Catégorie : Quotidien

La Muraille by night… or by rain

La Muraille by night… or by rain

Je m’octroie ici un petit break dans mon article en cours (qui sera encore trop long je crois) sur Xi’an et son armée de terre cuite enterrée, pour un sujet beaucoup plus léger 😃.

Comme vous l’avez probablement déjà compris, la Grande Muraille est notre terrain de jeu de prédilection ici. Pour profiter des derniers jours d’été (quoique dans le calendrier luni-solaire chinois, nous sommes déjà en automne) et de la nature 🌄, loin de la capitale beaucoup plus fourmillante qu’en 2022, je constitue un groupe constitué d’amis randonneurs, avec le petit grain de folie qu’il faut, et demande à notre guide habituel Steven (les chinois ont tous des prénoms occidentaux en plus de leur nom chinois) de nous emmener camper ⛺️🥾🎒 sur la muraille le week-end précédant la rentrée des classes 💼👧🏼👦🏼.

Nous voilà donc parti le samedi en fin de matinée, avec nos sacs à dos 🎒, duvets , Steven s’occupant de la logistique plus encombrante (tente ⛺️, dîner et petit dej). En tant que bons français, nous n’oublions évidemment pas de mettre dans le fond de nos sacs du vin 🍷, un morceau de baguette 🥖, de la terrine, et d’autres petites choses pour un apéro au coin du feu le soir. Nous prenons tout de même aussi nos k-ways, car ici aussi la météo est un peu détraquée, il pleut régulièrement sans que cela soit vraiment prévu, et pour une raison étrange, la pluie s’invite surtout le week-end ☔️😏.

Il faut quand même préciser qu’à chacune de nos sorties sur la Muraille, il se passe un truc: le bus qui tombe en panne 🚍, le guide qui doit partir chercher une partie du groupe qui avait voulu s’aventurer plus loin mais qui s’est perdu 🧭 (nous laissant avec un autre soi-disant guide qui ne connaît pas le chemin), les villageois qui ne veulent pas nous laisser accéder à la muraille prétextant que c’est trop dangereux ⛔️, etc. Bref, avant de partir, j’averti Laila, qui va aller sur la muraille pour la première fois, qu’il va forcément se passer un quelque chose… la question étant de savoir quoi ❓. Autre petite précision, nous ne savions pas exactement sur quelle portion de la muraille nous nous rendions, décidément notre niveau d’organisation est beaucoup plus limité maintenant, that’s China!

Nous prenons donc la route, sous un magnifique ciel bleu 🏞. L’itinéraire est assez accessible (nous sommes 15, dont 6 enfants).

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Nous commençons à marcher vers 13h (notre point de départ étant à environ 2h de route du centre de Pékin) et cherchons un endroit approprié pour un arrêt déjeuner au début du chemin. Nous trouvons un petit coin idéal, avec le dessert à portée de main, au milieu de ce qui ressemble à des pommier 🍎 et pruniers 🌳. C’est aussi l’occasion pour les enfants de grimper aux arbres, décidément vivre dans une mégalopole présente des avantages, mais on s’émerveille encore plus de ce que nous offre mère-nature dès que nous en avons l’occasion.

Nous reconnaissons ensuite assez facilement cette portion de la muraille, très caractéristique de cette région du Hebei: elle est faite de pierres 🪨 et non de briques 🧱, et présente une allure encore plus proche d’un dragon que l’on imagine serpenter au milieu des montagnes 🐉 ⛰. En effet, le Hebei étant une province entourant complètement Pékin, les ingénieurs de l’époque ont été encore plus rigoureux dans leur conception et choix des matériaux constituant cette portion de la muraille, elle est ainsi une des portions les mieux conservées de nos jours.

Cette région de la muraille présente aussi quelques passages particulièrement vertigineux 🧗‍♀️, et elle a beau traverser les siècles, les pierres ne sont pas toutes parfaitement scellées, ce qui nous donne régulièrement quelques frayeurs, surtout pour les enfants.

Il ne vous aura probablement pas échappé que sur certaines de ces photos, le ciel paraît de plus en plus gris 🌫. Effectivement, au début nous voyions le ciel s’obscurcir derrière nous, et nous nous disions que ce mauvais temps allait gentiment nous contourner. Mouai, c’est beau de rêver! Aucune de nos applications météo ne disait la même chose, comme souvent ces derniers temps. Il nous faudra donc croiser les doigts pour éviter la pluie 🍀🌧. Steven nous demande tout de même de nous dépêcher, le vent se levant de plus en plus fort, afin d’arriver au camp au plus vite et de monter les tentes avant que la pluie soit réellement là.

Nous arrivons donc là où Steven s’est, je pense, donné beaucoup de mal pour nous préparer un campement vraiment chouette: un brasero pour faire le barbecue 🔥, une table et des tabourets en rondins qui je pense ont été fabriqués pas lui pour cette occasion 🪵, un repas avec des quantités astronomiques de brochettes 🍗, de légumes 🌽🥔🥒 et de fruits 🍑🍏 probablement cultivés par les fermiers du coin, de l’eau, et biensûr de l’eau et des bières 🍻 pour compléter l’apéro que nous nous imaginions tous prendre au coin du feu en admirant le couché de soleil 🌄. La petite carriole qui transportait nos sacs (c’était la bonne surprise, car nous avions organisé nos sacs de façon à tout porter le long de la rando) était aussi déjà arrivée par je ne sais quel petit chemin de terre.

Allé hop, on jette une petite bâche sur les sacs qui n’ont pas déjà de protection contre la pluie, nous attrapons les tentes (il y avait de tentes de 2, et des tentes de 4, ou plutôt de 3 par expérience, nous avions déjà organiser la répartition pendant que nous marchions), et nous allons sur le terrain que Steven nous recommande pour les installer ⛺️. Son choix était justifié par le fait que là les herbes étaient très hautes 🌾, que cela serait donc plus confortable pour la nuit 🌌😴. Nous sommes un peu sceptiques car il aurait fallu tasser le terrain avant, mais nous n’avons plus le temps de réfléchir, donc on y va.

Là, nous nous rappelons que nous sommes bien en Chine, toujours pleine de quiproquo, en constatant que les tentes n’ont pas de sardine, et que les tentes 3-4 places n’ont pas de double toile (les vertes et oranges sur la photo ci-dessous), sauf un bout de tissus en plus juste sur le dessus de la tente. Bref, ce sont des tentes plutôt pour aller dans les parcs l’été, pour faire du glamping (les chinois en sont très friands). N’ayant pas de sardine pour tendre les tentes, qui en plus sont posées sur des hautes herbes, et n’ayant pas réellement de seconde toile, ce qui aurait dû assurés l’imperméabilité de la tente ⛺️💦, nous ne sommes pas hyper confiants quant à la suite des évènements.

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D’un coup la pluie se met à tomber vraiment fort ⛈, ponctuée de coups de tonnerre assez proche en fait, nous nous abritons donc tous dans nos tentes (Augustin avec ses 2 copains, Constance reste avec moi), Julien étant parti aider Steven pour fabriquer un abri de fortune pour espérer manger au sec. Nous étions donc toutes les deux posées dans la tente à attendre que le mauvais temps passe, sur des petits matelas de camping que nous avait passés Steven, avec les chaussures pleines de boue jetées dans un coin de la tente 🥾, les sacs étant restés non déballés (par prudence, ou intuition je ne sais pas, nous avions décidés de ne pas sortir nos duvets, contrairement à certains de nos amis). Assez rapidement je me rends compte sans trop de surprise que l’eau rentre dans la tente 💦, d’abord par les coutures, puis tout simplement par la toile. Je m’aperçois qu’une des chaussures de Constance était renversée sur le côté, et commençait à se remplir d’eau… oups. Et puis je ne sais pas pourquoi, je passe la main sous le matelas sur lequel j’étais assisse, et je m’aperçois qu’une petite marre était gentiment mais surement en train de se former sous moi. Aller hop, on enlève nos chaussettes (hors de questions de marcher les pieds mouillés, car pour moi c’était déjà évident que nous ne passerions pas la nuit là), Constance se met debout, et moi accroupie avec nos 2 sacs sur les genoux, histoire de ne pas les mouiller plus que nécessaire.

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La tente prend l’eau!

Dans la tente d’à côté j’entendais aussi Noémie et Alex qui devaient replier leurs duvets qui étaient à trempés, et surtout Noémie dire qu’il pleuvait « en spray » à l’intérieur 💧.

Au bout d’1h, ou plus ou moins je ne sais pas, Julien arrive pour demander si tout va bien. Alors oui ça va, si ce n’est qu’il va falloir trouver rapidement un plan B, car dormir là ça n’est juste pas possible! Steven n’avait pas la même tente que nous (il avait une tente type tente militaire), et ils ne s’imaginaient pas que c’était un peu la cata ici. Quand Julien ouvrit la tente (en cassant la fermeture éclair aussi je crois), il a de suite compris qu’il faudrait effectivement s’en aller avant la tombée de la nuit (qui n’allait plus tarder à arriver d’ailleurs). Je crois que Steven était tout dépité et désolé pour nous, mais aucune inquiétude, nous prenions tous ça avec le sourire fait, on savait que comme toujours ça ne se passerait pas comme prévu, mais que ce sont ces situations loufoques qui nous laissent les meilleurs souvenirs.

L’orage ayant l’air de s’éloigner, quitte à être trempés, autant être tous ensemble, alors nous sortons de nos abris, pour découvrir notre campement devenu tout boueux.

Et puis le dîner avait été préparé par un ami de Steven, et nous ne voulions pas gâcher toute cette nourriture. D’ailleurs, pour l’anecdote, Steven avait rencontré ce fermier lors d’une randonnée que nous avions faite avec lui l’hiver dernier. Notre itinéraire était passé par sa ferme où il élève des cochons, et depuis une jolie amitié semble être née.

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Nous avons tout de même abrité du mieux possible les enfants, je ne dirais pas pour manger au sec, mais pour ne pas manger sous la pluie qui tombait encore dru.

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Mais rapidement, même cet abri s’écroula sous le poids de l’eau 😅

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Mais quand même, on s’est bien marrés 😁

Profitant d’une accalmie de la pluie avant la tombée de la nuit, mais vraiment déçus pour Steven qui préparait ce week-end depuis des semaines, nous partons en laissant le campement en l’état, en essayant tout de même de prendre les restes de nourritures pour ne pas gâcher. Nous repartons partons à pied 🥾🎒 (avec tous les sacs à dos cette fois-ci), afin de rejoindre la ferme de l’ami Steven, située à environ 30 minutes de marche de là.

La nature après la pluie c’est vraiment magnifique, et cela est encore plus vrai au soleil couchant. La brume qui s’élève du sol et le ciel allant du rouge orangé au violet, c’est absolument sublime.

Il y a aussi cette odeur de nature après la pluie, que je ne peux pas vous partager en image, mais c’est une odeur que j’ai toujours aimée, je la trouve réconfortante, un peu comme quand nous sommes au chaud sous un plaide devant un vieux film, alors que l’orage gronde dehors. Cela dit, ce petit nuage ☁️ qui nous suivait nous donnait un peu trop l’impression que la pluie pouvait revenir à tout moment…

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Nous arrivons comme prévu dans ce tout petit village au milieu de la montagne, avec cette ferme et son élevage de cochons 🐖. Comme je vous le disais plus haut, nous étions déjà passé par là l’hiver dernier, au cours d’une rando qui nous apporta elle aussi son lot d’imprévus (ici c’est un peu devenu une habitude, le tout étant d’anticiper au maximum ces fameux imprévus). J’ai retrouvé quelques photos de cette ferme/village de l’hiver dernier, ça sera plus parlant de jour…

… que lorsque nous sommes arrivés en début de soirée

Nous avons été accueillis très chaleureusement chez ce fermier, les Chinois sont vraiment adorables, qui nous aurait volontiers hébergés si nous le lui avions demandé. Sans les enfants, ok, on aurait tous pu dormir n’importe où, même sur une chaise. Mais là à 15, dont les 6 enfants, nous avons préféré demander à Steven s’il était possible de rappeler le bus, qui aurait dû nous récupérer le lendemain en fin de matinée, pour rentrer sur Pékin.

Le temps que Steven parte chercher du réseau pour téléphoner au chauffeur de bus 🤳🏻, qui heureusement devait passer la nuit dans un village proche, nous avons donc sorti toutes nos victuailles, pour cette soirée complètement pas prévue chez ce fermier, mais tellement authentique. C’est tout à fait ça que l’on aime en Chine 🇨🇳🫶🏻.

Nos 2 hôtes nous ont raconté leur histoire (nous avions heureusement avec nous une amie chinoise parlant parfaitement le Français pour nous faire la traduction). Il s’agit en fait de 2 anciens militaires de l’armée chinoise. L’un d’eux (celui qui nous avait préparé le dîner au campement), avait construit il y a quelques années cette ferme, et une chambre d’hôte (ou plutôt un gîte) que sa femme gérait (à priori c’était à l’étage, mais nous ne l’avons pas vu). Pendant les 3 de COVID, il avait été réquisitionné par l’armée et n’avait pas pu rentrer chez lui. Quand il a finalement pu revenir, sa femme était partie avec quelqu’un d’autre. Quand Steven l’a rencontré lors de notre rando l’hiver dernier, il s’est pris d’amitié pour ces fermiers et s’est promis d’y faire passer ses groupes de marcheur dès qu’il en aurait l’occasion, pour aider à faire vivre cette ferme et ce petit hameau. Une bien triste mais jolie histoire n’est-ce pas?

Nous avons partagé avec lui le vin que nous avions apporté, et lui nous a offert du Baijiu 白酒, signifiant littéralement alcool blanc, fait de céréales 🌾, et dont les Chinois sont très fier. Personnellement, je déteste, mais refuser un Ganbei serait irrespectueux. Heureusement, le bus a pu arriver rapidement, et nous avons pu repartir pour les 3 derniers km, le bus ne pouvant emprunter la petite route menant à la ferme. Nous avons mis les enfants et nos sacs dans les petites carrioles, et nous les adultes sommes repartis à pied, équipés de nos lampes frontales 🔦.

Arrivés en bas, nous retrouvons notre bus 🚐, et les enfants arrivés plus rapidement que nous, et remercions bien chaleureusement Steven pour cette journée incroyable, car vraiment on a adoré. On voulait créer de nouveaux souvenirs, le contrat a été largement rempli! Nous avons repris rendez-vous avec Steven, qui restait là pour la nuit, et remettrons ça mi-octobre, on a hâte 🗓!

Maintenant vous pensez que nous avons pu rentrer tranquillement chez nous? Oh que non, nous sommes en Chine quand même, et il se passe toujours quelque chose… Rappelez-vous, plus haut je disais que le matin nous ne savions pas trop où aurait lieu la rando. J’avais, avant de partir de notre appartement, demandé à Julien si à son avis il fallait prendre nos passeports  (réflexe du COVID). Réponse catégorique: non. Au pire, on a toujours une photo de nos passeports et VISA sur nos téléphone. Au bout d’1 heure de route, nous voilà bloqués dans un embouteillage 🚛🚚🚙🚐🚌, nous sommes complètement à l’arrêt. Finalement, au bout d’1h supplémentaire peut-être, nous nous arrivons à la barrière de péage permettant de rentrer dans la province de Pékin (et oui, nous étions dans la province du Hebei!). Rentrer dans Pékin, province la plus protégée de Chine car elle héberge le gouvernement central, revient aussi à passer par un contrôle de police, ou de douane, c’est un peu pareil dans ce cas 🛂. Le chauffeur nous explique alors qu’il nous fallait tous descendre avec nos passeports. Donc à l’aller il n’y a aucun contrôle, mais au retour si (et ce n’est pas la première fois que nous faisons Hebei –> Pékin par la route, mais ne nous rappelons pas avoir déjà eu ce contrôle). Au pire pas grave, on se dit que nous avions des photos de nos passeports, mais en fait non, une de nos amies ne l’avait pas. Solidarité de groupe, nous arrivons donc tous en bloc devant la police, en disant que nous n’avions aucun nos passeports sur nous. Au début la police nous demande de nous mettre de côté pour laisser passer tous les Chinois qui étaient derrière nous. Là c’est un coup à y rester toute la nuit! Nous refusons et bloquons tout le monde derrière nous, c’était le seul moyen pour qu’ils finissent par en avoir marre et nous laisser passer. Nous appelons également Steven au téléphone, qui parvient à négocier avec eux de nous laisser passer car nous ne faisions que rentrer chez nous, en laissant noté sur un papier nos numéros de passeport.

Le lendemain, Steven nous écrit sur WeChat que nous avions bien fait de rentrer à Pékin, car il avait encore plu des cordes vers minuit, et la tente qui se transforme en pataugeoire au milieu de la nuit, c’est beaucoup moins marrant. Par contre le lendemain, le temps était parfait pour que Steven fasse sécher tout le matériel. Par curiosité, 2 de nos amis sont allés chez Decathlon le lendemain, et en ont profité pour passer au rayon camping. Etonnamment toutes les tentes étaient comme celles que nous avions la veille, ce ne sont pas les mêmes que l’on peut trouver dans les Décathlon en France.

Le lundi suivant, c’était déjà la rentrée des classes 💼✏️, dont la rentrée au collège pour notre grand bonhomme. On ne nous avait pas dit que ça arriverait si vite, je n’étais pas prête moi 🥹!

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Le Big Bang de la Chine

Le Big Bang de la Chine

Cet article, j’ai dû le ré-écrire 10x, tellement tout a changé très vite en l’espace d’un mois. Depuis que nous sommes en Chine ( 🇨🇳1️⃣ 🕯 déjà!), on en a vu des vertes et des pas mûres, mais là depuis novembre nous sommes mangés à toutes les sauces chinoises possibles et inimaginables! Pour y voir plus clair, et il faut s’accrocher pour ça, je vais essayer de reprendre tout cela étape par étape.

La politique 0-COVID: de la volonté de protéger la population à une guerre idéologique:

Petite leçon d’histoire, car en réalité, l’histoire se répète! Avez-vous déjà entendu parlé de « la campagne des quatre nuisibles (除四害运动)? Il s’agit d’une des premières campagnes initiées lors du « Grand Bond en avant » (大跃进) (*), où à la demande de Mao Zedong, une campagne d’hygiène à grande échelle fut lancée, visant à éradiquer les 4 nuisibles, c’est-à-dire les moineaux 🐦, les rats 🐀, les mouches 🪰 et les moustiques 🦟. L’objectif? Augmenter la productivité de l’agriculture!

(*) Le Grand Bond en avant est la politique économique lancée par Mao Zedong de 1958 à 1960, dans le but de donner une nouvelle orientation politique à la Chine. Irréaliste, ce programme se révèle être un fiasco.

Pourquoi les moineaux? Ils avaient été inclus dans cette liste car ils mangeaient les graines de céréales, privant la population, majoritairement rurale, du fruit de son travail. Les masses populaires chinoises avaient été mobilisées pour éradiquer les oiseaux : les citoyens avaient pour consigne de faire du bruit 🙌 (en frappant des pots et des casseroles ou des tambours) pour effrayer les oiseaux et les empêcher de se poser, les forçant ainsi à voler jusqu’à ce qu’ils tombent du ciel d’épuisement. Les nids furent démolis, les œufs cassés, et les oisillons tués. Le procédé peut paraître abject mais, après tout, le peuple est persuadé de tuer des animaux nuisibles qui ravagent leurs récoltes… C’est donc pour la bonne cause! C’est bien simple, quelques mois à peine après le début de la campagne, la totalité des oiseaux avait disparu de Chine…

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En avril 1960, les dirigeants chinois se rendirent (enfin !) compte que les moineaux ne mangeaient pas seulement les céréales, mais aussi une grande quantité d’insectes. Plutôt que d’être augmentés, les rendements de riz après la campagne ont sensiblement diminué. Mao a alors ordonné la fin de la campagne contre les moineaux, la remplaçant par la chasse aux punaises dans la campagne en cours contre les 4️⃣ nuisibles. Mais il était trop tard : en l’absence de moineaux pour les manger, les populations de criquets 🦗 ont dangereusement augmenté dans le pays. Il en résulta une amplification des problèmes écologiques déjà causés par le Grand Bond en avant. Un tel déséquilibre écologique est d’ailleurs une des causes de la Grande Famine chinoise dans laquelle plus de 30 millions de personnes seraient mortes de faim. Le gouvernement chinois a finalement recours à l’importation de 250 000 moineaux d’Union soviétique pour repeupler le territoire chinois.

En parallèle de cette guerre contre les pauvres moineaux, pour lutter contre les mouches et moustiques, puis les punaises, les écoles distribuèrent des pompes d’insecticide aux enfants.
Les rats ne furent pas épargnés, puisque les écoliers sont, à nouveau, mis à contribution, et chaque classe lance un concours du nombre de queues de rat rapportées, pour encourager l’extermination.

Depuis 3 ans, la Chine a mené une guerre semblable: se battre contre un ennemi qui n’en est pas un, pour lequel la Nature trouvera toujours un moyen de se défendre. Guerre d’idéologie, pour ne pas perdre la face le chef de guerre n’admettra jamais avoir tort, quitte à en faire crever la Chine.

La guerre contre le COVID a ruiné des centaines de milliers de personne, a séparé pendant de longues années des familles, a fait plus de morts qu’elle n’a sauvé de personnes.

Petit jeu avant de passer à la suite, cherchez l’erreur:

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Quand il y a plus de zones à haut risque que de cas journalier…

L’étau se resserre!

Il y a un an, nous avons donc mis les pieds dans un pays où tout était hyper contrôlé, tolérance zéro envers un virus de plus en plus contagieux mais de moins en moins symptomatique. Nous avons été très limités dans nos déplacements, mais globalement avons toujours été à peu près libre au sein de la province pékinoise. Même si cela était frustrant de ne pas voyager en Chine, au moins nous étions « enfermés » dans une province riche historiquement et culturellement. Et puis avoir la Grande Muraille comme terrain de jeux pour le week-end, il y a pire quand même. Oui nous étions résignés, mais du moment que l’on ne touchait pas école, nous étions prêts à supporter ces contrôles permanents et les restrictions les plus incompréhensibles les unes que les autres.

Pour l’application de la politique 0-COVID, le gouvernement central donne des recommandations « conceptuelles », et ensuite chaque autorité locale y va de sa petite contribution (on n’est jamais trop prudent). Pour tous les parents et personnels d’enseignement du district de Chaoyang, la CECY est un des pires. La CECY (Commission Educative de ChaoYang) a en effet pouvoir de vie ou de mort sur l’éducation de nos enfants, et sur la santé mentale des adultes, car c’est la CECY qui du jour au lendemain peut décider de la fermeture des écoles 🏫, et de leurs ré-ouvertures (mais ils sont toujours moins réactifs pour ça). Et c’est justement la CECY qui sonné le glas pour nous le 7 novembre dernier.

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Le LFIP (Lycée Français International de Pékin)

Le seul signe avant-coureur que nous ayons avant la fermeture tant redoutée de l’école, c’est l’augmentation du nombre de cas (et des rumeurs aussi, la Chine est vraiment le pays des rumeurs, souvent lancées pour tester la réaction des gens). En effet ici, à l’inverse de ce qui a été fait en France, les écoles sont souvent fermées en premier, et ré-ouvertes en dernier. Cet automne, les cas augmentaient bien (nous avions largement dépassé le nombre de transmissions journalières d’avril dernier), mais les écoles restaient ouvertes. Par contre nous avions noté une communication plus forte sur le nombre de cas asymptomatiques. Un signal vers la population pour les préparer sur la non dangerosité du virus? Il était temps me direz-vous. Et nous nous pliions même à un test tous les 2 jours pour les enfants, nous montrions tous les matins à la montée du bus leur QR code vert…. nous étions prêts à tout pour qu’ils ne touchent pas à l’école.

Même la cantine était digne d’une cantine de prison (alors que dans les restaurants on mangeait normalement, allez comprendre pourquoi).

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Test des installations de distanciation au self du lycée par le personnel avant la rentrée des classes dernière.

Mais le 7 novembre, le monde s’est écroulé quand arriva ce mail du lycée nous annonçant la décision de la CECY de fermer toutes les écoles du district dès le lendemain (ou plutôt la recommandation forte de fermer les écoles. Mais la CECY a un pouvoir de nuisance telle que l’on est bien obligé de les suivre). Etant maintenant moi aussi au travail, ça ne serait plus la même chanson qu’en avril dernier. Là on allait vraiment prendre cher. C’était d’autant plus difficile que nous trouvions cela très injuste, car il n’y avait aucun cas au sein du lycée. Toutefois, coup de théâtre, au réveil le lendemain matin, nous commençons à recevoir des messages sur WeChat disant que les écoles avaient finalement reçu l’autorisation de rester ouvertes, ce qui se confirma plus tard dans la matinée. On n’a jamais su ce qu’il s’était passé. Il se dit que ça serait suite à de nombreuses plaintes des parents chinois sur le « 12345 ». Les « 12345 » c’est quoi? En résumé, c’est le bureau des pleurs de Pékin. Le chien de ton voisin est trop bruyant? Appelle les 12345! Ton voisin du dessus ne répare pas une fuite d’eau qui coule chez toi? Appelle le 12345 (ne rigolez pas, on a failli le faire)! Il ne faut pas croire qu’en Chine on n’a rien à dire. Il ne faut juste pas critiquer la politique, le pouvoir en place. Sinon les chinois ont tout à fait le droit de se plaindre, et sont très souvent écoutés! Il y a beaucoup de délation aussi, c’est un peu la limite du système.

Ensuite il s’est passé beaucoup de choses en très peu de temps. Tout d’abord du jour au lendemain toutes les cabanes de test PCR dans les rues ont été retirées ou fermées, sans crier gare. C’est pratique quand il faut un test de moins de 3 jours pour aller faire ses courses ou aller au travail…. Puis ces petites cabanes ont ré-ouverts. La raison de ces fermetures soudaines serait économique: les labo n’étaient plus payés depuis des semaines (rappelons les tests sont 100% pris en charge par le gouvernement).

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La petite cabane de test en bas du travail

Ensuite nous avons cru voir la lumière au bout du tunnel: 20 règles visant à rationaliser la lutte contre le COVID ont été édictées. Et on était super content, car il était écrit noir sur blanc qu’il était 🚫 de fermer les écoles si elles n’étaient pas dans des zones où les virus circulaient activement. Ces règles avaient d’ailleurs pour but de lutter contre le COVID de façon dynamique, scientifique, et ciblée. Tout un programme!

En tous cas, nous avons profité de cette accalmie pour aller au Parc Universal Studio… qui était presque désert! 10 minutes de queue maximum, c’était dur 😅🎢.

En route vers le chaos – hùnlùan 混乱

Et pourtant, depuis le 21 novembre, toutes les écoles de Pékin sont passée en distanciel, et y sont encore à l’heure actuelle (nous sommes le 21 décembre aujourd’hui). A alors commencé une véritable chasse aux sorcières 🧙‍♀️ (de vilaines sorcières déguisées en virus 🦠). Nous avons vu autour de nous des tas de personnes se retrouver en quarantaine chez eux, pour des durées complètement aléatoires, pour avoir eu un cas positif dans leur quartier, ou leur immeuble, ou au même palier. Là aussi, c’était aléatoire. L’ironie de l’histoire, c’est que plus les règles du gouvernement se veulent claires, plus sur le terrain c’était du grand n’importe quoi.

Nous avions une véritable épée de Damoclès 🗡 en permanence au-dessus de la tête, mais étions trop occupé à gérer le home-schooling et notre travail, pour vraiment y penser. Heureusement probablement.

Un matin, les enfants sont remontés tous paniqués dans l’appartement, car notre immeuble était en train d’être scellé 🔒.

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Les vigiles viennent d’installer de la rubalise devant l’entrée de l’immeuble (vue de notre fenêtre)

Je vais donc sur le groupe WeChat de l’immeuble (et là je remercie la fonction traduction, car évidemment tout est en chinois), et je comprends qu’un voisin du douzième étage (nous sommes au dixième) était dans un tube ressorti positif). En fait il faut comprendre que lors des tests PCR, 10 coton-tige sont mis dans le même tube. Si le tube ressort positif, les 10 personnes doivent se refaire tester individuellement afin de déterminer lequel est positif. En attendant ce second résultat, les 10 personnes sont donc potentiellement des cas positifs (et tous leurs voisins aussi par la même occasion, bonjour l’ambiance).

On y croit encore, on a 9️⃣ chances sur 🔟 d’être libres dans quelques heures 🍀. Surtout que l’immeuble a été fermé sans crier gare, on pouvait encore y rentrer, mais pas en sortir, donc quiconque était à l’intérieur était donc enfermé, ce qui était le cas de l’Ayi de nos amis du 17ième, qui était chez eux à ce moment-là.

Et bien non, nous n’aurons pas cette chance, la nouvelle tombe que tout l’immeuble est confiné pour 5 jours… au moins (et l’Ayi de nos voisins aussi par conséquent)! En effet, nous serons tous testés tous les jours, et si on test ressortait à nouveau positif, le compteur serait remis à 0 (heureusement ce ne fut pas le cas). Pas d’inquiétude, nous pouvions toujours nous faire livrer à manger, les gardiens se chargeaient de nous monter nos courses. Bon par contre on a eu plus de mal à ce qu’ils nous montent nos cartons IKEA avec un bureau et une chaise commandés une semaine plus tôt, et qui ont eu le bon goût d’être livrés le premier jour de notre confinement.

Et que s’est-il passé pour nos voisins du douzième? Là aussi ce fut digne d’un film de science-fiction, car initialement, non seulement les gens de l’appartement 1201 devaient partir en quarantaine centralisée, mais aussi tout le douzième étage, ainsi que les 3 appartements au-dessus et en-dessous (donc de la colonne des appartements en -01, ouf on est au 1004). Et oui, le virus est très vicieux, car il se faufile dans les canalisations, et remontent en rampant chatouiller les fesses du voisin quand il va aux toilettes. Finalement, ils ont tous pu rester faire leur quarantaine chez eux (mais 8 jours), car tout l’immeuble s’est mobilisé pour qu’ils ne soient pas envoyé en quarantaine centralisée. D’ailleurs je tiens à vous dire que tout le monde s’est indigné de ce confinement de tout un immeuble, car il faut rappeler que la chasse au COVID devait être ciblée et scientifique.

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Test quotidien à notre porte
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Les sacs de légumes qui nous ont été distribués de la part du Comité de Quartier. Quelle générosité! (et le grand carton avec notre bureau qui attend gentiment que quelqu’un accepte de nous le monter. 
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La voiture de Constance faite grâce aux cartons IKEA… qui ont mis 2 jours à être montés chez nous!

Donc on avait à manger, on avait de l’eau (rappelons qu’au robinet elle n’est pas potable car chargée en métaux lourds🚰🚫), on avait des cartons pour fabriquer une voiture 📦🚗, mais… et quid du gaz?? Ici tout est très pratique, on fait tout par WeChat, tout est fait pour consommer le plus facilement possible (bien ou pas, ça c’est un autre débat). Mais pour le gaz, c’est complètement archaïque, même en France c’est plus moderne. Il faut en effet prendre la carte 💳 qui est insérée dans le compteur de gaz, aller dans une agence de Bank of Beijing (il n’y en a pas à tous les coins de rue), et payer en cash au guichet pour recharger la carte de gaz. Le truc hyper pénible et auquel on ne pense pas à vérifier le crédit restant régulièrement (faut dire que ce compteur est caché derrière une pile de casseroles). Bon ben perdu, nous sommes tombés à court de gaz le soir du deuxième jour. OK… on n’oublie pas qu’en Chine tout est compliqué, mais rien n’est impossible. On est au pays du système D, donc on va trouver une solution. C’est donc avec l’aide de Joss, qui s’occupe de notre appartement, qui nous avons trouvé un voisin au 26ième étage, qui pouvait recharger notre carte de gaz avec son téléphone Android. En effet, nous avons appris à cette occasion que la carte pouvait aussi être rechargée via la technologie NFC, dispo sur Android uniquement. J’avais trop peur que les vigiles en bas remarques les mouvements d’ascenseurs, je suis donc montée 16 étages 🥵 plus hauts par des escaliers dignes d’un décor de Walking Dead 🧟‍♀️, avec un masque N95 sur le nez 😷.

Ce fut donc la petite aventure de ces 5 jours, au bout desquels nous avons été enfin libérés. Deux jours après, c’est l’immeuble d’à côté qui se retrouve sous scellés. Mais après plusieurs jours où la colère montait de plus en plus en Chine, les habitants de cette tour ont eu gain de cause: seul l’appartement en cause, les voisins du même étage, les 3 appartements au-dessus et les 3 en-dessous sont confinés. Un pas vers la victoire!

L’exaspération du peuple chinois

Plusieurs faits ont sans doute précipité la suite des évènements. Etant « invités » sur le territoire chinois, nous ne pouvions qu’être spectateurs. Vous avez probablement eu les mêmes informations que nous (certaines informations arrivent à paraître ici aussi avant d’être supprimées par la censure).

Des manifestations ont émergé un peu partout, comme notamment dans la plus grande usine d’iPhone, mais aussi dans les rues, comme cette manifestation à 2 pas de chez nous (pendant que nous étions en quarantaine) ☮️.

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Manifestation pacifiste, où chacun brandissait des feuilles blanches

Ou encore la coupe de monde de football ⚽️ qui ici à réveillé les consciences, car encore beaucoup de Chinois ignoraient que le port du masque à l’étranger, c’était de l’histoire ancienne! J’ai notamment trouvé sur WeChat ces 2 images donnant une comparaison frappante. D’ailleurs, si on regardait les matchs de foot sur une chaîne chinoise, les plans zoomés sur le public (non masqué) étaient supprimés. Prêt pour le jeu des sept différences?

Le Big Bang de la Chine

Et ensuite, le 7 décembre, ce fut la libération. Du jour au lendemain, sans crier gare, il a été annoncé sur tous les réseaux sociaux et la presse chinoise que les cas de COVID pouvaient à présent tout à fait rester chez eux, sans impact sur les autres, qu’il n’y avait plus de quarantaine centralisée. Puis c’est allé très vite, je ne sais même plus dans quel ordre tout cela a été annoncé, mais en quelques jours (ou plutôt même en quelques heures!):

  • plus besoin de test PCR pour se rendre au travail
  • plus besoin de test PCR pour rentrer dans un lieu public,
  • plus de tests PCR nulle part en fait, sauf pour les écoles (mais vu qu’elles sont encore fermées, ça ne change pas grand-chose), et sauf pour les restaurants, bars et lieux d’entertainment (uniquement pour Pékin, il faut rester un peu plus exigeants que les autres provinces).
  • Même pour aller à l’hôpital, ni test PCR, ni antigénique
  • Et le top du top: plus aucune limitation pour voyager au sein de la Chine (plus de test requis, plus de risque d’avoir ce maudit pop-up nous empêchant de monter dans un avion ou un train pour Pékin).
  • Nous entendons même de plus en plus de rumeurs sur la fin des quarantaines pour les voyageurs venant de l’étranger.

S’en est suivie une période où tout le monde était complètement perdu. La plupart du temps les résultats de tests PCR ne retombaient plus dans nos HealthKit. Aussi, rapidement beaucoup de gens tombaient malade autour de nous. Finalement, le gouvernement sans le vouloir avait trouvé la solution pour que tout le monde reste chez soi: la moitié des gens était malade, et l’autre moitié avait peur de tomber malade. Si l’on ajoute à cela que plus personne n’arrivait à avoir ses résultats de tests PCR, les restaurants étaient déserts (quand ils n’étaient pas fermés, faute de personnel pouvant assurer le service).

La raison de ce changement aussi brutal que radical? Probablement le résultat d’une guerre de pouvoir au plus haut niveau. La Chine est en tous cas incroyable, elle est capable de tous les extrêmes, avec une rapidité déconcertante. Nous aurons assurément connu deux ères différentes, nous connaissons un véritable sentiment de libération, même si le masque est toujours obligatoire, et les écoles sont toujours tristement fermées.

Aujourd’hui nous sommes en vadrouille hors de Pékin, nous avons réservés nos billets dès que tout s’est ouverts, et allons passer Noël à la plage! On va racontera ça une autre fois 🛫.

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Maintenant j’espère ne plus jamais vous parlé du COVID, mais enfin de la Chine, pas de que de Pékin, et du reste de l’Asie!

Beijing Architecture (北京建筑)

Beijing Architecture (北京建筑)

En cette période du XXième congrès de Parti Communiste Chinois, Pékin est entourée d’une frontière invisible, mais pourtant bien réelle, un peu comme ces boucliers protégeant les villes futuristes des films de science-fiction. Voyant le verre à moitié plein, nous profiterons de ce passage en Chine pour explorer Pékin au maximum, et heureusement il y a de quoi faire!

En effet, la mégalopole chinoise n’en finit pas de nous étonner par sa richesse architecturale si contrastée: l’ultra moderne côtoie des monuments phare de l’Histoire de la Chine, ainsi que l’âme de Pékin avec ses Hutongs. Nous repartons ici dans les rues de la capitale chinoise, pour découvrir son architecture. Il nous faudra pour cela parfois lever les yeux très haut dans le ciel, ou chercher un recoin caché d’un Hutongs. Il ne s’agit que d’un minuscule pan de la ville, je ne pourrai prétendre déjà tout connaître ni tout résumer dans ce simple texte. J’en profite pour remercier notre ami Quentin, qui a contribué au reportage photo que vous allez découvrir ici 📸.

Mais d’abord, je voudrais vous partager notre perception des changements profonds opérés à Pékin ces dernières décennies. Comme nous l’avons vu il y a quelques mois, Pékin a 7️⃣ périphériques (et ouai, nous sommes de petits joueurs avec notre périphérique parisien + A86 + N104). Le premier périphérique est en réalité l’enceinte de la Cité Interdite. Nous habitons juste derrière le troisième périphérique (ce qui est toujours considéré comme faisant partie du centre de Pékin!).

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le point rouge en haut à droite, c’est chez nous!

Pour imaginer cette vitesse de l’extension de la ville de Pékin, dites-vous que les 3ième périphérique a été terminé à la fin des années 90. Pour faire simple, il y a 20 ans, à la place de notre immense résidence, il y avait des champs et des vaches 🐮. C’est comme tout ici: on construit vite, on voit tout en grand, tout est toujours démesuré. Nous n’étions pas là pour le voir, mais les français installés ici depuis des années (des héros à nos yeux) nous décrivent aussi un changement opéré depuis quelques années consistant à remplacer l’ancien par du nouveau. Il ne s’agit de rénover une habitation ou un magasin, mais de raser ce qui fait l’âme de Pékin, par du moderne aseptisé. Les petites échoppes traditionnelles sont remplacées par des banques 🏦 ou des salons de coiffure💈 (ne me demandez pas pourquoi), une grande partie des Hutongs ont été rasés pour être remplacés par des immeubles de 40 étages 🌇. Oui il faut loger tout le monde, oui il faut vivre avec son temps, mais à quel prix? Un autre exemple de cette ville ayant grandi trop vite, c’est le plan du métro 🚇, qui n’est absolument pas pratique. Les stations sont toujours loin d’où l’on doit se rendre, les stations sont éloignées entre elles, et les interconnexions sont mal pensées. Le métro pékinois est en quelques sortes plus comparable au RER parisien qu’à son métro.

Revenons à l’objet de cet article. Comme dans d’autres mégalopoles chinoises, Shanghaï pour ne pas la citer, Pékin est fait de contrastes entre l’ultra design, l’historique, et l’authentique que j’associerais à pauvre aussi. Oui, le contraste est aussi très fort au niveau des richesses: Pékin fait partie du top 10 des villes les plus chers de la planète (ou 20, selon les classements), mais il y aussi beaucoup de très pauvres. Du point de vue du contraste architectural, un exemple bien connu ici illustrant cela est cette célèbre photo offrant un point de vue sur le très design Galaxy SOHO, construit au milieu des vieux Hutongs.

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Galaxy SOHO au milieu des Hutongs

Vu de l’intérieur, c’est d’ailleurs digne d’un décor de film de science-fiction.

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Il y a en fait 3 ensembles SOHO de ce type à Pékin, au style ultra moderne dessiné par la célèbre architecte Anglo-Irakienne Zaha Hadid. On y retrouve des magasins (il y a à Pékin une incitation permanente à la consommation), des bureaux, et autres lieux de divertissements. Un autre de ces trois SOHO est le Wangjing SOHO, au look tout aussi improbable.

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Wangjing SOHO

Wangjing est aussi appelé le Koreantown 🇰🇷 de Pékin. Et oui, partout dans le monde on a des Chinatown, et ici il faut bien trouver autre chose! Ce quartier a aussi ses grandes tours, qui enfilent leurs robes de lumière le soir. Il n’y a pas à dire, les Chinois sont très forts pour les illuminations de nuit.

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Les tours de Wangjing

C’est d’ailleurs étrange de s’émerveiller devant ces illuminations 💡 (c’est vraiment beau Pékin de nuit), alors que récemment sur France Inter j’entendais qu’il était question de ne plus faire d’illuminations pour Noël, à l’heure de la crise énergétique (et écologique!). Mais qui sommes-nous pour avoir bien profité pendant des décennies, avoir donc bien contribué à cette crise, et pour donner des leçons de sobriété aux pays qui ont pris leur élan après nous? Enfin bref, revenons à notre sujet, c’est beaucoup plus léger!

Toujours dans la thématique de l’architecture design, la CCTV tower est l’emblème du nouveau Pékin. Conçue par l’architecte néerlandais Rem Koolhaas, cette tour défiant les lois de la gravité, abrite le siège de la télévision centrale chinoise 📺. Notamment en raison des risques de séisme, sa construction fut considérée comme un défi d’ingénierie. Sa forme unique lui fait valoir le surnom dà kùchǎ (大裤衩), signifiant « gros pantalon ».

Dans ce même quartier d’affaires de Guomao 🏙, le CBD pour Central Business District, se trouve un fameux gratte-ciel à la forme singulière: le China Zun (中国尊). Son nom vient du zūn, un ancien type de vase chinois en bronze qui inspira le style architectural de l’édifice. En temps normal il est possible de monter jusqu’au 108ième (et dernier) et étage, où une terrasse d’observation doit offrir une vue à couper le souffle sur la capitale. Mais restriction COVID oblige, elle n’est pas accessible. Mais vue d’en bas, cette tour donne aussi le vertige!

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Pour la petite histoire, nous voyons cette tour China Zun de notre salon (j’avoue que ce n’est pas désagréable comme vue, surtout le de nuit 🌃), et elle nous sert d’indicateur du niveau de pollution: si nous la voyons mal, voire pas du tout, c’est qu’il y a un pic de pollution.

Finalement, le CBD est le symbole moderne de Pékin, une des images typiques que l’on pourrait envoyer par carte-postale. J’aime d’ailleurs beaucoup ce contraste que l’on voit sur la photo ci-dessous, prise depuis la colline au Charbon avec le CBD en arrière-plan.

Pékin n’en reste pas là sur le thème des constructions audacieuses et futuristes 🛸. Au sud de Chaoyang Park, qui est un peu le Central Park de notre district, se trouve le Chaoyang Park Plaza, conçu par l’architecte Chinois Ma Yansong. Les formes des bâtiments ont été dessinés de façon à faire écho à ce que l’on retrouve dans les paysages naturels et les peintures traditionnelles chinoises, et réintroduisent ainsi la nature dans le domaine urbain. Ce n’est cependant pas exactement ce qui me vient à l’esprit en voyant cette construction, mais elle a le mérite d’être très atypique.

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Chaoyang Park Plaza vu depuis l’autre côté du lac de Chaoyang Park

Non loin de là, toujours aux abords du sud de Chaoyang Park, se trouve cette drôle de construction en forme de Donut 🍩, le Phoenix Center, ou Phoenix television. Cette construction est surtout impressionnante vue de l’intérieur, mais malheureusement il n’est pas possible d’y rentrer depuis plusieurs mois, à moins de travailler pour la chaîne Hong Kongaise évidemment.

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A l’ouest de la place Tian’Anmen, une autre construction étrange ressemblant cette fois-ci à un Oeuf posé sur l’eau mérite le détour 🥚💧: le National Centre for the Performing Arts 🎶 (NCPA pour les intimes). Cet opéra démesuré est l’oeuvre du Français Paul Andreu 🐓.

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Changement de décors pour un autre symbole de Pékin: les Hutongs. Les Hutongs, ça grouille de vie (ou plutôt ça grouillait, il paraît qu’avant c’était beaucoup plus animé qu’à présent), mais ce sont aussi de vieux vélos ou scooters garés en vrac 🚲🛵, ce sont des oiseaux 🐦, vestige du Pékin d’autrefois où les soldats en attente d’être appelés s’occupaient aux jeux et en faisant de l’élevage d’oiseaux, et puis on y joue, on y crie, ou on y fait la sieste. L’oisiveté d’antan est toujours un peu présente dans les Hutongs…

Dans les Hutongs on ressent aussi un fort sentiment nationaliste chinois, notamment avec les drapeaux accrochés à côté de chaque porte 🇨🇳. Nous avons des amis installés dans les Hutongs, et à la veille de la fête nationale début octobre (la Golden week), le comité de quartier a fait le tour des habitations pour s’assurer que chacun accroche bien un drapeau à sa porte. Nos amis (Français) n’ont pas eu d’autre choix que d’acheter un drapeau chinois (c’était le plus neuf de la rue!), le comité de quartier ayant un pouvoir de nuisance non négligeable, comme faire passer le health kit, précieux sésame du quotidien, du vert au rouge sans aucune raison. Chiche qu’ils feront mettre un drapeau français à leurs voisins pour le 14 juillet 🇫🇷!

On aime jeter un oeil au travers des portes pour deviner comment c’est à l’intérieur, et on y trouve de tout: des Hutongs joliment rénovés, du bric à brac, des Hutongs dans leur jus 🏮.

Où on aime simplement s’arrêter devant les portes closes🚪, car elles sont toujours étonnantes, très joliment ornées, le plus souvent du rouge typiquement chinois.

Mais les Hutongs, ce sont aussi des toits en quinconces, parfois avec des volières au milieu, qui renforcent le sentiment de dédale et de bouillonnement de la vie pékinoise. Si ça n’avait pas été si compliqué de se rendre au lycée d’ici, c’est là que j’aurais voulu habiter! Attention toutefois, car mis à part pour les hutongs rénovés, il n’y a pas d’autres sanitaires que les WC publiques dans la rue 🚻, et ces hutongs sont souvent si mal isolés que l’hiver, très rude à Pékin, il faut garder le gros manteau aussi bien dehors que dedans 🥶.

Pékin est aussi LA ville qui a accueilli les JO d’hiver ET d’été🏅(la Chine en est d’ailleurs très fière). Cela a par conséquent laissé une empreinte architecturale plutôt chouette, comme le stade national de Pékin, surnommé aussi le « Nid d’Oiseau ». C’est là que ce sont déroulées les épreuves d’athlétisme, mais aussi les cérémonies d’ouverture et de fermeture des JOs.

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On retrouve aussi la Tour d’Observation Olympique, mais dont la construction n’a commencé qu’en 2011, soit 3 ans après les JO 2008. Son rôle n’est que de faire de l’observation, rien d’autre. Elle est située sur l’Olympic Green, où l’on voit aussi ci-dessous le Nid d’Oiseau, le « Cube » (le centre national aquatique de Pékin, en blanc à droit sur la photo), et la tour de diffusion des médias pour les JO (la tour ressemblant à un empilement de toupies).

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Mais comment parler d’architecture pékinoise sans évoquer un autre symbole, qui n’a nul autre pareil: la Cité Interdite 🚫! Je présume que vous seriez curieux de lire un article à ce sujet, encore un peu de patience, car nous ne l’avons visitée qu’une fois, ce qui est bien trop peu pour commencer à en percer ses mystères. Mais en attendant, voici un magnifique panorama depuis la colline du charbon, où l’on aperçoit aussi plus loin sur la droite l’Opéra de Pékin.

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Un autre cliché célèbre à prendre à Pékin est cette vue prise à l’un des angles nord de la Cité Interdite, à l’équilibre symétrique parfait.

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Bien évidemment à Pékin on trouve une multitude de temples. On ne peut jamais vraiment les dater, dire s’ils sont très anciens ou pas. En Europe nous prêtons une grande attention à la façon d’entretenir, voire de restaurer nos monuments anciens, pour ne pas impacter leur authenticité (il n’y a qu’à regarder tous les débats autour de la reconstruction de la flèche de Notre-Dame de Paris). Ces temples ont par contre une caractéristique commune que nous aimons beaucoup: la forme élancée des toits, avec leurs tuiles vernissées . Toujours du rouge et du doré, mais aussi du vert et du bleu.

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On y voit ici un dǒugǒng (斗拱), un élément architectural spécifique au monde chinois, basé sur un emboîtement de supports en bois. Servant au début à fixer les structures des toits sur des piliers et des colonnes, ils évoluent avec le temps pour devenir un ornement. C’est un des éléments les plus importants de l’architecture chinoise traditionnelle.

Tous ces temples que nous pouvons visiter ici sont de forme rectangulaire, sauf un temple très célèbre, presqu’autant que la Cité Interdite, et qui est aussi un véritable symbole de Pékin: le temple du Ciel. Il est considéré comme l’achèvement de l’architecture chinoise traditionnelle. La croyance chinoise symbolisant la Terre de forme carrée, et le Ciel de forme ronde, l’architecture ici est faite d’enceintes carrées avec des tuiles de couleur verte qui symbolisent la terre 🌍🟩, de bâtiments ronds avec des tuiles de couleur bleue qui symbolisent le ciel 🌈🔵. Ici aussi, il nous faudra y revenir, car ce genre d’endroit est trop immense pour être visiter complètement en une seule fois, surtout avec des enfants.

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Temple du Ciel

Et pour finir, n’oublions pas que le Communisme a aussi laissé sa trace sur l’architecture pékinoise, surtout aux abords de la place Tian’anmen 🪖. Le Palais de l’Assemblée du Peuple en est sans doute le meilleur représentant.

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Le Parlement

Je ne vais évidemment pas commenter plus ce sujet du congrès du PCC, qui commence aujourd’hui, mais pour les curieux que vous êtes, je vous propose d’écouter quelques Podcast pour mieux comprendre le contexte dans lequel nous vivons, notre réalité. Sur l’application Spotfy:

  • il y bien entendu « Les Chroniques d’Eric » (qui est d’ailleurs l’auteur de « Robinson à Pékin », dont nous avons parlé dans Robinsons à Pékin 2.0. ): épisodes du 14 octobre et du 14 septembre 2022
  • mais aussi « L’Heure du Monde »: épisode du 13 octobre
Fichue étoile!

Fichue étoile!

Quand on décide de partir faire une première expatriation, on fait une colonne de « + » et une autre de « -« , on les compare, et on se dit que ce saut sans parachute dans ce trou noir de l’inconnu en vaut la peine si la colonne des « + » est plus longue que sa voisine. Une petite dose de folie et une grande envie de chambouler son quotidien permettant ensuite de convaincre les derniers indécis, si besoin en était. Si nous avions à refaire ce tableau aujourd’hui et que nous le comparions avec celui fait il y a un an, la tendance serait très certainement inversée. Pas forcément évident à comprendre vu de l’extérieur, car oui c’est vrai, on vit un truc extraordinaire. Mais à quel prix? Il faut le vivre pour le croire, tellement notre logique, notre culture et notre éducation sont mises à rude épreuve. C’est ce que je vais essayer ici de vous expliquer, et promis, vous ne verrez plus du même oeil le Passe Sanitaire.

Comme je vous l’ai déjà mentionné dans des précédents articles, notre quotidien est rythmé par des scans de QR codes, véritables sésames à la vie, sans quoi nous n’aurions que le droit de rester enfermés chez nous. Il ne s’agit pas juste de scanner ce code pour rentrer dans un restaurant, un musée ou un cinéma (c’est certes très importants mais non vital), mais il faut le faire pour franchir n’importe quelle porte. 

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Les mini-progams WeChat, avec le Health Kit de Pékin et la flèche verte avec son étoile qui tue

Pour exemple, une chose qui nous paraissait complètement inutile au début (mais à présent nous y sommes habitués), c’est qu’il est demandé de scanner pour rentrer dans un mall, et scanner à nouveau 1 minute plus tard pour rentrer dans la boutique 10m plus loin. La raison n’est pas que l’on doit montrer que l’on n’a pas attraper le COVID sur ces 10m (quoiqu’ici plus rien ne m’étonne), mais que la gestion de l’épidémie est devenue plus politique que sanitaire. En effet, une chose importante à savoir quand on vit en Chine est qu’il ne faut surtout pas faire perdre la face à un Chinois. Jamais! Cela reviendrait à lui faire perdre, à lui ainsi qu’à sa famille, son honneur, sa dignité, sa réputation. Le respect des règles est donc essentiel, et chacun n’hésite pas à faire de l’excès de zèle pour absolument être irréprochable, ne pas être remis en cause. Il a été décidé que la Chine appliquerait une politique zéro COVID, alors qu’il en soit ainsi, même si le variant Omicron met cette politique à rude épreuve. Pour reprendre mon exemple de la boutique dans le mall, chacun s’assure ainsi avoir suivi la procédure, avoir été irréprochable, pour ne pas tomber si son voisin ne le faisait pas. Un exemple plus marquant est bien-entendu celui de Shanghaï, où plusieurs hauts responsables ont été limogés, et ont souvent perdu bien plus que leur travail. 

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l’avantage des files d’attente pour se faire tester, c’est que l’on assiste à un véritable défilé de mode. Ici, je vous présente le style « t-shirt cousu sur un autre t-shirt! »

Concrètement, comment fonctionnent ces QR codes? Tout d’abord il y a le Health Kit, à présenter absolument partout, même pour rentrer chez soi, chaque province ayant le sien. Pour Pékin, c’est donc celui ci-dessous. En utilisant la fonction « Scan the QR Code to register », on fait apparaître le nombre de jours depuis le dernier test PCR (la règle actuelle est qu’il ne faut pas être au-delà de 3 jours, voir 2 dans certains cas, sachant que si les résultats tombent à 23h59, à 00h01 on est déjà à 1 jour…), ainsi que le statut vaccinal. Difficile de contourner le système, car l’image qui s’affiche est clignotante… 

 

Mais pourquoi vouloir contourner le système me diriez-vous? Car si un cas suspect est trouvé, son emploi du temps des jours précédents est étudié à la loupe, et toutes les personnes susceptibles de l’avoir croisé sont également suspectées et mises en quarantaine. Par exemple, rentrer dans un lieu un jour à 9h, même pour quelques minutes, alors que ce cas suspect y est allé le même jour à 17h, et bien vous êtes bon pour la quarantaine. La durée de la quarantaine est à priori de 14 jours (car les règles sont là, à la fois précises et pas claires, tout dépend de votre comité de quartier). Mais si on vous retrouve au bout du 13ième jour, la quarantaine ne sera que d’un jour. Oui, moi aussi j’ai arrêté d’essayer de comprendre… La conséquence de cela, c’est que l’on vit en permanence avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, et le fil qui la retient n’est pas bien solide… On se pose toujours mille questions sur les risques à aller là ou là, si le jeu en vaut la chandelle. On veut vivre, on veut profiter d’être ici, on ne veut pas rentrer dans cette paranoïa ambiante, mais à quel prix? Je vous ai parlé dans mon dernier article de ce gros cluster ayant démarré dans un bar, à côté de Sanlitun (ceux qui ont lu « Robinson à Pékin » reconnaîtrons). Des amis vivant dans une résidence voisine de ce bar se sont donc retrouvés en quarantaine le lendemain. Ma copine Sophie nous a raconté nous pas avoir été averti officiellement de cette mise en quarantaine, mais elle a été alertée par des voisins que des barrières fermant la résidence étaient en train d’être installées. Elle n’était pas chez elle, son mari non plus, les enfants étaient restés seuls à la maison avec Ayi pour faire leur visio avec l’école. Ils sont donc rentrés en catastrophe, et ont dû pas mal négocier pour qu’on les laisse rentrer chez eux. Des capteurs ont alors été installés à toutes les portes d’entrée des appartements, comme le montre la photo ci-dessous. Il s’agit d’un capteur qui envoie une alarme dès que la porte s’ouvre, celle-ci ne pouvant s’ouvrir que pour aller se faire tester, et pour ramasser le sac de courses livré de l’autre côté de la porte. Mais comme on arrive toujours à trouver le verre à moitié plein, c’est mille fois mieux d’être enfermé ainsi que dans un centre de quarantaine centralisée.

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Nous avons toujours réussi à passer au travers des mailles du filets, mais jusqu’à quand cela va-t-il durer? 

En plus de ce Health Kit propre à chaque province, qui nous permet donc de nous déplacer dans ladite province, il y a aussi un autre mini-program à l’échelle nationale: la flèche verte, et sa maudite étoile (comme en rouge ci-dessous):

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C’est à cause de cette étoile que nous sommes coincés à Pékin depuis notre arrivée ici. Elle peut être rouge, orange (j’ignore la règle pour avoir ces couleurs, et je préfère ne pas le savoir), ou verte. Mais la couleur verte ne signifie pas forcément que tout est bon: si vous êtes passés par une ville avec une zone à risque moyen ou élevés, même si vous n’êtes pas rentré dans une de ces zones, un astérisque apparaît, et la plupart des villes chinoises ne vous accepteront pas sans que vous ayez fait de quarantaine à votre arrivée dans la ville. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons une seconde fois décalé nos vacances, pourtant tant attendues, car toutes personnes venant de Pékin ou Shanghaï doivent effectuer une quarantaine de 7 jours à leur arrivée dans le Yunnan. Nous avons une étoile pour Pékin depuis avril (elle avait avant disparu pour quelques jours seulement), et au moment où je vous écris, elle devrait disparaître le 5 juillet, inch’allah! Quelle est la règle qui régit tout cela? Si j’ai bien compris, car il s’agit encore d’une règle à la fois très précise et en même temps non énoncée clairement

  • apparition de l’étoile: quand une zone passe à un niveau de risque moyen ou élevé, ce qui arrive quand il y a plus d’un cas dans ladite zone sur 24h (nous ne sommes clairement pas dans les mêmes ordres de grandeur que partout ailleurs dans le monde)
  • disparition de l’étoile: s’il n’y a pas eu d’upgrade de zone sur une période de 14 jours consécutifs

Quotidiennement, nous recevons cette publication, avec un récapitulatif des zones à risques en Chine, et le nombre quotidien de transmissions. C’est un tantinet anxiogène à la longue, je vous l’accorde.

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On voit donc qu’aujourd’hui il n’y a pas eu de transmission COVID à Pékin (youpi, ça sent bon les vacances!!), Pékin étant actuellement la seule ville avec une zone à haut risque (pire qu’à Shanghaï donc). Il n’y a plus de trop de petits ronds sur cette carte, il y a peu de temps encore c’était pourtant un vrai sapin de Noël!

Cette étoile peut rapidement transformer tout déplacement en Chine en vrai cauchemar, surtout quand on est étranger, et encore plus quand on ne parle pas le chinois. Petite histoire qu’une copine belge m’a racontée (et heureusement elle parle parfaitement le chinois!). L’année dernière elle était partie en train pour des vacances avec son conjoint, vers une ville hors de Pékin, je ne me souviens laquelle. Pendant le trajet, apparition de la maudite étoile, une zone venant de passer à un niveau de risque moyen à Pékin. Anticipant que les hôtels ne les accepteraient plus, elle prit deux billets retour pour Pékin pour repartir dans l’autre sens dès leur arrivée à destination. Les différents contrôles en vigueur à leur arrivée à la gare de cette ville dont je ne me souviens le nom étaient tels qu’il fallait sortir de la gare, pour ensuite y re-rentrer pour prendre le train de retour. Sauf que la police ne les laissa pas passer, sous prétexte qu’il fallait être vacciné pour revenir à Pékin (alors qu’ils y étaient 3h plus tôt, et surtout que la vaccination n’y est pas obligatoire), encore un exemple d’excès de zèle des autorités. Les hôtels ne les acceptant plus du fait de l’étoile, la seule solution proposée fut qu’ils se fassent vacciner pour remonter dans le train. Elle prétexta alors une grossesse (imaginaire) pour justifier ne pas pouvoir se faire vacciner. La seule réponse reçue fut alors que son compagnon se fasse vacciner et rentre seul à Pékin, tant pis pour elle. Face à cette situation assez cocasse, après avoir passé la nuit sur un banc de la gare, ils trouvèrent comme solution de prendre un train les emmenant dans une autre ville encore plus loin, où là ils purent prendre un train pour Pékin sans avoir à prouver un quelconque schéma vaccinal. Oui… cet astérisque peut provoquer des situations dignes des 12 travaux d’Astérix…

En parlant du vaccin, nous avons quitté la France avant d’avoir eu la possibilité de faire notre troisième dose de Pfizer. Nous n’avons donc pas de schéma vaccinal complet. Les vaccins non chinois n’étant pas reconnus en Chine, il faudrait que l’on se fasse injecter 3 doses de Sinovac afin d’avoir un schéma vaccinal complet, mais sans dire que nous avons déjà reçu du Pfizer, les 2 vaccins ne pouvant se superposer dans ce sens. Les ambassades ont pu avoir des doses de Pfizer ou Moderna, mais uniquement pour les diplomates et leur famille, ceux-ci étant protégés par la convention de Vienne. Oui, c’est assez injuste… Espérons juste que l’on trouve une solution avant que la vaccination ne devienne obligatoire, car cela pourrait sérieusement complexifier encore plus notre quotidien en très peu de temps. A noter que dans Pékin, certains hôtels imposent déjà que leurs clients soient vaccinés (cette règle ne concernant que les étrangers).

Comme vous pouvez le supputer, le quotidien ici est très anxiogène, frustrant d’injustice, et très irrationnel. Derrière toutes ces mesures, nous sommes convaincus qu’il y a aussi une volonté de contrôler la vie de gens, de tout savoir sur ce qu’ils font. En plus de ces mini-programs qui permettent de nous suivre à la trace, les autorités passent par exemple par les écoles pour suivre tous nos déplacements. En effet, de façon quotidienne l’école devra pendant les vacances scolaires signaler à la communauté éducative du notre district  tout déplacement inter-régional et à l’étranger, des élèves ainsi que de leurs cohabitants. Et c’est un exemple parmi tant d’autres! Si vous saviez les documents que nous avons été obligé de signer pour que les enfants puissent rentrer dans l’enceinte de l’école… Notamment une attestation sur l’honneur que « nous vivons une vie simple »: « Il ne faut pas vous rendre dans les « endroits où les gens se rassemblent », ne pas assister aux formations hors ligne en dehors de l’école et autres activités de rassemblement. Il faut vivre une vie simple. » La lettre suivante était assez équivalente en termes de contenu, mais à la fin il était demandé à ce que ça soit la personne rentrant dans l’établissement qui la signe, et non leur représentant légal… ! La fermeture des écoles annoncées dès le lendemain a permis d’éviter une révolution de la part des parents.

Mais où allons-nous? Nous avons le sentiment que le pays se replie sur lui-même, qu’il se coupe du reste du monde, à l’instar de la partie nord de notre voisin plus à l’Est. Des assouplissements pour l’obtention des VISA de travail sont annoncés, les durées des quarantaines pour les retours de l’international vont être réduites, mais à quoi cela rime-t-il quand les avions sont annulés les uns après les autres? Cela fait plus de 2,5 ans qu’il n’y a plus de touristes étrangers ici, et les systèmes ont tellement évolués depuis qu’il serait impossible (ou en tous cas très compliqué) pour un touriste de venir quelques jours en vacances ici sont être accompagnés en permanence d’un guide. Un changement dans l’autre sens pourrait bien-entendu être fait tout aussi rapidement, mais l’on ne ressent pas du tout de volonté à aller dans ce sens. Je ne sais pas dans quelle période nous vivons, mais peut-être qu’un jour nous dirons « on y était quand ça s’est passé… ».

Pour conclure sur un trait d’humour, je voulais vous partager quelques SMS du fameux numéro 10100, qui nous envoie régulièrement des messages nous rappelant les bonnes règles de conduite à tenir face à l’épidémie. Il est évidement probable que la traduction proposée par l’iPhone ne soit pas parfaite, mais donne en conséquence des messages assez cocasses:

【公益短信】疫霾渐散,夏满京城。谁不想好友相聚、出门远游、拥抱自然?但是解封不等于解防,管控上松一尺、病毒可能攻一丈。只有市民朋友守住责任防线、个人防线,才能持续巩固来之不易的防控成果。【北京防控办】

[Message texte sur le bien-être public] L’épidémie se dissipe progressivement, et l’été est plein de capitaux. Qui ne veut pas que les amis se réunissent, partent pour un long voyage et embrassent la nature ? Cependant, le déblocage n’équivaut pas au déblocage. Le contrôle est relâché et le virus peut attaquer. Ce n’est que lorsque les citoyens conservent la ligne de défense de responsabilité et la ligne de défense personnelle qu’ils peuvent continuer à consolider les réalisations durement acquises en matière de prévention et de contrôle. [ Bureau de prévention et de contrôle de Pékin]

【公益短信】扫码测温别嫌烦,养成习惯保安全。当前疫情传播风险依然存在,请市民朋友进入社区(村)、单位、商务楼宇、商场超市、宾馆酒店、乡村民宿、餐饮饭店等公共场所时按要求测温验码。您的每一次驻足,既是科学防疫的必要环节,又是首都市民的文明体现。【北京防控办】

[SMS pour le bien-être public] Scannez le code pour mesurer la température. Ne vous inquiétez pas. Développez des habitudes pour assurer la sécurité. À l’heure actuelle, le risque de propagation de l’épidémie existe toujours. Les citoyens sont invités à prendre les codes de contrôle de la température au besoin lorsqu’ils entrent dans les communautés (villages), les unités, les bâtiments commerciaux, les centres commerciaux, les supermarchés, les hôtels, les familles d’accueil rurales, les restaurants et autres lieux publics. Chaque fois que vous vous arrêtez, ce n’est pas seulement un lien nécessaire pour la prévention scientifique des épidémies, mais aussi une incarnation civilisée des citoyens de la capitale. [ Bureau de prévention et de contrôle de Pékin]

 

Robinsons à Pékin 2.0.

Robinsons à Pékin 2.0.

Toujours dans l’idée de chercher à mieux comprendre la Chine, j’aime me plonger dans des lectures sur son histoire, que ce soit des documentaires historiques ou tout simplement sous forme de romans historiques, voir contemporains. Je voudrais donc vous partager aujourd’hui une de ces lectures, qui est une BD autobiographique.

Pourquoi est-ce que je me focalise sur cet ouvrage plutôt qu’un autre? Outre le fait qu’il est très agréable à lire, aussi bien Julien que moi nous nous sommes faits la même remarque: que l’arrivée à Pékin se fasse dans les années 80 ou 35 ans plus tard, les constats et difficultés du quotidien sont très semblables. J’ai trouvé ça plutôt rassurant finalement. C’est amusant aussi de lire des passages concernant des lieux que l’on connaît, finalement nous allons tous aux mêmes endroits… Certaines choses ont biensûr évolués, mais d’autres beaucoup moins.

Tout d’abord, comme relaté dans ce livre, nous éprouvons aussi de grandes difficultés à nous fondre dans le peuple chinois. Certes, individuellement les chinois sont vraiment très attachants, il y a toujours quelqu’un pour nous aider, mais la société est faite pour maintenir cette frontière invisible qui nous empêche de créer de vrais liens avec eux. Je ne trouve finalement pas de meilleurs mots que ceux repris du livre:

Trop s’intégrer est en réalité mal vu par le régime, qui craint une « pollution spirituelle » et que la démocratie ne déteigne sur le peuple. Nous vivons pourtant ce rêve chimérique de sauter la barrière et de franchir tous les obstacles pour y parvenir. Mais comment peut-on à la fois rester soi-même, fier de sa culture, et « devenir chinois »?

Il y a aussi biensûr la lourdeur administrative qui est toujours bien présente de nos jours. On a beau être à présent dans un pays ultra digitalisé, le sacro-saint tampon rouge est toujours indispensable, et la façon de l’apposer est encore tout un art.

Vous y reconnaitrez également nos difficultés des débuts, où faire ses courses étaient assez complexe. C’est un fait intemporel, et tout comme l’auteur nous ne pouvons pas intégralement faire nos courses comme les chinois, compléter de temps en temps avec des produits « comme chez nous » est indispensable, et pour cela nous allons chez Jenny Lou! Vous reconnaîtrez sans doute la petite marchande chez qui Eric Meyer se rendait. Est-ce que les graines de Basilic rapportées d’Europe sont à l’origine de la chaîne de magasin du même nom? L’histoire ne le dit pas.

Par contre, une différence majeure rapport aux années 80 est que biensûr le rationnement n’existe plus. Pourtant, la notion de liberté a une définition toujours bien différente ici. Je pense que nos enfants auront ici bien compris l’importance de vivre dans une démocratie, en ayant vécu dans un pays qui ne l’est pas.

En lisant ces pages, on ressent déjà le fourmillement qui anime la ville de Pékin. Il est toujours là, et a même été accentué avec les progrès des temps modernes et l’évolution des moyens de communications

  • les vélos, même si toujours très présents, ont été remplacés par les scooters électriques
  • les petits marchands sont toujours présents, et de plus en plus accessibles du fait de l’utilisation excessive des livreurs, qui vont partout, tout le temps. Et ici, en termes de consommation, le dimanche est un jour comme un autre
  • les informations circulent très vite du fait du réseau sociale WeChat, qui nous sert aussi à payer nos courses, se faire des virements bancaires (ici c’est instantané!), à payer l’eau et l’électricité, suivre les colis venant d’Europe

Mais ces évolutions sont-elles bien positives? Difficile à imaginer que cela arrive en France ou en Belgique, culturellement c’est plutôt inconcevable. Nous n’avons par contre pas non plus le monopole de la bonne solution, peut-être est-elle entre les 2?

En revanche, je suis un peu étonnée d’avoir trouvé ce livre ici (nous avons une libraire francophone à l’Alliance Française). En effet, la seconde partie de l’ouvrage concerne les évènements de 1989. Je ne vais bien entendu pas m’étendre sur le sujet ici, mais laissez-moi vous montrer quelques images prises cet hiver quand nous nous sommes rendus sur la place Tiān’ānmén.

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en arrière-plan: le mausolée de Mao

Située au centre de Pékin, cette place tient son nom de la Porte de la Paix Céleste (Tiān’ānmén – 天安门), qui est l’entrée sud de la Cité Interdite.

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en arrière-plan de ce monument célébrant à la fois les JO d’hiver 2022 et le Nouvel An chinois: la Porte de la Paix Céleste

Outre les nombreux évènements historiques qui s’y déroulèrent, la place Tiān’ānmén est aussi célèbre car il s’agit du quatrième plus grand square au monde (elle mesure un peu plus de 40 ha). C’est aussi là que se trouve un de nos objectifs d’une prochaine visite culturelle: le musée national de Chine

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Je crois que cette place est un des lieux les plus sécurisés de Pékin (et donc de Chine), si ce n’est le plus sécurisés: les accès sont très limités, il faut passer plusieurs points de contrôles des passeports, du Health Kit bien-entendu, des sacs, et même fouille au corps. Pour ceux désirant se rendre à la Cité Interdite par-là doivent compter au moins 1h pour traverser la place et tous ses contrôles.

Même si la place n’est pas particulièrement belle (elle fait très style « communiste ») ça vaut le coup de s’y rendre au moins fois, ne serait-ce que pour se dire « je l’ai vue ».

Le long des canaux pékinois (北京河)

Le long des canaux pékinois (北京河)

Ce sujet dans lequel je me lance n’est pas simple. En effet, pas mal de questions se posent sur le système hydraulique de Pékin, mais il y en fait peu de réponses. La raison est que son histoire est longue, car elle remonte au XIIième siècle, quand la dynastie Jin s’installa à Pékin, afin d’y acheminer des militaires pour la conquête des régions du Nord. La plupart des archives études sur le sujet ont à présent été perdues. On sait que le réseau existant à l’extérieur des murs de Pékin interconnecte les rivières, les canaux, les douves et les lacs. Il y a aussi des écluses par-ci par-là. On ne sait par contre plus où étaient les rivières il y a mille ans, et il n’est pas sûr qu’il existe encore des cours non artificiels à moins de 15km des anciens remparts (actuel second périphérique).

Du côté Est de Pékin, le réseau est relié au Grand Canal, et le transport se faisait avec des bateaux à fond plat (des jonques) halés par des bateliers. Ce Grand Canal (Dà Yùnhé – 大运河), qui fut allongé au fil des dynasties, est le plus grand canal ancien au monde. Il débute au nord par Pékin et se termine au sud à Hangzhou, dans le Zhejiang, avec une longueur totale de 1800 km (estimation variable cependant). Il passe notamment dans les villes de Pékin, Tianjin, et traverse les provinces du Hebei, du Shandong, du Jiangsu et du Zhejiang. Les parties les plus anciennes remontent au Vième siècle av. J.-C. Vers le milieu du XIXième siècle cependant, le développement du transport maritime et l’ouverture des voies de chemin de fer Tianjin-Pukou et Pékin-Hankou réduisirent grandement le rôle du canal comme artère majeure de transport en Chine. D’importantes parties cessèrent d’être entretenues, s’envasant rapidement. Avec l’avènement de la République populaire de Chine en 1949, d’importants travaux de réhabilitation furent engagés sur le Grand Canal pour redonner son importance économique première. Il est à présent inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2014.

Les différentes zones drainées par les canaux, et en particulier par le Grand Canal, bénéficiaient de leur importance économique. En effet, ils permirent tout d’abord de ravitailler la capitale en y acheminant des céréales venant du sud du pays. L’autre fonction est bien sûr l’irrigation des terres traversées par ces canaux. Egalement, la Chine a été de nombreuses fois soumise à de fortes inondations lorsque les cours d’eau naturels sortaient de leur lit (voir les divagations du fleuve Jaune à la fin de cet article), les canaux permirent ainsi de mieux maîtriser les éléments. Il s’agissait également d’un moyen de transport fiable pour les dirigeants qui souhaitaient parcourir régulièrement le sud de l’empire. Enfin, le Grand Canal permit aussi des échanges culturels entre le nord et le sud de la Chine. Le canal fit forte impression aux premiers visiteurs de l’empire. Marco Polo mentionna les ponts avec arches du Grand Canal, ainsi que ses importants entrepôts et le commerce qu’engendrait le canal au XIIIième siècle.

Bref, vous l’aurez compris, les canaux ont ici une importance dans l’Histoire de la Chine, tant sur le plan économique, militaire, politique, culturel, mais aussi bien entendu géographie. A présent à Pékin, ils sont très appréciés pour les longues balades du week-end, aussi bien à vélo qu’à pied, comme ici le long du Liàngmehé et du Bàhé.

De nuit, les canaux, et plus particulièrement le Liàngmahé 亮马河, offrent un repère très agréable pour se promener et admirer les jets d’eau et jeux de lumières. J’apprécie notamment beaucoup une séance de yoga au crépuscule sur un des pontons, c’est parfait pour évacuer la nervosité de cette interminable période d’école à la maison. S’y retrouver le soir pour écouter de la musique est aussi une excellente manière de sortir retrouver un peu de fraîcheur après une journée de forte chaleur.

 

Le nom de ce canal Liàngmahé tiendrait du fait que dans les temps anciens, les convoyeurs de marchandises devaient laver leurs chevaux avant d’entrer dans la capitale. Ils les baignaient dans l’eau du canal et les laissaient se sécher sur la rive, d’où le nom originel de ce tronçon : 晾马河 (en pinyin liàngmahé, signifiant « la rivière où les chevaux sèchent au soleil »). Avec le temps, les gens ont modifié son nom pour le plus élégant 亮马河 (qui se prononce de la même manière mais avec un premier caractère différent, signifiant à présent « la rivière des brillants chevaux »).

Si je me risque au même jeu de traduction du canal Bàhé 坝河, cela signifierait « rivière de la digue » (ou du barrage peut-être). C’est effectivement cohérent avec le fait que ce canal ait été construit il y a près de 800 ans de le but de protéger la ville des inondations récurrentes qu’elle subissait. 

A l’intérieur des murs de la ville (comprendre à l’intérieur du second périphérique), les canaux permettent aussi d’alimenter les lacs dont nous avons parlés lors d’un précédent article. A l’époque, ils permettaient aussi le transport sur des barques.

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Un bras du Grand Canal (si j’ai bien compris) qui alimente le lac Qiǎnhai. A droite on aperçoit un mur du temple du dieu du feu (Huǒshén)

En hiver, il fait si froid que les canaux et les lacs sont gelés (les enfants avaient d’ailleurs pu y patiner). Mais cela n’arrête pas les anciens pékinois, qui n’hésitent pas à aller faire quelques brasses pendant que nous les regardions bien au chaud dans nos grosses doudounes bien épaisses.

J’en profite d’ailleurs pour vous partager quelques clichés d’une randonnée d’une dizaine de kilomètres que nous avions faite en janvier exclusivement sur une rivière gelée, la rivière blanche (qui est naturelle cette fois-ci).

Pour terminer, je profite de ce sujet fluvial pour vous partager un fait historique qui m’a impressionnée (il m’en faut peu, je vous l’accorde :)). Il s’agit des divagations du fleuve Jaune, qui se jette dans le Mer Jaune à l’est de la Chine, dans la zone entre Pékin et Shanghaï (il faut considérer un périmètre large, vous allez comprendre pourquoi). En effet, les divagations du fleuve Jaune désignent les changements de lit du fleuve dans son cours inférieur depuis l’établissement de la civilisation chinoise il y a plusieurs millénaires. Ces modifications du tracé du fleuve proviennent de la topographie régionale, et de la forte charge sédimentaire de ses eaux charriant de grandes quantités de limon. La particularité de ces divagations dans le cas de ce fleuve tient au fait que celles-ci peuvent déplacer son embouchure de plusieurs centaines de kilomètres le long du littoral, au point de la faire passer de part et d’autre de la péninsule du Shandong suivant les époques. Les archives historiques montrent qu’au cours des deux derniers millénaires, le fleuve a connu plus de 1500 modifications mineures, près de 25 modifications majeures, et a changé six fois radicalement son cours. Chaque changement majeur consécutif à une crue a été un désastre humain pour la population noyée (on parle en million pour dénombrer le nombre de morts), et une catastrophe économique imposant de réorganiser les aménagements des voies navigables et notamment la circulation dans le Grand Canal.

Dans les rues de Pékin

Dans les rues de Pékin

J’avais commencé à prendre des photos pour illustrer cet article avant la vague Omicron qui vient de nous tomber dessus. Je ne vais donc pas aller au bout de mon idée car il me manque quelques clichés, mais tant pis, je me lance quand même. Je voudrais donc ici vous montrer le visage des rues de Pékin, comment on s’y déplace, qu’est-ce que l’on peut y croiser, et quelles sont nos impressions après nos 5 premiers mois ici.

L’hiver dernier, nous nous sommes rapidement mis à nous déplacer en métro, mais cela reste encore peu pratique car les lignes de métro ici sont dessinées comme le RER parisien, à savoir des stations très éloignées entre elles, et donc souvent à au moins 15 à 20 minutes à pied de notre destination finale. Par contre ça ne coûte rien, entre 40 et 60 centimes d’€ le trajet, payé simplement en posant sur le portique le téléphone avec l’application Wallet de l’iPhone qui aura été préalablement chargée (le pass Navigo, c’est d’un autre temps!).

Le vélo est donc résolument la meilleure façon de se déplacer ici, ou sa version moderne avec le scooter électrique, chacun sa religion à ce sujet. En ce moment je suis plutôt une adepte du vélo, même si j’apprécie aussi beaucoup les virées en scooter avec Elsa. Mais quand il recommencera à faire vraiment froid, il est probable que je me reconvertisse. En conséquence de ce mode de transport à deux roues, les trottoirs ressemblent bien souvent à ces images, avec un enchevêtrement de vélos et scooters plus ou moins bien rangés.

Ces vélos jaunes (Meituan), ou verts (Didi), ou encore bleus (Alipay), sont des vélos partagés selon un principe équivalent aux Vélib’. A côté de ces vélos, qui paraissent minuscules, mon B’TWIN fait figure de vélo de course, et j’avoue apprécier la sensation d’être super rapide tellement c’est facile de dépasser tous les autres. Les scooters électriques côtoient également les vélos, car notamment utilisés par les livreurs (et croyez-moi, les livraisons sont utilisées tout le temps par tout le monde, pour absolument tout). L’alternative pour les livreurs est l’utilisation de triporteurs en tous genres. Tous ces petits véhicules viennent donc compléter l’effet désordre des trottoirs et bords de route. Mais cela fait aussi évidemment partie du charme de Pékin :).

En Chine, la sieste après le déjeuner, c’est sacré, même au travail! C’est donc amusant de croiser des livreurs ou autres en train de se reposer sur leur véhicule en début d’après-midi.

Nous sommes donc très nombreux à emprunter les pistes cyclables, dont l’aménagement aurait bien de quoi faire rougir de jalousie Anne Hidalgo. Pédaler ici est à la fois plus et moins sécurisé que chez nous. Plus sécurisé car les pistes cyclables sont très larges et très bien délimitées, parfois même par un terreplein.

Les feux tricolores sont aussi systématiquement équipés d’un feu dédié aux 2 roues. De plus ici en ville, les voitures ne roulent pas vite, et les voies les plus rapides (limitées à 80km/h) sont très larges. La ville de Pékin est en effet quadrillée de grands axes, s’agissant en général de 2×3 ou 4 voies, ces voies étant assez larges, et la piste cyclable étant aussi large qu’une voie pour voitures.

A contrario, on peut avoir aussi une sensation d’insécurité ici en pédalant. Tout d’abord du fait des nombreux petits véhicules électriques, qui empruntent aussi les pistes cyclables, car on ne les entend tout simplement pas arriver, et ici dépasser par la droite ou la gauche n’a pas d’importance. Je ne connais pas vraiment le code de la route en Chine, mais en tous cas dans les faits, il n’y a pas de notion de priorité de droite, ni de quelconque priorité d’ailleurs, sauf peut-être de par la taille du véhicule. Il s’agit plutôt de s’insérer dans un flux continu, désolée si ça n’est pas clair, mais je n’ai pas d’autre façon d’interpréter comment évoluer dans la circulation pékinoise. Finalement c’est à l’image de la vision chinoise qui consiste à vivre dans une bulle, où les individus n’en faisant pas partie n’existent pas, comme s’ils étaient invisibles. Et bien c’est la même chose sur la route. Heureusement donc que l’on ne roule pas vite ici, car les accidents pourraient être bien plus grave si ça roulait comme chez nous (il n’est pas rare de croiser un scooter et son chauffeur complètement sonné par terre, car une voiture l’a percuté dans un carrefour). Les petites frayeurs sont aussi souvent liées au fait qu’ici, au feu rouge, on peut avancer si on tourne à droite, même si le feu est rouge.

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C’est sur la route que l’on peut aussi constater les écarts de richesse en Chine. Sachant qu’ici exposer sa richesse (que l’on n’a pas forcément, tout est dans l’apparence) est culturel, croiser des voitures de luxe est assez banale, à tel point que j’y fais maintenant si peu attention que je ne pense plus à vous les photographier. Voici tout de même ce que j’ai vu dernièrement

Mais ce qui est surtout surprenant, c’est le choix de couleur de ces voitures (en voyant de près la Mercedes en violet nacré, j’ai même vu que l’étoile de la marque ainsi que le radiateur étaient couverts de strass. Tous les goûts sont dans la nature après tout 😉 ).

Les plus petits véhicules ont aussi parfois un style déroutant, comme ce scooter Mignons ou cette Smart baptisée par les enfants « Dragon Car »

Ces goût disons douteux ne concernent évidemment pas que les voitures, mais aussi les chiens qui se retrouvent affublés de tenues ridicules, voir même de … chaussures!

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En zoomant, vous verrez que le chien de devant porte des chaussures 😦

Clairement il faudra un jour que je vous consacre un article dédié aux tenues vestimentaires des Chinois. Si je veux un jour tenter un style, c’est bien ici qu’il faudra le faire. En guise de mise en bouche pour ce futur sujet d’article, voyez par exemple ce que l’on peut croiser ici:

Revenons à nos rues pékinoises et ses moyens de transport. Ici on peut régulièrement croiser des modes de transport assez fantaisistes, ce qui illustre parfaitement que tout a beau être compliqué ici, rien n’est impossible pour autant.

Pékin est aussi une ville de contrastes, des immeubles de capitale à l’aspect moderne côtoient les Hutongs formant le coeur du Pékin traditionnel, en passant par des immeubles que l’on caractérise entre nous comme étant plus « chinois ».

Ci-dessous on voit par exemple le quartier de Wángfǔjǐng, considéré comme les Champs Elysées pékinois

Les Hutongs avec ses enchevêtrements de petites rues, de cours, et de petits boui-boui

Et un exemple de ce que l’on appelle entre nous une résidence « chinoise »

Pour nos 2 ou 3 ans ici, nous avons choisi une résidence qui s’appelle Phoenix City (en chinois: Fènghuáng 凤凰), située au Nord Est, juste après le troisième périphérique (Pékin comporte 7 périphériques, le premier étant l’enceinte extérieure de la Cité Interdite). Cette résidence est peu connue des Occidentaux car il s’agit d’une résidence assez chinoise (mais de plus haut de gamme que celles ci-dessus, je vous rassure), et ça nous va très bien comme ça, nous ne sommes pas venus en Chine pour rester entre-nous après tout. On peut définir une résidence comme un compound constitué d’un certain nombre d’immeubles, le tout généralement fermé par une enceinte, et dont les entrées sont surveillées par des gardiens.

Je vous emmène donc pour une petite visite: vu de l’extérieur, notre immeuble ressemble à ceci

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Il est aussi moche d’extérieur que l’appartement est beau à l’intérieur. Donc l’avantage, la vue sur les beaux immeubles est pour nous, ce qui n’est pas forcément le cas de nos voisins ;-). Notre appartement paraît assez bas, alors que nous sommes déjà au 10ième étage! Disons que c’est une question de perspective, l’immeuble faisant tout de même 38 étages… La résidence comporte une douzaine d’immeubles, je vous laisse calculer le nombre d’habitants… Oui nous sommes nombreux, mais ça ne se ressent pas trop. Pour passer l’enceinte, il faut donc passer par une des portes surveillée 24h sur 24 par un gardien, qui s’assure que tout le monde scanne bien son Health Kit, et que chacun ait bien une température < 37.2°.

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Nous avons la chance d’avoir un joli parc ombragé et très vert dans cette résidence, avec une plaine de jeux, un terrain de tennis (qui n’est jamais disponible…), une grande fontaine et des pièces d’eau avec jets (jeux favoris des enfants pour décompresser des journées passées devant Teams) et une piscine extérieure qui nous l’espérons sera ouverte cet été.

Comme je vous le disais plus haut, ici en Chine on utilise énormément les livraisons, pour absolument tout, l’entrée de notre immeuble déborde donc en permanence de colis

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Ce que l’on apprécie particulièrement avec Julien, c’est la vue que l’on a de chez nous, et c’est encore plus beau avec la lumière de fin de journée

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et de l’autre côté (car notre appartement est traversant), qui donne sur l’intérieur de la résidence, où c’est absolument magique de nuit.

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En déambulant dans les rues de Pékin, on peut voir des situations qui sont pour nous assez étonnantes, comme par exemple les coiffeurs de trottoirs (Julien n’a pas encore voulu essayer, je ne comprends pas pourquoi 😂)

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Ou encore les pékinois qui se retrouvent pour jouer au Mahjong ou autres jeux de cartes

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mais aussi, comme nous l’avons déjà vu cet hiver, ceux qui se retrouvent pour danser ou pratiquer d’autres activités sportives

En regardant de plus près la photo précédente à droite, une des dames porte un masque qui lui couvre intégralement le visage. En effet, les Chinois ont tendance à protéger au maximum leur peau du soleil. Actuellement il fait en moyenne 35°C à Pékin, donc là où nous nous habillons de façon légère pour ne pas avoir trop chaud, eux se couvrent au maximum, pour ne pas bronzer. La raison à cela n’est pas tant médicale, mais plutôt culturelle. Les personnes dont la peau est bronzée sont celles qui travaillent dans les champs, les personnes travaillant dans les bureaux sont quant à elles plus blanches, et cela est considéré ici comme un signe extérieur de richesse, ou du moins d’un milieu social plus élevé. C’est comme pour les voitures dont nous avons parlé plus haut, ici tout est une question d’apparence.

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Autre fait surprenant, c’est cette habitude qu’ils ont ici de se prendre en selfie, voir même de se filmer, comme par exemple cette jeune femme se filmant au bord de la route, en train de danser. Cela permet sans d’alimenter leurs Moments WeChat.

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D’autres aussi se filment en train de manger, avec le téléphone posé sur une perche à selfie de l’autre côté de la table. Je n’en ai toujours pas compris l’intérêt, mais bon il ne faut pas toujours chercher à tout comprendre ici…

Au milieu de tout ce beau monde et ce fourmillement permanent, on croise un peu partout des Bao’an, ces agents que l’on reconnaît à leur tenue noire et brassard rouge, qui surveillent la population. Je n’en sais pas beaucoup plus sur leur rôle, d’autant plus qu’ils ne nous disent pas grand-chose car avec nos têtes d’étrangers, ils savent d’avance qu’il est vain de communiquer avec nous 😆

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Si vous êtes arrivés jusqu’ici, bravo, car je crois que cet article est long, mais il y a tellement à dire! Je garde quelques sujets sous le coude, comme les gratte-ciels pékinois, et les canaux. En attendant, juste pour la beauté des yeux, voici quelques clichés de Pékin en fleurs, j’adore!

Un mois de mai bien étrange

Un mois de mai bien étrange

Merci à nos amis Florence et Quentin, auteurs de quelques clichés agrémentant cet article.

En un mois, le COVID et ses restrictions ont beaucoup changés le visage de la ville de Pékin, et notre quotidien devient de plus en plus contraint. A présent, des quartiers entiers sont verrouillés, et la carte de la ville ressemble à cela (les points rouges signifiant qu’un cas positif ou qui pourrait être positif est passé par là, qu’il s’agit donc d’une zone à risque):

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Comme déjà évoqué précédemment, avoir un téléphone ici est tout simplement indispensable pour tout, et nous l’avons donc toujours sur nous (impossible de sortir de chez nous sans l’avoir en poche). Le risque est donc de passer trop proche d’un de ces points rouges, de borner à proximité, et du fait de l’imprécision du GPS, se retrouver ensuite en quarantaine pour être passé au mauvais endroit au mauvais moment. Voici quelques exemples pour illustrer cela:

  • en avril dernier, une copine se déplaçant en vélo est passée devant un restaurant, dans lequel un cas détecté positif par la suite était allé ce jour-là. Elle a donc dû pas mal batailler pour prouver qu’elle n’était pas rentrée dans ce restaurant, sinon elle aurait dû être placée en quarantaine, car les autorités l’aurait considérée comme ayant pu croiser ce cas positif
  • une amie a reçu un appel le week-end dernier (le 22) car elle avait été dans un lieu le 15 (donc une semaine avant) où une personne positive (testée positive après le 15) s’était aussi rendue. Il lui a donc été demandé de ne pas sortir de chez elle sauf pour aller se faire tester (je vous rassure, elle et son mari sont bien négatifs), un détecteur d’ouverture a été installé sur leur porte, et toute personne se rendant chez eux doivent maintenant scanner un code qui a été collé sur leur porte. Ils ne sont donc pas vraiment en quarantaine, mais autant vous dire qu’ils n’osent plus mettre un pied dehors.
  • Il y a encore d’autres anecdotes assez loufoques, comme ces personnes mises en quarantaine pour avoir reçu un colis de bananes venant d’un entrepôt où il y avait eu un cas concomitant. Honnêtement je ne serais pas surprise que les bananes aient aussi été testées

Bienvenue en Absurdistan! Il nous faut donc toujours vérifier qu’il n’y a pas de risque là où nous nous rendons, tout en vérifiant qu’il n’y a pas non plus de risque sur l’itinéraire emprunté. 

Depuis 1 mois, des restrictions nous sont annoncées petit à petit, et elles ressemblent de façon assez désagréable à l’Europe de 2021, alors qu’il n’y avait presqu’aucune restriction à l’intérieur de la Chine. C’est tellement frustrant pour nous! Les mesures qui nous ont donc été imposées progressivement depuis fin avril sont:

  • école en distanciel (à l’inverse de ce qui était fait en France, il s’agissait d’une des premières mesures prises, et en général la reprise en présentiel de la classe se fait après tout le reste, cet ordre des priorités posant tout de même question je trouve…)
  • télétravail plus que fortement recommandé selon le district où l’on vit et où l’on travaille (ce qui est notre cas)
  • fermeture des lieux culturels couverts
  • fermeture des restaurants (qui ne peuvent plus que faire de la vente à emporter, la parade étant alors de commander dans ledit restaurant, et de s’installer sur la terrasse où les tables et les chaises ont été laissées)
  • fermeture de la plupart des parcs (et quand ils sont ouverts, il faut présenter un test PCR de moins de 48h)
  • fermeture des stations de métro des quartiers à risques
  • pas de taxis dans certains districts
  • interdiction de faire des pique-niques (mais à ce que j’ai compris c’est autorisé si on ne s’allonge pas dans l’herbe 🤯 )
  • tests PCR presque tous les jours depuis début mai
  • il n’est pas interdit de quitter Pékin, mais tout est fait pour nous décourager d’en sortir. Tout d’abord parce que nous avons à présent une petite étoile sur un de nos QR code (ce qui rappelle des heures sombres de l’Histoire), donc beaucoup de provinces ne nous accepterons de toutes façons pas. Mais aussi parce que si un cas est déclaré là où nous nous rendons hors de Pékin, nous pourrions y être bloqués. C’est le cas par exemple de la femme d’un copain, qui était en voyage professionnel à Shanghaï quand la ville a été confinée. Cela fait à présent 8 semaines qu’elle ne peut rejoindre Pékin (ni ses enfants de l’âge des nôtres). Nous n’avons clairement pas les reins assez solides pour risquer de rester coincés à l’hôtel si nous sommes bloqués hors de Pékin pour une durée indéterminée.

Mais ici tout est toujours dans la nuance. Il n’est pas interdit de sortir de chez soi, il est juste fortement recommandé de ne pas sortir. On ne parle donc pas de confinement. Et c’est là que nous comprenons que les chinois ne sont pas (ou plus) si dociles que ça, il ne faut juste pas que ça se voit de trop. Par exemple il y a deux semaines nous sommes allés marcher sur la Colline Parfumée (c’est un peu nos 25 bosses de Pékin). La montée était assez calme, nous avons croisés peu de monde (pas trop surprenant car un chemin plus simple en escaliers aménagés permettait aussi de rejoindre le sommet et son panorama), mais une fois arrivés tout en haut, je vous laisse voir la vue côté pile… et côté face!

Les chinois sont toujours super bien équipés pour les pique-niques: ils n’hésitent pas à sortir la tente, les hamacs, et le barbecue (ce qui n’est pas autorisé en pleine nature…). Je vous laisse deviner comment reconnaître les français au milieu de tout ça: les seuls avec juste une nappe pique-nique et des sandwichs froids 😅. On pensait que l’on serait loin de la foule, pari perdu!

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Une idée de ce qu’il est recommandé de ne pas faire 😏

Comme évoqué plus haut, nous devons réaliser des tests PCR presque tous les jours (nous avons dû en faire une bonne vingtaine depuis début mai, et à l’instant où je vous écris ces lignes, je viens de recevoir un SMS annonçant que demain est une nouvelle journée de dépistage obligatoire). Heureusement, pour les jours de test obligatoire (il faut se faire tester même quand ça n’est pas obligatoire, sinon il n’est plus possible d’entrer où que ce soit, même chez nous), le management (je dirais l’équivalent du syndic en France) organise les tests au sein de la résidence (comprendre l’ensemble des buildings d’un même compound). Ce qui est très pratique et même plus sûr car l’expérience de Shanghai a montré que beaucoup de transmissions se faisaient dans les files d’attente pour les tests (c’est un peu l’histoire qui rend fou). Le fait de le faire dans l’enceinte de la résidence permet donc de limiter les mixages (même si on doit être plusieurs milliers d’habitants ici). Notre quotidien ressemble donc essentiellement à ceci, avec ses files d’attente…

… la prise des informations d’identité pour que notre résultat soit téléversé dans notre Healthkit (jiànkāngbǎo), ce qui a pour conséquence de créer un petit embouteillage derrière les occidentaux que nous sommes puisqu’il faut rentrer manuellement les informations de nos passeports (pour les chinois il suffit de prendre en photo leur pièce d’identité)…

… puis le test (heureusement pour nos narines, ils sont faits dans la bouche)

Ensuite tous les déchets sont emmenés dans de grands sacs jaunes. Laissez-moi vous partager ce cliché, à la fois drôle par le mode de transport, mais aussi posant question car c’est assez en décalé de toutes les contraintes sanitaires en vigueur ici…

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Très clairement nous vivons avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, avec la peur d’un confinement strict à la shangaïenne, ou que l’un de nous soit positif (voir qu’une personne de notre immeuble soit positive, car le résultat serait le même au final), car ça serait arrivée à notre porte des dàbái (ce qui signifie « grands blancs », mot pour désigner les personnes en tenue de protection blanche) pour être emmené « de force » en quarantaine centralisée, avec juste quelques minutes pour préparer un sac. Pour une raison qui m’échappe, il arrive quelques fois qu’une rumeur (ayant toute l’apparence d’une information officielle) annonce un confinement imminent et l’arrêt des livraisons de nourriture. Nous avons donc, comme nos grands-parents qui ont connu la guerre, appris à faire des réserves alimentaires. Ce n’est pas si simple ici, car les chinois ont peu de conserves de légumes (sauf des haricots à la tomate, allez comprendre pourquoi). Ça n’est heureusement pas (encore) arrivé, mais nous nous sommes préparés au mieux, aussi bien logistiquement (nos placards et le congélateur n’ont jamais été aussi remplis) que psychologiquement.

Qu’allons-nous retirer de cette expérience? Très certainement pas vraiment ce que l’on est venu chercher. Je suis sur les starting bloc pour voyager, mais le risque est fort d’avoir à nouveau à décaler notre voyage prévu cet été dans le Yunnan. Cependant, malgré toutes les difficultés, nous avons construits ici une super vie sociale, aussi bien pour les grands que les petits. Mais à quel prix?! D’autant plus que c’était au moins aussi bien en France (on ne s’en rendait juste pas assez compte). Nous sommes par contre convaincus que nous reviendrons différents, beaucoup plus zen sur des sujets qui nous auraient faits partir au quart de tour auparavant. La résilience sera aussi une de nos caractéristiques, et malgré cette volonté d’enfermer le pays par rapport au reste du monde, nos enfants auront acquis une belle ouverture sur le monde.

 

Home sweet home!

Home sweet home!

Après quelques jours de silence, nous revoici! Comme vous pouvez le devinez à travers le titre de cet article, nous avons enfin trouvé notre chez nous chinois. Et de justesse, car 3 jours plus tard le lycée français nous annonçait la fermeture de tous les établissements scolaires de Pékin pour au moins un mois et demi, et le retour de l’école à la maison. La raison? Le COVID (quoique le nombre de cas est toujours extrêmement faible par rapport à ce que vous connaissez), les JO d’hiver (que personne n’aura le droit de voir autrement qu’à la télé…), et l’approche du nouvel an chinois (le 31 janvier). Je ne m’autoriserai pas de critiquer cette décision ici, mais cela, en plus de notre installation, a rendu notre quotidien assez compliqué.

Alors vous pourriez vous dire: « mais pourquoi ils n’ont pas l’air contents, alors qu’ils sont enfin posés? » Imaginez donc que vous emménagez dans un appartement (certes meublé), qu’il faut équiper avec un minimum de choses car votre déménagement n’arrive que 2 ou 3 mois plus tard, et qu’il faut acheter de quoi manger et faire le ménage (ben oui il faut bien ça aussi). Donc en route pour IKEA et Carrefour (ça, au moins, on connaît :)). IKEA c’est facile car finalement assez standard, mais le Carrefour…. personnellement je ne trouve jamais rien dans les gros Carrefour sur 2 étages en France, mais en Chine où l’organisation n’est pas la même, où tout est écrit en chinois (normal), où les habitudes du quotidien sont différentes (par exemple c’est très compliqué de trouver du produit pour le lave-vaisselle), et où l’alimentation est différente… je vous laisse imaginer la mission!

Un de mes grands moments de solitude a été le rayon des produits d’entretien justement, où je me suis sentie très bête en cherchant de la javel. Comme vous pouvez le voir sur les illustrations ci-dessous, il faut s’amuser à prendre les produits qui nous paraissent ressembler à ce que l’on cherche, et les traduire avec des applications de traduction qui sont devenues vitales depuis que nous sommes ici. Au moins, cela nous permet de rencontrer des gens, car forcément les autres étrangers nous reconnaissent en faisant cela, et n’hésitent pas à venir nous aider. Mais forcément, faire des courses quand on débute en Chine, ça prend des heures!

Pour la nourriture, là aussi c’est délicat car nous avons soit le choix entre des produits importés 4x plus cher qu’en Europe, soit des produits chinois, et là ça peut vite devenir la roulette russe (j’ai failli cracher du feu en goûtant une soupe de nouilles que j’avais choisie juste parce que le packaging était sympa). Bien évidemment, il n’y a pas que Carrefour, mais les alternatives sont alors soit les commandes en ligne (sur des applications en Chinois of course, j’ai dû mettre 3h à faire une liste de courses je crois), soit aller dans des petits marchés et autres enseignes locales, mais ça prend un temps incroyable car tout n’est pas au même endroit. Et malgré notre volonté de nous immerger au maximum dans la culture chinoise et sa cuisine, nous sommes tout simplement incapables de choisir les bons ingrédients, et encore moins de les cuisiner. Ce qui est rassurant (ou pas), c’est que tous les occidentaux rencontrent les mêmes difficultés. On se sent tout de suite moins seul ;-).

Je vous partage ci-dessous quelques images d’un marché proche de chez nous. Ce qui est bien ici, c’est que l’on trouve beaucoup de légumes et fruits en Chine, et ça on sait les cuisiner :). La viande et les poissons en revanche, c’est moins simple 😉

Toujours par rapport à l’alimentation, et aux courses en générale, il faut savoir que les chinois, du moins ceux de Pékin, se font pratiquement tout livrer. L’avantage c’est que les magasins ne sont pas bondés, mais l’impact écologique est assez négatif car cela génère énormément d’emballages supplémentaires (sachant qu’ils en utilisent déjà beaucoup trop). Nous qui essayions de tendre vers le zéro déchet quand nous étions en France, c’est fichu pour un moment! Les livraisons ne concernent pas que les courses, mais absolument tout, y compris les repas (c’est Uber Eats puissance 10 000). L’autre conséquence c’est qu’ils n’ont donc pas besoin de faire de vaisselle (et quand il y en a, c’est l’Ayi qui s’en charge), et donc très peu d’habitations sont équipées de lave-vaisselle. Nous avons la chance d’en avoir un, mais pour trouver du produit lave-vaisselle, c’est une autre paire de manches!

Je viens de vous parler de l’Ayi, et là je devine votre question. Il s’agit je dirais d’une domestique de maison. Il arrive souvent qu’elle vive chez son employeur, et c’est pour cela que beaucoup de logements ont une petite chambre, souvent sans fenêtre, attenante à la cuisine (ce n’est pas notre cas, et ça nous va très bien). Cette Ayi fait tout: le ménage, le linge, la cuisine, la garde des enfants. Personnellement, j’ai beaucoup de mal avec ce concept de « domestique », qui ne me correspond pas du tout, même pour quelques heures par jour (impossible d’avoir une Ayi juste pour 2 ou 3h par semaine, il faut au moins un mi-temps). Tout le monde ici m’explique que c’est indispensable, mais je ne suis pas vraiment convaincue. On verra quand nos 20m3 de cartons arriveront de France, nous changerons peut-être d’avis… ou pas.

Autre sujet du quotidien: le transport. En ce moment, avec le nouvel en chinois qui approche, c’est très compliqué de trouver un taxi (quand les chauffeurs ne sont pas réquisitionnés pour les JO, beaucoup sont repartis chez eux en Province pour les fêtes). Nous nous sommes donc mis au métro, car nous avons la chance d’avoir une station juste en bas de chez nous (le métro ici c’est un peu comme le RER chez nous: les stations sont assez éloignées, donc pas toujours pratique). C’est assez simple, mais il va nous falloir un certain temps pour connaître toutes les stations par coeur comme quand nous étions à Paris 😉

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Pour finir cet article sur une petite note d’humour, nous sommes allés faire une journée de ski samedi dernier. En comparaison à cette station, le Lioran ferait office de grande station des Alpes. Mais on y a trouvé la neige, et les enfants étaient ravis. Par contre comme partout en Chine, tout est hyper organisé: on peut arriver en tenue de ville, et absolument tout louer sur place. Mais le truc drôle, ce sont les snowboarders qui accrochent des espèces de grosses peluches, en forme de tortue ou de Pokémon, sous les fesses et sur les genoux, sans doute pour ne pas se faire mal en tombant. Mais le truc encore plus drôle, ce sont les skieurs qui font la même chose (et pas que des enfants)! Je n’ai pas pu m’empêcher d’en prendre un en photo pour vous partager ça (dommage, il avait enlevé les tortues de ses genoux 😉 )

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Sur ce, je vous souhaite une bonne nuit! Le prochain article vous racontera une chouette journée de balade et de patinage dans les Hutongs.

PS: admirez sur la photo d’en-tête de cet article cette jolie enfilade de lanternes! Nous pouvons l’admirer tous les soirs depuis la fenêtre de notre salle à manger, on adore!

Pékin nous voilà

Pékin nous voilà

Mercredi 22 décembre, nous atterrissons enfin à Pékin. Le décor est complètement différent de celui de notre arrivée en Chine: fini le chemin balisé et bâché, plus de tests PCR ni de prise de température, fini les gens en combinaison intégrale! Bref, nous voici dans un aéroport tout ce qu’il y a de plus normal, comme avant en somme!

Compte-tenu du contexte sanitaire, nous n’avons pas pu faire de « voyage de reconnaissance » au préalable, et n’avons donc pas encore de logement. Nous serons donc encore à l’hôtel (et à l’heure où je vous écrit ces lignes, nous y sommes encore, le marché de l’immobilier étant très tendu en ce moment). Nous arrivons dans nos chambres (2 chambres communicantes cette fois-ci 😉 ) en début de soirée, et la mission est de trouver de quoi dîner (hors de l’hôtel si possible, on n’en peut déjà plus des hôtel!). Mais… j’ai un bon plan! Avant de quitter la Chine, je suis rentrée en contact avec des expatriés français à Pékin, afin de préparer au mieux notre arrivée. Une association de Français à Pékin organise régulièrement des pots d’accueil pour les nouveaux arrivants. Il y en a de moins en moins depuis plusieurs mois (de nouveaux arrivants), mais il y en a toujours, et ça tombe bien, il y a pot le soir de notre arrivée (hasard du calendrier). Il est un peu tard, il n’y aura sans doute plus grand monde, mais ça n’est pas grave, nous avons trop besoin de rencontrer du monde et de parler français avec d’autres personnes que nous 4! Une fois arrivés sur place, dans un bistrot tenu par un Français, nous avons été accueillis comme si nous retrouvions des amis après une longue absence. En fait, ce que nous avons découvert ici en Chine, c’est cette incroyable solidarité entre les expatriés. Je pense que cela est dû à notre énorme différence de culture, qui fait que les occidentaux et le chinois se « mélangent » peu. De plus, nous sommes projetés ici dans un monde si différent du nôtre que la solidarité est nécessaire pour s’y adapter. Enfin, le COVID et la fermeture des frontières chinoises a eu pour impact que les personnes ici n’ont pour la plupart pas vu leur famille et amis depuis plus d’un an. Cela a donc renforcé les liens des personnes ici. Après un tel accueil, nous voici d’attaque pour découvrir Pékin, et pour nous y installer.

Pékin (ou Beijing, signifiant « la ville du Nord »), est beaucoup plus au nord que Shanghaï (2h d’avion séparent ces 2 villes), et est donc beaucoup plus froid (à Noël il faisait -10°C!). Le climat y est aussi très sec. Rappelons-nous en effet qu’à côté de Pékin se trouve le désert de Gobi, l’un des déserts les plus grand au monde. L’avantage de ce climat sec est que l’on a presque tout le temps un grand ciel bleu, cela donne l’impression d’un temps de sport d’hiver, ce qui est très agréable si on est bien couvert. Le revers de la médaille: nous avons la peau devenue très sèche (moi qui ne mettait jamais de crème, je ne peux plus m’en passer), et beaucoup d’électricité statique (si vous voyiez la tête de la pauvre Constance quand on lui enlève son bonnet!). Contrairement au Shanghaï très moderne, Pékin nous offre un mélange d’immeubles très modernes à côté des monuments anciens, évoquant la riche histoire de la Chine. On aime ou pas, mais nous on adore! Après un réveillon de Noël qui se voulait cosy et rassurant (le premier loin de nos familles), où le Père Noël à bravé l’obstacle de la quarantaine, nous voilà prêts à faire notre première escapade pékinoise.

Objectif: Jingshan Park (ou la colline au charbon), située au nord de la Cité Interdite. Mais c’est sans compter sur un nouvel obstacle technologique: notre application de réservation de taxi ne fonctionne plus. Et comme tous les étrangers utilisent Didi, qui n’est plus accessible aux nouveaux utilisateurs (on nous demande d’ailleurs souvent comment on fait pour survivre sans Didi!), personne ne peut nous aider (les chinois utilisent Didi ou d’autres application 100% en chinois, difficile pour nous de nous en servir). En fait nous comprenons qu’il y a toute une zone blanche autour de la cité interdite, et qu’il n’est pas possible de s’y faire déposer en taxi (ni d’en appeler un de là-bas). Une fois finalement arrivés à l’entrée du parc, de grands panneaux, écrits en chinois évidemment, nous indiquent que l’accès au parc ne se fait que sur réservation via WeChat, et que cela doit être fait la veille au plus tard. Echec! C’est là que nous réalisons que du fait qu’il n’y a plus de tourisme en Chine, nos guides de voyage ne sont plus du tout adaptés car ne tiennent pas compte de ces nouvelles contraintes liées au contexte sanitaire. Bon ben tant pis, nous reviendrons une autre fois (quand il fera moins froid par contre). Mais hors de question d’être aux abords de la Cité Interdite sans s’en approcher (nous nous doutons qu’il faut aussi réserver pour y accéder, mais au moins la voir de l’extérieur)!

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A l’extérieur de l’enceinte de la Cité Interdite, avec ses douves gelées

La Cité Interdite (ou Cité Pourpre) est l’ancienne résidence des empereurs, et fut pendant 500 ans le centre politique de la Chine. Sur le plan de « l’urbanisme », il était interdit de construire des bâtiments plus hauts autour de la cité interdite (seule exception: le Temple du Ciel), ce qui rend ce lieu très imposant (en plus de sa superficie: 960m x 750m). Je présume aussi que c’est pour cette raison que tout autour de la Cité Interdite on trouve les Hutoung, ces allées bordées de Siheyuan (maison à cour carrée), qui sont des demeures traditionnelles pékinoises assez basses. Il va nous falloir très bientôt visiter cela, afin de vous en raconter plus, car c’est magnifique! Nous avons toutefois fait un court passage dans ces Hutongs, en voici un petit aperçu avec ces quelques photos prises à la volée. C’est derrière ces imposantes portes rouges que l’on retrouve ces cours. A découvrir très bientôt! D’ailleurs j’aurais adoré habiter dans un de ces Hutongs, mais cela ferait beaucoup trop loin par rapport à l’école des enfants, située en dehors de la ville.

Alors la vie ici c’est comment? Pékin est donc une ville où le moderne côtoie l’ancien. C’est une vraie fourmilière, avec aussi ses hautes tours toutes illuminées la nuit (comme sur l’image de couverture de cet article). Les immeubles sont très hauts (nous avons même visité un appartement au 32ième étage!). En parlant d’étages d’immeubles, très souvent il n’y a pas d’étage comportant le chiffre 4, par superstition. En effet, en langue chinoise, le mot « quatre » se prononce presque de la même manière que le mot « mort ». Tout comme le 13 est aussi souvent absent. On passera donc directement de l’étage 12 à 15. Un autre constat que nous avons fait très rapidement concerne la couleur de la végétation: elle est toute grise en hiver, tellement l’air y est sec.

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vue de notre chambre d’hôtel

A l’occasion de Noël, la ville était toute décorée de sapins et décorations de Noël. Mais ici i s’agit surtout d’une fête commerciale, un peu comme Halloween chez nous en Europe. Juste après Noël, les décoration de Noël on donc rapidement fait place aux décorations en vue Nouvel An chinois, qui aura lieu cette année le 1er février (le jour variant d’une année à l’autre en fonction de la lune). Ces décorations sont rouges, couleur du bonheur et de la chance dans la tradition chinoise. Je suis d’ailleurs en admiration chaque jour quand je passe devant ces fleurs dans cette pièce toute rouge, vous ne trouvez pas que c’est beau?

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Lors de nos déambulations dans Pékin, nous hésitons de moins en moins à rentrer dans des petits restaurants typiques, où l’on choisi nos plats sur la base de photos, et où l’on ne peut manger qu’avec des baguettes. Mais qu’est-ce que c’est bon! Le principe c’est de commander plusieurs plats, que l’on dispose au milieu de la table, pour se les partager. Là je suis enfin réconciliée avec la nourriture chinoise (j’ai eu un temps de blocage après la quarantaine). Le seul soucis, c’est que nos vêtements sentent le graillon en sortant ;-). Bon, on vous avoue quand même que l’on est super contents aussi d’avoir trouvé un crêperie tenue par un Breton à côté de notre hôtel, de temps en temps cette madeleine de Proust est appréciable :).

Je passe un peu du coq à l’âne, mais s’aviez-vous que, malgré la superficie de ce pays (la Chine fait 4000km de large), la Chine ne comporte qu’un seul fuseau horaire? Conséquence pour nous à Pékin, il fait nuit à 17h en hiver (et pas beaucoup plus tard en été), alors que le jour se lève vers 7h30 en ce moment (et se levera autour de 5h du matin en été). A titre de comparaison, il y a 4 fuseaux horaires aux Etats-Unis, pour une largeur à peu près équivalente du pays.

Voici donc un rapide premier aperçu. Dans le prochain article, nous visiterons le Temple des Lamas.