Catégorie : Voyages

Voyage dans l’Univers d’Avatar

Voyage dans l’Univers d’Avatar

Aujourd’hui, nous allons vous raconter notre dernier voyage en Chine, dans les provinces du Hunan et du Guizhou (voyage qui commence à dater un peu puisque c’était en mars…🤦🏻‍♀️). Le thème de ce voyage était les forêts de pierre 🏞, notamment celles de Zhangjiajie, qui auraient inspiré le réalisateur James Cameron pour l’univers de son film de science-fiction « Avatar » 🎬.

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Nous commençons donc par une nouvelle province pour nous, le Hunan (湖南省, signifiant province du Sud du Lac), terre d’origine de Mao Zedong 🇨🇳. Premier objectif: la région reculée et montagneuse de Zhangjiajie (张家界市), rendue célèbre par sa réserve naturelle, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.

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Parsemée de pics rocheux majestueux, cette forêt de pierre abrite aussi une faune 🦅🐒🦋🐻 et une flore luxuriante 🌳💚. Ces 3000 pics karstiques ressemblent effectivement beaucoup aux montagnes flottantes des Hallelujah du film Avatar, les nuages qui s’y accrochent ☁️ renforçant d’autant plus cette similitude avec les paysages de Pandora 🌑. En chinois, les monts Hallelujah sont aussi appelés Tianzi Shan, pouvant être poétiquement traduit par « les premières montagnes étranges de Chine » ⛰. C’est beau, c’est féérique, voyez par vous-mêmes 📷:

Et c’est encore plus impressionnant en vrai! Ce pont de pierre est particulièrement à couper le souffle, et la photo ne nous permet pas de rendre l’effet waow que nous avons ressenti 😮

Ces paysages fantasmagoriques résultent de l’érosion de couches de grès , qui a laissé ces colonnes aux formes variées. En effet, il y a plus de 300 millions d’années, cette région était recouverte par l’océan. Avec la tectonique des plaques, les fonds marins ont émergé, puis l’érosion et les glissements de terrain ont formé progressivement le paysage de Zhangjiajie, qui ressemble à présent à une vaste forêt de pierre. Il n’était d’ailleurs pas rare de voir des fossiles de coquillages pris dans la roche, trace d’une époque lointaine de plusieurs millions d’années 🐚.

Bien que nous ayons choisi de faire ce voyage en-dehors des congés en Chine (un avantage d’être au lycée français), nous avons découvert la Chine post-COVID, avec une foule qui nous était encore inconnue jusqu’à présent (mais où étaient-ils tous cachés pendant ce temps?). En Chine, le tourisme étranger ne représente que 2% environ du tourisme, les touristes étant essentiellement des Chinois, et plutôt des retraités en période « creuse » (les Chinois voyagent essentiellement pendant les périodes de congés nationaux, ils ont en effet trop peu de vacances en plus de ces jours d’exode populaire). Ces groupes de retraités étaient d’ailleurs facilement reconnaissables, tous avec la même casquette 🧢 🔴, à suivre 1 ou 2 animateurs équipés d’un drapeau pour les reconnaître, et d’un mégaphone 📢 🏳.

Mini aperçu… car là en fait il n’y a absolument personne 😅.

Heureusement, notre guide Bree, qui nous a accompagné tout au long du voyage, connaissait la région comme sa poche, et nous trouvait des « passages secrets » 🤫 qui nous permettaient de nous évader loin de la masse touristique avide de prendre LA photo (sachant qu’il y a mille autres endroits où immortaliser ces paysages, mais cela nécessite de marcher un peu, de faire un petit effort quand même 🥾).

Quelques cerisiers en début de floraison, c’est la magie du printemps en Asie 🌸.

Par contre même hors de sentiers battus, les chemins restent globalement très tracés, c’est toujours compliqué, si pas interdit, d’en sortir. D’ailleurs, la plupart des touristes chinois préfèrent se déplacer en bus 🚌 (ils sont réellement partisans du moindre effort), et comme on le voit sur cette carte, le parc est très bien organisé pour cela.

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Néanmoins, étant donné l’afflux touristiques du lieu, cela est indispensable afin de préserver la biodiversité si riche du parc. Le parc de Zhangjiajie bénéficiant d’un climat subtropical et d’une biodiversité étonnante, de lacs et cascades scintillants, il abrite des variétés d’arbres rares et plusieurs espèces d’animaux en voie de disparition. De façon moins rare dans l’absolu, mais pourtant toujours encore étonnant pour nous, nous croisâmes un certain nombre de petits singes aux fesses roses 🐒, en train de jouer dans les arbres, de se dépouiller, ou pour certains si peu farouches qu’ils s’amusaient à voler la nourriture des passants peu précautionneux.

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photo prise by my dear Lydie!

Entre 2 sites secrets de Bree, nous passons aussi par ces points caractéristiques des sites touristiques chinois: des snacks avec des odeurs si typiques de la Chine, dont le fameux « tofu qui pue » (pour ceux qui me lisent depuis la Belgique, ce tofu me rappelle le fromage de Herve, aussi bien par l’odeur que par le goût), ou ces boutiques pour s’habiller de façon traditionnelle, afin d’agrémenter ensuite les photos pour immortaliser le « j’étais là! ».

Dans le programme de notre voyage, il était ensuite prévu que nous passions une nuit dans le parc. Il était indiqué: « guesthouse au confort simple », et il n’y avait pas d’autre choix car il s’agit du seul logement dans le parc. Nous nous attendions donc à quelque chose de très rustique, et nous ne fûmes pas déçus! Dépaysement total garanti, mais une nuit et pas 2 comme ça 😅: finissions made in China (les fissures dans les murs permettaient d’admirer le paysage au-travers), une planche en bois en guise de matelas (avec un fin sur-matelas par-dessus), et une salle-de-bain qui nous a bien fait rire (il vaut mieux, plutôt que d’en pleurer):

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Autre blague: la chambre qui nous était proposée en arrivant est une chambre de 2 lits de 1m20 de large chacun. Pratique quand nous sommes 4! En Chine, tout le monde dort ensemble: les enfants avec les parents, tout le monde dans le même lit. Notre guide avait l’air aussi surprise de ce qui nous était proposé (elle savait qu’en Occident les habitudes sont différente). Mais heureusement nous étions les seuls clients et nous avons donc utilisé 3 chambres juste pour nous 4: 1 avec un grand lit et de vrais WC, mais pas d’eau chaude (nous n’y avons donc pas dormi) – et 2 autres avec 2 lits d’1m 20, avec eau chaude mais WC à la turc. La Chine, c’est le pays du système D 💡!

En Chine du Sud, les hivers sont relativement doux, même si les soirées et les nuits peuvent être très froides pendant plusieurs semaines. Néanmoins, il n’y a pas de chauffage comme c’est le cas à Pékin, mais nous trouvons plutôt des clim’ réversibles dans ces régions méridionales (nous en avions déjà parlé lors de notre voyage dans les Tulous il me semble). C’est clairement insuffisant, surtout si on ajoute à cela les fissures dans les murs et jointures des fenêtres complètement inexistantes, ainsi que le fait que, pour une raison que je ne m’explique pas, il a beau faire 12°C dehors, ils ouvrent toutes les portes et toutes les fenêtres 🥶. Ainsi, à l’instar de nos amis les Chinois, nous avons dîné avec nos gros pulls🧣 (quoiqu’eux ils sont carrément en doudoune), sur cette mini table avec un gros rideau en guise de nappe, de façon à recouvrir nos jambes alors chauffées grâce au charbon incandescent dans le mini-chaudron sous la table 🔥.

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Donc à l’intérieur, pas vraiment confortable ni le charme authentique que nous aimons tant. A l’extérieur, pas beaucoup mieux… 🤦🏻‍♀️

C’est donc très chinois, mais le très chinois que l’on aime moins. Cela étant dit, en se tournant de l’autre côté du bâtiment, nous étions entourés de champs de thé 🍵, et surtout entouré de calme 🤫, loin de du fourmillement de nos amis les groupes de touristes retraités à casquette rouge, qui expédient beaucoup plus leur visite du parc, un jour étant pour eux suffisant.

La même prise 1 mois plus tard, par notre amie Lydie, qui a eu la chance d’avoir plus de ciel bleu, et surtout des fleurs🌸🌺!

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Il y faisait vraiment calme, la fabrication du thé étant à l’arrêt à cette époque de l’année (selon Lydie, la récolte devrait démarrer la semaine suivant son voyage).

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En marchant dans les environs avant le dîner, nous nous serions presque même crus à Murat, en balade près du lac du Pêcher 🎣, dans le bois de la Pinatelle 🌳, pour ceux qui connaissent 😉.

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Tout au long du voyage, ce fut aussi l’occasion pour nous (et surtout pour les enfants), de faire quelques « plus …  » du monde. Cela fera d’ailleurs l’objet d’un article à part entière, car ne cherchez pas, tous les trucs les plus hauts, les plus grands, (et les plus sots peut-être aussi?) du monde sont en Chine ✚🌁✚🎢✚🌏. Quand ça n’était pas un record, c’était tout de même très vertigineux. A Zhangjiajie, nous avons par exemple commencé notre tour par une montée en télécabine 🚡. Pas la plus quelque chose (celle-ci… suspense… sera pour un peu plus tard), mais ça n’en reste pas moins impressionnant

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Ou le passage sur des ponts assez compliqués pour moi… Merci Julien pour la photo! Moi j’ai traversé très vite 🔝.

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Ou à la descente lors du second et dernier jour dans le parc de Zhangjiajie, nous avons emprunté « l’ascenseur extérieur le plus haut du monde ». Construit à flanc de falaise, l’ascenseur Bailong (百龙), signifiant « Cent dragons » est tout de même haut de 326m.

Je ne pense pas que cela soit la chose la plus sotte, mais c’est toujours surprenant quand on pense arriver sur un spot loin des foules, et de se retrouver avec une petite dame parlant seule avec ses deux téléphones, face à un paysage sublime. Elle faisait une vidéo pour ses followers TikTok, scène toujours aussi surprenante de mon point de vue, s’adresser à un écran face à un paysage si magnifique a un côté superficiel auquel je ne me ferai jamais.

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A environ 40′ de voiture du parc, nous arrivons au grand Canyon de Zhangjiajie, connu pour son long (430m) et haut (300m) pont de verre, inauguré en 2015.

C’était très impressionnant d’avoir l’impression de marcher dans le vide. Apparemment il est interdit d’y marcher avec une gourde métallique, car si elle venait à tomber sur le verre, il pourrait se fendre. Rassurant!

Il était aussi possible de faire un saut à l’élastique à partir du pont . Même si faire cette expérience nous tente bien, nous la ferons dans un pays où nous serons capable de comprendre les consignes de sécurité ⚠️🤷🏻‍♀️. Par contre coup de chance, à notre passage une femme s’apprêtait à se jeter dans le vide 😱. Moi je dis chapeau, car c’était sacrément vertigineux! Beaucoup plus à notre portée, nous nous sommes amusés à jouer les photographes, c’est clair que le lieu nous permet des perspectives intéressantes 📷.

Ensuite, après une descente en tyrolienne pour Augustin et Julien, et en toboggan pour Constance et moi, nous avons pu profiter du Canyon vu d’en bas, et de la fraîcheur de l’eau qui y circule 💦.

Au troisième matin, après une nuit dans une chambre parfaite pour une photo de magasine, mais dont la fenêtre donnait sur le mur voisin et ses climatiseurs (on ne peut pas tout avoir: c’était soit la vue mais un lit trop petit pour les enfants, soit 4 vrais couchages mais la vue sur ce mur bruyant), nous partons pour la montagne Tianmen (天门山 , signifiant Montagne de la Porte du Ciel), célèbre pour son immense arche naturelle haute de 130m, creusée dans la montagne.

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Pour y monter, nous avons emprunté le téléphérique le plus long du monde 🚡, construit par la société française Poma. Long de 7455m et d’un dénivelé de 1279m, il ne s’agit en réalité plus de plus long téléphérique du monde, celui-ci ayant été détrôné en 2020 par un téléphérique de 9km de long, construit encore par Poma, en Serbie. Mais la Chine aime ses records, nous n’allons donc pas leur gâcher cette fierté.

Un autre record que nous pouvons observer pendant notre ascension est la fameuse « route aux 9️⃣9️⃣ virages ». C’est sur cette route tortueuse et longue de 11km que s’était lancé Ken Block pour son Climbkhana en 2019 🏁.

Toujours pour les amateurs en recherche de sensations fortes, la montagne Tianmen est aussi très connue pour les sauts en wingsuit 🦅, l’objectif étant de traverser l’arche le plus vite possible . Nous n’avons évidemment pas pu voir un de ses sportifs de l’extrême à l’oeuvre, la discipline étant surtout prisée des occidentaux, encore très rare à cette époque.

Arrivés tout en haut, avant d’atteindre l’Arche, nous devons faire le tour de la montagne, à flanc de falaise, sur des passages en pierre ou en verre. Ne vous m’éprenez pas, je suis morte de trouille, faire des photos est alors pour moi un excellent moyen de me détourner l’attention.

Tout en haut de la montagne, nous pouvons aussi visiter un temple bouddhiste. La construction très récente (même si les conditions climatiques un peu rudes du lieu lui confère un aspect plus ancien) reproduit la construction originelle datant de la dynastie Tang (6ième siècle après JC). Mais rappelons qu’en Chine ils sont beaucoup moins attachés que nous à la préservation des choses très anciennes. Elles peuvent être restaurées avec des moyens et matériaux plus modernes, sans toutes les contraintes que nous nous mettons, à tort ou raison, pour préserver l’authenticité de l’époque.

Le temple était complètement vide, sauf un monsieur qui nous suivait tout au long de la visite. J’ai demandé à notre guide ce qu’il nous voulait (en tant qu’étrangers, cela peut arriver que l’on nous suive pour s’assurer que l’on n’ait pas d’intention non autorisée), et il s’avérait qu’il voulait nous écouter parler anglais. C’est effectivement rare depuis le début du COVID que les Chinois puisse le pratiquer 🇬🇧.

Pour redescendre, nous avons emprunté « le plus long escalator du monde » . En réalité il s’agit de 12 escalators successifs à flanc de montagne, et ces portions d’escalators le rendent finalement moins impressionnant que les longs et raides escalators descendant dans les stations de métro de Moscou, celles-ci étant très profondes pour servir d’abri antiatomique.

Après ces 3 jours dans la région de Zhangjiajie, nous prenons la route vers la vieille ville des Miaos et des Tujia de Furong. Les Miaos sont une des minorités principales de la région, formant la sixième minorité ethnique de Chine, en nombre de personnes. Parmi l’artisanat des Miaos, on note notamment le façonnage de l’argent, qui sert notamment aux parures des femmes. Merci à toutes ces chinoises qui se sont habillées pour l’occasion dans ces tenues traditionnelles, toujours dans l’objectif de passer 2h à sillonner les rues suivies d’un photographe, pour immortaliser auprès de leurs followers ce séjour dans cette jolie petite ville.

Le village de Furong, perché en arc de cercle autour d’une belle cascade, est à l’origine d’un roman dont la version cinématographique 🎬 a été réalisée sur place et lui a donné son nouveau nom: la ville des Hibiscus 🌺 (芙蓉 fúróng). En effet, à l’origine ce village s’appelait Wangcun et portait bien son nom: « Wan » signifiant roi, le village s’appelait donc le village du roi car le roi de la minorité Tujia y habitait. Il s’agit d’un film relatant une histoire d’amour, comme les Chinois en aiment tant ❤️. Notre compréhension est que les mariages étant encore ici très souvent des mariages arrangés 💍 (avec les marieuses, comme dans le film Mulan), ils vivent le grand Amour au travers de ces fictions cinématographiques.

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La nuit, la cascade et les habitations illuminées qui s’accrochent dans la montagne et la verdure dessinent un tableau féerique inoubliable 🏮💦.

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De notre chambre, la vue était aussi superbe, aussi bien de jour que de nuit (quoique…). Qui dit jolie vue dit attractif, donc beaucoup de monde, donc beaucoup de bruit (rappelez-vous, la nuit les Chinois sont très bruyants, notamment car sont très férus de KTV (= karaoké) 🎤🎶).

Nous avons tout de même pris beaucoup de plaisir à « nous perdre » dans les rues de la ville, où nous avions nous-même eu l’impression d’être une attraction touristique, les étrangers étant encore si rares dans la région (l’ouverture des frontières au tourisme extérieure a d’ailleurs été annoncée au cours de notre séjour là-bas).

A noter aussi que, dans cette région, les spécialités culinaires sont déjà plus épicées qu’à Pékin, à l’instar de cet artisan fabricant du Chili 🌶🌶🌶, pâte à base de piments rouges que l’on retrouve dans de nombreux plats en Chine, dont dans cette région. D’ailleurs, saviez-vous que le piment n’est arrivé que récemment en Chine (quand je dis récemment, cela doit faire tout de même environ 300 ans)? Originaire d’Amérique latine, il aurait été introduit en Chine par les Portugais 🇵🇹, qui avaient installé un comptoir commercial à Macao 💰.

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Après cette bien jolie ballade, la nuit fut un peu plus compliquée: c’était très / trop bruyant. Entre les KTV qui hurlaient à tue-tête jusqu’à 23h30, ceux qui s’étaient installés sur notre terrasse (pas fermée) pour regarder des vidéos sur leur téléphone (sans écouteurs, sinon ce n’est pas drôle), ou encore l’éléphant qui devait occuper la chambre au-dessus de la nôtre, c’est d’un mauvais pied que nous avons pris le matin suivant un petit déjeuner typique chinois: nouille 🍜, riz 🍚, et autre plats inconnus 🥢 que nous n’avions pas trop envie de goûter cette fois-ci. Il faut dire qu’en Chine, on mange très peu sucré, voire pas du tout (d’ailleurs nous trouvons beaucoup de choses trop sucrées à présent 🧁🍪). Le petit déjeuner ne fait pas exception, et notre guide Bree faisait au mieux pour nous trouver au moins quelques fruits 🍌, du café ☕️ (soluble, mais c’est mieux que rien), du jus de fruits pour les enfants (quoique maintenant ils boivent du thé), et des oeufs 🥚. Ce matin-là, le petit déjeuner sur une terrasse humide (il avait plu toute la nuit), avec des poissons séchés et fumés 🐟 accrochés à côté de nous, était un peu rude. Mais comme toujours, on en garde à présent un très bon souvenir, même une certaine fierté, en se disant que l’on a été dans le fin fond de la Chine, dans les terres de Mao, Chine qui n’a plus aucune adaptation aux Occidentaux que nous sommes, le tourisme étranger, qui était déjà peu fréquent avant le COVID 🦠, étant devenu proche du néant depuis 3 ans.

Le soleil se remet à percer les nuages, la bonne humeur et l’enthousiasme habituels reviennent donc, et nous nous mettons en route pour les gorges de Zuolong. De taille plus modeste que le Canyon de Zhangjiajie, le parcours est toutefois très escarpé par endroit, avec ces petites échelles métalliques 🧗🏻‍♂️🪜, à la fois si étroites et espacées que nous avons dû faire demi-tour pour notre petite Constance, malgré l’aide de Super-Papa 🦸🏼‍♂️👨‍👧.

Changement de programme pour ce matin, nous allons donc à Hongshilin (signifiant forêt de pierres rouges), le géoparc national des Roches rouges qui possède de nombreuses formations rocheuses en forme de vagues, dont les couleurs changent avec le temps du noir ⚫️ au rouge 🔴.

Il y a en effet 480 millions d’années, cette zone était située au fond de l’océan de l’Ordovicien (奥陶海底), durant l’ère Paléozoïque. Ces étonnantes structures calcaires ont été sculptées par l’érosion différentielle des couches calcaires plus tendres ou plus résistantes après le retrait de l’océan. La couleur rouge de la roche carbonatée est quant à elle due aux impuretés qu’elle contient.

Avant de partir, nous nous arrêtons, comme souvent lors de nos voyages, donc un restaurant routier (je n’ai pas de meilleur nom pour ce type d’endroit sans équivalent chez nous) où nous avons pris notre déjeuner, parmi les chinois toujours aussi curieux par notre famille à l’allure si inhabituelle dans la région. Ce fut l’occasion d’assister à une partie endiablée de Mah-Jong 🃏, jeu traditionnel, mais aussi complexe, chinois ressemblant de loin à un mix entre le Poker et le Rami.

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Direction ensuite Phénix Town, ou en chinois Fenghuang (凤凰), une autre très célèbre ville d’eau. Cet oiseau mythique chinois , qui règne sur tous les autres oiseaux, est selon la légende le plus doux et le plus sage des oiseaux. Les mâles sont appelés feng (鳳) et les femelles huang (凰). Cette distinction des sexes est parfois éclipsée pour ne former qu’une seule entité féminine: le fenghuang. En effet cet oiseau est souvent associé au dragon (dont il est parfois considéré comme le parent) qui est son pendant masculin. Il était d’ailleurs l’emblème personnel de l’impératrice, celui de l’empereur étant le dragon.

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Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, la vieille ville fut construite au bord de la rivière Tuo, traversée par une succession de ponts. Sa version actuelle daterait de la dynastie Qing, au XVIII ième siècle. Avec ses vieilles maisons en bois construites sur pilotis et ses remparts, on a adoré encore « se perdre » dans les ruelles pavées marquées par le temps, pour un véritable bain de foule au milieu des odeurs de nourriture typiques de la Chine.

Les habitations sur pilotis ci-dessous seraient les plus anciennes de la ville. Ici une vue de nuit et de jour, les Chinois étant toujours aussi doués pour mettre en valeur les villes par de nombreux éclairages.

Constance a encore une fois été l’attraction des Chinois, sa petite bouille blonde étant si peu courante dans le coin.

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De nuit, la ville se réveille et se met à briller de mille et une lumières colorées, et un marché de tas de choses que l’on n’ose pas forcément goûter s’installe.

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Qu’importe la foule soudainement grandissante, nous avions trop envie de découvrir cette ville si typique et si belle, une de ces nombreuses Venise chinoises au charme malgré tout toujours authentique.

Depuis le début de ce voyage, nous goûtons à la Chine pré-COVID, avec le tourisme de masse presque essentiellement chinois (peu d’étranger venaient dans cette région, même avant 2020). Et comment reconnait-on les touristes chinois? Un peu comme les occidentaux en amplifié: ils sont très… très! nombreux, ont de gros appareils photos, et adorent toujours autant se faire photographier en tenue traditionnelle (le fait de tous vouloir se démarquer des autres les rendent finalement tous semblables).

Le lendemain, nous repartons dans les mêmes ruelles que la veille, et c’est un tout autre visage de la ville que nous découvrons: c’est plus calme, plus authentique, tout aussi beau:

Petite blague de ce matin tout de même: nous avons été prendre notre petit déjeuner dans un coffee shop pas très loin de l’hôtel (pour avoir du café et des chocolats chauds), et Bree nous avait acheté des fraises 🍓 et quelques pâtisseries. Sans trop savoir à quoi elles étaient faites, Julien pris une grande bouchée de ce qui ressemblait à un petit chausson aux pommes, pour en fait se rendre compte que c’était fourré au durian (vous vous rappelez? Ce gros fruit à l’odeur repoussante, typique de l’Asie du Sud-Est?) Le pauvre, il a eu de relents de durian toute la journée 🤢.

Suite du voyage vers une curiosité toute particulière pour nous: la Grande Muraille du Sud de la Chine. Venant de Pékin, nous pensions que la Grande Muraille était présente uniquement au Nord de la Chine, pour se protéger des Mongoles. Mais que nenni, une autre muraille, bien plus petite (longue de seulement 190km), a été érigée dans le Sud sous la dynastie Ming, avec pour objectif d’isoler les minorités hostiles au pouvoir impérial. Elle aurait ensuite été détruite par les Miaos à la fin de cette dynastie. La minorité Miao n’étant pas très redoutable, la muraille a une structure moins résistante que celle du Nord. Au fil des siècles, les pierres de la Muraille ont été utilisées par les locaux pour construire leurs maisons, les réservoirs et les canaux. Aujourd’hui, il ne reste plus grand chose de la muraille originelle, et c’est sur une reproduction circulaire que nous allons marcher.

Avant de monter sur la muraille, nous sommes abordés par une petite marchande de fleurs, au chapeau traditionnel de la minorité Miao, chapeau signifiant que la dame est déjà mariée (heureusement qu’elle avait son chapeau, cela nous a permis d’éviter tout risque de malentendu 😅).

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Nous reprenons à présent la route vers la province voisine: le Guizhou (贵州), pour la dernière étape du voyage. Pour la nuit, nous nous arrêtons dans le mignon petit village de Jiangkou, au pied du mont Fanjiang, notre dernière étape du programme. Ce village avait des airs nous rappelant les paysages des aquarelles chinoises, avec les montagnes en forme de pain de sucre se reflétant sur des lacs brumeux 🌁.

Ici encore nous nous arrêtons pour un déjeuner dans une auberge (je cherche toujours comment appeler ces endroits) chinoise.

Par contre grosse déception en arrivant dans notre chambre, je crois que l’agence a confondu les mots authentique et rustique… C’est rigolo une fois, mais 2 pas vraiment. En plus il y faisait froid, et le temps dehors ne donnait pas envie de se poser sur la terrasse.

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Notre super Bree nous a donc trouvé un autre hôtel, exactement le genre que nous aimons: petit, calme, beau, confortable. Et en plus nous avons pu nous mettre au chaud pour une partie de jeu de société, avec un bon chocolat chaud, et même des gaufres (ne pas chercher à comprendre la tête de Julien, private joke 😁🤔)!

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Passé ce petit couac, nous partons pour notre dernier jour de voyage à l’assaut de Fanjingshan (梵净山) ⛰. Le mont Fanjing est un lieu exceptionnel, connu notamment pour les deux temples bouddhistes sacrés culminant à plus de 2300m, au sommet du pic d’or des nuages rouges. Le mont Fanjing est très important dans le bouddhisme chinois. En effet, il est considéré comme le bodhimanta (lieu où l’on atteint l’illumination) du Bouddha Maitreya. C’est pour cette raison que deux temples y ont été érigés à son sommet, sous la dynastie Ming (1368 à 1644). On y trouve le temple du Bouddha et le temple de Maitreya, reliés par un petit pont. Tous deux sont un haut lieu de pèlerinage pour les bouddhistes du monde entier.

Selon l’UNESCO, qui a classé la réserve naturelle de Fanjingshan « réserve de biosphère », Fanjingshan est le seul écosystème de forêt primaire à avoir été bien conservé à une telle latitude. Par ailleurs, elle compte une espèce endémique de singe, le rhinopithecus brelichi, ou plus appelé simplement le singe doré 🐒.

L’inconvénient de cet endroit, c’est qu’il est dans les nuages en moyenne 2 jours sur 3. Les probabilités n’étaient donc pas avec nous, même si nous avons espéré jusqu’au bout d’avoir une éclaircie et un dégagement des nuages. Sans nuage, voici à quoi cela ressemble (vous verrez un peu plus bas que notre décor était disons un peu plus brumeux, les 2 photos ici sont prises de notre programme de voyage):

Mais reprenons cette journée depuis le début: prendre nos tickets 🎟! Comme toujours, nous remercions le ciel d’avoir une guide avec nous, car quand nous arrivons avec nos passeports étrangers et notre niveau de chinois proche du néant, cela amène toujours à des situations très cocasses. Il fallut être patients, le temps que la guichetière trouve un collègue sachant comment renseigner leur logiciel avec nos données (oui, à chaque fois que nous prenons un ticket, tout est soigneusement fiché, histoire de savoir qui fait quoi quand…)

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Ensuite, nous voilà partis pour de longues files d’attente, une montée en mini-bus 🚐 (la route étant trop étroite et tortueuse pour des gros bus avec une plus grande capacité), une montée en télécabine🚡, et enfin une dernière, mais pas moins longue, ascension en escaliers, pour le plus grand bonheur des enfants.

Arrivés au premier point d’intérêt de par sa forme insolite, le rocher champignon 🍄 culminant à 2318m, c’est sans surprise que nous sommes dans les nuages 😶‍🌫️.

Nous ne nous décourageons pas pour autant, et continuons notre ascension, reprenant espoir à chaque impression d’une nouvelle éclaircie. Avant de partir pour la dernière montée, complètement dans les nuages, nous passons par un autre temple bouddhiste, celui-ci étant d’ailleurs toujours habité par des moines.

On en profite pour un petit casse-croûte (on rêve d’un vrai jambon beurre quand même là)

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Alors on y croit ou pas? De moins en moins quand même… 😶‍🌫️🌁🌫

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Vous n’allez pas me croire, mais même pour monter il y avait la queue! C’était très raide, à la limite de la via ferrata, et quand c’est dangereux et que tout le monde s’arrête pour prendre des photos, ben ça ralenti tout le monde derrière! Et comme le Chinois ne sont pas de gros aventuriers, et que grimper ces marches en talons 👠 et/ou tenue de ville pour certains (et même des tenues d’Harry Potter!), c’est vraiment long 😅.

Mais arrivés tout en haut, malgré les nuages, c’est grandiose 🤩

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La descente était tout aussi impressionnante que la montée, et de temps en temps nous nous retournions pour espérer voir les temples se dégager sur un ciel bleu, mais en fait non 😭

Toutefois, nous avons pu capturer cette mer de nuages lors de la descente en téléphérique

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Et voilà la conclusion de ce superbe voyage, où pour la petite anecdote de fin, nous avons pris l’avion 🛫 avec tout un groupe de retraités qui était parti « en colo » dans la région. Je dis en colo car ils sont vraiment comme des enfants, qui prennent l’avion pour la première fois. Ils avaient l’air tout perdus, venaient se faire prendre en photo avec nous (surtout avec Julien, je n’étais plus d’humeur à supporter ce vacarme je dois avouer). Ils se levaient sans cesse alors que les hôtesses leurs sommaient de s’asseoir et de s’attacher, changeaient de place en permanence. Bref des enfants! Le clou, ce fut ces 2 accompagnatrices qui sont venues s’asseoir derrière nous, tout à l’arrière de l’appareil, et qui se sont levées et mises à hurler dans leurs mégaphones 📢 alors que les trains d’atterrissage venaient à peine de touche le tarmac. Là il n’y avait plus de barrière de la langue, elles se sont tout de suite arrêtées quand nous leurs avons dit en français de se taire et de s’asseoir. Ils sont vraiment incroyables 🤣…

Et maintenant quels sont nos prochains projets de voyage? Biensûr l’Europe cet été, et puis ensuite il sera temps de voyager en Asie 🌏, voir autre chose quand même, et surtout s’éloigner de ces foules de Chinois, à présent complètement libérés de toutes contraintes et contrôles de leurs déplacements, alors que nous aspirons au calme et la solitude en voyage.

福建土楼 – Les Tulous du Fujian

福建土楼 – Les Tulous du Fujian

Youpiiii, la Chine s’est à nouveau ouverte, le COVID fait partie du passé (sauf biensûr dans les hôpitaux paraît-il, nous ne l’avons pas vu, mais ce fut probablement une réalité en décembre), mais finie la politique 0-COVID, finies les restrictions, on peut enfin vivre NOR-MA-LE-MENT! Dès que nous avons vu la possibilité d’à nouveau pouvoir voyager au sein de la Chine sans risque d’être bloqué quelque part, nous avons pris nos billets pour une nouvelle destination à l’occasion des vacances de Noël: le Fujian, province du sud-est de la Chine, dans l’arrière-pays de détroit de Taïwan.

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La première partie de notre voyage nous mène dans le pays Hakka, à environ 200km de Xiamen, pour découvrir une spécificité unique à cette région: les Tulous (signifiant « bâtiment en terre » en Mandarin). Construits à partir du XVième siècle, les Tulous sont d’énormes bâtisses, rondes ou carrées, construites initialement à la fois dans un rôle d’habitation, mais aussi défensif. De la taille en moyenne d’un terrain de football, construits sur 3 à 5 étages autour d’une cour centrale, les Tulous sont un modèle de vie communautaire comme nous n’en avons jamais vu. Pour bien illustrer cela, voici quelques photos prises d’extérieur puis d’intérieur, et après je vous explique tout cela:

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Le village Tulous de Chuxi,  avec le plus vieux tulou, datant de plus de 600 ans
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Extérieur du Tulou du Yuchanglou

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Il n’y qu’une trentaine d’année que l’on connaît les Tulous. Notre guide nous a d’ailleurs raconté avoir accompagné au début des années 90′ un photographe français (je n’ai pas retrouvé qui), venant faire un reportage pour un magazine photo (je ne sais pas lequel). Il s’agissait d’une des premières fois où des personnes étrangères aux Tulous se rendait dans cette région. Il n’y a d’ailleurs que deux ans qu’une vraie route permet de s’y rendre, c’est donc encore un territoire assez méconnu, qui vit pratiquement en autarcie. Pour la petite anecdote, pendant la guerre froide les Américains ont cru qu’il s’agissait de silos à missiles. Il est vrai que vu du ciel, l’image doit être assez atypique 🛰.

Les Tulous sont donc des habitations construites selon une architecture défensive 🤺, pour protéger ses habitants contre disait-on les pirates japonais 🏴‍☠️. Ceux-ci n’étaient toutefois pas plus japonais que vous et moi, mais il s’agissait de pêcheurs chinois trop pauvres pour s’acheter à manger 🎣. En effet, l’arrivée au pouvoir de la dynastie Ming correspond à un moment de repli de la Chine sur son territoire intérieur. Les populations des zones côtières étant très appauvries, celles-ci n’avaient pas d’autres solutions que d’aller plus dans les terres, pour trouver de la nourriture, quitte à la voler.

Les Tulous sont faits d’un mélange d’argile, de calcaire et de sable qui, une fois séché, est dur comme du béton. Leur base est renforcée de très grosses pierres 🪨, afin de protéger l’enceinte contre les potentiels assaillants qui voudraient se frayer un passage au travers du mur. Les fenêtres donnant sur l’extérieur sont petites et ne sont qu’aux derniers étages 🪟, à l’instar des meurtrières de nos châteaux.

Il n’y a qu’une porte principale pour rentrer dans un Tulou, et parfois une porte secondaire 🚪. Je me découvre ici en Chine une fascination pour les portes je crois 😆, car je dois avoir aussi des dizaines de photos de portes des Hutongs pékinois. Peut-être car elles sont l’ouverture un autre monde, une autre culture, un mode de vie. D’ailleurs certaines portes ont été fermées à notre approche, le COVID 🦠 étant en pleine explosion en Chine, les paysans de cette région reculée sont effrayés par les étrangers (comprendre étrangers au village).

Dans les Tulous, plusieurs centaines de personnes y vivent de façon communautaire et égalitaire: tous les logements sont les mêmes, il n’y en a pas un mieux que l’autre (quoique dans un tulou carré, les habitations dans les angles sont plus sombres), et tous ont la même taille. L’organisation est la même pour chaque famille: la cuisine au rdc, l’étage au-dessus sert de réserve pour les provisions, et on retrouve les chambres aux étages suivants. Des escaliers extérieurs permettent de relier les pièces, et des coursives relient chaque appartement. Il n’y a pas vraiment de sanitaires ici: on a pu voir des seaux en bois servant de pots de chambre, et des robinets dans la cour permettant probablement de faire sa toilette.

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Tulou du Yuchanglou, célèbre pour ses piliers inclinés, sans doute un défaut de fabrication, et pourtant ce Tulou de tient debout depuis plus de 600 ans

Les escaliers reliant chaque étage, ayant parfois des allures de grenier

Ici, les cuisines du rez-de-chaussée servent aussi d’échoppes. Nous nous sommes d’ailleurs souvent demandés de quoi pouvaient bien vivre les gens d’ici.

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Tranche de vie dans les Tulous de Chengqilou et du Yuchanglou:

Au milieu des Tulous, surtout des plus gros, on trouve une petite bâtisse faisant office de temple. Il y a aussi parfois d’autres constructions au milieu, peut-être des sanitaires ou d’autres zone de stockage des réserves alimentaires.

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Le Tulou du Yuchanglou, avec ses piliers de travers

Certains des Tulous que nous avons vu ne sont plus habités, comme ce Tulou carré avec pour seules habitantes quelques poules.

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D’autres plus rares Tulous ont une architecture d’habitation chinoise traditionnelle, en rectangle et avec un étage supérieur sur un des côtés. L’esprit égalitaire est donc moins présent ici.

Encore aujourd’hui, les habitants des Tulous vivent quasiment en autarcie, et des cultures à perte de vue de riz 🌾, de thé 🍵, et de légumes 🥬🍠 entourent les habitations.

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Préparation de la terre pour semer le riz qui sera récolté à la prochaine saison (vers septembre/octobre)

Une fois récoltés, les légumes sont mis à sécher au soleil, afin d’être conservés tout l’hiver (on y trouve notamment des patates douces et de la moutarde de Chine).

Mais aussi du tapioca, servant de base pour la conception de nombreuses spécialités culinaires locales. Nous l’avons vu sur toutes ses formes, de la racine broyées, à une sorte de meule qui en faire une pâte qui sera ensuite étalée au soleil☀️ pour devenir par la suite une poudre bien blanche.

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Chacun amène ses racines de Tapioca pour les broyer dans cette unique machine du village.
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C’est avec ce pressoir que le tapioca sera transformé en pâte, qui ensuite en séchant au soleil deviendra une poudre blanche

Il y a aussi bien entendu la viande, elle aussi séchée au soleil (au côté du linge). Ici pas de déchets, la peau de la tête du cochon aussi se mange!

Une autre spécialité du coin est le vin de riz. Nous l’avons goûté, surtout par politesse à vrai dire, il se boit chaud, et ressemble à du Muscat (chaud… )

Mais parmi les villages de Tulous que nous avons pu voir, celui de Shiqiao fut mon préféré. C’était le moins touristique, donc le plus authentique, mais par conséquent celui aussi où les habitants semblaient le plus craintifs en nous voyant arriver, à l’instar d’une petite mamy qui s’occupaient des légumes séchant au soleil, qui est partie presqu’en courant à notre approche, pour mettre un masque 😷. Ici nous n’avons pas pu non plus rentrer dans les Tulous. Mais ça n’est pas grave, au moins ici c’est la vraie Chine, celle que l’on est venue voir!

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Le village de Shiqiao, posé sur les berges d’une rivière

A Shiqiao, nous sommes arrivés à la période où les habitants oeuvraient pour refaire les bords de la route (la moitié étant réellement à l’oeuvre, et les autres qui regardaient, c’est typiquement chinois!). C’était intéressant de les voir tous ainsi oeuvrer ensemble pour le bien commun, ce qui est complètement dans l’esprit Tulou! Par contre il ne fallait pas regarder de trop prêt aux finitions de l’ouvrage, pas sûre que cela tienne bien longtemps. Quelques clichés de ce village:

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L’école du village

Sur la photo qui suit, on voit une ancienne tombe. Nous en avons vu quelques-unes ainsi dans la région, la plupart étant orientées vers le sud (quoiqu’une était plein nord, mais avec un paysage magnifique en face, probablement une volonté du défunt). A présent en Chine il est interdit d’enterrer les morts, tous doivent être incinérés, faute de place sans doute.

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Une tombe

Pendant ces 3 jours dans la région, nous avons pu dormir dans un Tulou, un vrai! Il était petit, carré, mais très joliment restauré! Et comme le monde est petit, nous y avons même croisé 2 copains du lycée des enfants, qui faisaient un voyage comme le nôtre avec leur maman (le truc qui j’aurais adoré faire si je n’étais pas moi aussi au travail 👩‍👧‍👦🎒🗺🧭).

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Par contre ici, niveau isolation thermique, on repassera, je crois que je n’ai jamais eu aussi froid la nuit 🥶! Il faut dire que quand les fenêtres sont en fait des planches côte à côte, et qu’il fait 0° la nuit… En fait, il n’y a que le nord de la Chine qui est doté de vrais systèmes de chauffage. Dans le sud de la Chine en revanche, étant donné qu’il ne fait réellement froid que pendant quelques semaines en hiver, et encore c’est uniquement la nuit qu’il y fait froid, au mieux il y a des clims réversibles pour se chauffer.

Mais le matin, c’était un tel bonheur de prendre le café assis sur un banc à côté de l’entrée du Tulou ☕️😎⛰, avec la pierre chauffée par le soleil! Il y avait presque un air des Alpes ici, cet endroit nous a rappelé le café à côté du comptoir à glace du www.chalethotel-ailefroide.com (pour ceux qui connaissent, et petite pub pour nos cousins des Alpes pour les autres 😉 ). C’était la nostalgie probablement

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le café du matin, rituel le plus important de la journée!

Et comme souvent, nous en avons profité pour déambuler dans les rues, on adore ça, car c’est là que l’on peut capter le quotidien, et immortaliser les souvenirs de voyage.

Après ces trois jours intenses mais inoubliables, nous reprenons la route vers Xiamen, pour prendre le bateau ⛴ pour l’île de Gulangyu (鼓浪屿), car nous avions promis aux enfants un Noël à la plage🎅🏻🌊!

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En l’espace d’une journée, nous sommes partis des Tulous cachés dans l’arrière-pays du Fujian ⛰, pour passer par Xiamen 🏙, qui à l’instar des grandes villes chinoises est semée de très hauts immeubles très modernes, et pour finir sur cette petite île où l’on circule à pied 🏝👣, et qui est très peu fréquentée à cette période de l’année.

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Le nom chinois de l’île de Gulangyu a des résonances musicales : gu lang signifiant «vagues de tambour» 🥁, en raison du son généré par le bruit des vagues frappant les écueils 🌊, et plus exactement certaine roche percée. Yu signifie «petite île». On la surnomme aussi « L’île aux pianos » 🎹🎼 en raison des pianos souvent placés dans les jardins, les parcs ou les squares afin d’être joués en public. De nombreux musées sont aussi présents sur l’île, dont bien évidemment un musée du piano, mais aussi le plus vaste musée au monde consacré au thème de l’orgue.

Cette île côtière d’environ 1.5km2 est située au Sud-Ouest de l’île de Xiamen, dont elle dépend administrativement. Passée sous contrôle européen par le traité de Nankin en 1842, l’île fut l’un des ports coloniaux de la Chine. Redevenue chinoise, elle a conservé de nombreux bâtiments coloniaux, ce qui donne un style unique entre mélange colonial est chinois, avec des aires de la région d’Antibes.

Certains « vestiges » coloniaux sont assez surprenants, d’autant plus qu’un petit panneau expliquait que cette architecture était à l’époque un modèle de design et de modernité. Vu l’aigle au-dessus de l’entrée, et le style architecturale (absolument pas design), nous en avons déduit qu’il s’agissait d’une ancienne concession allemande.

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Le point culminant de l’île, appelé le Rocher du rayon de soleil (日光岩, rìguāng yán), permet d’observer l’ile et le port de fret de Xiamen. Pour y monter, il faut passer par différents pavillons, notamment ce petit temple bouddhiste, dont la forme de la toiture est très typique de cette région.

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Par la première fois de notre vie, nous avons passé un Noël loin du froid, un Noël sur le sable à faire des châteaux et des forts contre la marée, au grand bonheur des enfants, mais aussi des parents, car nous étions complètement rincés par les 2 moins précédents (voir mon dernier article Le Big Bang de la Chine).

Avec le climat doux en journée, et frais le soir, cela donne libre court à l’imagination de Constance pour choisir ses tenues vestimentaires, toujours aussi surprenantes que décalées 😅🧢.

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Sur l’île, nous avons pu manger biensûr la spécialité locale: les fruits de mer! Et c’est vraiment excellent avec les arômes de la cuisine chinoise 🥢🐚.

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Mais pour le jour de Noël, comme cela nous arrive de temps en temps, nous n’avions pas du tout envie de manger de la cuisine chinoise, pourtant excellente, mais des fois on a des envies de cuisine française. Nous prenons donc le bateau le 25 décembre pour Xiamen, où nous avions trouvé un restaurant tenu par un chef français 🇫🇷🥖. Le restaurant, tout comme la ville, était complètement vide car ils étaient au pic de la vague de COVID (alors qu’elle était déjà loin derrière nous à Pékin). Mais nous avons passé un super moment, d’autant plus que le restaurant était juste au pied de la grande roue, au grand bonheur des enfants 🎡!

Pour la petite histoire, Xiamen est une des villes où il fait bon vivre en Chine. En bord de mer, le climat y est très agréable tout au long de l’année, quoique très chaud l’été, et elle possède aussi une université très renommée.

Xiamen, de jour et de nuit:

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Dernier petit cliché pris sur Gulangyu, nous rappelant que malgré le style complètement différent ici par rapport à la Chine que nous connaissons, pas de doute on est bien en Chine!

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Alors que Paris s’invite même dans les endroits les plus improbables

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Fin d’une petite semaine complètement hors du temps, déconnexion totale, de nouveaux super souvenirs rangés dans un coin de la tête. La Chine a le pouvoir incroyable de jouer avec nos nerfs tout en étant terriblement attachante, mais la Chine on l’aime ou on la quitte… la Chine est fascinante, elle nous émerveille tous les jours, et pour ça on l’adore ♥️!

Et pour finir, une petite touche d’humour qui résume parfaitement bien ces dernières années et la nouvelle année qui commence avec 1000 promesses de voyage 🛫 🚅!

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Yunnan (云南) – Voyage sur les rives tropicales du Mékong

Yunnan (云南) – Voyage sur les rives tropicales du Mékong

Je n’ai jamais mis autant de temps pour un article… entre la reprise du travail et la rentrée des classes, je n’ai plus beaucoup de temps pour écrire 🥱. On va dire que c’est juste le temps de se remettre dans le rythme. Mais j’espère surtout que cet article ne sera pas trop décousu, car difficile de garder le fil conducteur en écrivant 3 lignes tous les 3 jours 🤷🏻‍♀️.

Ça y est, notre road trip dans le nord-ouest du Yunnan touche à sa fin, et nous reprenons l’avion ✈️ pour la région autonome du Xishuangbanna (signifiant « 12 000 rizières » 🌾), plus précisément pour la ville de Jinghong.

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Grande comme la Belgique, cette région frontalière du Laos et de la Birmanie (Jinghong n’est qu’à 30km de sa frontière!) représente ce que la Chine a de plus tropical 🌞🌴💦. Eh oui! Même si nous ne pouvons pas passer les frontières chinoises (enfin si c’est possible, mais bonjour le parcours du combattant pour revenir), ici on se sent dans ce que l’on imagine de la Thaïlande, du Vietnam, et du Laos. Et le mythique fleuve Mékong y contribue beaucoup, avec ses rives bordées par la jungle, les odeurs de nature après la pluie, l’air chargé d’humidité, on se croirait dans un décor de film se déroulant au Vietnam! Venant du Tibet, le Lancang Jiang (c’est le nom chinois du Mékong) traverse du nord au sud cette province verte de la Chine, puis vient marquer une frontière naturelle entre le Laos et la Birmanie, avant de s’enfoncer dans l’ancienne Indochine.

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Cette région est habitée principalement par la minorité des Dai, cousins germains des Thaïs. Ce « pays à dos d’éléphants » (comme on l’appelait autrefois) était leur royaume jusqu’en 1953. La culture des Dai est similaire est celle du peuple Thaï, de par l’architecture des maisons, la façon de prier dans les temples bouddhiques, la langue (à l’oreille c’est très différent du mandarin), et l’écriture.

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Nous sommes arrivés en début de soirée dans notre hôtel, situé le long du fleuve et en plein coeur de Jinghong. Après les 10 jours où nous étions finalement très isolés du tourisme de masse et où nous étions dans des petites villes plutôt authentique, le changement de décors est assez brutal: de hauts immeubles lumineux aux formes rappelant les tropiques 🌃🍍🌴, des lumières multicolores, des voitures de luxe à louer pour une balade, et surtout du bruit et du monde.

Mais ce que nous apprécions vraiment, c’est cette vue de nuit sur le Mékong, qui offre un panorama venant parfaire le plaisir de voyager.

Nous partons à la recherche d’un endroit pour dîner. La réception de l’hôtel (où personne ne parlait anglais, la semaine s’annonce challenging sur le plan de la communication 😅), nous avait conseillé un restaurant très populaire dans le marché de nuit juste à côté. Même si ce marché de nuit est un des lieux incontournables de Jinghong 🎆, nous y retournerons en journée, ça sera plus calme 😱.

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Couleurs et lumières au-dessus du très fameux marché de nuit de Jinghong

(plus tard nous sommes donc retournés de jour au marché de nuit. Evidemment presque tout était fermé, mais cette allée très colorée est très agréable, on y fait volontiers un petit détour, comme je le faisais autrefois en rentrant à la maison pas Gare de Lyon, où je faisais un détour par la rue Crémieux)

Il y a aussi le marché de nuit version locale, nous expliqua cette jeune chinoise qui a marché une bonne heure avec nous le long du quai du fleuve, trop contente qu’elle était de pouvoir pratiquer son anglais. Ici on retrouve des odeurs qui caractérisent tant cette Chine tropicale, des odeurs de nourriture dont nous ne préférons pas connaître les ingrédients, et de fruits si délicieux!

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Le lendemain, le programme promis aux enfants est: piscine, piscine, et puis si on a le temps, on ira à la piscine 🥳. Bref, ne rien faire en vacances, c’est pas mal non plus. C’est aussi l’occasion de déambuler un peu dans la ville, et de nous faire une meilleure idée des Chinois en vacances. La fameuse étoile ayant disparu pour tout le monde (voir mon article Fichue étoile! ), tous les chinois en profitent pour voyager (et ils ont eu bien raison! Car ça s’est bien gâté en août). Ce qui fait qu’en comparaison d’ici, la côte d’Azur en plein mois de juillet a des allures de port de pêche du Finistère Nord au mois de novembre (j’exagère un peu, mais pas tant que ça 😁). Les chinois en vacances (et je m’excuse auprès de mes amis chinois qui peut-être me lisent, mais c’est réellement ce que nous avons ressenti), c’est comme des ados en colo! La journée ils ne font pas grand-chose à part manger, se prendre en photo et dépenser de l’argent (ici c’est très important de dépenser beaucoup d’argent en vacances, regardez aux Galeries Lafayette à Paris quand ils pouvaient encore voyager!), donc le soir (et la nuit 😡), ils sont en super forme! Globalement (et ça c’est valable toute l’année), les chinois sont assez bruyants, et ici en vacances, c’est encore pire.

Je vous fais donc une petite parenthèse d’Histoire. En effet, une explication que l’on nous a donnée sur le fait d’être si bruyant ici serait un héritage de la révolution culturelle, période très sombre de l’Histoire de la Chine du XXième siècle. Initiée par Mao Zedong, la révolution culturelle a été lancée afin de purger le Parti Communiste Chinois (PCC) de ses éléments « révisionnistes » et limiter les pouvoirs de la bureaucratie. De nombreux massacres ont alors été perpétrés, notamment lors de rafles pendant la nuit, pendant le sommeil des gens. Une habitude consistant à faire du bruit a donc été prise, afin de décourager ces rafles (difficile d’être discret dans ces conditions).

Revenons à présent à Jinghong. Là où nous nous trouvons, nous sommes en plein coeur du quartier de Gaozhuang Xishuangjing. Ici, c’est la folie des grandeurs, version chinoise. Un immense quartier sorti de terre en moins de 15 ans et entièrement dédié aux divertissements de la nouvelle bourgeoisie chinoise. Dans ses rues, on trouve des hôtels de luxe (quoi que pour beaucoup, comme par exemple le nôtre, passé l’effet Waow, on voit vite que c’est beaucoup dans l’apparence uniquement, et que c’est souvent mal entretenu), des boutiques de luxes (en vacances, je vous l’ai dit en Chine il est important de pouvoir dépenser de l’argent), des restaurants (et oui, les chinois mangent tout le temps!), des marchands de thé 🫖🍵 (nous sommes très proche de la ville-préfecture de Pu’er, célèbre pour son thé), et des marchands de Durian. Le Durian est un fruit de la taille d’un ballon de rugby, hérissé d’épines. Il est aussi très connu pour son odeur pestilentielle (il est par exemple interdit d’en consommer dans le métro). Les asiatiques pourtant en raffolent, mais nous n’avons toujours pas compris pourquoi 🤢.

Dans les rues, on trouve de tout, comme ces scooters ressemblant à des toutous, certains étant même disponible en version side-car, et le mieux étant d’en trouver un assorti à sa robe, ça donne mieux en photo 💃🏻👗.

Ou des travaux, où il vaut mieux avoir un bon équilibre…

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Ou encore ces rues, où règne un fourmillement permanent, ce genre d’endroit où l’on ne voudrait pas vivre et pourtant où l’on adore aller car c’est ici où est la vraie vie de la ville, et non cette vitrine complètement fake pour les vacanciers.

C’est aussi dans ces rues que l’on trouve toujours des endroits improbables pour manger (ben oui, nous aussi on doit se nourrir de temps en temps), même si pour commander c’est toujours un véritable challenge! En fait les cartes avec images c’est vachement bien. Mais au jour d’aujourd’hui, tout se fait par WeChat, y compris pour commander au resto, et ça c’est beaucoup moins intuitif quand c’est complètement en chinois…La modernité n’a pas que des avantages. On a dû leurs faire pitié, car ils nous ont trouvé une ancienne carte, et un client est même venu faire l’interprète… un échange d’une photo de sa soeur avec Constance 😅.

Et comme tous les soirs, ça n’est pas la peine de commander un taxi comme à Pékin, ici c’est à l’ancienne, en hélant le premier taxi qui passe 🚖. Nous aurions voulu louer des scooters (les enfants auraient adoré aller dans un side-car), mais sans carte d’identité chinoise c’est assez compliqué, voire impossible ☹️.

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Pour notre deuxième journée dans le Xishuangbanna, le programme nous conduit à la Vallée des Eléphants 🐘. Elle se situe à environ 30km au Nord de Jinghong, en bordure d’une réserve naturelle protégeant la forêt tropicale et les éléphants sauvages. Xishuangbanna est la seule région où résident les éléphants sauvages de Chine et la Vallée des éléphants sauvages le seul endroit où l’on peut les observer, bien que la rencontre ne soit pas certaine. La preuve… nous ne les avons pas vu ! En effet, ils détestent le bruit, dommage quand on est en Chine 😂 ! Et puis ils sont malins, il faisait si chaud qu’ils ont préféré aller se mettre au frais dans la forêt! Quand on parle de jungle ou de forêts, ici il s’agit surtout de forêts d’hévéas. Cette essence d’arbre a sans doute beaucoup de qualités, mais elle n’en est pas moins néfaste d’un point de vue écologique, car elle est responsable en grande partie de la déforestation en Afrique et en Asie du Sud-est, la demande en caoutchouc naturel étant de plus en plus importante.

Nous avons pourtant deviné la présence des éléphants, avec les énormes empreintes de pas que nous pouvions voir en contre-bas dans la boue, le long de la rivière, ainsi que par la taille de leur excréments (et ouai! 💩). Une soixantaine d’éléphants sauvages résident ici. Ils s’approchent très occasionnellement des humains. Un sentier aérien en bois de 2km s’étend le long du parc et permet aux touristes de parcourir une partie du parc depuis les airs.

A défaut d’avoir vu des éléphants sauvages, nous avons vu un singe 🐒 et un paresseux 🦥 accrochés dans les arbres. Ils n’étaient pas difficiles à trouver, il suffisait de lever les yeux quand on voyait un Baoan 👮‍♂️ montant la garde à côté d’un arbre. Pour ceux qui ont vu Zootopie, un paresseux ça se déplace réellement au ralenti, encore pire qu’Augustin au réveil!

Un spectacle d’éléphants domestiqués était aussi donné dans le parc, pour le bonheur des enfants. Ce genre de spectacle, où qu’il soit, ne nous plaît pas forcément, question de valeurs, mais les enfants étaient contents, et on pourra dire que nous avons vu les éléphants du Xishuangbanna ✅.

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Dans ce parc, parmi les animaux que nous pouvions voir, pas toujours dans des super conditions d’ailleurs…, il y avait une énorme volière à papillons. Des papillons par centaines 🦋, qui se posaient même sur nos têtes, nos mains, sans aucune crainte, alors que nous n’avions qu’une peur, c’était de frôler leurs ailes, car me semble-t-il ça n’est pas très bon pour eux.

Après cette longue journée sous un soleil de plomb, les enfants n’ont qu’une envie… la piscine évidemment! Nous avions dans l’hôtel une chambre familiale (décorée sur le thème de Saint Exupéry), donnant sur la piscine, pour le plus grand bonheur des enfants! Un peu moins pour nous, car vous vous en doutez, c’est bruyant quand certains décident de se baigner tard. Mais, cette semaine est la semaine des enfants 👦🏼👧🏼.

Par contre du point de vue de l’intimité, c’est assez moyen. L’intimité est beaucoup moins un sujet pour les Chinois que pour nous. Ça n’en reste pas moins délicat, et ça l’est encore plus quand dans notre chambre, la porte des toilettes et de la douche est en réalité une vitre, et que cette porte fait directement face à la fenêtre de la chambre, qui donne… sur la piscine!

Le jour suivant, un programme bien chargé nous attend encore. Nous nous rendons d’abord au magnifique jardin botanique de Menglun. Il s’étend sur une petite péninsule encerclée par la rivière Lupsuo, à proximité de la ville de Menglun, à 70km à l’Est de Jinghong. Ce jardin botanique a été fondé en 1959, par Cai Xitao, un botaniste chinois réputé, et couvre une superficie de 900 ha. Avec une collection de plus de 12 000 espèces botaniques domestiques et introduites, c’est le plus grand jardin botanique tropical de Chine. Le jour de notre visite, il pleuvait des cordes ☔️. Mais finalement, ça nous va très bien, car la pluie mélangée à la chaleur accentue encore l’ambiance tropicale, et fait encore plus ressortir ces odeurs de la nature. Et cerise sur le gâteau 🍰, nous pouvons profiter tous seuls à pied du parc (on avait nos k-way), la plupart des gens préférant parcourir le parc abrité dans des golfettes.

Rien qu’à regarder à nouveau ces photos je sens encore ces odeurs de nature tropicale humide. Ça me transporte dans les pays d’Asie du Sud, si proches et pourtant encore inaccessibles.

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Nous avons vu aussi un arbre à durian, même d’en bas on pouvait sentir cette odeur horrible (je ne pas la décrire, mais vraiment ça sent mauvais). La pensée de cette odeur me transporte plutôt dans les rues du vieux Jinghong, étroites, sales et pleines de monde, avec des étals de fruits et de gros cageots de durians.

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Pour le déjeuner, ici pas de jambon beurre, mais des hot pot, ces pots de bouillon à base de nouilles et de viande 🍜. Pour accompagner, un délicieux jus de fruit de la passion 🥤, comme on en trouve partout dans cette région. Ici les fruits de la passion, qui sont jaune à l’extérieur, sont beaucoup moins acide que les violets que l’on peut acheter chez nous. Nous aurions aussi pu prendre du jus de noix de Coco 🥥, fraîchement préparée. Constance, dans sa volonté de manger avec les yeux, a plutôt opté pour une saucisse de canard. C’est un peu comme les fricadelles, je préfère ne pas savoir comment c’est fait…

Après ce repas, nous préférons encore repartir à pied, la file pour avoir une place dans une golfette étant très dissuasive 🛺.

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Nous retrouvons un peu plus tard notre chauffeur, et faisons route, toujours le long du fascinant Mékong, vers Ganlanba, bout de campagne au milieu des rizières, essentiellement peuplé par la minorité Dai. Dans ce parc dédié à la culture Dai, on peut trouver quelques villages typiques, mais comme souvent ici « nos pas ne peuvent quitter le chemin balisé ». Comme dans tous les lieux un peu touristiques, on ne va pas où on veut comme on veut (pas grave, on reviendra tous seuls la prochaine fois, il paraît que c’est encore mieux de parcourir ces campagnes à vélo, pour voir « les vrais gens »). Au milieu de Ganlanba, nous avons pu visiter un superbe temple bouddhiste en bois, enclave de sérénité comme on peut en voir tant dans cette région de Chine.

Avec en prime une comparaison de l’écriture Dai avec les caractères chinois (et des filles beaucoup moins ordonnées que les garçons! 👟😂).

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Un peu plus loin nous pouvons voir un autre temple bouddhiste en bois, ainsi que son stupa. Comme tous ces lieux, il s’agit encore d’un véritable havre de paix. Nous y croisons d’ailleurs quelques moines, certains à priori à peine plus âgés qu’Augustin, se dépêchant pour ne pas arriver trop en retard pour la prière. C’est amusant de voir ces moines en tenue traditionnelle, le kesa, et de grosses baskets, style Nike Air.

Pour finir cet après-midi dans l’univers Dai, on nous a conseillé d’aller voir « la Fête de l’eau ». Sans savoir vraiment de quoi il s’agit, nous suivons la foule (oui parce qu’ici dans le Yunnan, il y a encore moins de monde parlant anglais), en pensant bien que tout le monde s’y rendait (ça semblait être un évènement très populaire)

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Nous arrivons donc sur une grande place, entourée d’échoppes et de bancs (déjà bien pleins), et au milieu une grande fontaine. On ne sait pas trop quoi faire, on se dit alors que l’on va attendre, comme tout le monde. Quelques enfants, certains en combinaison de piscine et munis de bassines ou de pistolets à eau 🔫, commencent à essayer de s’approcher de l’eau, mais ils se font à chaque fois refouler par des « vigiles ». Cela ne nous étonne pas vraiment, il y a des fois des interdits pas toujours très logiques (car par cette chaleur, un peu d’eau aurait fait du bien!). De plus en plus de monde arrivait, et beaucoup avec des récipients et des pistolets à eau (d’ailleurs il y avait quelques marchants de pistolets à eau un peu plus loin). Mais que se passe-t-il ici? Il y avait aussi cette ligne au sol, faisant un cercle plus large autour du plan d’eau, derrière laquelle la plupart des gens se mettaient pour attendre… Et puis à un moment, après un discours biensûr incompréhensible pour nous, ils se sont tous jetés à l’eau 💦!

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Par la suite, nous avons compris que la Fête de l’eau correspond au Nouvel An Dai, qui est une déclinaison locale du Songkran thaïlandais. Ayant lieu mi-avril, le Nouvel An Dai se déroule sur 3️⃣ jours: le 1er jour se tient un marché géant sur les berges du Mékong, le 2ième se tient une course de bateaux dragon et des spectacles de danse et de musique. Enfin, le 3ième jour c’est l’apothéose: pour appeler la pluie bienfaitrice, les participants s’arrosent à coups de grands seaux d’eau, de pistolets à eau, de jets et bombes à eau. Ils rendent ainsi hommage à Nang Thorani, déesse de la Terre qui tordit sa chevelure pour en faire jaillir des torrents d’eau capables d’engloutir les armées du démon. En plus, plus on est mouillé, plus on aura de chance dans l’année!

Après cette journée haute en couleurs, nous avions une folle envie… de manger « western ». La nourriture chinoise est vraiment délicieuse, mais il y a des moments où en fait non, on sature, on a besoin de revenir vers nos repères. A Jinghong le choix pour dîner western n’est pas très varié, le choix se limite rapidement à des pizzas ou des burgers. TripAdvisor nous amène donc dans ce Bistro digne d’un décor de film américain, tenu pour un Canadien « Jim » 🇨🇦. Mais quelle bonne soirée! En Chine, nous sommes si peu d’étrangers que rapidement on se met à discuter ensemble pendant des heures, on échange nos WeChat si jamais nos chemins devaient encore se croiser, une véritable solidarité se crée sans rien attendre en retour.

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Finalement tous les soirs on choisissait de manger Western, ce qui nous a d’ailleurs conduit le vendredi soir dans un autre restaurant (tenu par un Hollandais 🇳🇱 si je me souviens bien, et qui brassait sa propre bière!) au milieu d’une grande tablée de « Laowai » (terme pour désigner les étrangers non-asiatiques en Chine) ayant pour habitude de s’y retrouver tous les vendredis soir. C’était fabuleux cette soirée à discuter avec des Américains 🇺🇸, des Australiens et des Néo-Zélandais 🇦🇺, et même un Suisse avec un style improbable de soixante-huitard chic. Gérard, le Suisse🇨🇭, nous a expliqué être arrivé ici il y a 18 ans, alors qu’il n’y avait encore presque rien, sauf de grandes forêts d’hévéas. Il a donc décidé de planter une jungle (oui oui, vous avez bien lu). Au milieu de sa propriété, où l’on retrouve je ne sais plus combien d’essences différentes, il tient 5 chambres d’hôte dans des cottages, tout en bois, où parfois même des singes s’invitent 🐵. Nous avons définitivement envie d’y revenir le temps d’un week-end long ou pourquoi pas pour Noël 🎄?

Nous avons à nouveau une journée « sans rien de prévu ». La nature, surtout la mienne, ayant horreur du vide, nous partons (à pied!) au parc Manting, magnifique jardin botanique en plein centre de Jinghong, de l’autre côté du fleuve. C’était malheureusement sans tenir compte que nous ne sommes pas tous égaux face à la chaleur, je me suis faite appelée Arthur sur tout le trajet 🥵.

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traversée du pont à pied

La nuit suivante, Julien et moi avons été réveillés par les cintres qui se cognaient entre eux dans le placard… un tremblement de terre! Pour nous deux, c’était la première fois que nous en « sentions un ». Personnellement, passé la question « mais… c’est un tremblement de terre? », je me suis rendormie directement. Julien par contre a été tenu réveillé un moment par ce qui ne m’a traversé l’esprit que le matin au réveil « mais on aurait pu voir tout l’hôtel s’effondrer sur nous! ». Et pour cause, il ne s’agissait pas d’un petit tremblement de terre : magnitude 5 à seulement 100km de nous!

IMG_4564Pour notre dernière journée « programmée, nous commençons par la visite du village Dai de Manzhao, où l’on fabrique encore du papier de manière traditionnelle.

On s’y promène et au fil des maisons, on peut y observer les locaux fabriquer de superbes feuilles de papier de riz. Les enfants s’y sont même essayé. Dans l’ordre ici la fabrication du papier de riz:

Au-delà de la technique de fabrication du papier, c’est aussi un très joli village, au milieu duquel trône bien évidemment un temple bouddhiste. Et celui-ci nous offre un beau panorama sur le village.

Nous avons même eu droit à la fameuse cérémonie du thé (nous y reviendrons un peu plus loin), servi par le bouddha (prêtre principal) du temple lui-même! Encore une fois le décalage que l’on se fait des moines bouddhistes nous a fait sourire. Certes il s’agit de moines, mais ils ont des téléphones dernier cri, de belles baskets, et ils sont surtout très sympathiques et très drôle!

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Nous reprenons la route, direction la pagode octogonale de Jingzhen. Ici, nous sommes seuls au monde, nous sommes accompagnés uniquement du tintement des clochettes sur le toit, moment de zénitude garanti!

Avec une fresque sur la vie de Bouddha, passé de prince hindou à fondateur du bouddhisme.

L’heure du déjeuner arrive, et tout comme avec Jeff, nous nous arrêtons dans un endroit improbable, où l’on peut manger du poulet « rôti à plat » (comme au Portugal) dans un…. garage, ou une carrosserie, je ne sais pas. Le poulet est cuit dans l’entrée, et on mange au-dessus du garage.

Le poulet est entier, certains n’ont pas pu s’empêcher de s’en amuser 😁🐓.

Puis nous prenons la route vers la montagne Nannuo Shan, l’une des six montagnes à thé qui ont fait la renommée du thé Pu’er ⛰☕️. Encore une fois, ces paysages nous ont replongés dans notre voyage au Sri-Lanka il y a 14 ans, décidément ce voyage nous a marqués.

Petite anecdote tout d’abord: le Xishuangbanna est une région autonome. Ainsi, quand nous quittons sa limite pour nous rendre vers la plantation de thé, nous devons nous arrêter à un poste de contrôle de police 🛂. Donc comme d’habitude, il nous faut répondre à un certain nombre de questions, sauf que certaines sont absolument ridicules, comme le numéro de vol par lequel nous sommes arrivés en Chine 9 mois plus tôt…), ainsi que le numéro de siège! Nous n’avons pas trouvé mieux comme réponse qu’éclater de rire 😆, même le policier a ri de l’absurdité de la chose.

Revenons donc au thé Pu’er. Il s’agit du thé chinois le plus réputé. Il ne s’agit ni d’un thé noir ni d’un thé vert, mais d’un thé « sombre ». A l’instar des grands vins, le thé Pu’er se bonifie en vieillissant, du moins pour les meilleurs crus. Les thés de cette famille se différencient de toutes les autres familles par la fermentation qu’ils subissent (fermentation, et non oxydation). L’oxydation est la réaction qui se produit naturellement chez tous les végétaux une fois récoltés au simple contact avec l’oxygène contenu dans l’air, comme par exemple une pomme qui noircit après avoir été coupée. Il en est de même pour le thé car, une fois ses feuilles récoltées, le processus d’oxydation s’amorce naturellement. La fermentation, quant à elle, est une réaction différente. Elle peut se produire chez les végétaux sous l’effet de micro-organismes (des levures ou des bactéries). C’est notamment grâce à la fermentation que le sucre du raisin se transforme en alcool lorsque l’on fait du vin. Cette réaction est due à l’action de bonnes bactéries naturellement présentes dans les aliments qui, soumises à certaines conditions de chaleur et d’humidité, sécrètent des enzymes qui vont modifier l’aliment d’origine. Le thé Pu’er est donc soumis, lors de son élaboration, à la chaleur et un certain taux d’humidité pour activer sa fermentation et se retrouve ainsi, outre son goût transformé, particulièrement sain pour l’équilibre de notre organisme.

Nous arrêtons donc la voiture dans un petit village, et partons à pied dans la forêt.

Nous arrivons un peu plus loin, après que Julien soit tombé nez à nez avec un serpent 🐍, dans un endroit ressemblant au repère de Peter Pan, avec des petits sentiers suspendus, reliant des petites cabanes en bois.

Comme dans tous villages de théiers, il y a aussi « le plus vieil arbre à thé », celui-ci étant vieux de 800 ans (j’ai d’ailleurs lu que l’on pouvait en trouver vieux de 2000 ans!)

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Comme évoqué dans un précédent article, les Chinois ont développé une technique ingénieuse pour le stockage du thé. En compressant fortement les feuilles de thé, on crée des volumes compacts faciles à empiler sans perte de place, et permettant de plus de mieux préserver le thé lors de longs voyages. La compression limite en effet le contact des feuilles avec l’air et ralentit ainsi l’oxydation des feuilles. Il s’agit des fameuses galettes de Pu’er, et ce format est encore aujourd’hui celui qui prime lors du façonnage des Pu’er. Même si on peut trouver du thé Pu’er en vrac, la plupart sont compressés sous diverses formes : galettes, briques, boules, etc.

Et ici encore, nous avons droit à la « cérémonie du thé ». Appelée Gong Fu Cha (signifiant « prendre le temps pour le thé »), cette cérémonie consiste à révéler tous les arômes du thé en préparant en quelques instants un thé très concentré. Les feuilles de thé sont infusées jusqu’à épuisement des arômes, il est d’ailleurs possible de conserver les mêmes feuilles jusqu’à 10 infusions pour un thé de très bonne qualité. Les ustensiles pour la cérémonie du thé sont:

  • Une petite théière 🫖, de préférence en terre cuite (mais ici elle est transparente, pour mieux admirer la robe du thé)
  • Un pot à thé avec une petite passoire ou un couvercle pour retenir les feuilles de thé
  • Des petites tasses de dégustation 🍵 à l’intérieur blanc de préférence pour mieux apprécier la couleur du thé (ici pas de gros mug pour boire le thé)
  • Une bouilloire
  • Un plateau ajouré avec un réservoir qui accueillera toute la vaisselle et l’eau versée

Le rituel se passe ensuite selon les étapes suivantes (attention, ce rituel est digne de la dégustation d’un grand vin!):

  • Il faut d’abord laver et réchauffer les ustensiles, afin d’éviter les chocs thermiques. Pour cela on verse de l’eau bouillante dans la théière, puis depuis la théière dans le pot, puis dans les tasses
  • Ensuite, on procède au lavage et à l’humidification des feuilles de thé. Pour cela, il faut placer le thé au fond de la théière puis verser de l’eau frémissante dessus pour ensuite jeter cette première eau
  • Le moment de la véritable première infusion est venu. On verse de l’eau bouillante dans la théière puis sur la théière, et on laisse infuser pendant environ 1 minute. Il faut ensuite transvaser le thé dans le pot muni de la passoire pour homogénéiser l’infusion puis dans les tasses. Au fil des infusions, les arômes et la couleur évolueront…

Ici nous avons pu goûter le traditionnel thé sombre Pu’er, mais aussi du thé blanc, c’est-à-dire celui ayant reçu le moins traitement lors de son élaboration.

C’est ainsi que ce termine ce premier tant attendu voyage dans notre conquête de l’Asie. Nous sommes revenus avec des étoiles plein les yeux, des souvenirs pleins la tête, et heureux par les rencontres, souvent improbables, faites. Tout comme Paris n’est pas la France, Pékin n’est pas la Chine, et la diversité découverte ici est très prometteuse pour la suite (même si à l’heure où je vous écris, sortir de Pékin est encore très risqué, le retour n’étant pas du tout garanti sans passer par la case quarantaine, même en ne quittant pas la Chine). Ce fut aussi l’occasion de comprendre comment nous aimons voyager en Chine, et nous comprenons que sortir des sentiers battus est encore plus nécessaire ici, notre façon de voyager n’étant pas mieux ou moins bien, mais simplement différente de celle des Chinois.

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Yunnan (云南) – Voyage le long du fleuve Yangtsé

Yunnan (云南) – Voyage le long du fleuve Yangtsé

Le fleuve Yangtsé (en pinyin Chángjiāng, ou 长江 en chinois) prend sa source dans les hauts plateaux arides du Tibet, pour se jeter ensuite à Shanghaï dans la mer de Chine Orientale, en ayant traversé toute la Chine. Avec une longueur de 6380km, c’est le plus long fleuve d’Asie, le troisième plus long fleuve du monde et le plus long au monde à couler entièrement dans un seul pays. Je vous l’avais bien dit: ici tout est « le plus grand/le plus haut/le plus long du monde ».

Les Gorges du Saut du Tigre (Hǔtiào Xiá en pinyin, 虎跳峡 en chinois) 🏔: Nous quittons à présent Shangri-La, direction « les Gorges du Saut du Tigre ». Avec une longueur d’une trentaine de kilomètres, ces gorges sont absolument spectaculaires: encastré entre le mont Haba (sommet à 5400m) et le mont enneigé du Dragon de Jade (sommet à 5600m), le fleuve Yangtsé franchit tel un énorme torrent pas moins de 18 rapides dans des paysages époustouflants. Des parois incroyablement verticales étranglent le fleuve, par endroit il doit il y avoir pas moins de 2000m de dalle, un véritable paradis pour les grimpeurs. Cette zone est si magnifique qu’elle fait partie des 15 « aires protégées des 3 fleuves parallèles » classées au Patrimoine mondial de l’Unesco.

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Vue panoramique sur le Mont enneigé du Dragon de Jade (5600m)

C’est toujours aussi impressionnant d’être entre ces deux sommets culminants à plus de 5000m d’altitude, sans même voir de la neige. Mais rappelons que nous sommes ici à une latitude équivalente à celle du milieu de l’Algérie, soit beaucoup plus bas que celle du Mont Blanc 🏔⛰🌏.

Mais d’ailleurs, savez-vous d’où vient ce nom de « Gorges du Saut du Tigre »? Ce nom provient d’une légende, celle d’un tigre qui aurait franchi d’un bond le Yangtsé pour échapper à un chasseur. Pas bête, le félin aurait choisi le point le plus étroit (20m seulement), là où un rocher, le Tiger Leaping Rock, s’enracine au milieu des flots déchaînés.

Revenons donc à notre arrivée dans les Gorges, qui est déjà en soit une petite expérience dont seuls nos amis les Chinois ont le secret 🚗🚕🚌🚙. A l’entrée des Gorges, un énorme noeud de voitures nous attendait. En effet, il fallait d’abord arriver au niveau d’une personne auprès de qui l’on devait acheter nos tickets permettant d’entrer dans les Gorges (tout est payant ici). Ensuite, deuxième noeud de voitures avant d’aller montrer nos tickets à une personne dans une petite guitoune, afin de contrôler que nous avions bien pris nos tickets (n’oublions qu’ici le plein emploi est le mot d’ordre, quitte à avoir des emplois complètement inutiles). Et à nouveau, longue attente au milieu d’un tas de voitures, à attendre que l’on nous laisse passer pour accéder à la route longeant les Gorges, le tout après 2 heures d’embouteillages. C’est incompréhensible car autant sur certains sujets, comme par exemple la logistique, les Chinois sont imbattables, mais pour ce genre de gestion de flux, l’expression « pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué » n’a jamais été aussi vraie.

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Voir tout ce monde dans ces Gorges est très récent car jusqu’à la fin des années 1990, il n’y avait qu’un sentier muletier, qui a depuis été remplacé par la route que nous empruntons. Il y a à présent plusieurs façon de visiter les Gorges du Saut du Tigre: par en bas via l’itinéraire aménagé, toujours par en bas mais façon trail « pour aller toucher l’eau », ou encore par en haut façon trek. Pour contenter toute la famille, nous allons donc tester les trois méthodes! Pour nos enfants encore un peu ronchons quand il faut marcher, nous commençons par le chemin aménagé du bas, le fleuve étant particulièrement puissant et rugissant à cet endroit précis, étranglé entre la montagne Haba et la montagne du Dragon de Jade.

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Et puis tant qu’à aller sur les plateformes aménagées spécialement pour les photos TikTok (c’est une vraie institution ici), autant les utiliser aussi 📸

Pour remonter, 2 options: soit remonter par les escaliers en bois, soit remonter en escalator (si si, un vrai escalator a été installé pour descendre et remonter au parking, il faut ce qu’il faut). Nous avons donc laissé les enfants remonter avec Jeff en escalator, après qu’Augustin se soit laissé prendre en photo par une maman chinoise qui le trouvait très beau car il ressemblait à Harry Potter 🧙🏻🤓.

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Après cette première étape dans les Gorges, nous reprenons la voiture pour aller déjeuner dans une auberge plus le long de la route. Même si cette route avait été refaite récemment, il n’était pas rare de voir des morceaux de falaise s’étant détachés de la montagne pour tomber sur la route, et ça n’était pas juste des petits cailloux. Mieux valait ne pas se trouver en-dessous à ce moment-là!

J’ouvre ici une petite parenthèse sur les sanitaires en Chine. La plupart du temps, notamment dans les lieux publics, il s’agit de toilettes à la turque. Ce n’est pas ce que je préfère, mais au moins c’est plus hygiénique. De plus, le système de canalisation en Chine est si mauvais qu’il ne faut pas jeter le papier dans les toilettes, mais dans une poubelle à côté, même dans les habitations privées (bonjour l’odeur…). Troisième point, en Chine la notion d’intimité n’est pas la même que pour nous, à savoir qu’il n’y en a pas (ou du moins pas beaucoup). En allant faire une pause technique après le déjeuner, j’ai donc eu la joie de tester les latrines, mais grand luxe car il y avait des petits murets entre chaque. J’ai quand même demandé à Augustin de faire le guet pour que personne ne rentre alors que j’y étais…

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Après un bon déjeuner avec une superbe vue sur les Gorges, nous prenons la route mais dans une voiture plus petite que celle de Jeff, et qui ne passerait sans doute aucun contrôle technique, conduite par un de ces amis. Et en effet, la route qu’il fallut emprunter pour atteindre le début de notre rando était beaucoup trop étroite pour son van. La montée par cette route étroite était déjà une aventure en soit: route de montagne sans parapet, inclinaison sans doute supérieure à nos normes, et nous avons eu de la chance de ne pas croiser d’autres véhicules… Et vu les rochers que nous avions vus sur la route en contre-bas, nous espérions très fort que la route ne cède pas sous le poids de la voiture. Bref, nous sommes arrivés en haut sur le chemin de rando sans soucis 🥾! Ce sentier haut remplace l’ancien sentier bas, qui a été remplacé par la route goudronnée qui nous avions empruntée le matin. On ne côtoie pas ici le fleuve, mais on le domine du haut, voire de très haut, cheminant à flanc de montagne sur les basses pentes du Mont Haba.

Le trek complet se fait sur une journée, voire sur deux jours pour bien en profiter. La difficulté par temps sec est moyenne (et il devient très dangereux par temps de pluie), mais même si nous avons l’habitude de traîner les enfants avec nous les week-end pour randonner autour de Pékin, ce sont aussi leurs vacances donc nous avons opté pour ne faire qu’une partie du trek, sur un après-midi.

Les paysages sont grandioses, et impressionnants du fait de certains passages vertigineux. Pas de main courante ni corde pour sécuriser les passages aériens, nous comprenons mieux pourquoi cet itinéraire devient déconseillé par temps pluvieux: les pierres sont déjà très glissantes par temps sec, donc je n’ose pas imaginer si elles étaient mouillées. Et la terre argileuse dans les descentes rend le sol très glissant (même Julien nous a offert une figure artistique digne de ce nom en tombant avec Constance sur les épaules, pour ne pas qu’elle se fasse mal. Plus de peur que de mal, tout le monde va bien!).

Après la cohue du point de vue ultra fréquenté en bas, ici nous étions seuls au monde dans l’immensité des gorges. Enfin presque seuls, car les villages aux alentours sont constitués de fermes, et les flancs de montagnes sont les prairies des animaux de la basse-cour 🐂🐐🐓🐎.

En chemin, à peu près à mi-parcours, nous passons par un petit village où l’on s’arrête sur la terrasse panoramique d’un gîte à l’allure de gros refuge alpin. Nous y étions à peu près tous seuls, pourtant on sentait qu’ici fut un temps ça devait grouiller de monde. Il faut savoir que le sentier haut est plutôt empruntés par les occidentaux, plus amateurs de rando comme on les aime chez nous, où avoir un beau paysage se mérite au travers de l’effort. A contrario les chinois sont plus friands d’un accès facile à de beaux endroits à immortaliser pour leurs followers, le chemin aménagé du bas est donc tout indiqué. Etant donné qu’il n’y a plus de touristes étrangers en Chine, sauf les quelques de plus en plus rare expatriés, ces gîtes d’étape ne sont plus fréquentés comme ils l’étaient autrefois 😟.

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Après cette journée qui nous en mis plein les yeux et les jambes, nous arrivons à notre chambre d’hôte d’un soir. Un lieu que l’on ne devine pas de la route, caché à flanc de montagne, avec une vue imprenable sur les sommets, le tout rythmé par le cours du Yangtsé. Sans se concerter, Julien et moi retrouvons ici des sons et odeurs nous transportant dans le souvenir de notre voyage au Sri Lanka 🌴🌸🍃🎋🌺⛰🦎🦋. Après un délicieux repas (à base de produits du jardin) sur le toit-terrasse 🌄, nous avons longuement discuté avec la propriétaire du lodge (le bonheur pour nous de discuter avec des personnes parlant anglais, et pour elle de pratiquer la langue). Elle nous expliqua que la nouvelle route a fait grand bien pour les gîtes reculés comme le sien. En effet, auparavant avec l’ancienne route moins fréquentée (car en mauvais état), les touristes ne s’aventuraient pas trop loin des bords de route (sauf les étrangers notamment, plus en recherche de calme que nous amis chinois). Le COVID étant passé par là, presque plus personne ne venait donc dans ces petits lodges éloignés. Avec la nouvelle route, il y a plus de trafic, et les voitures roulent à une vitesse plus importante. Par conséquent, les gîtes trop proches de la route sont devenus trop bruyants, et donc moins attractifs, mais cela a fait le bonheur des autres plus reculés. Cela étant dit ce soir-là nous étions seuls, et très égoïstement nous avons beaucoup apprécié.

Le lendemain matin, Julien et Jeff se sont levés à l’aube pour descendre « toucher l’eau » comme ils disaient, façon trail cette fois-ci (moi je reste avec les enfants, car ce jour est un jour spécial 👦🏼🎂🔟). Une autre façon d’apprécier les lieux. Bizarrerie pour nous, arrivés au début du sentier de descente, Julien a dû payer son entrée à un monsieur qui attendait là. La raison? C’est lui qui avait tracé le chemin. En remontant, même histoire à l’entrée d’un autre sentier à un autre monsieur. Et même raison. Décidément, randonner ici semble encore être une activité à caractère exceptionnel.

Wumu (吾木): Au retour de Julien et Jeff, nous reprenons la route pour Wumu, notre gros coup de coeur des vacances, une véritable pépite, un voyage dans le voyage! Mais comme je vous le disais, ce jour est très spécial puisqu’Augustin souffle sa dixième bougie! Même si nous avons fêté ça comme il se doit avec ses petits camarades avant de partir, et même si son cadeau l’attend pour son retour de vacances, j’ai demandé à Jeff s’il était possible de trouver en chemin un gâteau, ou au moins quelque chose pour mettre une bougie dessus. Mais c’était sans imager l’expédition qui attendrait ledit gâteau! 🎒🎂🥾

La veille, Jeff nous avait expliqué que l’unique route menant à Wumu était en train d’être complètement refaite, et que par conséquent en temps normal elle n’était ouverte que deux fois par jour: de 12h à 13h, puis après 19h. Toutefois, la route ne pouvait à priori pas être dégagée pour nous permettre de passer avec la voiture le lendemain. Il nous demanda donc de préparer un sac à dos avec nos affaires pour les deux prochains jours, sa voiture restera avec nos valises à l’entrée du chantier non dégagé. Il nous faudra alors rejoindre à pied l’autre extrémité du chantier, où une autre voiture devait nous attendre. Bon… ça semble être un peu compliqué, mais après tout nous voulions sortir des sentiers battus, ce programme nous convient donc très bien! Il faut savoir aussi que le Huahuasei Lodge, là où nous passerons nos deux nuits à Wumu, appartient à Jeff, et au fur et à mesure du voyage nous nous sommes rendus compte qu’il connaissait à peu près tout le monde dans la région, qu’il connaissait comme sa poche. Donc aucune inquiétude, nous nous savons entre de bonnes mains. Après un passage par Lijiang pour acheter un ÉNORME gâteau d’anniversaire (là j’espère très fort que le passage à pied avec les sacs à dos ne sera pas trop compliqué…), où nous avons aussi déjeuné avec Wendy, l’épouse de Jeff qui est aussi une compatriote belge, nous reprenons la route en direction de Wumu.

La route est longue, et nous faisons un arrêt tourisme à « Blue Moon Valley ». Il s’agit d’un lac très prisé, du fait de l’eau d’un bleu turquoise éclatant (photo non retouchée), au pied de la montagne du Dragon de Jade.

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Et donc comme vous pouvez vous en douter… les rives du lac étaient noires de monde! Il faut dire que le lieu se prête particulièrement bien à de jolies photos, même s’il n’est pas simple de n’avoir personne d’autre dessus! 📸💧

Ce qui était assez drôle, c’est le nombre impressionnant de couple de futurs mariés venus avec un photographe pour immortaliser l’évènement. Prendre des photos pour les occasions spéciales est une vraie religion en Chine (et ça n’est pas moi qui le dit!), les mariés prévoient donc en général une journée (voir plus) pour faire les photos dans les plus beaux endroits possibles. Nous avons croisé au moins 40 couples de futurs mariés (ou pas en fait, car finalement rien n’empêche de choisir une tenue de marié(e) plutôt qu’une autre pour sa séance photos!), et c’est toujours très amusant de voir une jeune femme bien maquillée et en robe de mariée, relever sa robe pour marcher sans trébucher, et de découvrir qu’en dessous elle est en legging et claquettes en plastique 🧖🏻‍♀️🩴.

A y regarder de plus près, l’ensemble a été fortement aménagé, et n’a donc plus grand chose de naturel. Le lac a été creusé plus encore pour qu’il n’y ait plus que du sable au fond, afin d’accentuer la couleur turquoise. Les cascades en terrasse, au départ complètement naturelles, ont été aménagées pour les rendre plus régulières, plus esthétique.

Mais ça n’en reste pas moins très joli lieu, parfait pour le plaisir des followers sur les réseaux sociaux, et ce qui montre aussi ce que l’on veut sur ses photos, l’envers du décor étant bien moins glamour que l’image que l’on souhaite montrer.

La famille s’est prêtée à ce jeu, même si nous avions du mal à garder notre sérieux 😅

Allé hop, c’était joli, mais nous on préfère s’isoler au milieu de nul part. Nous reprenons donc la route avec Jeff et le gâteau (si si), et nous roulons jusqu’à ce que la route sous complètement bloquée. Deux heures de marche plus tard, avec des enfants demandant toutes les 2 minutes « quand est-ce qu’on arrive? », le gâteau est sain et sauf (pourtant ça n’était pas gagné!)

Arrivés enfin de l’autre côté, le neveu de Jeff, qui devait nous retrouver avec une autre voiture, n’était pas monté si haut (Jeff nous disait en rigolant que son neveu était un fainéant), mais pas de soucis, un ouvrier va nous y conduire avec son camion de chantier, qui sentait aussi fort le carburant et l’huile que ses amortisseurs étaient inexistants.

Quand nous retrouvons un véhicule plus traditionnel, nous pouvons admirer la vue qui s’offre à nous à chaque virage.

Construit sur un rocher (à présent bien caché par les maisons), Wumu est un village de 600 âmes offrant une superbe vue sur la vallée creusée par le Yangtsé, et sur toute la région de Baoshan. Et cette vue est encore plus impressionnante depuis la terrasse du Lodge de Jeff! Le village a beau être à 2200m d’altitude, en hiver les températures ne descendent pas en dessous des 15°C, c’est donc un climat idéal en toutes saisons. On ne vient pas ici par hasard. On y vient spécialement, dans un but précis : on s’y pose loin de tout, on contemple, on randonne.

Ce très joli Lodge appartient donc à Jeff et Wendy. Quand ils ont racheté l’ancienne habitation il y a quelques années pour une bouchée de pain, il n’en restait plus grand chose, la maison ayant été en grande partie dévastée par un incendie. Avec l’aide des artisans du village, ils ont tout reconstruit, pour ensuite ouvrir en 2014 ce Lodge, qui est d’ailleurs le seul endroit du village accueillant des touristes. Tout ici a été fait sur place, y compris les meubles, parfois par des gens n’ayant jamais mis les pieds dans un hôtel de leur vie. Mais cela donne un vrai cachet à cette maison, qui est chaleureuse, confortable, fonctionnelle, et qui plus est très belle.

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Petit privilège du début de saison, nous étions tous seuls, et ça n’a pas de prix quand on est en Chine. Et aujourd’hui étant un jour spécial, on s’autorise donc un petit apéro comme chez nous 🍻🇧🇪, avant un succulent repas, avec pour dessert… le gâteau miraculé🎂🎉!

Laissez-moi vous parler un peu plus de Wumu (signifiant « lieu d’abondance »), village qui, vous l’aurez compris, nous avons vraiment adoré. Ici, comme dans la région autour de Lijiang, la grande ville des environs, vit la minorité Naxi (纳西族). Les Naxi, d’origine nomade, possèdent leur propre religion, le dongbaïsme, dont le culte de la nature, et plus particulièrement des eaux et des montagnes, en sont les fondements. Les prêtres, les dongba, sont des shamans, et il y en aurait encore pas moins de neuf actifs dans cette vallée. Pour exprimer leurs coutumes et transcrire leurs écrits, les Naxi utilisent une écriture vieille de plus de 1000 ans, qui se compose de pictogrammes inspirés de la nature. Pas de caractères abstraits comme dans l’écriture chinoise, mais des caractères représentant le mot de façon graphique. Contrairement à l’écriture chinoise qui a beaucoup évolué au fil des millénaires et est donc devenue très abstraite, celle-ci est restée originelle et reste donc beaucoup plus intuitive à lire.

Le cours du Yangtzé passe en contrebas de Wumu, Dans cette boucle du fleuve, le gouvernement central prévoyait la construction de huit barrages, principalement afin de doter les grandes villes du sud en électricité (jusqu’à récemment, le village n’était pas alimenté en électricité). Deux barrages ont été terminés en 2012 : Liyuan et Ahai. Cela a fait monter le niveau du fleuve, inondant ainsi les cultures aux abords du cours d’eau. Les paysans impactés sont depuis indemnisés par le gouvernement par une prime de ¥30 000/an (soit un peu plus de 4 300€), ce qui leurs suffit amplement pour vivre dans cette région si reculée. Regroupés en 5 clans principaux, les paysans ici élèvent principalement des cochons, le jambon étant d’ailleurs une des spécialités locales 🐷. Ils cultivent du blé et maïs (pour nourrir le bétail), mais aussi beaucoup de tabac (beaucoup de familles ayant d’ailleurs ici signé un contrat avec China Tobacco), ainsi que des légumes et des fruits. Ici tous les villageois sont donc des agriculteurs, vivant de manière encore très traditionnelle, avec des liens familiaux très forts. Evidemment, tout comme chez nous dans nos villages isolés, 40% de la population officielle de Wumu vit en réalité à Lijiang (ce qui est d’ailleurs le cas de Jeff et Wendy), pour être plus proche des écoles pour leurs enfants (en Chine, les familles accordent énormément de moyens pour donner la meilleure éducation possible aux enfants. C’est d’ailleurs aussi pour cette raison que beaucoup de jeunes chinois ne veulent pas d’enfants, car leur éducation coûte beaucoup trop cher).

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Les champs de tabac
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Les cultures en terrasse

Revenons à notre périple. Après une bonne nuit de sommeil et un très bon petit déjeuner (avec en prime du pain frais, du Nutella et de la confiture maison, ce qui est suffisamment rare en Chine pour le souligner), nous partons randonner vers les rives du Yangtsé. Ici les distances à vol d’oiseau peuvent être courtes pour aller d’un endroit à un autre, alors qu’il est souvent nécessaire de prendre la voiture sur plusieurs dizaines de kilomètres pour aller de ce même point A au point B. Ainsi, pour faciliter les déplacements entre les différents villages (Jeff était auparavant maire de Wumu), mais aussi pour développer son activité, Jeff nous raconta qu’il avait fortement amélioré l’été précédent la praticabilité des chemins de randonnées des environs (et vu la situation très reculée des lieux, cela a été fait manuellement, avec l’aide des villageois). La descente était par endroit très raide donc pas toujours aisée (du moins pour moi, Julien et Jeff étaient comme des cabris, et Constance était le plus souvent sur les épaules de l’un ou de l’autre), mais quel paysage magnifique s’offrait à nous! 🏞⛰🥾

Nous descendons ainsi jusqu’à arriver au bord du fleuve, où un vieux bateau de pêcheur nous a rejoint pour nous emmener ensuite au village de Baoshan, à 40 minutes de navigation de là 🛥. Cet été est aussi ici particulier: plus sec et plus chaud. Malgré que nous soyons en plein milieu de la saison des pluies, le niveau du fleuve est déjà très bas, laissant à l’air libre une terre complètement asséchée 🌞🌞😟.

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Notre embarcation nous dépose ensuite en bas du village de Baoshan, que nous atteindrons après une montée en plein cagnard, à pied pour les grands, et à dos de poney pour les petits 🦄.

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en montant vers Baoshan…
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Baoshan vu de loin

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Le village de Baoshan, aussi surnommé « le village de Pierre », est installé sur un énorme rocher (un autre!), surplombant le fleuve Yangtsé. Ses petites habitations sont étroitement collées les unes aux autres, et avec ses petites ruelles tortueuses, le village donne une impression de désordre. C’est si calme ici aussi! C’est tellement salutaire quand on vient du fourmillement incessant de la capitale.

En penchant la tête par-ci par-là, on découvre par les portes laissées ouvertes de magnifiques petites habitations, et nous pouvons apprécier la vie quotidienne du village, si paisible.

C’est ici que nous prenons notre déjeuner, encore une fois dans un lieu que seuls les initiés peuvent connaître. Comme dans tous les endroits où Jeff nous emmène, nous apprécions toujours un peu plus la nourriture chinoise, riche en légumes (parfait pour moi), avec des viandes en sauce très parfumée, à base d’herbes et d’épices dont nous devons apprendre les secrets avant de rentrer en Europe. Par contre, c’est toujours un peu compliqué avec les piments 😅🌶🥢.

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Et en bonus, une vue magnifique pour ce déjeuner

Pour la suite, deux options s’offrent à nous: soit retour à pied, avec montées et passages vertigineux, soit retour en voiture avec le neveu de Jeff. Vu la chaleur, la fatigue des enfants et ma tendance à avoir le vertige, Julien et Jeff partent à pieds, et nous les retrouverons un peu avant Wumu. Les photos de Julien sont superbes, mais en effet j’aurais probablement été incapable de passer par certains endroits effectivement très aériens (d’autant plus avec des enfants à gérer en plus de moi-même 😱.)

De notre côté avec les enfants, nous remontons tout le village pour trouver le neveu de Jeff, et une route aussi en travaux…

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Avec le ralentissement dû aux travaux et la nécessité de devoir contourner toute une montagne pour rejoindre Wumu, ça n’était pas beaucoup plus rapide de prendre la voiture 😅🚘🥾.

C’est donc avec regret que nous quittons Wumu le lendemain matin, mais encore à pied, pour le plaisir d’en profiter jusqu’au bout! Cela se passe de commentaires, les images parlent d’elles-mêmes…

Un minibus nous attendait à un village plus loin, pour nous ramener à la voiture de Jeff, restée bloquée par les travaux deux jours plus tôt. Car, bonne nouvelle, la route est ouverte aujourd’hui, mais il ne faut pas rater le créneau!

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Lijiang (丽江市): retour vers la civilisation, prochaine étape, mais aussi la dernière avant de partir vers le sud du Yunnan: Lijiang (signifiant: la ville du beau fleuve). La vieille ville de Lijiang est une ancienne ville absolument charmante. Bien que détruite en grande partie en 1996 suite à un tremblement de terre, elle s’est vite reconstruite, notamment grâce à son classement au patrimoine mondial de l’UNESCO. Lijiang est le centre de la minorité Naxi, à la culture, nous l’avons vu, très spécifique. Ancien centre d’échanges importants sur la route du thé et des chevaux, et relié avec le Tibet et la Birmanie, Lijiang est toujours aussi riche, et peut-être trop : Lijiang est devenue ces dernières années une destination très prisée des touristes chinois, qui la considèrent comme une région très romantique et où voyager avec sa moitié y est très répandu. Cela est notamment dû à une légende locale racontant le suicide de jeunes gens dont l’amour était rendu impossible en raison de leurs origines sociales différentes. Lijiang abrite aujourd’hui de plus en plus de boutiques, de bars et de restaurants, rendant certains quartiers beaucoup trop bruyants et occultant le cachet de cette vieille ville. Lijiang n’en reste pas moins un ville très jolie, avec ses nombreux canaux qui lui confèrent un air de Venise asiatique.

L’un des clichés les plus célèbre de Lijiang est celui de l’étang du Dragon noir, avec son pont blanc de style oriental, sa pagode, et en arrière-plan la montagne du Dragon de Jade .

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Ce jour-là, comme tous les autres d’ailleurs, il faisait une chaleur de plomb. Nous nous sommes mis à la recherche d’un marchand de glace, mais ici ça n’est pas si simple, les chinois n’étant absolument pas adeptes du sucré. Finalement, nous trouvons cette curiosité: un robot qui nous sert de très bonnes glaces à la fraise 🍓🍦🤖.

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Avant de clôturer ce second volet de notre voyage, nous faisons 2 petits détours à côté de Lijiang.

Tout d’abord par Baisha, signifiant littéralement « le sable blanc », situé au nord de Lijiang. Avant 1270, Baisha était la capitale du royaume Naxi. Les ancêtres des Naxi traversèrent la rivière Jinshajiang (aussi connue comme la rivière au sable d’or), descendirent la montagne du Dragon de Jade puis entrèrent dans le bassin de Lijiang. Le premier lieu où ils s’installèrent et développèrent leur culture fut Baisha. A présent cette petite ville à l’architecture très typique, est surtout très animées par des petites boutiques d’objets d’antiquité, ainsi que d’objet faits main. Mais surtout, ce que nous retiendrons de Baisha c’est cette magnifique vue sur la montagne enneigée du Dragon de Jade, avec le ciel rosé du coucher de soleil.

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Un second détour nous emmène à Yuhu, qui est aussi le village qu’avait choisi l’explorateur Joseph Rock pour s’installer. En effet, botaniste de métier, le Dr. Rock est venu ici en mission pour étudier les plantes de la Montagne du Dragon de Jade. Lors de ce voyage, il tomba amoureux de la région, de ses habitants et de sa culture, et décida alors de s’y installer. Il habitera au village de Yuhu pendant 27 ans. À partir de 1922, il commença un énorme travail de recherche sur la minorité Naxi locale, prit de nombreuses photos et rédigeât des articles pour le magazine « National Geographic ».

Cela fait maintenant un moins que cette étape de notre voyage s’est terminée, et nous en gardons un souvenir incroyable. Depuis, la situation a apparemment beaucoup changé. En effet, des amis ont suivi nos traces (ils y sont actuellement), et l’épidémie fait à présent aussi de l’ombre sur le Yunnan (juste pour une poignée de cas). Ils nous ont rapporté avoir vu une réelle différence entre leur arrivée là-bas il y a dix jours et maintenant: tout le monde reporte le masque, obligation d’avoir un test PCR de moins de 24h pour faire un check-in dans un hôtel, beaucoup d’établissements doivent fermer (notamment le Lodge de Jeff, ou encore tout Shangri-la). Shangri-la a d’ailleurs enregistré son tout premier cas depuis le début de l’épidémie, la psychose reprend, nous avons eu le nez creux en partant début juillet!

La suite du voyage: Xishuangbanna, dans le sud du Yunnan 😎

Yunnan (云南) – Voyage aux portes du Tibet

Yunnan (云南) – Voyage aux portes du Tibet

Ça y est, nous avons enfin pu sortir de Pékin pour VOY-A-GER. Oui, le voyage c’est ce que nous plaît, c’est ce que nous voulons transmettre aux enfants, c’est notre carburant. Ce voyage nous l’attendons depuis des mois, la politique COVID appliquée ici nous l’a fait décaler 2x, mais ça y est, le grand jour est enfin arrivé!

Pour notre premier voyage en Chine, nous avons choisi le Yunnan. Quand nous avons commencé la préparation du voyage, nous avions contacté plusieurs agences, car par les temps qui courent voyager seuls quand on ne connaît pas le pays, que l’on ne parle pas la langue et quand on n’est pas chinois est malheureusement déconseillé. Notre cahier des charges était assez simple: nous voulions découvrir la Chine, nous voulions de l’authenticité, sortir des sentiers battus, et nous voyageons avec 2 jeunes enfants qui n’aiment pas toujours autant marcher que leurs parents 😅. Les trois agences contactées ont été unanimes: il faut aller dans le Yunnan! C’est donc Yunnan Roads que nous avons choisi pour organiser notre voyage, juste pour nous quatre, avec un chauffeur guide pour une partie du voyage.

Le Yunnan (云南, signifiant « au sud des nuages »), est une province nichée dans le Sud-Ouest de la Chine, frontalière  avec les forêts tropicales du Vietnam et du Laos au Sud, et de la Birmanie à l’Ouest. Le Nord-Ouest du Yunnan est le début quant à lui des hauts plateaux tibétains, avec notamment la célèbre ville de Shangri-La. Cette province, ayant une superficie équivalente à celle de l’Allemagne, présente une altitude moyenne de 1980m, avec au nord des sommets dépassant les 5000m. La province du Yunnan comporte pas moins de 25 minorités ethniques (sur les 56 recensées sur toute la Chine). D’un point de vue économique, c’est une des provinces les plus pauvres de Chine, mais c’est aussi la plus riche de par sa diversité: le territoire, recouvert à 40% de forêts et à près de 94% de montagnes, est caractérisé par la plus importante variété de climats, de paysages, et de populations de Chine.

Il était évident qu’en 2 semaines et demi nous ne pouvions pas tout voir, il a donc fallu faire des choix. Nous avons donc choisi de parcourir en itinérance toute la partie nord-ouest du Yunnan pendant les 10 premiers jours de notre voyage (cela fera l’objet de cet article ainsi que du suivant), pour finir par une semaine « tranquilles » dans l’ambiance subtropicale des bords du Mékong (cela sera le troisième article de ce voyage).

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Au départ de Pékin (rouge): road trip dans le Nord-Ouest du Yunnan (bleu), semaine dans l’ambiance sub-tropicale du Sud.

Mais nous reviendrons! Il nous faudra en effet approfondir certaines de nos pépites découvertes lors de ce voyage, mais aussi aller voir les rizières en terrasse de Yuanyang au centre de la province, ainsi que les forêts de pierre à l’Est à Kunming. Bref vous l’aurez compris, nous sommes revenus à Pékin avec nos têtes pleines de souvenirs, nos batteries rechargées à bloc, ravis de toutes les belles rencontres faites lors de ce voyage, et par-dessus tout heureux d’avoir enfin pu goûter à cette Chine que nous étions venus chercher en venant vivre ici.

Dǎlì (大理) et Xizhou (喜洲): Nous commençons donc notre périple par la ville de Dǎlì. Perchée à une altitude de 2000m, la ville de Dǎlì s’étant le long du lac Erhai, au pied de la chaîne des Cangshan. Cette région est habitée essentiellement par les Bai (il y en a environ 2 millions dans le Yunnan). La communauté Bai (signifiant « Blanc » du fait de la couleur dominante du costume féminin) se forme au début de notre ère, à l’époque des royaumes de Nanzhao et de Dali. Elle est constituée de l’ensemble des populations qui occupent alors la région du lac Erhai, c’est à dire d’indigènes, de migrants Han (c’est-à-dire l’ethnie qui constitue le peuple chinois historique), de Di et Qiang tibétains, de Birman et de Yi, fusionnant localement pour former la culture Bai. En 1958, pendant la révolution culturelle, une grande partie des Bai fuient en Birmanie.

Nous n’avons pas pu passer autant de temps que prévu à Dǎlì, du fait de la suppression du vol prévu initialement et du basculement sur un autre nous faisant arriver seulement en fin d’après-midi. Nous n’y avons passé qu’une soirée, mais d’entrée nous avions l’impression d’avoir changé de Chine. Des couleurs, des rues pleines de monde (sans masque! Nous avons mis un peu de temps à nous rendre compte que nous étions les seuls à porter le masque, réflexe que nous nous sommes empressés d’oublier). Des sourires, et beaucoup de regards curieux, car les touristes étrangers dans cette région son très rares par les temps qui courent, et du fait que le Yunnan n’autorisaient pas les voyageurs avec étoile (voir mon article précédent). Dans la vieille ville de Dǎlì, pas d’immeubles mais des bâtiments bas dont les façades sont habillées de grandes portes en bois, qu’il s’agisse d’habitations, de boutiques ou de restaurants.

En déambulant dans les rues du vieux Dali, notre constat fut aussi qu’ici les gens ont un faciès bien différent de celui que nous avons l’habitude de voir à Pékin. Pour faire simple, je dirais qu’ici les visages font « moins chinois », avec des yeux moins bridés, et des pommettes moins saillantes. Aussi, là où à Pékin il est important d’avoir une peau très blanche (signe d’un rang social plus élevé), ici les peaux sont plus mates. Cela dit, la Chine est un pays si grand, il n’est pas étonnant de voir de telles différences!

En arrivant dans un restaurant recommandé par le chauffeur de taxi nous ayant emmené de l’aéroport, nous avons même eu droit à des applaudissements de la part de nos voisins de table quand nous nous installés pour le dîner. Pour ce premier repas des vacances, il nous a été conseillé d’aller manger un barbecue, spécialité locale où l’on met à cuire nous même les différents ingrédients individuels commandés. Pensant prendre des petits légumes en sauce, nous avons en fait pris de la grenouille, coupé en petits morceaux (avec les os). En plus du fait que c’était ultra épicé, on passait plus de temps à enlever les petits os (sans pour autant les recracher par terre comme c’est l’habitude ici) qu’à goûter ce plat. Mais comme tout premier repas de vacances, c’était succulent.

Nous avons ensuite encore un peu flâné dans les rues animées du soir, avant de retrouver notre taxi pour notre premier hôtel. Ce fut déjà l’occasion de voir quelques curiosités, comme des lamas promenés en rue à l’instar de nos chiens, ou le Mac Do du coin installé dans un bâtiment « typique chinois », on encore une dame revêtue d’une robe de princesse (nous en comprendrons plus tard la raison de cette « habitude de touristes »).

Une autre chose que nous avons vue pour la première fois, ce sont ces salons où l’on vient pour se faire récurer les oreilles. Nous ne comprenions pas de prime abord pourquoi des gens équipés d’une lampe frontale se penchaient sur le côté de la tête de personnes installées sur des chaises longues en rang d’oignons. Puis en voyant une affiche avec des images peu ragoûtantes d’oreilles sales, nous avons compris de quoi il s’agissait. Quelle drôle d’idée tout même 😅!

Nous prenons ensuite la route pour Xizhou (à 20km du vieux Dali), où nous passerons nos deux premières nuits. Le lieu où nous arrivons est une réelle surprise pour nous. Cet hôtel occupe une ancienne grande demeure aristocratique chinoise construite en 1948, et qui fut restaurée par un très sympathique couple d’antiquaires originaires de Chicago. Avec cette superbe entrée et ses cours carrées, il s’agit d’une bâtisse dans le pur style de la minorité Bai. Peu de temps après sa construction au milieu du siècle dernier, cette fastueuse demeure fut réquisitionnée par l’armée populaire immédiatement après la prise de pouvoir communiste. C’est ce qui la sauva pendant la révolution culturelle, l’armée ayant protégé les magnifiques bas-reliefs, portes ciselées et sculptures contre les exactions des Gardes rouges.

Le calme de cette première soirée, le ciel noir sans pollution lumineuse, le bruit des insectes (et les piqures de moustiques qui vont avec), l’odeur caractéristique de l’air humide mêlé au parfum de fleurs, enfin un retour au calme qui nous a tant manqué dans l’effervescence pékinoise.

Le lendemain, nous partons à la découverte de la bourgade de Xizhou. Malgré que cela soit tout à fait faisable à pied, nous cédons à la demande des enfants de la faire en tchouk-tchouk, où pour une poignée de ¥ le chauffeur nous emmène dans des lieux significatifs de la ville.

La bourgade de Xizhou conserve l’un des plus beaux ensembles de demeures Bai de la région, avec leurs élégants portails ouvragés et leurs toits de tuiles à la forme caractéristique. Les cours intérieures de ces demeures typiques sont bordées sur trois côtés de pièces, et par un mur décoratif protégeant ses habitants des mauvais esprits (mais aussi garant de l’intimité de la famille).

Derrière les grandes portes en bois habillant toutes les maisons de la rue principale, on peut aussi bien trouver un épicier, un coiffeur, voir même le Leroy Merlin du coin 😉.

Au cours de notre balade en Tchouk-tchouk, nous avons poussé des portes que nous n’aurions même pas penser regarder, et souvent des petits trésors s’y cachaient, comme cette école de fabrication de tableaux en fil de soie, un réel travail d’orfèvre. Même si le procédé de fabrication de la soie est assez contestable, le résultat n’en est pas moins bluffant.

Derrière une autre porte nous pouvons prendre le thé, selon la cérémonie du thé. Je vous décrirai le principe de cette « cérémonie du thé » dans un prochain article, et je pense que nous vous le ferons découvrir en vrai quand nous reviendrons en Europe. Ici, le thé est biensûr disponible en vrac, comme chez nous, mais aussi sous forme de « cake », sorte de disque de thé compacté.

Sur la place centrale, on peut trouver de nombreuses gargotes où croquer des xizhou baba, des pains fourrés de lardons et ciboulette pour la version salée, ou de sucre et purée de haricots rouges pour la sucrée. On y trouve biensûr aussi de nombreux commerces (la ville est tout de même très touristique) dont de bijoux en argent. Je pense que je devrai y consacrer un article aussi, mais pour très fortement simplifier, il faut savoir que l’histoire de la Chine a été fortement façonnée par le métal argent. On y trouve donc énormément de bijoux et autres objets et argent, et souvent on peut regarder l’artisan le travailler au fond de la boutique ou à l’entrée.

A Xizhou nous avons aussi eu l’occasion de nous promener dans les rizières, qui s’étendent à perte de vue. A cette époque de l’année, elles sont encore vertes, mais vont très vite jaunir (comme le blé) jusqu’à la récolte en octobre. Elles seront alors nettoyées puis remise en eau fin novembre/début décembre.

Nous avons ensuite trouvé un très agréable toit-terrasse pour le dîner, au milieu des rizières justement, où nous avons notamment goûter des oeufs de 100 ans. Il s’agit d’un mets typiquement chinois, qui s’obtient en laissant vieillir des oeufs pendant au moins 2 moins dans un mélange de boue riche en chaux, de thé, de cendre et de bicarbonate de soude. Le blanc d’oeuf prend alors une couleur marron translucide, comme de la gelée, et le jaune devient bleu-vert. On ne va pas vous mentir, nous n’avons pas réussi à apprécier ce plat à sa juste valeur…

Lors de notre retour à l’hôtel, nous nous sommes arrêtés regarder les dames de la bourgade (souvent assez âgées) se retrouver pour danser sur des musiques pleines d’entrain. Car rappelons-le, les chinois aiment se retrouver dehors quand la fraîcheur revient, pour jouer aux cartes, au mahjong, jouer à divers jeux d’extérieur, mais aussi danser.

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La route vers Shaxi (沙溪): nous faisons à présent connaissance avec Jeff, qui sera notre chauffeur et guide pour les sept prochains jours. N’ayant en effet pas le droit de conduire ici en Chine et n’étant pas capable de mener une conversation en chinois, c’est indispensable (Jeff parle anglais). Nous prenons donc la route pour Shaxi, seconde étape du voyage, avec un premier arrêt à Zhoucheng. Ce village de minorité Bai est réputé pour ses batiks bleus aux motifs blancs. La plupart des ateliers impriment ces tissus, mais certains (quoique de moins en moins nombreux) entretiennent encore la méthode traditionnelle, qui consiste à nouer le tissu avant de le tremper dans une teinture d’indigo. C’est la façon dont le nouage est fait qui fera que l’on obtiendra tel ou tel motif. Le processus de fabrication est celui illustré ci-dessous (vous noterez que même les enfants s’y sont essayés)

Après cette halte assez ludique, nous faisons route et faisons un arrêt déjeuner dans un routier. Au lieu de choisir les plats sur une carte, nous les choisissons directement dans le frigo (en évitant de tourner la tête vers la cuisine, quoique dans celui-ci elle semblait assez propre).

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En Chine, on ne commande pas chacun son plat, mais des plats à partager. Comme toujours, nous nous faisons avoir en commandant trop à manger, d’autant plus que dans notre éducation occidentale, il ne faut pas laisser de reste. Ici, c’est exactement l’inverse: ne rien laisser serait signe que l’on n’a pas assez mangé! D’ailleurs si vous vous faites inviter pour manger au restaurant par un chinois et que vous avez tout mangé, il recommandera des plats en plus jusqu’à que vous en laissiez à table. Nous qui faisons en sorte de ne pas gaspiller de nourriture, ça fait toujours étrange de voir une table après le repas, c’est comme s’ils étaient tous partis en même temps aux toilettes, car jamais nous ne laisserions une table comme cela.

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Nous continuons ensuite notre route vers une seconde halte, sur le magnifique site de Shibaoshan (signifiant « Mont du Trésor de Pierre »). Ce site est connu pour ses grottes troglodytiques, considérées comme la Perle du Yunnan (ou plutôt « une des » selon moi). Il s’agit d’un vaste complexe de grottes datant d’environ 1300 ans, avec de remarquables représentations d’images bouddhistes gravées dans les rochers, dont le Guanyin est le plus populaire. Cet art rupestre témoigne de la popularité du bouddhisme Mahayana, originaire du nord de l’Inde, dans cette région.

Après une ascension en escalier (la Chine ne serait pas la Chine sans ses innombrables marches d’escalier), nous arrivons face à Mahakala, cette divinité bouddhiste à l’aspect effrayant, faisant partie des Dharmapala, gardiens protecteurs de la loi, protégeant la doctrine et ses institutions des forces ennemies.

Pour nous le bouddhisme est assez difficile à comprendre, d’autant plus qu’à l’école j’avais appris qu’il s’agit plutôt d’une philosophie, et non d’une véritable religion. Erreur ou pas, le bouddhisme a comme différence fondamentale avec nos religions le fait de ne pas avoir de dieu créateur. Le bouddhisme, qui est à l’origine un mouvement dissident de l’hindouisme, a vu le jour en Inde, pour pénétrer progressivement toute l’Asie. La base du bouddhisme est que la vie est souffrance, qu’il faut tenter de remonter à l’origine de cette souffrance afin de s’en extraire. Pour cela, l’homme doit faire cesser la douleur (inhérente à cette souffrance née d’une illusion ignorante), en se libérant de ses désirs, du karma, et suivre le Noble Octuple Sentier (chemin qui mène à la cessation de la souffrance et de l’insatisfaction) préconisé par le Bouddha. Au fil du temps, plusieurs branches du bouddhisme ont vu le jour, dont le Mahayana (Grand Véhicule) qui s’est diffusé plus largement en Chine. Cette variante prône une forme plus évoluée du bouddhisme, où le salut est ouvert à tous, et où les règles disciplinaires se relâchent. D’autres écoles plus proches de la tradition tibétaine existent aussi biensûr en Chine.

Dans ce site absolument magnifique, nous entrons dans une grotte dont l’entrée est cachée derrière un temple, avec une magnifique représentation de Guanyin, déesse de la miséricorde, couchée. D’abord figure masculine, comme en Inde, Guanyin est devenu un personnage de sexe féminin en Chine et en Asie de l’Est, chose très rare dans le bouddhisme. De nombreux personnages Dharmapala sont aussi représentés, ainsi que des Dragons. Mais rappelons-le, leur aspect est aussi effrayant que leur rôle est protecteur et bienveillant.

Nous continuons ensuite notre ascension vers un superbe temple, directement construit à flanc de montagne. Ce temple, pourtant de taille normale, semble minuscule à coté des 2 énormes représentations de Bouddha, le gros et le maigre:

  • Chan Butai: le gros Bouddha rieur, symbole de générosité, et porte-bonheur car frotter son ventre apporterait abondance et chance
  • Siddhartha Gautama: le Bouddha historique, qui affiche des traits fins et réguliers, rappelant ses origines nobles. Comme il a vécu et enseigné une vie de modération, il est plutôt représenté mince

Comme toutes les représentations de Bouddha, ils affichent de longues oreilles. Historiquement, Siddhartha Gautama faisait partie d’une famille noble. Il portait donc beaucoup de bijoux, dont des boucles d’oreilles très lourdes. Quand il renonça à ses privilèges pour se tourner vers la simplicité, il retira tous ses bijoux et coupa ses longs cheveux, ne pouvant ainsi plus cacher ses oreilles avec lobes allongés. Ces lobes allongés représentent donc un symbole de renoncement, ou en quelque sorte la bonne voie. En d’autres termes, savoir tout abandonner comme bouddha pour atteindre le nirvana.

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Après cette très agréable visite, nous partons donc pour Shaxi, ville où nous passerons notre troisième nuit. A 140km de Dali, Shaxi est une petite bourgade de caractère, ancien carrefour important de la route du Thé et des Chevaux, branche de la route de la Soie. En effet, il y a 1000 ans, Shaxi devint le nœud prépondérant entre le Tibet et le Sud-Ouest de la Chine. En échange du thé du Yunnan, les Tibétains échangeaient leurs fameux chevaux aux officiels de la dynastie Song dans tout le Sud et l’Est de la Chine, pour les aider dans leur défense contre les invasions venues du Nord. La route des caravanes du thé et des chevaux naquit alors, et Shaxi devint un centre important d’échange le long de cette route.

Au milieu de montagnes et avec ses ruelles tortueuses en pavés, ses maisons en bois et torchis, et ses toits couverts d’herbes, Shaxi semble surgir d’un autre temps, avec un air de village des Alpes chinois (on n’a pas trouvé d’image plus parlante). De jour comme de nuit, Shaxi nous ravi de son charme. On remarquera notamment sur la place centrale, l’élégant théâtre avec son majestueux porche.

Ici, en plus des Bai, on retrouve également en nombre la minorité Yi. Jadis appelés Lolo par les Han (donc les chinois « pur souche ») en signe de mépris, les Yi seraient environ 8 millions en Chine, dont un peu plus de la moitié dans le Yunnan. La plupart vivent sur les hauts plateaux. Il semblerait que leur origine ferait encore débat aujourd’hui: on pense que, descendus des hautes terres de l’Est tibétain, ils se seraient retirés vers le Sud sous la pression des Chinois, occupant progressivement les régions périphériques. Eux aussi possèdent une langue qui leurs est propre, et ont aussi une écriture pictographique.

En route vers la mythique ville de Shangri-La (香格里拉市): les paysages changent, la route monte lentement mais surement (les enfants ont compté pas moins de 16 tunnels traversant les montagnes afin que la nouvelle autoroute reliant Lijiang à Shangri-la fasse son ascension de façon régulière), les montagnes verdoyantes font place à des falaises plus rudes, passé ce pont nous entrons dans l’Himalaya!

Nous passons au pied des montagnes Haba Snow Mountain (sommet à 5400m) et du Dragon de Jade (sommet à 5600m). Quand on voit ces montagnes si hautes et pourtant si peu enneigées par rapport au paysage qui entoure le Mont-Blanc, on se rappelle alors de la différence de latitude entre les deux régions, c’est bluffant.

A 3160m d’altitude et une population de 130 000 habitants, Shangri-la est le chef-lieu de la préfecture autonome tibétaine de Diqing. Shangri-la est bien loin de Lhassa, la capitale tibétaine située à 1870km, mais les Tibétains y représentent tout de même 45% de la population, donnant à la région un avant-goût de Tibet. Bien que situé au Yunnan, Shangri-La et sa région sont réellement tibétains

Le nom Shangri-La est en réalité très récent. Tout a commencé par un reportage sur la culture Naxi réalisé par l’aventurier Américain Joseph Rock pour le magazine National Geographic. En 1933, l’écrivain James Hilton s’en inspira pour son roman « Lost Horizon », dans lequel il décrit une mystérieuse région nommée Shangri-La, située aux confins du sud-ouest de la Chine, cachée dans les forêts, les montagnes, et les canyons. Comme dans un paradis terrestre, ses habitants y vivaient dans un mode écologique et pacifique, en harmonie complète avec la nature, et, moyennant l’absorption d’un élixir secret, éternellement. Ce mythe fut étendu dans le monde suite à l’adaptation de ce roman au cinéma, et des aventuriers et journalistes se lancèrent à la recherche de ce royaume caché. Biensûr, personne ne le découvrit, ce royaume n’ayant existé que dans les esprits. Mais qu’importe, de nombreuses villes voulurent s’en approprier le nom, et c’est finalement en décembre 2001 que le gouvernement central de Chine valida le fait de rebaptiser le district de Zhongdian en Shangri-la (Xianggelila).

Pendant longtemps, Shangri-La était un espèce ce Far West chinois. Gagnant en notoriété, la ville s’est ensuite beaucoup étendue, et perdant ainsi un peu de son caractère de bout du monde. La ville a toutefois gardé son noyau historique, qui a encore tout le charme d’un village de haute montagne, avec une atmosphère unique. En 2014 malheureusement, un incendie ravagea l’ancienne ville de Shangri-La. Tout a été reconstruit depuis, et à présent on y voit que du feu (c’est le cas de le dire).

Shangri-La est beaucoup plus touristique que les villes que nous avons vue jusqu’à présent. Peut-être Dali l’est tout autant, mais nous y sommes restés très peu finalement. Ici nous commençons donc à réaliser ce que sont les Chinois en vacances. Ils (ou plutôt elles) sont notamment très friands de s’habiller en tenue traditionnel du lieu où ils sont, et ensuite de se faire prendre en photo un peu partout dans la ville par un photographe professionnel (du moins qui y ressemble vu la taille des appareils photo) ou par une copine munie d’un smartphone (sans doute une question de budget), le tout dans le but assumé d’alimenter leur compte TikTok et leurs Moments WeChat. Au début nous trouvions cela amusant (même si j’ai encore beaucoup de mal à prendre les gens en photo sans demander leur accord, ce qui n’a pas trop de sens ici), mais à la longue ça devient agaçant, cette façon de faire du tourisme étant complètement artificielle, car c’est la personne qui est mise en avant, et non plus le lieu, aussi beau soit-il.

Ce business doit être très lucratif, car de nombreuses boutiques proposent ainsi des packages avec costume, maquillage, coiffure, et service photos pour quelques heures.

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Nous montons ensuite vers le temple Da Gui Shang, perché sur un tertre naturel dans la vieille ville. En haut d’un escalier orné de drapeaux de prières, une superbe vue sur la plaine de Shangri-La s’offre à nous.

Nous pouvons aussi faire tourner un moulin à prière géant, le plus grand du monde paraît-il (tout est le plus grand du monde de toutes façons en Chine), il faut être au moins six personnes pour le faire tourner. Moi je pense surtout que c’est grâce aux enfants qu’il a pu tourner 😅.

Pour ce premier soir à Shangri-La, nous avons goûté au Hot Pot de Yak, plat traditionnel de la région. C’est un peu comme notre pot au feu (ce plat doit mijoter longtemps aussi d’ailleurs), mais avec de la viande Yak. Pour accompagner cela, nous goûtons au thé façon tibétain, c’est-à-dire du thé noir avec du lait de Yak et du sucre. Même si rapidement nous commandons des bières locales, ce thé est très bon (meilleur que le lendemain en tous cas… vous allez comprendre…).

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Comme je vous le disais plus haut, Shangri-La est situé à plus de 3000m d’altitude. Ça commence à faire haut pour l’organisme, mais pour nous pas de soucis puisque l’itinéraire de notre voyage est monté progressivement en altitude. En revanche, ce n’est pas le cas de tous les touristes chinois que nous avons croisés ici, certains venant par exemple directement de Guangzhou (Canton), qui se trouve au niveau de la mer. Nous avons donc croisé beaucoup de monde dans les rues avec une petite bouteille d’oxygène pur à la main, afin d’aider l’organisme à s’acclimater plus vite. Et c’est là toute l’aberration de la gestion de la sécurité à la chinoise: tout le monde s’équipe de cette bouteille d’oxygène, mais la plupart l’utilise n’importe comment. C’est le cas par exemple de ce groupe d’enfants accompagnés par des animateurs, arrivant directement de Guangzhou, qui se sont installé à la table voisine au restaurant. L’un des enfants s’est mis à respirer en continu pendant au moins 5 minutes sa bouteille d’O2, jusqu’à ce qu’il s’écroule à table. Il a été emmené à l’hôpital illico!

En rentrant vers notre hôtel (ou plutôt notre toute mignonne auberge tibétaine), nous avons pu assister aux danses spontanées des locaux sur la place de la vieille ville.

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Le lendemain, nous partons le long des rives de la réserve naturelle du lac Napa. Il s’agit d’un lac saisonnier, formé chaque été quand la neige accumulée sur les hauteurs alentours fond et s’écoule dans les rivières Naqu et Naizi pour former cet immense lac. À l’arrivée de la saison sèche, le niveau du lac diminue alors peu à peu et prend la forme d’un grand marais. Au mois de septembre, le lac Napa devient un habitat pour de nombreuses espèces d’oiseaux migrateurs, particulièrement pour la grue à cou noir qui est l’espèce la plus présente. On y trouve l’une des douze espèces de grues les plus rares au monde et qui a été reconnue comme appartenant aux Animaux de Protection Nationale.

Aucun doute, nous sommes bien à la saison haute pour le lac, certaines portions de la route qui le contourne étant complètement inondées. Mais aucun problème, les voitures et mêmes les scooters y passent. La voiture de Jeff va toutefois s’en souvenir, une tôle de protection du carter ayant été tordue par la force de l’eau, la faisant alors racler sur la route avec un boucan de tous les diables.

Mais j’en connais un qui était tout content car il avait enfin l’occasion de bricoler un peu

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Nous avons ensuite eu la chance de manger à la table d’une famille tibétaine. Ce repas est essentiellement à base de Yak (lait, fromage et viande), et de tsampa, qui est farine d’orge grillée, que l’on consomme au même titre que le riz.

Savez-vous ce qu’est ce breuvage jaune en bas de la photo? C’est le fameux thé au beurre de Yak. Notre hôte versa au préalable du thé noir bien chaud dans ce tube en bois, dans lequel il devait il y avoir du beurre au fond. Elle le mélangea vivement pendant 2 minutes, puis nous servit nos deux tasses. Nous aurions dû nous méfier quand Jeff a décliné qu’on lui en serve, et pensant avoir le même thé que la veille, nous en avons pris une bonne grosse gorgée… Ben c’est comme boire du beurre liquide… c’est pô bon.

Les maisons traditionnelles ici sont massives, de grandes et hautes pièces en bois organisées autour de ce qui devait être une grange. Ces granges étaient pour la plupart vitrées, ce qui faisait rentrer beaucoup de lumière, et cela devait aussi faire effet de serre pour chauffer l’intérieur en hiver.

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Nous reprenons ensuite la route, avec la voiture rafistolée de Jeff, vers le somptueux temple de Songzalin, la plus grande (et plus belle) lamaserie de la région. Ainsi nommé « petit Potala » (Potala signifiant « montagne de Bouddha ») de par son apparence assez similaire au palais du dalai-lama à Lhassa, il s’agit d’un monastère traditionnel bouddhiste construit en 1679, et rénové plusieurs fois depuis. Aujourd’hui, environ 700 moines et lamas y vivent (dans les habitations en contre-bas du temple). Plus précisément, il s’agit d’une des 13 lamaseries de la secte de Bonnets jaunes.

Le lac Lamuyangcuo qui était en contre-bas du monastère est à présent complètement asséché, il ne nous fut donc pas possible de prendre la traditionnelle photo de loin du monastère, avec son image se reflétant sur l’eau du lac.

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Il nous faut alors gravir un long et raide escalier (encore des marches!), nous permettant d’arriver aux 3 bâtiments principaux.

Nous pouvons alors déambuler dans une succession de salles (toujours dans le sens des aiguilles d’une montre!), impressionnantes de par leur grandeur, leurs couleurs vives, la taille des statues de bouddhas qui y trônent, et surtout de par l’atmosphère de sérénité qui s’en dégage. Nous ne pouvons évidemment pas faire de photos à l’intérieur, il vous faudra donc l’imaginer!

On l’appelle aussi le « temple de la tuile d’or », et pour cause!

Je crois que j’ai déjà trop longuement écrit, je m’arrête là pour aujourd’hui. Notre voyage était biensûr bien plus long que ça, et tout aussi génial. Je reviens très bientôt avec la suite!

Sunset on the Great Wall (长城)

Sunset on the Great Wall (长城)

Comme souvent le week-end, nous sommes partis faire une randonnée avec un groupe de copains, mais cette fois-ci avec un objectif un peu différent: voir le couché de soleil sur la Grande Muraille.

Pour atteindre cette portion de la Grande Muraille, il faut compter environ 2h de bus depuis le centre de Pékin. Après avoir quitté les grands axes, le bus s’engage sur des routes sinueuses montant vers notre point de départ. Ce jour-là, il fait assez chaud, et au cours de la montée, en entend un bip assez fort, une alarme sans doute. Ça n’a pas l’air de perturber le chauffeur, mais on se lève pour regarder le tableau de bord et il semble que la température de l’huile soit passée dans le rouge! le chauffeur finit donc pas arrêter le bus sur le bas-côté, au milieu de nulle part, sans réseau téléphonique, en plein cagnard, tout va bien. Le chauffeur tente de redémarrer à plusieurs reprises (comme si la température baissait instantanément…) pour finir par y arriver au bout d’une demi-heure. Nous pouvons donc repartir, avec l’aiguille d’indication de la température juste en-dessous de la limite rouge. Espérons ne pas être trop loin de notre destination, et surtout espérons pouvoir rentrer à Pékin après la nuit tombée!

Avant le COVID, les randonnées sur la Grande Muraille pouvaient se faire assez librement. Depuis l’arrivée de l’épidémie, il est très souvent indispensable d’être accompagné d’un guide chinois, afin d’augmenter nos chances d’être autorisés à traverser les villages par lesquels il nous faut passer pour atteindre la Muraille. Ce jour-là, nous ne sommes pas accompagnés par notre guide habituel Steven, car il est bloqué hors de Pékin. Bon gré mal gré, nous partons donc avec un « guide » que nous ne connaissons pas, mais qui au moins parle Anglais et Chinois. Une personne originaire du village de départ de la rando nous guidera aussi jusqu’au pied de la Muraille, et le fait d’être une personne du coin est meilleure garantie d’un « laissez-passer ».

Nous commençons donc la marche par la forêt, où il faut traverser à plusieurs reprises un petit ruisseau. On est super content d’être en pleine nature, loin de la frénésie de la ville, et d’avoir enfin un paysage sans poteau électrique ni bitume!

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une habitation au milieu de nulle part

Nous arrivons donc enfin au pied de cette section de la Grande Muraille: Dàzhuāng kē (大庄科).

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arrivée au pied de la Grande Muraille

Cette partie de la Grande Muraille n’a été qu’en partie restaurée, et offre un panorama sublime sur la montagne, dans une ambiance digne du Livre de la Jungle en cette saison.

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Par deux fois nous croisons quelqu’un qui est, je pense, un gardien, ou une personne chargée de la surveillance la muraille. Reste-t-il là toute la journée? Aucune idée, cela dit il y a pire comme bureau.

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Comme évoqué plus haut, cette partie de la muraille n’a été que partiellement restaurée, et il y a sans doute très longtemps. La muraille suivant le relief, il y a un certain nombre de passages en escaliers. Les marches de ces escaliers sont très irrégulières, certaines étant parfois presque aussi hautes que Constance!

Heureusement que les copains sont là, ça aide à motiver la mini troupe!

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Mais surtout heureusement que super Papa est là pour porter Constance sur ses épaules, car certains passages sont franchement escarpés et aériens.

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Finalement ces efforts ne sont pas vains, la lumière du soir est superbe, elle magnifie le paysage.

Toutefois, en plein milieu de ce panorama, une horrible route vient gâcher le paysage. C’est incroyable cette capacité qu’ils ont ici à mettre de gros trucs moche au milieu de lieux magiques et/ou historiques comme celui-ci. Pourquoi cette route énorme au milieu de nulle part? D’après ce que j’ai trouvé sur internet, elle aurait été construite pour les JO. C’est dommage car c’est là que le coucher de soleil est le plus éclatant

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il faut donc ruser pour photographier ce soleil couchant, sans

Habituellement quand nous partons marcher le week-end, nous prévoyons un pique-nique pour le déjeuner. Évidemment, cette fois-ci le pique-nique s’est fait le soir, face à ce paysage sous le soleil couchant. Pour être raccord avec ce cadre magique, nous avions prévu un pique-nique disons un peu plus haut de gamme, avec du bon saucisson et du fromage (un luxe ici) ainsi qu’une bonne baguette comme chez nous (mais à ¥22 la baguette, soit environ 3€, on est en Chine quand même…), et même du vin! Ce pique-nique très français est finalement un peu comme une Madeleine de Proust 🙂 🥖🧀🍷🍓.

Etant donné que nous avons perdu du temps au départ avec la panne de notre bus, nous avons dû écourter ce moment très agréable, et finir cette marche au pas de course, qui finira à la lampe frontale.

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C’est au retour au village que nous apprenons la détection de 19 nouveaux cas positifs au COVID dans notre district. À ce moment-là, nous nous disons que l’on risque de ne pas pouvoir refaire ce genre de sortie avant un moment, et le groupe de parents que nous sommes s’apprête à encaisser une probable nouvelle fermeture du Lycée français. Ajouté à ça notre inquiétude sur la capacité du bus à nous ramener à bon port, on se dit qu’on peut bien ouvrir la bouteille de vin restante pendant le trajet de retour! ;-).

Cette randonnée date déjà, à l’heure où j’écris cet article, d’il y a 2 semaines. L’école est effectivement fermée, nous devons nous faire tester tous les jours, les restaurants ne font plus que de la vente à emporter, les magasins sont ouverts mais les autres lieux publiques couverts sont fermés jusqu’à nouvel ordre. Pour nous, c’est un retour en 2021 version chinoise, alors qu’ici 2021 était une année finalement très libre (certes à l’intérieur de la Chine, mais assez libre néanmoins). Quand on voit l’efficacité incroyable qu’ils ont à tester tous les habitants de la région de Pékin et à avoir les résultats en maximum 24h (Pékin compte environ 20 millions d’habitants, soit environ 2x la population de la Belgique), le souvenir des difficultés que nous avions connues en France en 2021 (ou 2020, je ne sais plus) pour les campagnes de test, me rendent un peu perplexe.

Gubeikou 古北口: découverte de la Grande Muraille 长成

Gubeikou 古北口: découverte de la Grande Muraille 长成

I’m back! Après près d’un mois de silence, me voilà plus que motivée pour reprendre ma plume, ou plutôt mon clavier, afin de continuer le partage de nos découvertes.

Aujourd’hui je vous emmène donc vers l’une des 7 merveilles du monde: la Grande Muraille de Chine (Cháng Chéng 长称), appelée aussi le « Dragon de dix mille lis ». Sa longueur exacte fait encore débat, les chiffres allant de 8000 à 21000km! Si on considère la fourchette basse de cette estimation, imaginez être dans un avion et survoler ces 8000km d’ouest en est de la Chine. Ce vol durerait près de 10h! Mais pourquoi est-il si difficile d’estimer la longueur d’un mur me diriez-vous? Pour cela il faudrait savoir de quelle muraille on parle, car en réalité il s’agit d’un ensemble de fortifications parallèles, bâties en différents endroits par des souverains successifs. Dès le VIIème siècle avant J.-C., les états de la Chine antique érigèrent les premiers remparts pour se protéger les uns contre les autres. Ainsi, la première grande muraille naquit de l’unification de ces tronçons par le premier empereur Qin Chi Huangdi (200 ans avant J.-C.), du fait de la relation devenue conflictuelle entre la Chine et les populations de Mongolie. En effet, les nomades Mongoles étaient très dépendants de la Chine pour se nourrir et se vêtir, leurs steppes étant trop inhospitalières pour ne pas avoir à descendre vers le sud pour compléter leur alimentation. Bien que leur population soit très inférieure à celle de la Chine, ils n’en représentaient pas moins une grave menace. Armés de puissants arcs et chevauchant de petits poneys des steppes, rapides et endurants, les guerriers nomades lançaient régulièrement des attaques sur les États du Nord de la Chine. C’est donc pour se protéger que les chinois construisirent cette première muraille.

Faute d’entretien, cette première ligne de fortification en terre tomba en ruine. Celle visitée de nos jours, faite de pierres et de briques, est quant à elle l’oeuvre des Ming (XIV – XVIIème siècles). En effet, après près d’un millénaire d’un équilibre fragile entre la Chine et les Mongoles, un chef, devenu Gengis Khan, parvint à rassembler les différentes peuplades de la steppe et reprit les attaques sur la frontière nord afin d’obliger les Chinois à envoyer des subsides et à commercer. Recommença alors une longue période conflictuelle entre le Chine et la Mongolie, où des attaques agressives seront menées entre les 2 peuples. Pour y mettre fin, l’idée séculaire d’une ligne défensive au nord de la Chine fit son retour, mais cette fois-ci avec des techniques plus élaborées.

Cette « nouvelle » muraille est haute d’environ 8m, et large de 5m en moyenne. S’y succèdent des forteresses, des milliers de tours de guet, des portes et des passes. Près d’1 million de soldats y étaient mobilisés, et communiquaient par des signaux de feux (pour lesquels des crottes de loups étaient utilisées comme combustible). Cet immense ouvrage a cependant échoué à remplir son rôle défensif, mais il fut néanmoins un moteur économique important, puisqu’il permit de faciliter la circulation des caravanes commerciales, d’est en ouest. Finalement, au XIXème siècle, la grande muraille tombant en désuétude, et les villageois utilisèrent même ses briques pour construire des fermes. Certains tronçons ont toutefois été restaurés, mais ça ne sera pas le cas de celui que nous visitons au travers de cet article.

Gubeikou (古北口, ce qui signifie « ancien col du nord ») est un tronçon non restauré de la Grande Muraille. Situé dans une zone reculée à 130km au nord de Pékin, ce tronçon offre un paysage sauvage, authentique et saisissant. Cette partie de la muraille n’ayant jamais été restaurée, elle conserve son apparence d’origine, telle que construite sous la dynastie Ming.

Il ne s’agit pas ici de simplement marcher sur un mur. En effet, même si ce tronçon reste assez simple (nous y sommes allés avec les enfants), il y a tout de même des passages plus délicats, des morceaux de muraille s’étant effondrés par endroits avec le temps. La section de la muraille à Gubeikou présente une longueur d’environ 10 km et est divisée en deux segments: l’extrémité ouest, appelée Wohushan, et la partie orientale, Panlongshan. En raison de son état, Gubeikou attire beaucoup moins de visiteurs que les sections restaurées du mur. Gubeikou n’a pas de zone délimitée par une entrée et une sortie, on peut donc y accéder à tout moment par n’importe quel endroit. Cependant, un billet est nécessaire pour accéder à cette section, des gardes patrouillant sur la muraille pendant la journée pouvant contrôler les billets. Nous n’avons cependant pas eu à nous inquiéter de cela, avec la situation sanitaire les visiteurs ne peuvent plus si facilement qu’auparavant accéder à la grande muraille sans un guide local.

En cette saison d’hiver, la nature nous offre un paysage « gris », mais cela n’en reste pas moins magnifique avec ce contraste par rapport au ciel bleu. Il paraît que chaque saison offre de merveilleux paysages sur la Grande Muraille: le gris froid, avec parfois une pellicule de neige, et le ciel bleu éclatant en hiver, les fleurs colorées au printemps, le vert en été, et le camaïeu rouge orangé en automne.

Vous l’avez compris, nous reviendrons sur la muraille, à Gubeikou mais aussi ailleurs. J’ai notamment très envie d’aller sur la section de Jiankou, très sauvage mais aussi plus périlleuse du fait des pentes très raides à passer. Cela remplacera notre traditionnelle randonnées alpine estivale ;-).

Pour finir cette belle randonnée, voici des sculptures illustrant comment a été construite la muraille, les images parlent d’elles-mêmes.

C’est promis, le prochain article sera moins long à arriver. Nous commençons enfin à nous sentir « à la maison » ici, et avec les enfants enfin de retour à l’école, je retrouve ce qui m’a motivée à venir ici: découvrir, voyager, et partager!

Shanghaï… premiers pas en Chine!

Shanghaï… premiers pas en Chine!

La quarantaine est déjà loin derrière nous, et nous finissons enfin notre période de 7 jours d’observation à Shanghaï. Nous partons dans 2 jours à Pékin (nous avions pris un peu de marge pour être certains de bien avoir tous nos QR codes verts pour prendre l’avion), cela nous laisse donc un peu de temps pour quitter les alentours de l’hôtel et découvrir un peu plus Shanghaï. Mais cela est aussi synonyme de nos premiers pas dans ce monde complètement nouveau pour nous…

Il faut savoir qu’ici, un téléphone portable est absolument nécessaire pour tout (d’ailleurs ma batterie externe ne quitte plus mon sac). On a besoin d’un téléphone pour payer, pour commander un taxi, je présume pour prendre le métro (mais pas encore essayé), pour présenter nos QR codes (et donc pour rentrer dans les immeubles et les commerces par exemple), pour récupérer les résultats des tests PCR, etc. Mais comme je l’écrivais précédemment, un numéro de téléphone chinois est aussi très souvent nécessaire pour utiliser toutes ces applications, ainsi qu’un compte bancaire en Chine. Nous avons pu très vite récupérer des téléphones et numéros chinois, mais pour le compte en banque, cela va prendre plusieurs semaines. En attendant, il faut donc se débrouiller avec nos cartes françaises, qui sont acceptées sur certaines applications, mais qui sont régulièrement bloquées du fait de ces nombreux paiements « inhabituels » effectués en Chine. Et puis j’avoue que c’est assez perturbant de cliquer sur un bouton pour valider un paiement alors qu’on ne comprend absolument rien de ce qui est écrit sur l’écran. Bref, en résumé, on a pas mal cherché au début pour arriver à débrouiller tout cela (et même encore parfois maintenant). Autre difficulté: la plupart de ces applications ne sont pas disponibles en anglais, ou juste partiellement. Un outil de traduction est donc le bienvenu, sachant que Google Traduction n’est pas utilisable.

Je m’égare un peu, car je voulais vous parler de Shanghaï. Mais laisser moi d’abord vous parler d’un autre point essentiel: la communication. En Chine, tout le monde ne parle pas anglais, loin de là. Et malgré notre motivation pour apprendre le chinois, la barrière de la langue est bien réelle. Il est en de même pour l’écriture: impossible de se raccrocher à de la phonétique ou des mots que nous aurions identifiés visuellement, nous sommes absolument incapable de lire et donc de comprendre ce qui est écrit, comme si nous étions des analphabètes. En fait, c’est la sensation qu’une frontière invisible nous sépare du reste du monde, une frontière contre laquelle nous nous cognons dès que l’on essaie de communiquer, ou de faire quoique ce soit. En biensûr, impossible de chercher des informations, des adresses ou des contacts sur internet, puisque Google n’existe pas ici, et que les moteurs de recherche utilisables ici donnent généralement des résultats en chinois. Les réseaux d’expatriés en Chine sont donc vraiment une aide très précieuse, c’est un vrai fil d’Ariane, ou une bouée de sauvetage ou milieu de l’océan.

Une fois ces obstacles passés, nous voici prêts pour une première exploration de Shanghaï (signifiant « la ville en amont de la mer »). Objectif: voir le Bund. Sur la rive gauche de la rivière Huangpu s’étire un long boulevard appelé le Bund, signifiant « rive boueuse ». Cet endroit est aussi appelé par les chinois « waitan », signifiant « la berge des étrangers ». Sur ce boulevard ont été construits d’imposants immeubles style Chicago des années 30 ou vieux Broolkyn (du moins l’image que je m’en fait), abritant à présent des banques, des hôtels, et des consulats. A l’origine il n’y avait ici que des rives marécageuses, faisant office de décharge. Au XIXième siècle, l’ouverture du port aux occidentaux donne naissance au Bund. On y voit d’ailleurs le quai décrit par Hergé dans le « Lotus Bleu », quand Tintin est arrivé en Chine. De l’autre côté du fleuve, on peut voir la ville nouvelle de Pundong (signifiant « à l’est du Pu »), faisant l’objet de magnifiques photos symbolisant Shanghaï. Mes talents de photographe sont encore très limités, et je me rends compte en écrivant ces lignes que j’ai trop peu photographié notre balade. Mais nous reviendrons à Shanghaï, c’est promis!

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Cette foret urbaine, que l’on peut comparer au Manhattan de Shanghaï, n’était encore en 1990 qu’une paisible terre agricole, plate et fertile. A part des champs, des vergers, et quelques docks et entrepôts industriels, il n’y avait rien. C’est pour désengorger la partie ouest de la rivière que la municipalité décida de développer cette zone, en 1990 (il y a à peine 30 ans!). C’est aussi tout un symbole, Shanghaï deviendra la place forte financière chinoise. Ces terres offrent une belle superficie, alors pourquoi avoir construit des immeubles si hauts? Le sous-sol y est instable, et il fallut donc creuser très profond pour que les fondations atteignent la roche, et seules de hautes constructions permettent d’amortir le coût de tels forages. A présent décrivons quelques-unes de ces tours: 

  • Le Shanghaï World Financial Center (SWFC) ou le Décapsuleur (pour les intimes): tour haute de 492m, comportant 101 étages. Ce trous qui évoque un décapsuleur n’a pas qu’un but esthétique, puisqu’il permet aussi de réduire les efforts dus au vent exercés sur la structure. Il paraît que le sol du 97ième étage, celui en haut du trou, est en verre. Mon challenge perso: y aller quand nous reviendrons à Shanghaï! 
  • La Shanghaï Tower (le gratte-ciel en torsade sur la photo): tour haute de 632m, ce qui en fait un des plus hauts gratte-ciel du monde. Cette tour est équipe d’un des ascenseurs les plus rapide au monde, avec sa vitesse de 20.6mètres/s.
  • L’Oriental Pearl TV Tower: Antenne de télévision et de radio haute de 468m. Elle peut se visiter puisqu’elle abrite notamment le musée d’histoire de Shanghaï. J’ai également lu qu’une des boules de cette antenne abrite des montagnes russes, à faire avec des lunettes de réalité virtuelles nous donnant l’impression de survoler les gratte-ciel des Pudong.

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Lors de cette balade le long du Bund, nous avons été confrontés à une situation face à laquelle nous ne savions trop comment réagir, et qui va s’avérer se répéter tous les jours: notre petite blondinette de 5 ans suscite l’admiration des chinois. Régulièrement elle est prise en photo dans la rue par les personnes que nous croisons. C’est délicat pour nous de dire non, car d’une part nous ne sommes pas capable de l’exprimer en chinois, et d’autre part la notion de droit à l’image n’est pas la même que chez nous. Cela pourrait donc être mal interprété. Pour la petite anecdote: lorsque nous sommes revenus sur le Bund le soir pour voir les illuminations, nous voulions nous prendre tous les quatre en selfie. Comme souvent ça n’est pas facile, et pendant que nous essayions de cadrer à peu près cette photo, une personne nous aborde en disant quelque chose que nous ne comprenons évidemment pas, mais nous avons tout de suite pensé qu’il nous proposait de prendre la photo pour nous. Nous avons donc accepté, mais en réalité il voulait juste prendre Constance en photo avec son téléphone! C’est tout juste s’il ne demandait pas à Augustin de se décaler pour ne pas l’avoir dans le cadre de la photo. Nous étions tellement surpris que nous n’avons pas réagit, nous sommes bêtement restés bouche bée. Mais rassurez-vous, cela n’a pas du tout l’air de gêner Constance, comme une petite starlette elle continue de marcher l’air de rien, avec un petit sourire en coin, comme le ferait une petite starlette.

Afin de donner de la motivation aux enfants pour cette balade, nous prenons ensuite la direction de la rue de Nankin, qui est connue pour être la rue la plus commerçante de toute la Chine. Au bout de cette rue, il y a… un LEGO store géant! C’est donc là que nous atterrissons, auprès une longue traversée de cette rue aux enseignes et devantures illuminées et multicolores. Là encore je n’ai pas assez sorti mon appareil photo, mais heureusement que le LEGO store a tout un mur reconstituant les enseignes et les néons de cette rue digne d’un Las Vegas chinois!

Lors de nos balades dans Shanghaï, nous nous sommes fait la remarque que les rues sont très silencieuses, malgré le trafic très dense. Il s’avère que, et nous verrons plus tard que c’est encore plus le cas à Shanghaï qu’à Pékin, la plupart des véhicules sont électriques, que ce soit les 2 ou les 4 roues. Et pourtant ce ne sont pas les scooters qui manquent! C’est assez drôle d’ailleurs de voir de vieux 2 roues, chargés comme des mulets avec des choses beaucoup trop volumineuses (il y a énormément de livreurs ici). En contre-partie, le danger c’est que l’on ne les entend pas arriver, et ici sur la route les piétons sont en bas de la chaîne alimentaire. Autre différence par rapport à chez nous, c’est la quantité de voitures de luxes que nous pouvons croiser. Ça en devient presque banal… (oui, cette voiture est bien une McLaren!)

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Comme écrit plus haut, nous reviendrons à Shanghaï dans quelques mois, pour mieux visiter la ville, et emmener les enfants à Disney (ils ne voudrons pas quitter la Chine sans y avoir été 😉 ). J’aurai sans doute beaucoup plus de choses à vous raconter et à vous montrer dans ce prochain article :). En attendant, en route pour Pékin!

Le grand départ vers la Chine! Et la quarantaine…

Le grand départ vers la Chine! Et la quarantaine…

Dimanche 28 novembre 2021, nous sommes enfin prêts à quitter la France pour partir en Chine! C’est un peu la sensation d’arriver au bout d’un marathon couru au rythme d’un 100m pendant plusieurs semaines, et d’être sur le point de sauter dans le vide. Nous avons peur, nous sommes très émus, mais tellement contents que ce projet se concrétise enfin! Vous avez été si nombreux à nous accompagner ces dernières semaines, que nous sommes tristes de partir avec l’idée de ne pas revenir pendant 2 ans. Mais ça nous donne une sacrée motivation pour profiter à fond de ce périple et vous emmener avec nous faire voyage à travers ce blog. Alors c’est parti!

Nous voici sur le point d’embarquer, et premier étonnement: la plupart des passagers sont affublés d’une combinaison intégrale blanche, un peu comme celles utilisées par les peintres. A part quelques exceptions, seuls les occidentaux (une quinzaine maximum sur tout le vol) n’en portent pas. Nous embarquons dans l’avion et sommes acceuills par l’équipage, également vêtu de ces combinaisons. Couverts de la tête aux pieds, aucune partie du corps n’est visible afin d’éviter tous  contacts avec les passagers et l’environnement extérieur. Nous avons l’impression d’être des objets radioactifs ultra dangereux! Nous nous installons chacun sur deux rangées différentes pour permettre aux enfants d’être à côté d’un hublot et les isoler un peu dans cet environnement nouveau. Il y a déjà un air de Chine dans l’avion et nous commençons à comprendre que la communication va être difficile.

L’avion est prêt pour le décollage, un dernier coucou de la main à Olivier qui rentre aussi en Chine et qui est avec nous quelques rangs plus loin. Nous voilà partis pour un vol au dessus de l’Europe, de la Russie et qui doit nous mener en Chine 11h plus tard! Les règles à bord sont assez strictes, interdiction de changer de siège (frustrant avec cette énorme rangée vide à côté de nous, où l’on aurait pu s’allonger pour dormir) et maintien du masque pendant toute la durée du vol, y compris pour les enfants (oui, Constance aussi). Nous avions été avertis qu’il valait mieux bien manger avec de partir, car le repas servi à bord était très limité. Et effectivement, 3 bouteilles d’eau données dans un sac en plastique, et quelques petites choses à grignoter (je n’ai pas réussi à tout identifier…) à manger, données dans une boîte en carton à chaque passager. Premier apprentissage: je croyais que tout était périmé car les dates indiquées sur les emballages étaient toutes dépassées. Mais en fait non, il s’agissait des dates de fabrication, les dates de péremption n’étant pas toujours indiquées sur les emballages chinois.

Nous arrivons en début d’après-midi, le lendemain, à l’aéroport International de Shanghai Pudong et nous commençons notre parcours d’arrivée: QR codes, prises de températures, nouveaux tests PCR, formulaires à compléter. Au bout de 3 ou 4h, nous passons finalement la douane et nos bagages nous attendent (tous !) au pied du tapis. Nous arrivons dans une dernière zone, regroupés par petits groupes de 20 personnes, un énième scan de QR code et remplissage d’une application (en chinois, sinon ça n’est pas drôle), entérinant notre départ en quarantaine. A l’extrémité de la zone, un bus nous attend. il fait déjà nuit. Nous prenons place dans le bus sans avoir une quelconque idée du lieu où nous allons êtres conduits. Grace à tous les échanges que nous avons eus avec tous les groupes d’expatriés déjà sur place, nous nous sommes préparés à vivre cette expérience. Ces relations créés à distance avant notre départ se révèleront précieuses par la suite.

Après une petite heure de trajet, le bus arrive finalement dans l’arrière cour d’un hôtel et nous découvrons tous les quatre ce que va être notre lieu de résidence pour les quatorze prochains jours. L’ambiance est particulière, nos hôtes sont tous vêtus de combinaisons et certains sont équipés de pulvérisateurs et désinfectent nos bagages. Nous sommes conduits tous ensemble dans un couloir dans lequel chaque personne à tour de rôle est amenée à choisir une chambre. Notre tour arrive, nous serons séparés dans deux chambres différentes et assez éloignées au sein de l’hôtel. Nous avions anticipé cela et nous avions réparti nos affaires dans des valises distinctes. Le choix des équipes a déjà été fait en France, ça sera une chambre de filles, et une chambre de garçons! Nous partons les premières, nous nous serrons tous une dernière fois dans les bras et prenons place dans l’ascenseur (je ne vous le cache pas, nous étions toutes les 2 en larmes). Nous nous disons au revoir le coeur serré pensant surtout aux retrouvailles quatorze jours plus tard. Les garçons suivront dans l’ascenseur suivant. Nous sommes conduits à notre chambre, un lit double pour nous (les garçons auront chacun un lit simple), une salle de bain, un table et deux chaises, une bouilloire, l’ensemble dans 14m2. La porte se referme derrière nous. La quarantaine commence.

Pour la suite, je vous laisse découvrir en images notre quotidien des deux semaines qui ont suivi. Nous étions séparés, et non nous n’avons pas pu nous voir pendant toute la durée de la quarantaine. Mais malgré cette difficulté, nous avons trouvé à nous occuper. Notre quotidien a été ponctué de hauts de bas, et il est difficile de tirer un bilan de ces 14 jours, positif ou négatif. Le plus simple est de dire que les 14 jours sont passés. En revanche, ce qui est sûr, c’est que nous nous étions préparés depuis longtemps en France grâce à tous les échanges avec les autres expatriés étant déjà passé par là, que nous avions prévus des activités pour les enfants et de la nourriture supplémentaire, ce qui a beaucoup aidé à ce que cette période ne soit pas trop difficile. Pour finir, le support des personnes sur place, que ce soit les nouveaux collègues de Julien ou des personnes rencontrées sur les différents groupes WeChat a été une bouffée d’oxygène pour nous !

Une de nos occupations durant la quarantaine a été d’essayer de comprendre ces histoires de QR codes. Il faut savoir qu’en Chine, et de façon beaucoup plus poussée que le passe sanitaire en France, un QR code vert, spécifique à chaque ville, est nécessaire pour faire quoi que ce soit: faire ses courses, entrer dans un lieu fermé, entrer dans certains quartiers, prendre le taxi, prendre l’avion, entrer dans un parc, aller au travail, aller à l’école, etc. La difficulté pour nous occidentaux est qu’il n’y a pas vraiment de règle claire, que ce QR code, qui est un véritable sésame, peut être obtenu de plusieurs manières différentes. Difficulté supplémentaire: la plupart de ces applications (ou plutôt mini-programmes pour les connaisseurs de WeChat) sont en chinois, et nécessitent d’avoir un numéro téléphone chinois (pratique quand on est enfermé en quarantaine…). Mais en Chine, il faut comprendre que « même si on ne sait pas toujours comment ni pourquoi, tout fini par finalement fonctionner« , ou bien que « rien n’est jamais certain, mais tout est possible » .

Au bout des 14 jours, de 4 tests PCR chacun (y compris les enfants), de prises de température quotidiennes, nous voici ENFIN Li-bé-rés! C’est vraiment cette sensation que l’on a eue quand nous sommes sortis de l’hôtel, et que nous avons pu nous serrer dans les bras tous les 4. Je crois que nous avons un peu ressenti la même chose qu’un prisonnier sortant de prison (ok nous ça n’était que 14 jours, mais quand même 🙂 ). Maintenant en route pour un autre hôtel, que nous avons pu choisir nous-même cette fois-ci, où nous allons faire les « 7 jours d’observation ». Et mieux qu’une chambre d’hôtel, c’est un petit appartement que nous avons pour nous 4. Royal! Pendant ces 7 jours, 2 autres tests PCR sont à effectuer (je n’ai jamais eu les narines aussi dégagées), et nous avons le droit de sortir une fois par jour pour raison essentielle (pour nous sortir prendre l’air au parc avec les enfants étant essentiel). Mais surtout c’est un vrai bonheur d’être ensemble et de pouvoir manger ce que l’on veut (à peu près, car je rêve encore d’un énorme plateau de fromages bien de chez nous).

Arrive enfin notre 22ième jour en Chine, et comme prévu notre « Health Kit » (le QR code pour Pékin) passe au vert, ce qui signifie que nous avons enfin le droit de nous envoler vers Pékin, notre destination finale!

Entre temps nous avons un peu vu Shanghaï, mais ça je vous le raconterai dans un prochain article!

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