu’ici les visages font « moins chinois », avec des yeux moins bridés, et des pommettes moins saillantes. Aussi, là où à Pékin il est important d’avoir une peau très blanche (signe d’un rang social plus élevé), ici les peaux sont plus mates. Cela dit, la Chine est un pays si grand, il n’est pas étonnant de voir de telles différences!

En arrivant dans un restaurant recommandé par le chauffeur de taxi nous ayant emmené de l’aéroport, nous avons même eu droit à des applaudissements de la part de nos voisins de table quand nous nous installés pour le dîner. Pour ce premier repas des vacances, il nous a été conseillé d’aller manger un barbecue, spécialité locale où l’on met à cuire nous même les différents ingrédients individuels commandés. Pensant prendre des petits légumes en sauce, nous avons en fait pris de la grenouille, coupé en petits morceaux (avec les os). En plus du fait que c’était ultra épicé, on passait plus de temps à enlever les petits os (sans pour autant les recracher par terre comme c’est l’habitude ici) qu’à goûter ce plat. Mais comme tout premier repas de vacances, c’était succulent.

Nous avons ensuite encore un peu flâné dans les rues animées du soir, avant de retrouver notre taxi pour notre premier hôtel. Ce fut déjà l’occasion de voir quelques curiosités, comme des lamas promenés en rue à l’instar de nos chiens, ou le Mac Do du coin installé dans un bâtiment « typique chinois », on encore une dame revêtue d’une robe de princesse (nous en comprendrons plus tard la raison de cette « habitude de touristes »).

Une autre chose que nous avons vue pour la première fois, ce sont ces salons où l’on vient pour se faire récurer les oreilles. Nous ne comprenions pas de prime abord pourquoi des gens équipés d’une lampe frontale se penchaient sur le côté de la tête de personnes installées sur des chaises longues en rang d’oignons. Puis en voyant une affiche avec des images peu ragoûtantes d’oreilles sales, nous avons compris de quoi il s’agissait. Quelle drôle d’idée tout même 😅!

Nous prenons ensuite la route pour Xizhou (à 20km du vieux Dali), où nous passerons nos deux premières nuits. Le lieu où nous arrivons est une réelle surprise pour nous. Cet hôtel occupe une ancienne grande demeure aristocratique chinoise construite en 1948, et qui fut restaurée par un très sympathique couple d’antiquaires originaires de Chicago. Avec cette superbe entrée et ses cours carrées, il s’agit d’une bâtisse dans le pur style de la minorité Bai. Peu de temps après sa construction au milieu du siècle dernier, cette fastueuse demeure fut réquisitionnée par l’armée populaire immédiatement après la prise de pouvoir communiste. C’est ce qui la sauva pendant la révolution culturelle, l’armée ayant protégé les magnifiques bas-reliefs, portes ciselées et sculptures contre les exactions des Gardes rouges.

Le calme de cette première soirée, le ciel noir sans pollution lumineuse, le bruit des insectes (et les piqures de moustiques qui vont avec), l’odeur caractéristique de l’air humide mêlé au parfum de fleurs, enfin un retour au calme qui nous a tant manqué dans l’effervescence pékinoise.

Le lendemain, nous partons à la découverte de la bourgade de Xizhou. Malgré que cela soit tout à fait faisable à pied, nous cédons à la demande des enfants de la faire en tchouk-tchouk, où pour une poignée de ¥ le chauffeur nous emmène dans des lieux significatifs de la ville.

La bourgade de Xizhou conserve l’un des plus beaux ensembles de demeures Bai de la région, avec leurs élégants portails ouvragés et leurs toits de tuiles à la forme caractéristique. Les cours intérieures de ces demeures typiques sont bordées sur trois côtés de pièces, et par un mur décoratif protégeant ses habitants des mauvais esprits (mais aussi garant de l’intimité de la famille).

Derrière les grandes portes en bois habillant toutes les maisons de la rue principale, on peut aussi bien trouver un épicier, un coiffeur, voir même le Leroy Merlin du coin 😉.

Au cours de notre balade en Tchouk-tchouk, nous avons poussé des portes que nous n’aurions même pas penser regarder, et souvent des petits trésors s’y cachaient, comme cette école de fabrication de tableaux en fil de soie, un réel travail d’orfèvre. Même si le procédé de fabrication de la soie est assez contestable, le résultat n’en est pas moins bluffant.

Derrière une autre porte nous pouvons prendre le thé, selon la cérémonie du thé. Je vous décrirai le principe de cette « cérémonie du thé » dans un prochain article, et je pense que nous vous le ferons découvrir en vrai quand nous reviendrons en Europe. Ici, le thé est biensûr disponible en vrac, comme chez nous, mais aussi sous forme de « cake », sorte de disque de thé compacté.

Sur la place centrale, on peut trouver de nombreuses gargotes où croquer des xizhou baba, des pains fourrés de lardons et ciboulette pour la version salée, ou de sucre et purée de haricots rouges pour la sucrée. On y trouve biensûr aussi de nombreux commerces (la ville est tout de même très touristique) dont de bijoux en argent. Je pense que je devrai y consacrer un article aussi, mais pour très fortement simplifier, il faut savoir que l’histoire de la Chine a été fortement façonnée par le métal argent. On y trouve donc énormément de bijoux et autres objets et argent, et souvent on peut regarder l’artisan le travailler au fond de la boutique ou à l’entrée.

A Xizhou nous avons aussi eu l’occasion de nous promener dans les rizières, qui s’étendent à perte de vue. A cette époque de l’année, elles sont encore vertes, mais vont très vite jaunir (comme le blé) jusqu’à la récolte en octobre. Elles seront alors nettoyées puis remise en eau fin novembre/début décembre.

Nous avons ensuite trouvé un très agréable toit-terrasse pour le dîner, au milieu des rizières justement, où nous avons notamment goûter des oeufs de 100 ans. Il s’agit d’un mets typiquement chinois, qui s’obtient en laissant vieillir des oeufs pendant au moins 2 moins dans un mélange de boue riche en chaux, de thé, de cendre et de bicarbonate de soude. Le blanc d’oeuf prend alors une couleur marron translucide, comme de la gelée, et le jaune devient bleu-vert. On ne va pas vous mentir, nous n’avons pas réussi à apprécier ce plat à sa juste valeur…

Lors de notre retour à l’hôtel, nous nous sommes arrêtés regarder les dames de la bourgade (souvent assez âgées) se retrouver pour danser sur des musiques pleines d’entrain. Car rappelons-le, les chinois aiment se retrouver dehors quand la fraîcheur revient, pour jouer aux cartes, au mahjong, jouer à divers jeux d’extérieur, mais aussi danser.

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La route vers Shaxi (沙溪): nous faisons à présent connaissance avec Jeff, qui sera notre chauffeur et guide pour les sept prochains jours. N’ayant en effet pas le droit de conduire ici en Chine et n’étant pas capable de mener une conversation en chinois, c’est indispensable (Jeff parle anglais). Nous prenons donc la route pour Shaxi, seconde étape du voyage, avec un premier arrêt à Zhoucheng. Ce village de minorité Bai est réputé pour ses batiks bleus aux motifs blancs. La plupart des ateliers impriment ces tissus, mais certains (quoique de moins en moins nombreux) entretiennent encore la méthode traditionnelle, qui consiste à nouer le tissu avant de le tremper dans une teinture d’indigo. C’est la façon dont le nouage est fait qui fera que l’on obtiendra tel ou tel motif. Le processus de fabrication est celui illustré ci-dessous (vous noterez que même les enfants s’y sont essayés)

Après cette halte assez ludique, nous faisons route et faisons un arrêt déjeuner dans un routier. Au lieu de choisir les plats sur une carte, nous les choisissons directement dans le frigo (en évitant de tourner la tête vers la cuisine, quoique dans celui-ci elle semblait assez propre).

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En Chine, on ne commande pas chacun son plat, mais des plats à partager. Comme toujours, nous nous faisons avoir en commandant trop à manger, d’autant plus que dans notre éducation occidentale, il ne faut pas laisser de reste. Ici, c’est exactement l’inverse: ne rien laisser serait signe que l’on n’a pas assez mangé! D’ailleurs si vous vous faites inviter pour manger au restaurant par un chinois et que vous avez tout mangé, il recommandera des plats en plus jusqu’à que vous en laissiez à table. Nous qui faisons en sorte de ne pas gaspiller de nourriture, ça fait toujours étrange de voir une table après le repas, c’est comme s’ils étaient tous partis en même temps aux toilettes, car jamais nous ne laisserions une table comme cela.

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Nous continuons ensuite notre route vers une seconde halte, sur le magnifique site de Shibaoshan (signifiant « Mont du Trésor de Pierre »). Ce site est connu pour ses grottes troglodytiques, considérées comme la Perle du Yunnan (ou plutôt « une des » selon moi). Il s’agit d’un vaste complexe de grottes datant d’environ 1300 ans, avec de remarquables représentations d’images bouddhistes gravées dans les rochers, dont le Guanyin est le plus populaire. Cet art rupestre témoigne de la popularité du bouddhisme Mahayana, originaire du nord de l’Inde, dans cette région.

Après une ascension en escalier (la Chine ne serait pas la Chine sans ses innombrables marches d’escalier), nous arrivons face à Mahakala, cette divinité bouddhiste à l’aspect effrayant, faisant partie des Dharmapala, gardiens protecteurs de la loi, protégeant la doctrine et ses institutions des forces ennemies.

Pour nous le bouddhisme est assez difficile à comprendre, d’autant plus qu’à l’école j’avais appris qu’il s’agit plutôt d’une philosophie, et non d’une véritable religion. Erreur ou pas, le bouddhisme a comme différence fondamentale avec nos religions le fait de ne pas avoir de dieu créateur. Le bouddhisme, qui est à l’origine un mouvement dissident de l’hindouisme, a vu le jour en Inde, pour pénétrer progressivement toute l’Asie. La base du bouddhisme est que la vie est souffrance, qu’il faut tenter de remonter à l’origine de cette souffrance afin de s’en extraire. Pour cela, l’homme doit faire cesser la douleur (inhérente à cette souffrance née d’une illusion ignorante), en se libérant de ses désirs, du karma, et suivre le Noble Octuple Sentier (chemin qui mène à la cessation de la souffrance et de l’insatisfaction) préconisé par le Bouddha. Au fil du temps, plusieurs branches du bouddhisme ont vu le jour, dont le Mahayana (Grand Véhicule) qui s’est diffusé plus largement en Chine. Cette variante prône une forme plus évoluée du bouddhisme, où le salut est ouvert à tous, et où les règles disciplinaires se relâchent. D’autres écoles plus proches de la tradition tibétaine existent aussi biensûr en Chine.

Dans ce site absolument magnifique, nous entrons dans une grotte dont l’entrée est cachée derrière un temple, avec une magnifique représentation de Guanyin, déesse de la miséricorde, couchée. D’abord figure masculine, comme en Inde, Guanyin est devenu un personnage de sexe féminin en Chine et en Asie de l’Est, chose très rare dans le bouddhisme. De nombreux personnages Dharmapala sont aussi représentés, ainsi que des Dragons. Mais rappelons-le, leur aspect est aussi effrayant que leur rôle est protecteur et bienveillant.

Nous continuons ensuite notre ascension vers un superbe temple, directement construit à flanc de montagne. Ce temple, pourtant de taille normale, semble minuscule à coté des 2 énormes représentations de Bouddha, le gros et le maigre:

  • Chan Butai: le gros Bouddha rieur, symbole de générosité, et porte-bonheur car frotter son ventre apporterait abondance et chance
  • Siddhartha Gautama: le Bouddha historique, qui affiche des traits fins et réguliers, rappelant ses origines nobles. Comme il a vécu et enseigné une vie de modération, il est plutôt représenté mince

Comme toutes les représentations de Bouddha, ils affichent de longues oreilles. Historiquement, Siddhartha Gautama faisait partie d’une famille noble. Il portait donc beaucoup de bijoux, dont des boucles d’oreilles très lourdes. Quand il renonça à ses privilèges pour se tourner vers la simplicité, il retira tous ses bijoux et coupa ses longs cheveux, ne pouvant ainsi plus cacher ses oreilles avec lobes allongés. Ces lobes allongés représentent donc un symbole de renoncement, ou en quelque sorte la bonne voie. En d’autres termes, savoir tout abandonner comme bouddha pour atteindre le nirvana.

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Après cette très agréable visite, nous partons donc pour Shaxi, ville où nous passerons notre troisième nuit. A 140km de Dali, Shaxi est une petite bourgade de caractère, ancien carrefour important de la route du Thé et des Chevaux, branche de la route de la Soie. En effet, il y a 1000 ans, Shaxi devint le nœud prépondérant entre le Tibet et le Sud-Ouest de la Chine. En échange du thé du Yunnan, les Tibétains échangeaient leurs fameux chevaux aux officiels de la dynastie Song dans tout le Sud et l’Est de la Chine, pour les aider dans leur défense contre les invasions venues du Nord. La route des caravanes du thé et des chevaux naquit alors, et Shaxi devint un centre important d’échange le long de cette route.

Au milieu de montagnes et avec ses ruelles tortueuses en pavés, ses maisons en bois et torchis, et ses toits couverts d’herbes, Shaxi semble surgir d’un autre temps, avec un air de village des Alpes chinois (on n’a pas trouvé d’image plus parlante). De jour comme de nuit, Shaxi nous ravi de son charme. On remarquera notamment sur la place centrale, l’élégant théâtre avec son majestueux porche.

Ici, en plus des Bai, on retrouve également en nombre la minorité Yi. Jadis appelés Lolo par les Han (donc les chinois « pur souche ») en signe de mépris, les Yi seraient environ 8 millions en Chine, dont un peu plus de la moitié dans le Yunnan. La plupart vivent sur les hauts plateaux. Il semblerait que leur origine ferait encore débat aujourd’hui: on pense que, descendus des hautes terres de l’Est tibétain, ils se seraient retirés vers le Sud sous la pression des Chinois, occupant progressivement les régions périphériques. Eux aussi possèdent une langue qui leurs est propre, et ont aussi une écriture pictographique.

En route vers la mythique ville de Shangri-La (香格里拉市): les paysages changent, la route monte lentement mais surement (les enfants ont compté pas moins de 16 tunnels traversant les montagnes afin que la nouvelle autoroute reliant Lijiang à Shangri-la fasse son ascension de façon régulière), les montagnes verdoyantes font place à des falaises plus rudes, passé ce pont nous entrons dans l’Himalaya!

Nous passons au pied des montagnes Haba Snow Mountain (sommet à 5400m) et du Dragon de Jade (sommet à 5600m). Quand on voit ces montagnes si hautes et pourtant si peu enneigées par rapport au paysage qui entoure le Mont-Blanc, on se rappelle alors de la différence de latitude entre les deux régions, c’est bluffant.

A 3160m d’altitude et une population de 130 000 habitants, Shangri-la est le chef-lieu de la préfecture autonome tibétaine de Diqing. Shangri-la est bien loin de Lhassa, la capitale tibétaine située à 1870km, mais les Tibétains y représentent tout de même 45% de la population, donnant à la région un avant-goût de Tibet. Bien que situé au Yunnan, Shangri-La et sa région sont réellement tibétains

Le nom Shangri-La est en réalité très récent. Tout a commencé par un reportage sur la culture Naxi réalisé par l’aventurier Américain Joseph Rock pour le magazine National Geographic. En 1933, l’écrivain James Hilton s’en inspira pour son roman « Lost Horizon », dans lequel il décrit une mystérieuse région nommée Shangri-La, située aux confins du sud-ouest de la Chine, cachée dans les forêts, les montagnes, et les canyons. Comme dans un paradis terrestre, ses habitants y vivaient dans un mode écologique et pacifique, en harmonie complète avec la nature, et, moyennant l’absorption d’un élixir secret, éternellement. Ce mythe fut étendu dans le monde suite à l’adaptation de ce roman au cinéma, et des aventuriers et journalistes se lancèrent à la recherche de ce royaume caché. Biensûr, personne ne le découvrit, ce royaume n’ayant existé que dans les esprits. Mais qu’importe, de nombreuses villes voulurent s’en approprier le nom, et c’est finalement en décembre 2001 que le gouvernement central de Chine valida le fait de rebaptiser le district de Zhongdian en Shangri-la (Xianggelila).

Pendant longtemps, Shangri-La était un espèce ce Far West chinois. Gagnant en notoriété, la ville s’est ensuite beaucoup étendue, et perdant ainsi un peu de son caractère de bout du monde. La ville a toutefois gardé son noyau historique, qui a encore tout le charme d’un village de haute montagne, avec une atmosphère unique. En 2014 malheureusement, un incendie ravagea l’ancienne ville de Shangri-La. Tout a été reconstruit depuis, et à présent on y voit que du feu (c’est le cas de le dire).

Shangri-La est beaucoup plus touristique que les villes que nous avons vue jusqu’à présent. Peut-être Dali l’est tout autant, mais nous y sommes restés très peu finalement. Ici nous commençons donc à réaliser ce que sont les Chinois en vacances. Ils (ou plutôt elles) sont notamment très friands de s’habiller en tenue traditionnel du lieu où ils sont, et ensuite de se faire prendre en photo un peu partout dans la ville par un photographe professionnel (du moins qui y ressemble vu la taille des appareils photo) ou par une copine munie d’un smartphone (sans doute une question de budget), le tout dans le but assumé d’alimenter leur compte TikTok et leurs Moments WeChat. Au début nous trouvions cela amusant (même si j’ai encore beaucoup de mal à prendre les gens en photo sans demander leur accord, ce qui n’a pas trop de sens ici), mais à la longue ça devient agaçant, cette façon de faire du tourisme étant complètement artificielle, car c’est la personne qui est mise en avant, et non plus le lieu, aussi beau soit-il.

Ce business doit être très lucratif, car de nombreuses boutiques proposent ainsi des packages avec costume, maquillage, coiffure, et service photos pour quelques heures.

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Nous montons ensuite vers le temple Da Gui Shang, perché sur un tertre naturel dans la vieille ville. En haut d’un escalier orné de drapeaux de prières, une superbe vue sur la plaine de Shangri-La s’offre à nous.

Nous pouvons aussi faire tourner un moulin à prière géant, le plus grand du monde paraît-il (tout est le plus grand du monde de toutes façons en Chine), il faut être au moins six personnes pour le faire tourner. Moi je pense surtout que c’est grâce aux enfants qu’il a pu tourner 😅.

Pour ce premier soir à Shangri-La, nous avons goûté au Hot Pot de Yak, plat traditionnel de la région. C’est un peu comme notre pot au feu (ce plat doit mijoter longtemps aussi d’ailleurs), mais avec de la viande Yak. Pour accompagner cela, nous goûtons au thé façon tibétain, c’est-à-dire du thé noir avec du lait de Yak et du sucre. Même si rapidement nous commandons des bières locales, ce thé est très bon (meilleur que le lendemain en tous cas… vous allez comprendre…).

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Comme je vous le disais plus haut, Shangri-La est situé à plus de 3000m d’altitude. Ça commence à faire haut pour l’organisme, mais pour nous pas de soucis puisque l’itinéraire de notre voyage est monté progressivement en altitude. En revanche, ce n’est pas le cas de tous les touristes chinois que nous avons croisés ici, certains venant par exemple directement de Guangzhou (Canton), qui se trouve au niveau de la mer. Nous avons donc croisé beaucoup de monde dans les rues avec une petite bouteille d’oxygène pur à la main, afin d’aider l’organisme à s’acclimater plus vite. Et c’est là toute l’aberration de la gestion de la sécurité à la chinoise: tout le monde s’équipe de cette bouteille d’oxygène, mais la plupart l’utilise n’importe comment. C’est le cas par exemple de ce groupe d’enfants accompagnés par des animateurs, arrivant directement de Guangzhou, qui se sont installé à la table voisine au restaurant. L’un des enfants s’est mis à respirer en continu pendant au moins 5 minutes sa bouteille d’O2, jusqu’à ce qu’il s’écroule à table. Il a été emmené à l’hôpital illico!

En rentrant vers notre hôtel (ou plutôt notre toute mignonne auberge tibétaine), nous avons pu assister aux danses spontanées des locaux sur la place de la vieille ville.

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Le lendemain, nous partons le long des rives de la réserve naturelle du lac Napa. Il s’agit d’un lac saisonnier, formé chaque été quand la neige accumulée sur les hauteurs alentours fond et s’écoule dans les rivières Naqu et Naizi pour former cet immense lac. À l’arrivée de la saison sèche, le niveau du lac diminue alors peu à peu et prend la forme d’un grand marais. Au mois de septembre, le lac Napa devient un habitat pour de nombreuses espèces d’oiseaux migrateurs, particulièrement pour la grue à cou noir qui est l’espèce la plus présente. On y trouve l’une des douze espèces de grues les plus rares au monde et qui a été reconnue comme appartenant aux Animaux de Protection Nationale.

Aucun doute, nous sommes bien à la saison haute pour le lac, certaines portions de la route qui le contourne étant complètement inondées. Mais aucun problème, les voitures et mêmes les scooters y passent. La voiture de Jeff va toutefois s’en souvenir, une tôle de protection du carter ayant été tordue par la force de l’eau, la faisant alors racler sur la route avec un boucan de tous les diables.

Mais j’en connais un qui était tout content car il avait enfin l’occasion de bricoler un peu

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Nous avons ensuite eu la chance de manger à la table d’une famille tibétaine. Ce repas est essentiellement à base de Yak (lait, fromage et viande), et de tsampa, qui est farine d’orge grillée, que l’on consomme au même titre que le riz.

Savez-vous ce qu’est ce breuvage jaune en bas de la photo? C’est le fameux thé au beurre de Yak. Notre hôte versa au préalable du thé noir bien chaud dans ce tube en bois, dans lequel il devait il y avoir du beurre au fond. Elle le mélangea vivement pendant 2 minutes, puis nous servit nos deux tasses. Nous aurions dû nous méfier quand Jeff a décliné qu’on lui en serve, et pensant avoir le même thé que la veille, nous en avons pris une bonne grosse gorgée… Ben c’est comme boire du beurre liquide… c’est pô bon.

Les maisons traditionnelles ici sont massives, de grandes et hautes pièces en bois organisées autour de ce qui devait être une grange. Ces granges étaient pour la plupart vitrées, ce qui faisait rentrer beaucoup de lumière, et cela devait aussi faire effet de serre pour chauffer l’intérieur en hiver.

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Nous reprenons ensuite la route, avec la voiture rafistolée de Jeff, vers le somptueux temple de Songzalin, la plus grande (et plus belle) lamaserie de la région. Ainsi nommé « petit Potala » (Potala signifiant « montagne de Bouddha ») de par son apparence assez similaire au palais du dalai-lama à Lhassa, il s’agit d’un monastère traditionnel bouddhiste construit en 1679, et rénové plusieurs fois depuis. Aujourd’hui, environ 700 moines et lamas y vivent (dans les habitations en contre-bas du temple). Plus précisément, il s’agit d’une des 13 lamaseries de la secte de Bonnets jaunes.

Le lac Lamuyangcuo qui était en contre-bas du monastère est à présent complètement asséché, il ne nous fut donc pas possible de prendre la traditionnelle photo de loin du monastère, avec son image se reflétant sur l’eau du lac.

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Il nous faut alors gravir un long et raide escalier (encore des marches!), nous permettant d’arriver aux 3 bâtiments principaux.

Nous pouvons alors déambuler dans une succession de salles (toujours dans le sens des aiguilles d’une montre!), impressionnantes de par leur grandeur, leurs couleurs vives, la taille des statues de bouddhas qui y trônent, et surtout de par l’atmosphère de sérénité qui s’en dégage. Nous ne pouvons évidemment pas faire de photos à l’intérieur, il vous faudra donc l’imaginer!

On l’appelle aussi le « temple de la tuile d’or », et pour cause!

Je crois que j’ai déjà trop longuement écrit, je m’arrête là pour aujourd’hui. Notre voyage était biensûr bien plus long que ça, et tout aussi génial. Je reviens très bientôt avec la suite!