Auteur : angiepav

Beijing by bike

Beijing by bike

L’avantage d’avoir nos enfants scolarisés au Lycée Français, c’est que certains jours chômés pour les chinois ne le sont pas forcément pour nos enfants. Ce lundi nous avions donc enfin une journée liiiibre sans enfant, et avec les grands-parents si loin de nous, c’est plus que très appréciable (on assume sans problème notre côté parents indignes 😉 ). L’arrivée des beaux jours, et surtout de notre déménagement (ENFIN!!) avec nos vélos, est une magnifique opportunité pour découvrir Pékin en vélo. Le thème de la journée sera « les librairies et les églises en vélo » 🚲🚲📚⛪️.. Pourquoi ce thème me diriez-vous? L’itinéraire avait été partagé il y a quelques temps par une copine belge de Pékin, sur un de nos nombreux groupes de discussion Wechat. Et les librairies ainsi que l’architecture des églises, c’est un peu comme une marotte pour moi quand je suis en voyage. Le vélo étant le moyen de transport par excellence à Pékin, nous vous embarquons donc en selle pour un tour de 34km au travers de la capitale chinoise.

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Etape 1: Běitáng (北堂, littéralement « Cathédrale du Nord »), ou de son nom officiel cathédrale de Xishiku. Nous partons donc pour cette première étape, située à l’ouest de la Cité Interdite (nous habitons côté Est). Appelée aussi « Cathédrale Saint Sauveur », il s’agit d’une ancienne cathédrale du Pékin impérial de la fin du XIXième siècle, située à l’intérieur de l’enceinte de la Cité impériale. Malheureusement, nous nous sommes retrouvés face à une porte close, la cathédrale n’étant pas accessible durant la période congé, y compris son enceinte extérieure. J’ai bien tenté de passer par le côté, mais il se trouve que le bâtiment voisin est un poste de police… Grosse déception car j’avais vu avant notre départ des photos de l’intérieur de la cathédrale, réputée pour ses belles colonnes et ses vitraux très colorés. Il va nous falloir revenir!

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Porte close pour accéder à la Cathédrale Saint Sauveur

Etape 2: La Pagode du moine de Wansong (万松 老人 塔). Une grande partie de l’itinéraire de la journée passera par les Hutongs, le coeur de la vie pékinoise (et vous avez sans doute déjà noté que j’adore m’y balader). En rédigeant cet article, je lis sur internet que cette « Pagode du moine de Wansong » est située dans la partie la plus ancienne des Hutongs de Pékin. Il va vraiment falloir que j’y retourne, pour y passer plus de temps (à pied, car certains passages y seraient trop étroits pour un vélo)…

Cette pagode de brique, construite au XIIIème siècle, est une sépulture dédiée au moine Bouddhiste Chan Wansong Xingxiu (1166-1246). Cet homme s’appelait lui-même le vieil homme de Wansong («dix mille pins»), faisant référence à la forêt de « dix mille pins » où il vivait autrefois. Après la mort de Wansong, ses disciples construisirent cette pagode pour y entreposer ses restes à l’ouest de l’ancienne capitale centrale de la dynastie Jin, alors appelée Yanjing (Pékin moderne). Au fil des années, la pagode fut oubliée et finit cachée parmi les rues et les bâtiments de la ville commerciale florissante de Pékin. Ce n’est qu’en 1606 qu’un moine appelé Le’an (樂 庵) remarqua la pagode envahie par la végétation. Une importante restauration fut alors entreprise.

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La Pagode du vieil homme Wansong

Ce lieu rentre parfaitement dans le thème de la journée car la Pagode abrite une petite librairie spécialisée sur l’histoire de Pékin.

Dans cette librairie, on trouve notamment de vieilles cartes de Pékin, dont une datant de 1936 que je vous partage ici en photo. On y voit notamment le quartier des anciennes légations étrangères (pour faire très simple, il s’agit des anciennes ambassades, il faudra que j’y consacre un article quand je maîtriserai mieux le sujet), au Sud Est de la Cité Interdite. Dans ce quartier des légations, on aperçoit entre autres les légations française et belge, au milieu desquelles se trouve une légation flanquée du drapeau nazi.

Etape 3: Pause au « 1901 Café ». Rien de tel que ce lieu ayant un air de Poudlard pour la pause déjeuner. A deux pas de la cathédrale Saint Sauveur, ce lieu fut construit en… 1901 (ça ne s’invente pas)! Cet endroit fit office de centre d’action catholique jusqu’en 1949, et à présent on peut s’y poser pour y boire un thé ou café, y manger quelque chose sur le pouce, le tout dans une atmosphère cosy et chaleureuse.

Etape 4: Zhongshuge bookstore. Nous reprenons ensuite nos vélos vers les Galeries Lafayette, au sous-sol desquelles se trouve une librairie de la chaîne Zhongshuge. Le concept de cette chaîne chinoise repose sur l’originalité et l’extravagance architecturale. C’est finalement une façon intéressante d’attirer à nouveau le public vers les librairies, malheureusement souvent délaissées au profit des écrans, car on y vient aussi pour admirer le design un peu fou des lieux. Nous avons pu nous amuser à prendre la pose photo dans ce dédales de passages concentriques et de miroirs, où les livres sont disposés du sol au plafond. Cet endroit sera parfait pour occuper les enfants lors d’un après-midi de pollution ou de mauvais temps.

Etape 5: Mofanshuju bookstore. Nous partons ensuite vers cette église anglicane édifiée en 1907, et convertie depuis en librairie. Ce lieu a donc toute sa place dans la thématique de la journée! Passé l’extérieur austère du bâtiment, nous entrons dans ce lieu très poétique. On peut y déambuler entre les rangées de livres, les étagères d’objets qui semblent avoir été chinés au Marché aux Puces, et des petites tables pour prendre le thé, le tout sous un air de musique classique.

Etape 6: La Cathédrale de l’immaculée conception, connue aussi sous le nom de Nantang (南堂, la Cathédrale du sud). Après notre échec avec la Cathédrale du Nord Beitang, nous nous retrouvons à nouveau face à une porte close, à cause des travaux ayant débutés en 2018. L’édifice actuel, de style néobaroque, date de 1904. Pour la petite Histoire, c’est le siège archiépiscopal de Mgr Joseph Li Shan (installé en 2007), l’un des quelques évêques chinois reconnus à la fois par le Saint-Siège et par l’Église patriotique de Chine.

Etape 7: Page One bookstore, à Qianmen. Cette librairie de la chaîne Page One propose sur 3 étages, avec chacun son ambiance, un large éventail de livres en anglais, 24h sur 24. Le dernier étage de la librairie offre d’ailleurs une très belle vue sur l’imposante tour de Qianmen qui lui fait face, ou plutôt Qián mén (前门), signifiant littéralement «Porte d’entrée».

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vue de la librairie sur la porte de Qianmen

Outre le design assez agréable et aéré de cette librairie, c’est donc aussi l’occasion pour nous de nous rendre à Qianmen. Il s’agit d’un ancien bastion du rempart qui séparait la ville tartare (cité des princes et des mandarins, au nord) de la ville chinoise (cité populaire, au sud). Elle se situe au sud de la place Tian’anmen, et est l’une des seules portes des remparts à n’avoir pas été détruite dans les années 1950. Qianmen est maintenant aussi célèbre pour sa rue piétonne, pleine de commerces dit-on typiques. Nous sommes restés sceptiques quant à la raison de cette célébrité, qui doit être un vrai piège à touristes. La rue est certes très colorée, mais passé l’effet waouh, elle sonne aussi très « faux », très décor de Disney, où l’authenticité a été effacée depuis longtemps. En voici un bref aperçu en images, cherchez l’erreur! 🚋

Etape 8: l’Eglise Saint Michel. Pour la dernière étape de notre parcours, nous prenons la direction du quartier des anciennes légations étrangères. Sur le chemin, nous passons par hasard devant l’ancienne poste française. Le bâtiment est assez joli, un petit stop photo s’impose!

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Ancienne poste française

Aussi connue aussi sous le nom de l’église de la rue Dongjiaoming (东交民巷天主堂), l’église Saint Michel, construite en 1901, se trouvait dans la concession française de Pékin. Elle était connue comme l’église de la légation française. Elle aussi était malheureusement fermée, mais cette fois-ci nous sommes arrivés à prendre quelques clichés de l’extérieur de l’édifice.

Nous profitons donc également de ce passage dans ce quartier pour voir les anciennes légations de nos deux pays: la légation française, dont nous ne voyons que l’entrée du parc mais qui semble immense au vu de son emplacement sur la carte, et la légation belge, dont le bâtiment nous rappelle Bruges, avec ses briques et ses pignons à gradins.

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Entrée de l’ancienne légation française
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Ancienne légation belge

C’est là que s’achève notre belle journée, il est à présent l’heure de rentrer pour récupérer à la descente du bus nos deux Chicoufs. C’est sûr nous referons d’autres journées comme cela, il y a tant de choses à voir ici (même si nous avons hâte de pouvoir découvrir d’autres contrées chinoises).

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Comment reconnait-on des étrangers en vélo à Pékin? Ce sont les seuls à porter un casque!
Le jardin de la Grande Vue (大观园)

Le jardin de la Grande Vue (大观园)

A Pékin, on trouve une multitude de parcs ou jardins, petits ou grands, où il fait bon aller se perdre lors d’une belle journée ensoleillée. Rappelez-vous, nous sommes arrivés à Pékin en plein hiver, saison durant laquelle la nature est « grise », du fait du froid très sec pékinois. C’est donc un émerveillement de redécouvrir cette ville au printemps, où la nature se réveille et nous offre une explosion de couleurs. On sait dans quel parc aller, et quand, pour venir observer telles ou telles fleurs. Les Saints de glace viennent juste de se terminer (ici ils arrivent plus tôt qu’en France), les fleurs commencent donc timidement à s’ouvrir. C’est donc en compagnie de notre amie rue2provence.com que nous partons à la découverte du « Jardin de la Grande Vue » (appelé aussi « Jardin au Panorama Grandiose »: Dàguānyuán – 大观园).

Ce jardin de 13 hectares a été créé il y a une quarantaine d’années, afin de reconstituer le décor du roman mythique « le Rêve dans le pavillon rouge » (Hóng lóu mèng – 红楼梦), à l’occasion du tournage d’une série sur cette saga. Ce parc est donc un véritable décor de cinéma!

Les enfants se sont d’ailleurs pris au jeu de prendre la pose dans ce décor effectivement très poétique.

Ce roman, écrit au XVIIIième siècle par Cao Xueqin, est considéré comme l’un des quatre grands chefs-d’oeuvre de la littérature chinoise. Selon Mao Zedong, il s’agit d’ailleurs d’une des fiertés de la Chine. Avec ses 120 chapitres, ce roman est aussi un des plus longs jamais écrits. Vous vous en doutez, je n’ai pas (encore?) lu cet ouvrage, donc je ne peux que vous partager ce que j’ai pu trouver sur internet à ce sujet.

Il s’agit d’une saga familiale, sur fond de mythologie chinoise. Considérée en partie comme autobiographique, cette oeuvre dépeint de façon très complète la société chinoise sous la dynastie Qing, autour des aventures du jeune aristocrate Jiǎ Bǎo Yù (贾宝玉). M’aventurer plus loin dans le résumer d’une histoire si longue et que je n’ai jamais lue serait absurde. En revanche, je suis tombée sur un article intéressant qui expliquait la difficulté de traduire des textes écrits en chinois, vers nos langues occidentales. En effet, les figures de style en chinois reposent plutôt sur la graphie des caractères qui sont eux-mêmes des compositions d’éléments sur lesquels on peut jouer… mais seulement avec des caractères chinois! De même, des jeux de mots oraux tiennent aux quatre tons de la langue. Dans ces conditions, il est assez difficile voire impossible de traduire l’intention en français (par exemple). Bien sûr, les figures reposant sur les mots en tant qu’idées existent, mais là encore il s’agit souvent de comparaisons qui n’existent pas chez nous. La culture étant également très éloignée, les expressions n’ont souvent pour nous pas de sens. La traduction de tels romans a donc tendance à les rendre « plats », et à en retirer le piquant des traits d’humour. Autre point, le livre a été écrit par mélange de Chinois vernaculaire (pour le narrateur) assez « familier » et de Chinois « officiel » de haut niveau pour distinguer les personnages de plusieurs rangs sociaux/d’éducation. La traduction efface aussi malheureusement cet effet.

Revenons donc à notre promenade printanière. Ce jardin est organisé avec un lac en son centre, entouré d’une quarantaine de pavillons mettant en scène l’univers du roman.

Ce parc est aussi réputé pour y croiser beaucoup de jeunes chinoises vêtues de tenues traditionnels d’autrefois, se faisant prendre en photos, afin d’agrémenter leurs « moments WeChat » (un peu comme Instagram). Il s’agit du mouvement de mode Hanfu, dans lequel les membres s’efforcent de faire revivre les vêtements traditionnels chinois du passé. Hanfu signifie littéralement « vêtement des Hans », qui est l’ethnie majoritaire en Chine à 92%. Certains peuvent donc y percevoir aussi une tendance nationaliste, commencée suite à l’arrivée en Chine de la mode occidentale il y a quelques années. Mais peu importe, cela nous permet aussi de prendre de jolis clichés.

Il nous reste encore beaucoup de parcs et jardins à découvrir au fur et à mesure du printemps et de l’éclosion des fleurs, c’est au moins un avantage d’être très fortement incité à ne pas quitter la région pékinoise. A bientôt!

Les langues chinoises (普通话)

Les langues chinoises (普通话)

Loin de moi l’ambition de faire ici ce que certains ont mis des années à étudier, via des thèses et autres recherches longues et fastidieuses. Je voudrais simplement vous partager ici ce que j’ai appris de la langue chinoise, et en particulier des caractères chinois. Vous allez voir, c’est passionnant (et surtout ça change les idées par rapport à l’actualité du moment).

Commençons par un peu d’histoire de la langue chinoise, ou plutôt deS langueS chinoiseS (le pays est si vaste, c’est assez logique d’imaginer le développement de différents dialectes). Les langues chinoises appartiennent à la famille des langues sino-tibétaines. Le chinois archaïque était d’ailleurs plus proche du tibétain que des dialectes chinois modernes. Au fil des dynasties, le chinois, comme toute langue vivante, évolue. On distingue au cours de ces évolutions des dialectes populaires et des dialectes réservés aux lettrés et aux écris officiels. Le dialecte le plus parlé, notamment dans les provinces du nord, s’est vu désigné par les Occidentaux comme le Mandarin. En 1956, la république populaire de Chine a adopté le Mandarin, qui est le dialecte pékinois, comme langue officielle. Le Mandarin standard s’impose donc depuis progressivement, bien qu’il subsiste encore de nombreux dialectes locaux dans la Chine contemporaine.

Les chinois eux-mêmes appellent la langue chinoise de plusieurs façons: pǔ tōng huà (普通话) utilisé en Chine continentale et signifiant « langue commune », guó yǔ (国语) utilisé sur l’île du Sud Est de la Chine (que nous appellerons T. dans la suite de cet article) et signifiant « langue nationale », et huá yǔ (華语) utilisé à Singapour et en Malaisie, et signifiant « langue chinoise ».

Parmi tous les dialectes chinois, il y a le cantonais (Yuè ou 粤), qui est parlé à Hong Kong et Canton, et qui est très distinct du mandarin (un peu comme le français par rapport à l’italien). Cependant, beaucoup de ces dialectes utilisent des caractères chinois pour leur forme écrite, de sorte que les locuteurs mandarins et cantonais peuvent se comprendre par l’écriture, même si les langues parlées sont mutuellement inintelligibles. Pour vous donner une idée, cette carte montre la répartition linguistique des langues chinoises.

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Répartition linguistique des dialectes chinois (source: Wikipédia)

L’écriture chinoise n’est pas la plus ancienne, les premières traces d’hiéroglyphes et de l’écriture cunéiforme étant antérieures, mais il s’agit de l’écriture la plus ancienne encore utilisée de nos jours. Les premières traces écrites des caractères chinois remontent à environ 1300 avant J.-C, époque de la dynastie Shang. Ces premiers caractères ont été retrouvés gravés sur des os et écailles de tortue, et avait un but divinatoire. La dynastie Zhou repris ensuite le système d’écriture des Shang, et c’est là que l’on commence à retrouver des écrits avec des informations plus concrètes que les divinations, et où la gravure sur os fit place aux écrits sur bronze. C’est sous l’ère des Zhou que cette écriture fut petit à petit étendue sur tout le territoire (territoire ne correspondant pas réellement à la Chine actuelle, la notion de frontière de l’époque étant différentes de celle de nos jours).

Les premières formes de caractères chinois étaient des pictogrammes (c’est-à-dire des représentations graphiques d’objets réels), puis ils sont devenus plus stylisés et en sont venus à représenter aussi des idées, ou des sons (nous y viendrons plus loin en détails). Chaque caractère représente une syllabe, pouvant être utilisée comme mot seul ou devant être combiné avec d’autres pour former un mot. Afin de simplifier l’apprentissage des caractères et d’améliorer l’alphabétisation de la population, le gouvernement chinois a commencé à simplifier les caractères dans les années 1950. Ces caractères simplifiés, qui comportent moins de traits par rapport aux caractères traditionnels, sont à présent utilisés en Chine continentale, à Singapour et en Malaisie, tandis que T. et Hong Kong utilisent toujours les caractères traditionnels.

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Prenons l’exemple de l’évolution des trois caractères de l’image ci-dessus pour illustrer cela:

  • rì (日) signifiant de nos jours « soleil » et « date ». Le pictogramme original était un rond, représentant la forme du soleil, avec un point ou un trait, représentant la lumière du soleil. Initialement ce caractère signifiait « soleil ».
  • rén (人) signifiant de nos jours « personne » et « gens ». Le pictogramme originel représentait une silhouette debout de profil. La signification originale était « les animaux plus haut qui savaient fabriquer des outils pour transformer les choses de la nature et qui utilisaient le langage ».
  • yú (鱼) signifiant de nos jours « poisson ». De façon évidente, le pictogramme originel représentait un poisson, et signifiait « vertébré aquatique ».

Pour nous occidentaux, apprendre le chinois avec ces caractères qui ne sont pas des lettres est extrêmement compliqué. Le pinyin permet de contourner cette difficulté. Ce système de romanisation chinoise fut proposé pour la première fois au XVIIème siècle par le missionnaire jésuite français Nicolas Trigault. Le gouvernement chinois n’a cependant reconnu officiellement cette forme linguistique que dans les années 1950, sous le règne de Mao Zedong.  Le pinyin a ensuite été introduit à l’école élémentaire, afin d’améliorer le taux d’alphabétisation des enfants, et de normaliser la prononciation des caractères chinois. À l’ère du numérique, le pinyin est aussi devenu très utile, car c’est le moyen le plus populaire et le plus courant de taper des caractères chinois sur un clavier. Il est vrai que les appareils à écran tactile vous permettent aussi de dessiner le caractère, mais cela prend souvent beaucoup plus de temps. Attention cependant, les lettres en pinyin ne se prononcent pas toujours comme en français. Par exemple, « q » se prononce « tchi », ou encore « x » se prononce « shi ». Une autre difficulté réside dans le fait que toutes les langues chinoises sont tonales, ce qui signifie que la signification des mots varie selon la façon dont ils sont prononcés. Par exemple le Mandarin comporte quatre tons, mais d’autres langues chinoises en ont jusqu’à dix! Voici un exemple pour vous illustrer cela (en Mandarin):

  • mā (妈): premier ton, signifie « maman »
  • má (麻): deuxième ton, signifie « chanvre »
  • mǎ (马): troisième ton, signifie « cheval »
  • mà (骂): quatrième ton, signifie « gronder ». Pour moi ce quatrième ton est le plus compliqué à prononcer.
  • un ton neutre aussi vient faire un cinquième ton. Dans notre exemple, « ma » est mot interrogatif pour dire « quoi » ou « que »
  • on peut noter que dans les caractères précédents des « ma », on retrouve souvent le caractère 马. Ce caractère indique la prononciation du mot, le second caractère qui lui est associé donne la signification.

Il est donc très important d’avoir une bonne prononciation pour bien se faire comprendre. En effet, une mauvaise utilisation du ton peut entraîner des mots complètement différents. Par exemple, 水饺 shuǐ jiǎo (raviolis chinois bouillis ou jiaozi) et 睡觉 shuì jiào (se coucher) ont la même orthographe, mais des tons différents. Cela peut devenir un moment gênant si vous demandez accidentellement à la serveuse de coucher (avec vous) au lieu de commander des raviolis… Le pinyin est donc aussi pour cela indispensable pour bien mémoriser ces tons. Ayant une mémoire plutôt visuelle, mes cahiers de chinois sont donc complètement fluorés de bleu (premier ton, comme le ciel), de vert (pour le second ton, qui monte comme le haricot magique), de jaune (troisième ton qui ondule comme les blés), et de rouge (quatrième ton, plus cassant, plus dur).

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Un même mot en pinyin, avec le même ton, peut avoir aussi plusieurs significations (avec un caractère différent pour chacune cependant). Par exemple wǔ peut signifier aussi bien « midi » (午) que « cinq » (五). Dans ce cas, dans le langage verbal, c’est le contexte de la phrase qui permet d’en comprendre la signification.

On sent donc bien ici que les caractères chinois introduisent des subtilités que le pinyin ne permet pas. Il est donc indispensable d’apprendre les caractères chinois, dès le début de l’apprentissage de la langue, le pinyin ne restant qu’une aide à cet apprentissage. Il existerait jusqu’à 56 000 caractères chinois. Ne nous emballons pas, nous n’atteindrons pas ce niveau (quoique peut-être les enfants?). Mais il est admis qu’il faut connaître 100 caractères pour se débrouiller dans la vie de tous les jours (c’est le kit de survie). Pour avoir un bon niveau moyen, il faut connaître entre 800 et 1000 caractères. Cela ne fera pas de nous des bilingues en chinois, mais cela nous fera un bon niveau pour la vie de tous les jours. Pour prétendre être bilingue, il faudra ensuite connaître entre 3000 et 5000 caractères. Pour apprendre et retenir tous ces caractères, la seule et unique recette est de les copier, de les recopier, et de les re-recopier. Les enfants à l’école élémentaire consacrent d’ailleurs 60% de leur programme scolaire à l’apprentissage du chinois. Il n’y a pas de secret, on n’a rien sans rien.

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Les premiers caractères d’Augustin

Il y a six types de caractères (liùshū 六书, ou littéralement « les six livres »): les pictogrammes, les phono-sémantiques, les idéogrammes simples, les idéogrammes composés, les caractères mutuellement explicatifs, et les caractères d’emprunt.

  1. les pictogrammes: il s’agit des caractères les plus simples et aussi les plus faciles à retenir, puisqu’ils ressemblent à l’objet qu’ils représentent. Cela dit ça n’est pas forcément flagrant vu comme ça, il est donc intéressant de voir le caractère original au préalable, qui lui est très ressemblant, ainsi sa forme simplifiée nous paraît aussi ressemblante:
    • 日 (rì): soleil
    • 月 (yuè): lune – mois (car le calendrier chinois est un calendrier luni-solaire)
    • 木 (mù): arbre
    • 火 (huǒ): feu
  2. les caractères phono-sémantiques: cela signifie que l’on peut déduire la prononciation et la signification de ces caractères uniquement en les regardant. Ces caractères sont des caractères composés, avec d’un côté la signification (généralement à gauche), et de l’autre la prononciation (à droite). Par exemple ici pour « yang » (羊):
    • 样 (yàng: apparence, forme): 木 (mù = bois)
    • 洋 (yáng: océan):  氵(shuǐ = radical pour l’eau) + 羊 (yang)
    • 佯 (yáng: prétendre): 亻(rén = radical pour personne)
    • 痒 (yǎng: chatouillement, démangeaison): 疒 (nè = radical pour malade)
  3. les idéogrammes simples: représentent des idées de façon explicite. Par exemple: 上 (shàng: haut) et 下 (xià: bas). Ou encore 一 (yī: un), 二 (èr: deux), 三 (sān: trois). Ensuite les caractères des nombres deviennent différents, ajouter plus de traits rendrait ces caractères non harmonieux.
  4. les idéogrammes composés: ces caractères sont également assez explicites. Ils sont généralement créés par la combinaison de deux ou plusieurs pictogrammes ou idéogrammes, mais ils sont plus abstraits. Prenons l’exemple de 休 (xiū, signifiant « se reposer). Il résulte de la combinaison de 亻(radical rèn: personne) et de 木 (mù: arbre). Pensez à « se reposer à l’ombre d’un arbre »!
  5. les caractères mutuellement explicatifs: il s’agit de caractères dont la signification est influencée par d’autres mots (je n’en suis malheureusement pas encore à ce niveau d’apprentissage pour vous donner un exemple)
  6. les caractères d’emprunt: il s’agit de caractères qui ont été utilisés pour en créer d’autres qui sonnent de la même manière, ou sont similaires Prenons l’exemple du caractère 来 (lái) : à l’origine 来 signifiait « blé », mais ce sens a été progressivement remplacé et 来 a commencé à être utilisé comme verbe signifiant « arriver ». Un nouveau caractère, 麦 (mài), a donc été attribué pour représenter le « blé ». Remarquez le changement dans le son initial, qui est passé de « l » dans 来 (lái) à « m » dans 麦 (mài)

Attention ensuite à bien écrire les traits constituant ces caractères dans le bon ordre, afin qu’ils soient toujours « harmonieux », « équilibrés ».

Les caractères restent donc la vraie difficulté de cette langue. Mais elle est aussi très simple car il n’y a ni grammaire, ni conjugaison (ce qui plaît énormément à Augustin 😉 ). Cette langue est en fait très logique, ça en est presque un jeu. Elle est aussi très belle car, au travers de son apprentissage, on comprend énormément de choses sur la culture et sur l’histoire de la Chine. Après tout, pour comprendre un peuple, une société, il faut en comprendre sa culture et son histoire, et cela passe souvent par l’apprentissage de sa langue.

Savez-vous comment la langue française est perçue par les Chinois? Ils disent que notre langue donne « l’impression d’un fleuve qui chante ». Et il est vrai qu’à contrario, le chinois est, du fait des tons et de l’absence de grammaire, plus rude à l’oreille. Au début, j’avais d’ailleurs souvent l’impression de me faire crier dessus en permanence, car c’est assez agressif. Mais non, c’est juste leur façon de parler…

Pour clôturer cet article, sachez que les chinois aiment attribuer des noms chinois aux Occidentaux, avec une prononciation proche du nom d’origine, mais aussi une signification poétique pour nous décrire. Je vous laisse donc déchiffrer les noms chinois que Julien et moi avons reçus: 柏蔚逸 et 安琪.

Bonne journée, et bonne semaine!

Gubeikou 古北口: découverte de la Grande Muraille 长成

Gubeikou 古北口: découverte de la Grande Muraille 长成

I’m back! Après près d’un mois de silence, me voilà plus que motivée pour reprendre ma plume, ou plutôt mon clavier, afin de continuer le partage de nos découvertes.

Aujourd’hui je vous emmène donc vers l’une des 7 merveilles du monde: la Grande Muraille de Chine (Cháng Chéng 长称), appelée aussi le « Dragon de dix mille lis ». Sa longueur exacte fait encore débat, les chiffres allant de 8000 à 21000km! Si on considère la fourchette basse de cette estimation, imaginez être dans un avion et survoler ces 8000km d’ouest en est de la Chine. Ce vol durerait près de 10h! Mais pourquoi est-il si difficile d’estimer la longueur d’un mur me diriez-vous? Pour cela il faudrait savoir de quelle muraille on parle, car en réalité il s’agit d’un ensemble de fortifications parallèles, bâties en différents endroits par des souverains successifs. Dès le VIIème siècle avant J.-C., les états de la Chine antique érigèrent les premiers remparts pour se protéger les uns contre les autres. Ainsi, la première grande muraille naquit de l’unification de ces tronçons par le premier empereur Qin Chi Huangdi (200 ans avant J.-C.), du fait de la relation devenue conflictuelle entre la Chine et les populations de Mongolie. En effet, les nomades Mongoles étaient très dépendants de la Chine pour se nourrir et se vêtir, leurs steppes étant trop inhospitalières pour ne pas avoir à descendre vers le sud pour compléter leur alimentation. Bien que leur population soit très inférieure à celle de la Chine, ils n’en représentaient pas moins une grave menace. Armés de puissants arcs et chevauchant de petits poneys des steppes, rapides et endurants, les guerriers nomades lançaient régulièrement des attaques sur les États du Nord de la Chine. C’est donc pour se protéger que les chinois construisirent cette première muraille.

Faute d’entretien, cette première ligne de fortification en terre tomba en ruine. Celle visitée de nos jours, faite de pierres et de briques, est quant à elle l’oeuvre des Ming (XIV – XVIIème siècles). En effet, après près d’un millénaire d’un équilibre fragile entre la Chine et les Mongoles, un chef, devenu Gengis Khan, parvint à rassembler les différentes peuplades de la steppe et reprit les attaques sur la frontière nord afin d’obliger les Chinois à envoyer des subsides et à commercer. Recommença alors une longue période conflictuelle entre le Chine et la Mongolie, où des attaques agressives seront menées entre les 2 peuples. Pour y mettre fin, l’idée séculaire d’une ligne défensive au nord de la Chine fit son retour, mais cette fois-ci avec des techniques plus élaborées.

Cette « nouvelle » muraille est haute d’environ 8m, et large de 5m en moyenne. S’y succèdent des forteresses, des milliers de tours de guet, des portes et des passes. Près d’1 million de soldats y étaient mobilisés, et communiquaient par des signaux de feux (pour lesquels des crottes de loups étaient utilisées comme combustible). Cet immense ouvrage a cependant échoué à remplir son rôle défensif, mais il fut néanmoins un moteur économique important, puisqu’il permit de faciliter la circulation des caravanes commerciales, d’est en ouest. Finalement, au XIXème siècle, la grande muraille tombant en désuétude, et les villageois utilisèrent même ses briques pour construire des fermes. Certains tronçons ont toutefois été restaurés, mais ça ne sera pas le cas de celui que nous visitons au travers de cet article.

Gubeikou (古北口, ce qui signifie « ancien col du nord ») est un tronçon non restauré de la Grande Muraille. Situé dans une zone reculée à 130km au nord de Pékin, ce tronçon offre un paysage sauvage, authentique et saisissant. Cette partie de la muraille n’ayant jamais été restaurée, elle conserve son apparence d’origine, telle que construite sous la dynastie Ming.

Il ne s’agit pas ici de simplement marcher sur un mur. En effet, même si ce tronçon reste assez simple (nous y sommes allés avec les enfants), il y a tout de même des passages plus délicats, des morceaux de muraille s’étant effondrés par endroits avec le temps. La section de la muraille à Gubeikou présente une longueur d’environ 10 km et est divisée en deux segments: l’extrémité ouest, appelée Wohushan, et la partie orientale, Panlongshan. En raison de son état, Gubeikou attire beaucoup moins de visiteurs que les sections restaurées du mur. Gubeikou n’a pas de zone délimitée par une entrée et une sortie, on peut donc y accéder à tout moment par n’importe quel endroit. Cependant, un billet est nécessaire pour accéder à cette section, des gardes patrouillant sur la muraille pendant la journée pouvant contrôler les billets. Nous n’avons cependant pas eu à nous inquiéter de cela, avec la situation sanitaire les visiteurs ne peuvent plus si facilement qu’auparavant accéder à la grande muraille sans un guide local.

En cette saison d’hiver, la nature nous offre un paysage « gris », mais cela n’en reste pas moins magnifique avec ce contraste par rapport au ciel bleu. Il paraît que chaque saison offre de merveilleux paysages sur la Grande Muraille: le gris froid, avec parfois une pellicule de neige, et le ciel bleu éclatant en hiver, les fleurs colorées au printemps, le vert en été, et le camaïeu rouge orangé en automne.

Vous l’avez compris, nous reviendrons sur la muraille, à Gubeikou mais aussi ailleurs. J’ai notamment très envie d’aller sur la section de Jiankou, très sauvage mais aussi plus périlleuse du fait des pentes très raides à passer. Cela remplacera notre traditionnelle randonnées alpine estivale ;-).

Pour finir cette belle randonnée, voici des sculptures illustrant comment a été construite la muraille, les images parlent d’elles-mêmes.

C’est promis, le prochain article sera moins long à arriver. Nous commençons enfin à nous sentir « à la maison » ici, et avec les enfants enfin de retour à l’école, je retrouve ce qui m’a motivée à venir ici: découvrir, voyager, et partager!

Balade hivernale dans les Hutong

Balade hivernale dans les Hutong

Etant tombés sous le charme des Hutong, emblème du vieux Pékin traditionnel, nous avons profité d’un dimanche enneigé pour aller nous y « perdre » (en réalité trois balades différentes seront regroupées dans cet article, afin de vous faire profiter de cet endroit magique au maximum). Les Hutong sont des habitations traditionnelles, organisées autour de cours carrées (des courtyards), chaque côté de ce carré étant comme une petite maison (avec une ou deux pièces): celle des parents (à l’opposé de l’entrée, la mieux située et la plus ensoleillée, celles des enfants de chaque côté, et celle des domestiques de maison au niveau de l’entrée). Il s’agit là de la description traditionnelle, certains Hutong ont été complètement rénovés et présentent alors de beaux grands volumes, et d’autres plus dans leur jus ont même un bâtiment « illégal » au milieu de la cour, faute de place dans l’habitation. Certains Hutong plus grands ont aussi un toit terrasse, ce qui les rend très agréables l’été. Finalement, avec la cour de notre maison en France et notre toit terrasse, nous étions pré-destinés à venir à Pékin! Ci-dessous je vous partage la vue depuis le toit terrasse d’un Hutong, que des habitants nous ont gentiment fait visiter. Il offre une superbe vue sur les Tours Tambour (la rouge) et de la Cloche (la grise).

Nous commençons notre promenade par la place située entre la Tour Tambour et la Tour de la Cloche. Sur cette place, comme sur beaucoup d’autres ainsi que dans les parcs, les pékinois, notamment les plus âgés, se donnent rendez-vous tôt le matin pour s’adonner à des activités ludiques et sportives. En effet, ceux-ci ont souvent de petites habitations, se retrouver à l’extérieur est donc plus pratique. Une autre raison serait que les personnes âgées préfèrent entretenir leur santé par ces pratiques sportives, l’accès aux soins étant pour elles assez difficile.

C’est ainsi que nous avons découvert le Jianzi, qui ressemble à du badminton, mais joué avec les pieds. Pour jouer au Jianzi, sport traditionnel chinois remontant à plus de 2000 ans, certains joueurs chaussent même de grandes chaussures plates et non glissantes, pour offrir sans doute une plus grande surface, sur le même principe qu’une raquette. Il est dit que le Jianzi requière plus d’adresse que le football, et plus d’intérêt que les échecs. À tester!

Une autre activité traditionnelle en Chine est le jeu de la toupie et du fouet. Au début nous nous demandions d’où venaient ces gros claquements, qui ressemblaient à des pétards. Il s’agissait en réalité du fouet, que le joueur faisait claquer sous sa toupie, pour la faire tourner continuellement.

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Et enfin, même si ces images remontent à une autre balade, une autre activité est celle des volants (je ne connais pas le nom chinois de cette activité), à la manière des GRS. C’est si beau et si coloré!

Quand les enfants reprendront l’école, c’est sûr que j’irai dans les parcs au petit matin, pour m’essayer aussi à ces activités et au Tai Chi. Ça sera beaucoup plus intéressant que ces salles de sport froides et hors de prix. Mais revenons à notre promenade, et plus précisément aux Tours du Tambour et de la Cloche. Jadis, ces deux tours, que l’on retrouve dans plusieurs villes de Chine, rythmaient la vie des habitants, les journées se déroulant au gré des roulements de tambours et des tintements de cloches (il n’y avait pas d’horloge à l’époque!), et permettaient également d’alerter la ville de la venue d’ennemis.

La première fois que j’étais venue, les deux tours étaient fermées aux visiteurs. Cette fois-ci, la tour de la Cloche pouvait se visiter. Cela devait être tout récent, car il n’y avait presque pas de visiteurs. Dommage par contre de ne pas pouvoir monter en haut de la tour Tambour, car celle-ci nous aurait donné une belle vue sur la Cité Interdite. La tour de la Cloche, plus austère que sa voisine rouge, nous offre néanmoins un superbe panorama sur les Hutong aux alentours, ainsi que sur la Tour Tambour.

Une légende entoure la cloche de cette tour de Pékin: à une époque remontant à la dynastie Ming, l’Empereur commanda une cloche, suffisamment grande, afin que le son puisse être entendu sur toute la capitale. L’Empereur assigna donc à un artisan, du nom de Hua Yan, la responsabilité de dessiner et de fondre une cloche faite de bronze, qui mesurera 7m de haut et pèsera 63 tonnes, faisant de celle-ci la plus grande et la plus lourde cloche de Chine. Avec la technologie disponible à cette époque, fondre une cloche si grande en bronze n’était pas chose facile, ce métal à l’état liquide refroidissant très rapidement. Ainsi, la cloche a dû être réalisée en plusieurs étapes longues et fastidieuses, rendant la fabrication incertaine. Après plusieurs jours de dur labeur, les ouvriers avaient seulement réussi à finir la base de la cloche, et il leur restait très peu de temps pour finir selon le cahier des charges de l’Empereur. Hua Yan était désespéré et à court d’idée pour mener à bien sa mission, et si celle-ci ne réussissait pas au bout de 80 jours, ils seraient tous décapités. A cette époque, il y avait une légende qui circulait parmi les fondeurs de cloches, disant que si une jeune fille était jetée dans le bronze liquide, il s’arrêterait de refroidir. Cependant, Hua Yan était tout à fait incapable d’imaginer sacrifier une jeune personne. Le soir précédant la date fatidique, alors qu’il était désespéré et qu’il parlait à sa femme, sa fille Hua Xian avait traversé leur chambre et entendit leur conversation. Le lendemain matin, alors que Hua Yan n’était pas encore à la fonderie, Hua Xian s’y rendit. Les ouvriers la virent et la saluèrent. Hua Xian marcha en direction du large fourneau où le bronze fondant bouillonnait. Alors que les ouvriers discutaient sans la regarder, elle sauta dans le bronze bouillonnant. Elle hurla « Maman, Papa, nous nous reverrons dans une prochaine vie! » et elle se jeta dans le bronze liquide. Tout le monde était terrifié et essaya de la sauver, mais la seule chose qu’un ouvrier réussit à attraper, ce fut une chaussure rouge.

Les Hutong, ce sont ensuite des dédales de rues, où l’on trouve des habitations cachées derrière ces belles portes rouges, des temples bouddhistes, des petits marchands traditionnelles (et sans doute pour touristes aussi), et des petits restaurants et autres marchands de spécialités culinaires (les chinois mangent tout le temps!). Pour touristes ou pas, cela nous fera de bonnes adresses pour vous ramener de jolis cadeaux quand nous rentrerons en France!

Ensuite direction le lac Houhai qui, en cette saison, est complètement gelé, et permet donc une agréable séance de glisse. Ce lac, comme ses deux voisins, est artificiel. Il a été creusé sous la dynastie Yuan afin de faire une colline artificielle. Il permettait également le transport de matériaux de construction par bateau plutôt que par voie terrestre. Si on revient au patinage, ici pas de patin aux pieds comme on se l’imagine, mais on utilise des chaises ou vélos, équipés de patins en bois en dessous. Un vrai régal pour les enfants!

Après toute cette marche et cette séance folle de glisse, un bon repas est le bienvenu. Ici, en plus de manger avec des baguettes, une spécificité est de mettre les plats au milieu de la table, et de se servir dans nos petites assiettes. C’est donc très conviviale, et plutôt chouette car on peut goûter de tout. En cette période du Nouvel An Chinois, le dumping (ou jiǎozi) est mis à l’honneur. Il s’agit de raviolis en forme de chausson, remplis d’une farce (il existe un grand nombre de recettes de farces, à base de viandes, de crevettes, ou végétariennes), que l’on trempe dans une sauce faite de sauce soja et de vinaigre de riz. Un délice! Pas de photo type pornfood ici (je n’y ai pas pensé…), juste de la déco du restaurant, que je trouvais très chouette 🙂

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Sur ce, une bonne nuit à tous, et le prochain article sera plus « nature ».

Xīnnián Kuàilè!

Xīnnián Kuàilè!

Une très bonne année du Tigre à vous tous! Que cette nouvelle année vous donne la force et l’énergie du tigre.

Ce 31 janvier 2022 est le dernier jour de l’année lunaire du Buffle, demain sera donc le Nouvel An chinois, où nous commencerons l’année du Tigre, troisième dans le cycle des douze signes du zodiaque chinois. La date du Nouvel An chinois change tous les ans. En effet, le calendrier chinois étant un calendrier luni-solaire, la date du Nouvel An chinois dans le calendrier grégorien varie d’une année sur l’autre, mais tombe toujours entre le 21 janvier et le 19 février, lors de la deuxième nouvelle lune depuis le solstice d’hiver. Les célébrations du Nouvel An, que l’on appellent le « Festival du printemps » depuis 1949, durent 16 jours, de la veille du Nouvel An, au festival des lanternes.

Cette année, COVID oblige, il n’y aura pas de défilé dans le rues. Il s’agit cependant d’une tradition plutôt issue du Sud de la Chine. Ici, dans le nord, ce sont plutôt les décorations de lanternes qui font la magie du moment.

Mais laissez-moi vous raconter l’origine du Nouvel An chinois. Cette histoire remonte à près de 3500 ans, avec Nián (signifiant aussi « année » en chinois), bête mythique qui mangeait le bétail, les cultures et des gens, à la veille de la nouvelle année.

On dit qu’un vieil homme sage a compris que Nián avait peur de la couleur rouge, et des bruits forts. Les gens accrochèrent donc des lanternes rouges à leurs portes et fenêtres, afin d’empêcher Nián de rentrer. Ils firent également crépiter du bambou (remplacé par la suite par des pétards) pour effrayer l’animal. Le monstre ne s’est alors plus présenté.

Dans cette tradition, on retrouve également autour de la porte d’entrée de chaque habitation des bandes de papier rouge, avec des vers écrits dessus. Cela a pour but de protéger ses habitants du démon, pour l’empêcher de rentrer. Nous nous sommes prêtés au jeu, et avons également décoré notre porte :).

Ce soir les familles se réunissent donc pour fêter cela, un peu comme chez nous pour le réveillon de Noël. De grands festins les attendent, et cela va durer plusieurs jours.

Bonne année!

Home sweet home!

Home sweet home!

Après quelques jours de silence, nous revoici! Comme vous pouvez le devinez à travers le titre de cet article, nous avons enfin trouvé notre chez nous chinois. Et de justesse, car 3 jours plus tard le lycée français nous annonçait la fermeture de tous les établissements scolaires de Pékin pour au moins un mois et demi, et le retour de l’école à la maison. La raison? Le COVID (quoique le nombre de cas est toujours extrêmement faible par rapport à ce que vous connaissez), les JO d’hiver (que personne n’aura le droit de voir autrement qu’à la télé…), et l’approche du nouvel an chinois (le 31 janvier). Je ne m’autoriserai pas de critiquer cette décision ici, mais cela, en plus de notre installation, a rendu notre quotidien assez compliqué.

Alors vous pourriez vous dire: « mais pourquoi ils n’ont pas l’air contents, alors qu’ils sont enfin posés? » Imaginez donc que vous emménagez dans un appartement (certes meublé), qu’il faut équiper avec un minimum de choses car votre déménagement n’arrive que 2 ou 3 mois plus tard, et qu’il faut acheter de quoi manger et faire le ménage (ben oui il faut bien ça aussi). Donc en route pour IKEA et Carrefour (ça, au moins, on connaît :)). IKEA c’est facile car finalement assez standard, mais le Carrefour…. personnellement je ne trouve jamais rien dans les gros Carrefour sur 2 étages en France, mais en Chine où l’organisation n’est pas la même, où tout est écrit en chinois (normal), où les habitudes du quotidien sont différentes (par exemple c’est très compliqué de trouver du produit pour le lave-vaisselle), et où l’alimentation est différente… je vous laisse imaginer la mission!

Un de mes grands moments de solitude a été le rayon des produits d’entretien justement, où je me suis sentie très bête en cherchant de la javel. Comme vous pouvez le voir sur les illustrations ci-dessous, il faut s’amuser à prendre les produits qui nous paraissent ressembler à ce que l’on cherche, et les traduire avec des applications de traduction qui sont devenues vitales depuis que nous sommes ici. Au moins, cela nous permet de rencontrer des gens, car forcément les autres étrangers nous reconnaissent en faisant cela, et n’hésitent pas à venir nous aider. Mais forcément, faire des courses quand on débute en Chine, ça prend des heures!

Pour la nourriture, là aussi c’est délicat car nous avons soit le choix entre des produits importés 4x plus cher qu’en Europe, soit des produits chinois, et là ça peut vite devenir la roulette russe (j’ai failli cracher du feu en goûtant une soupe de nouilles que j’avais choisie juste parce que le packaging était sympa). Bien évidemment, il n’y a pas que Carrefour, mais les alternatives sont alors soit les commandes en ligne (sur des applications en Chinois of course, j’ai dû mettre 3h à faire une liste de courses je crois), soit aller dans des petits marchés et autres enseignes locales, mais ça prend un temps incroyable car tout n’est pas au même endroit. Et malgré notre volonté de nous immerger au maximum dans la culture chinoise et sa cuisine, nous sommes tout simplement incapables de choisir les bons ingrédients, et encore moins de les cuisiner. Ce qui est rassurant (ou pas), c’est que tous les occidentaux rencontrent les mêmes difficultés. On se sent tout de suite moins seul ;-).

Je vous partage ci-dessous quelques images d’un marché proche de chez nous. Ce qui est bien ici, c’est que l’on trouve beaucoup de légumes et fruits en Chine, et ça on sait les cuisiner :). La viande et les poissons en revanche, c’est moins simple 😉

Toujours par rapport à l’alimentation, et aux courses en générale, il faut savoir que les chinois, du moins ceux de Pékin, se font pratiquement tout livrer. L’avantage c’est que les magasins ne sont pas bondés, mais l’impact écologique est assez négatif car cela génère énormément d’emballages supplémentaires (sachant qu’ils en utilisent déjà beaucoup trop). Nous qui essayions de tendre vers le zéro déchet quand nous étions en France, c’est fichu pour un moment! Les livraisons ne concernent pas que les courses, mais absolument tout, y compris les repas (c’est Uber Eats puissance 10 000). L’autre conséquence c’est qu’ils n’ont donc pas besoin de faire de vaisselle (et quand il y en a, c’est l’Ayi qui s’en charge), et donc très peu d’habitations sont équipées de lave-vaisselle. Nous avons la chance d’en avoir un, mais pour trouver du produit lave-vaisselle, c’est une autre paire de manches!

Je viens de vous parler de l’Ayi, et là je devine votre question. Il s’agit je dirais d’une domestique de maison. Il arrive souvent qu’elle vive chez son employeur, et c’est pour cela que beaucoup de logements ont une petite chambre, souvent sans fenêtre, attenante à la cuisine (ce n’est pas notre cas, et ça nous va très bien). Cette Ayi fait tout: le ménage, le linge, la cuisine, la garde des enfants. Personnellement, j’ai beaucoup de mal avec ce concept de « domestique », qui ne me correspond pas du tout, même pour quelques heures par jour (impossible d’avoir une Ayi juste pour 2 ou 3h par semaine, il faut au moins un mi-temps). Tout le monde ici m’explique que c’est indispensable, mais je ne suis pas vraiment convaincue. On verra quand nos 20m3 de cartons arriveront de France, nous changerons peut-être d’avis… ou pas.

Autre sujet du quotidien: le transport. En ce moment, avec le nouvel en chinois qui approche, c’est très compliqué de trouver un taxi (quand les chauffeurs ne sont pas réquisitionnés pour les JO, beaucoup sont repartis chez eux en Province pour les fêtes). Nous nous sommes donc mis au métro, car nous avons la chance d’avoir une station juste en bas de chez nous (le métro ici c’est un peu comme le RER chez nous: les stations sont assez éloignées, donc pas toujours pratique). C’est assez simple, mais il va nous falloir un certain temps pour connaître toutes les stations par coeur comme quand nous étions à Paris 😉

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Pour finir cet article sur une petite note d’humour, nous sommes allés faire une journée de ski samedi dernier. En comparaison à cette station, le Lioran ferait office de grande station des Alpes. Mais on y a trouvé la neige, et les enfants étaient ravis. Par contre comme partout en Chine, tout est hyper organisé: on peut arriver en tenue de ville, et absolument tout louer sur place. Mais le truc drôle, ce sont les snowboarders qui accrochent des espèces de grosses peluches, en forme de tortue ou de Pokémon, sous les fesses et sur les genoux, sans doute pour ne pas se faire mal en tombant. Mais le truc encore plus drôle, ce sont les skieurs qui font la même chose (et pas que des enfants)! Je n’ai pas pu m’empêcher d’en prendre un en photo pour vous partager ça (dommage, il avait enlevé les tortues de ses genoux 😉 )

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Sur ce, je vous souhaite une bonne nuit! Le prochain article vous racontera une chouette journée de balade et de patinage dans les Hutongs.

PS: admirez sur la photo d’en-tête de cet article cette jolie enfilade de lanternes! Nous pouvons l’admirer tous les soirs depuis la fenêtre de notre salle à manger, on adore!

Spectacle au Chaoyang Theater

Spectacle au Chaoyang Theater

Historiquement, le théâtre acrobatique chinois, ou Cirque Chinois, propose un large éventail de numéros acrobatiques et autres démonstrations physiques traditionnellement effectuées par une troupe chinoise. Ces numéros ont souvent ont une histoire qui remonte à longtemps dans l’Histoire de la Chine, et sont donc toujours joués de nos jours.

En ce 31 décembre 2021, nous prenons donc 4 billets au « Chaoyang Theater », pour assister à un époustouflant spectacle de la troupe acrobatique de Pékin. Comme dirait une copine chinoise, « C’est un truc pour les touristes! ». Mais c’est ce que l’on est après tout, non?

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La Salle du théâtre de Chaoyang, construite en 1984, a une allure de de théâtre parisien décoré à la chinoise. Des troupes d’acrobates, venues de toute la Chine, viennent donc ici y faire leurs numéros, devant les spectateurs effectivement plutôt étrangers. Compte-tenu de l’absence de tourisme en Chine actuellement, la salle était donc presque vide (nous étions environ 30 personnes, pour une capacité pouvant aller jusqu’à 1400 places).

Nous assistons à un spectacle très visuel, les artistes faisant preuve d’une maîtrise exceptionnelle de leur art et réalisant de véritables prouesses. Les numéros sont décoiffants, et quelquefois effrayants, d’autant plus que certains acrobates ne semblaient pas beaucoup plus âgés qu’Augustin. En voici quelques images (qui sont bien en-deçà de la réalité!).

Un numéro qui a particulièrement marqué les enfants est celui où cinq motos tournaient à toute vitesse dans une énorme boule métallique. Pour les grands, je pense que c’est le numéro où un acrobate était perché en équilibre sur une tour d’une dizaine de chaises, elles aussi en équilibre les unes sur les autres, qui nous a le plus marqués. A moins que ce soit le numéro où pas moins de dix acrobates tournaient en rond sur un même vélo?

C’était peut-être « un truc de touristes 😉 », mais c’était à voir, et surtout une superbe façon de clôturer cette année 2021.

Nous vous souhaitons une très bonne année à tous! Prenez soin de vous, nous vous souhaitons le meilleur, et surtout de profiter de chaque opportunité, la vie est tellement pleine de surprises!

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Le Temple des Lamas

Le Temple des Lamas

Un des avantages d’avoir nos enfants dans une école française, c’est que les vacances ne coïncident pas forcément avec les vacances chinoises. Cela nous permet de faire du tourisme sous trop de monde. En effet, la Chine a beau être fermée au tourisme international, ça n’en reste pas moins un des pays les plus peuplés au monde, et les touristes chinois peuvent être très nombreux! Dans cette article nous allons donc vous partager notre première visite d’un Temple Pékinois: le Temple des Lamas (Yonghe Gong = « Palais de la paix et de l’harmonie »).

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Il s’agit d’un ancien palais impérial, transformé au XVIIIème siècle en lamaserie, c’est-à-dire en monastère du bouddhisme tibétain. En passant l’enceinte de ce lieu, nous quittons le fourmillement permanent de Pékin, pour rentrer dans un écrin où l’on ressent immédiatement une atmosphère de sérénité, et de spiritualité.

Nous passons d’abord dans une cour, avec de superbes lions traditionnels, ainsi que des pavillons très colorés. Ici, comme partout dans le sanctuaire, plane une forte odeur d’encens.

Là nous assistons à une scène que nous ne comprenons pas, mais que nous observons en silence et avec respect: les gens prennent une poignée de bâtonnets d’encens, qu’ils brûlent dans des foyers prévus à cet effet, et font de prières à genoux face au sanctuaire. Nous verrons à nouveau cette scène devant chacune des salles, et ce qui nous a aussi frappé, c’est que toutes les classes d’âges y sont représentées (et pas essentiellement des personnes plus âgées, comme cela peut être le cas chez nous dans nos édifices religieux).

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Lors de nos déambulations dans les différentes salles (à l’intérieur desquelles nous ne prendrons pas de photo, par respect), nous avons croisés quelques Lamas, ces moines qui enseignent le bouddhisme tibétain. A l’époque de grande prospérité de ce monastère, aux XVIIIème et XIXème siècles, il y en avait près de 300. Ceux-ci bénéficiaient à l’époque d’un statut privilégiés auprès de l’empereur (ils étaient d’ailleurs les seuls à pouvoir les regarder dans les yeux).

Au fur et à mesure de notre visite dans cette succession de salles, nous découvrons de magnifiques sculptures de bouddha, dont celle qui constitue, selon nous, la plus impressionnante du temple: une statue haute de 18m, dans le pavillon des « Dix-Milles Bonheurs » (Wanfu ge). Il s’agit d’une sculpture du bouddha Maitreya sous sa forme tibétaine, vêtue de satin et sculptée d’un seul bloc dans un tronc de santal blanc. Pour la petite histoire, cette statue géante avait été offerte à l’empereur Qianlong par le 7ième dalaï-lama.

Nous avons également été impressionnés par la « salle de la Roue du Roi » (Falun dian), où trône une autre énorme statue, en bronze cette fois-ci, dédiée à Tsongkhapa, fondateur de la branche bouddhiste des bonnets jaunes (désolée, je n’ai pas pu m’empêcher de faire les rapprochement avec nos bonnets rouges et gilets jaunes 😉 ). Le drapé jaune de cette statue et l’éclairage par une lucarne au-dessus confèrent un aspect magique à cette statue. A côté se trouve le trône du dalaï-lama, ainsi qu’une succession de bancs pour les prières des moines. Ce lieu nous frappe vraiment par sa sérénité, même les enfants sont calmes et ne courent pas partout (rien que pour ça nous devons revenir plus souvent…). Par contre certaines statues de diverses représentations bouddhistes font peur à Constance, il est vrai que certaines peuvent avoir un certain caractère effrayant, surtout quand on n’en connait pas la signification. Il va donc falloir revenir avec un guide quand il fera moins froid!

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Sur cette dernière photo, on peut voir un moulin à prières, que les fidèles font tourner dans le sens des aiguilles d’une montre, afin, dit-on, que les prières s’envolent vers le ciel.

Une belle visite, le début d’une longue série où nous aurons sans aucune doute la chance de faire de belles découvertes, et de vous partager de belles images.

Pékin nous voilà

Pékin nous voilà

Mercredi 22 décembre, nous atterrissons enfin à Pékin. Le décor est complètement différent de celui de notre arrivée en Chine: fini le chemin balisé et bâché, plus de tests PCR ni de prise de température, fini les gens en combinaison intégrale! Bref, nous voici dans un aéroport tout ce qu’il y a de plus normal, comme avant en somme!

Compte-tenu du contexte sanitaire, nous n’avons pas pu faire de « voyage de reconnaissance » au préalable, et n’avons donc pas encore de logement. Nous serons donc encore à l’hôtel (et à l’heure où je vous écrit ces lignes, nous y sommes encore, le marché de l’immobilier étant très tendu en ce moment). Nous arrivons dans nos chambres (2 chambres communicantes cette fois-ci 😉 ) en début de soirée, et la mission est de trouver de quoi dîner (hors de l’hôtel si possible, on n’en peut déjà plus des hôtel!). Mais… j’ai un bon plan! Avant de quitter la Chine, je suis rentrée en contact avec des expatriés français à Pékin, afin de préparer au mieux notre arrivée. Une association de Français à Pékin organise régulièrement des pots d’accueil pour les nouveaux arrivants. Il y en a de moins en moins depuis plusieurs mois (de nouveaux arrivants), mais il y en a toujours, et ça tombe bien, il y a pot le soir de notre arrivée (hasard du calendrier). Il est un peu tard, il n’y aura sans doute plus grand monde, mais ça n’est pas grave, nous avons trop besoin de rencontrer du monde et de parler français avec d’autres personnes que nous 4! Une fois arrivés sur place, dans un bistrot tenu par un Français, nous avons été accueillis comme si nous retrouvions des amis après une longue absence. En fait, ce que nous avons découvert ici en Chine, c’est cette incroyable solidarité entre les expatriés. Je pense que cela est dû à notre énorme différence de culture, qui fait que les occidentaux et le chinois se « mélangent » peu. De plus, nous sommes projetés ici dans un monde si différent du nôtre que la solidarité est nécessaire pour s’y adapter. Enfin, le COVID et la fermeture des frontières chinoises a eu pour impact que les personnes ici n’ont pour la plupart pas vu leur famille et amis depuis plus d’un an. Cela a donc renforcé les liens des personnes ici. Après un tel accueil, nous voici d’attaque pour découvrir Pékin, et pour nous y installer.

Pékin (ou Beijing, signifiant « la ville du Nord »), est beaucoup plus au nord que Shanghaï (2h d’avion séparent ces 2 villes), et est donc beaucoup plus froid (à Noël il faisait -10°C!). Le climat y est aussi très sec. Rappelons-nous en effet qu’à côté de Pékin se trouve le désert de Gobi, l’un des déserts les plus grand au monde. L’avantage de ce climat sec est que l’on a presque tout le temps un grand ciel bleu, cela donne l’impression d’un temps de sport d’hiver, ce qui est très agréable si on est bien couvert. Le revers de la médaille: nous avons la peau devenue très sèche (moi qui ne mettait jamais de crème, je ne peux plus m’en passer), et beaucoup d’électricité statique (si vous voyiez la tête de la pauvre Constance quand on lui enlève son bonnet!). Contrairement au Shanghaï très moderne, Pékin nous offre un mélange d’immeubles très modernes à côté des monuments anciens, évoquant la riche histoire de la Chine. On aime ou pas, mais nous on adore! Après un réveillon de Noël qui se voulait cosy et rassurant (le premier loin de nos familles), où le Père Noël à bravé l’obstacle de la quarantaine, nous voilà prêts à faire notre première escapade pékinoise.

Objectif: Jingshan Park (ou la colline au charbon), située au nord de la Cité Interdite. Mais c’est sans compter sur un nouvel obstacle technologique: notre application de réservation de taxi ne fonctionne plus. Et comme tous les étrangers utilisent Didi, qui n’est plus accessible aux nouveaux utilisateurs (on nous demande d’ailleurs souvent comment on fait pour survivre sans Didi!), personne ne peut nous aider (les chinois utilisent Didi ou d’autres application 100% en chinois, difficile pour nous de nous en servir). En fait nous comprenons qu’il y a toute une zone blanche autour de la cité interdite, et qu’il n’est pas possible de s’y faire déposer en taxi (ni d’en appeler un de là-bas). Une fois finalement arrivés à l’entrée du parc, de grands panneaux, écrits en chinois évidemment, nous indiquent que l’accès au parc ne se fait que sur réservation via WeChat, et que cela doit être fait la veille au plus tard. Echec! C’est là que nous réalisons que du fait qu’il n’y a plus de tourisme en Chine, nos guides de voyage ne sont plus du tout adaptés car ne tiennent pas compte de ces nouvelles contraintes liées au contexte sanitaire. Bon ben tant pis, nous reviendrons une autre fois (quand il fera moins froid par contre). Mais hors de question d’être aux abords de la Cité Interdite sans s’en approcher (nous nous doutons qu’il faut aussi réserver pour y accéder, mais au moins la voir de l’extérieur)!

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A l’extérieur de l’enceinte de la Cité Interdite, avec ses douves gelées

La Cité Interdite (ou Cité Pourpre) est l’ancienne résidence des empereurs, et fut pendant 500 ans le centre politique de la Chine. Sur le plan de « l’urbanisme », il était interdit de construire des bâtiments plus hauts autour de la cité interdite (seule exception: le Temple du Ciel), ce qui rend ce lieu très imposant (en plus de sa superficie: 960m x 750m). Je présume aussi que c’est pour cette raison que tout autour de la Cité Interdite on trouve les Hutoung, ces allées bordées de Siheyuan (maison à cour carrée), qui sont des demeures traditionnelles pékinoises assez basses. Il va nous falloir très bientôt visiter cela, afin de vous en raconter plus, car c’est magnifique! Nous avons toutefois fait un court passage dans ces Hutongs, en voici un petit aperçu avec ces quelques photos prises à la volée. C’est derrière ces imposantes portes rouges que l’on retrouve ces cours. A découvrir très bientôt! D’ailleurs j’aurais adoré habiter dans un de ces Hutongs, mais cela ferait beaucoup trop loin par rapport à l’école des enfants, située en dehors de la ville.

Alors la vie ici c’est comment? Pékin est donc une ville où le moderne côtoie l’ancien. C’est une vraie fourmilière, avec aussi ses hautes tours toutes illuminées la nuit (comme sur l’image de couverture de cet article). Les immeubles sont très hauts (nous avons même visité un appartement au 32ième étage!). En parlant d’étages d’immeubles, très souvent il n’y a pas d’étage comportant le chiffre 4, par superstition. En effet, en langue chinoise, le mot « quatre » se prononce presque de la même manière que le mot « mort ». Tout comme le 13 est aussi souvent absent. On passera donc directement de l’étage 12 à 15. Un autre constat que nous avons fait très rapidement concerne la couleur de la végétation: elle est toute grise en hiver, tellement l’air y est sec.

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vue de notre chambre d’hôtel

A l’occasion de Noël, la ville était toute décorée de sapins et décorations de Noël. Mais ici i s’agit surtout d’une fête commerciale, un peu comme Halloween chez nous en Europe. Juste après Noël, les décoration de Noël on donc rapidement fait place aux décorations en vue Nouvel An chinois, qui aura lieu cette année le 1er février (le jour variant d’une année à l’autre en fonction de la lune). Ces décorations sont rouges, couleur du bonheur et de la chance dans la tradition chinoise. Je suis d’ailleurs en admiration chaque jour quand je passe devant ces fleurs dans cette pièce toute rouge, vous ne trouvez pas que c’est beau?

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Lors de nos déambulations dans Pékin, nous hésitons de moins en moins à rentrer dans des petits restaurants typiques, où l’on choisi nos plats sur la base de photos, et où l’on ne peut manger qu’avec des baguettes. Mais qu’est-ce que c’est bon! Le principe c’est de commander plusieurs plats, que l’on dispose au milieu de la table, pour se les partager. Là je suis enfin réconciliée avec la nourriture chinoise (j’ai eu un temps de blocage après la quarantaine). Le seul soucis, c’est que nos vêtements sentent le graillon en sortant ;-). Bon, on vous avoue quand même que l’on est super contents aussi d’avoir trouvé un crêperie tenue par un Breton à côté de notre hôtel, de temps en temps cette madeleine de Proust est appréciable :).

Je passe un peu du coq à l’âne, mais s’aviez-vous que, malgré la superficie de ce pays (la Chine fait 4000km de large), la Chine ne comporte qu’un seul fuseau horaire? Conséquence pour nous à Pékin, il fait nuit à 17h en hiver (et pas beaucoup plus tard en été), alors que le jour se lève vers 7h30 en ce moment (et se levera autour de 5h du matin en été). A titre de comparaison, il y a 4 fuseaux horaires aux Etats-Unis, pour une largeur à peu près équivalente du pays.

Voici donc un rapide premier aperçu. Dans le prochain article, nous visiterons le Temple des Lamas.