Catégorie : Gastronomie

Balade hivernale dans les Hutong

Balade hivernale dans les Hutong

Etant tombés sous le charme des Hutong, emblème du vieux Pékin traditionnel, nous avons profité d’un dimanche enneigé pour aller nous y « perdre » (en réalité trois balades différentes seront regroupées dans cet article, afin de vous faire profiter de cet endroit magique au maximum). Les Hutong sont des habitations traditionnelles, organisées autour de cours carrées (des courtyards), chaque côté de ce carré étant comme une petite maison (avec une ou deux pièces): celle des parents (à l’opposé de l’entrée, la mieux située et la plus ensoleillée, celles des enfants de chaque côté, et celle des domestiques de maison au niveau de l’entrée). Il s’agit là de la description traditionnelle, certains Hutong ont été complètement rénovés et présentent alors de beaux grands volumes, et d’autres plus dans leur jus ont même un bâtiment « illégal » au milieu de la cour, faute de place dans l’habitation. Certains Hutong plus grands ont aussi un toit terrasse, ce qui les rend très agréables l’été. Finalement, avec la cour de notre maison en France et notre toit terrasse, nous étions pré-destinés à venir à Pékin! Ci-dessous je vous partage la vue depuis le toit terrasse d’un Hutong, que des habitants nous ont gentiment fait visiter. Il offre une superbe vue sur les Tours Tambour (la rouge) et de la Cloche (la grise).

Nous commençons notre promenade par la place située entre la Tour Tambour et la Tour de la Cloche. Sur cette place, comme sur beaucoup d’autres ainsi que dans les parcs, les pékinois, notamment les plus âgés, se donnent rendez-vous tôt le matin pour s’adonner à des activités ludiques et sportives. En effet, ceux-ci ont souvent de petites habitations, se retrouver à l’extérieur est donc plus pratique. Une autre raison serait que les personnes âgées préfèrent entretenir leur santé par ces pratiques sportives, l’accès aux soins étant pour elles assez difficile.

C’est ainsi que nous avons découvert le Jianzi, qui ressemble à du badminton, mais joué avec les pieds. Pour jouer au Jianzi, sport traditionnel chinois remontant à plus de 2000 ans, certains joueurs chaussent même de grandes chaussures plates et non glissantes, pour offrir sans doute une plus grande surface, sur le même principe qu’une raquette. Il est dit que le Jianzi requière plus d’adresse que le football, et plus d’intérêt que les échecs. À tester!

Une autre activité traditionnelle en Chine est le jeu de la toupie et du fouet. Au début nous nous demandions d’où venaient ces gros claquements, qui ressemblaient à des pétards. Il s’agissait en réalité du fouet, que le joueur faisait claquer sous sa toupie, pour la faire tourner continuellement.

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Et enfin, même si ces images remontent à une autre balade, une autre activité est celle des volants (je ne connais pas le nom chinois de cette activité), à la manière des GRS. C’est si beau et si coloré!

Quand les enfants reprendront l’école, c’est sûr que j’irai dans les parcs au petit matin, pour m’essayer aussi à ces activités et au Tai Chi. Ça sera beaucoup plus intéressant que ces salles de sport froides et hors de prix. Mais revenons à notre promenade, et plus précisément aux Tours du Tambour et de la Cloche. Jadis, ces deux tours, que l’on retrouve dans plusieurs villes de Chine, rythmaient la vie des habitants, les journées se déroulant au gré des roulements de tambours et des tintements de cloches (il n’y avait pas d’horloge à l’époque!), et permettaient également d’alerter la ville de la venue d’ennemis.

La première fois que j’étais venue, les deux tours étaient fermées aux visiteurs. Cette fois-ci, la tour de la Cloche pouvait se visiter. Cela devait être tout récent, car il n’y avait presque pas de visiteurs. Dommage par contre de ne pas pouvoir monter en haut de la tour Tambour, car celle-ci nous aurait donné une belle vue sur la Cité Interdite. La tour de la Cloche, plus austère que sa voisine rouge, nous offre néanmoins un superbe panorama sur les Hutong aux alentours, ainsi que sur la Tour Tambour.

Une légende entoure la cloche de cette tour de Pékin: à une époque remontant à la dynastie Ming, l’Empereur commanda une cloche, suffisamment grande, afin que le son puisse être entendu sur toute la capitale. L’Empereur assigna donc à un artisan, du nom de Hua Yan, la responsabilité de dessiner et de fondre une cloche faite de bronze, qui mesurera 7m de haut et pèsera 63 tonnes, faisant de celle-ci la plus grande et la plus lourde cloche de Chine. Avec la technologie disponible à cette époque, fondre une cloche si grande en bronze n’était pas chose facile, ce métal à l’état liquide refroidissant très rapidement. Ainsi, la cloche a dû être réalisée en plusieurs étapes longues et fastidieuses, rendant la fabrication incertaine. Après plusieurs jours de dur labeur, les ouvriers avaient seulement réussi à finir la base de la cloche, et il leur restait très peu de temps pour finir selon le cahier des charges de l’Empereur. Hua Yan était désespéré et à court d’idée pour mener à bien sa mission, et si celle-ci ne réussissait pas au bout de 80 jours, ils seraient tous décapités. A cette époque, il y avait une légende qui circulait parmi les fondeurs de cloches, disant que si une jeune fille était jetée dans le bronze liquide, il s’arrêterait de refroidir. Cependant, Hua Yan était tout à fait incapable d’imaginer sacrifier une jeune personne. Le soir précédant la date fatidique, alors qu’il était désespéré et qu’il parlait à sa femme, sa fille Hua Xian avait traversé leur chambre et entendit leur conversation. Le lendemain matin, alors que Hua Yan n’était pas encore à la fonderie, Hua Xian s’y rendit. Les ouvriers la virent et la saluèrent. Hua Xian marcha en direction du large fourneau où le bronze fondant bouillonnait. Alors que les ouvriers discutaient sans la regarder, elle sauta dans le bronze bouillonnant. Elle hurla « Maman, Papa, nous nous reverrons dans une prochaine vie! » et elle se jeta dans le bronze liquide. Tout le monde était terrifié et essaya de la sauver, mais la seule chose qu’un ouvrier réussit à attraper, ce fut une chaussure rouge.

Les Hutong, ce sont ensuite des dédales de rues, où l’on trouve des habitations cachées derrière ces belles portes rouges, des temples bouddhistes, des petits marchands traditionnelles (et sans doute pour touristes aussi), et des petits restaurants et autres marchands de spécialités culinaires (les chinois mangent tout le temps!). Pour touristes ou pas, cela nous fera de bonnes adresses pour vous ramener de jolis cadeaux quand nous rentrerons en France!

Ensuite direction le lac Houhai qui, en cette saison, est complètement gelé, et permet donc une agréable séance de glisse. Ce lac, comme ses deux voisins, est artificiel. Il a été creusé sous la dynastie Yuan afin de faire une colline artificielle. Il permettait également le transport de matériaux de construction par bateau plutôt que par voie terrestre. Si on revient au patinage, ici pas de patin aux pieds comme on se l’imagine, mais on utilise des chaises ou vélos, équipés de patins en bois en dessous. Un vrai régal pour les enfants!

Après toute cette marche et cette séance folle de glisse, un bon repas est le bienvenu. Ici, en plus de manger avec des baguettes, une spécificité est de mettre les plats au milieu de la table, et de se servir dans nos petites assiettes. C’est donc très conviviale, et plutôt chouette car on peut goûter de tout. En cette période du Nouvel An Chinois, le dumping (ou jiǎozi) est mis à l’honneur. Il s’agit de raviolis en forme de chausson, remplis d’une farce (il existe un grand nombre de recettes de farces, à base de viandes, de crevettes, ou végétariennes), que l’on trempe dans une sauce faite de sauce soja et de vinaigre de riz. Un délice! Pas de photo type pornfood ici (je n’y ai pas pensé…), juste de la déco du restaurant, que je trouvais très chouette 🙂

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Sur ce, une bonne nuit à tous, et le prochain article sera plus « nature ».