Gubeikou 古北口: découverte de la Grande Muraille 长成

Gubeikou 古北口: découverte de la Grande Muraille 长成

I’m back! Après près d’un mois de silence, me voilà plus que motivée pour reprendre ma plume, ou plutôt mon clavier, afin de continuer le partage de nos découvertes.

Aujourd’hui je vous emmène donc vers l’une des 7 merveilles du monde: la Grande Muraille de Chine (Cháng Chéng 长称), appelée aussi le « Dragon de dix mille lis ». Sa longueur exacte fait encore débat, les chiffres allant de 8000 à 21000km! Si on considère la fourchette basse de cette estimation, imaginez être dans un avion et survoler ces 8000km d’ouest en est de la Chine. Ce vol durerait près de 10h! Mais pourquoi est-il si difficile d’estimer la longueur d’un mur me diriez-vous? Pour cela il faudrait savoir de quelle muraille on parle, car en réalité il s’agit d’un ensemble de fortifications parallèles, bâties en différents endroits par des souverains successifs. Dès le VIIème siècle avant J.-C., les états de la Chine antique érigèrent les premiers remparts pour se protéger les uns contre les autres. Ainsi, la première grande muraille naquit de l’unification de ces tronçons par le premier empereur Qin Chi Huangdi (200 ans avant J.-C.), du fait de la relation devenue conflictuelle entre la Chine et les populations de Mongolie. En effet, les nomades Mongoles étaient très dépendants de la Chine pour se nourrir et se vêtir, leurs steppes étant trop inhospitalières pour ne pas avoir à descendre vers le sud pour compléter leur alimentation. Bien que leur population soit très inférieure à celle de la Chine, ils n’en représentaient pas moins une grave menace. Armés de puissants arcs et chevauchant de petits poneys des steppes, rapides et endurants, les guerriers nomades lançaient régulièrement des attaques sur les États du Nord de la Chine. C’est donc pour se protéger que les chinois construisirent cette première muraille.

Faute d’entretien, cette première ligne de fortification en terre tomba en ruine. Celle visitée de nos jours, faite de pierres et de briques, est quant à elle l’oeuvre des Ming (XIV – XVIIème siècles). En effet, après près d’un millénaire d’un équilibre fragile entre la Chine et les Mongoles, un chef, devenu Gengis Khan, parvint à rassembler les différentes peuplades de la steppe et reprit les attaques sur la frontière nord afin d’obliger les Chinois à envoyer des subsides et à commercer. Recommença alors une longue période conflictuelle entre le Chine et la Mongolie, où des attaques agressives seront menées entre les 2 peuples. Pour y mettre fin, l’idée séculaire d’une ligne défensive au nord de la Chine fit son retour, mais cette fois-ci avec des techniques plus élaborées.

Cette « nouvelle » muraille est haute d’environ 8m, et large de 5m en moyenne. S’y succèdent des forteresses, des milliers de tours de guet, des portes et des passes. Près d’1 million de soldats y étaient mobilisés, et communiquaient par des signaux de feux (pour lesquels des crottes de loups étaient utilisées comme combustible). Cet immense ouvrage a cependant échoué à remplir son rôle défensif, mais il fut néanmoins un moteur économique important, puisqu’il permit de faciliter la circulation des caravanes commerciales, d’est en ouest. Finalement, au XIXème siècle, la grande muraille tombant en désuétude, et les villageois utilisèrent même ses briques pour construire des fermes. Certains tronçons ont toutefois été restaurés, mais ça ne sera pas le cas de celui que nous visitons au travers de cet article.

Gubeikou (古北口, ce qui signifie « ancien col du nord ») est un tronçon non restauré de la Grande Muraille. Situé dans une zone reculée à 130km au nord de Pékin, ce tronçon offre un paysage sauvage, authentique et saisissant. Cette partie de la muraille n’ayant jamais été restaurée, elle conserve son apparence d’origine, telle que construite sous la dynastie Ming.

Il ne s’agit pas ici de simplement marcher sur un mur. En effet, même si ce tronçon reste assez simple (nous y sommes allés avec les enfants), il y a tout de même des passages plus délicats, des morceaux de muraille s’étant effondrés par endroits avec le temps. La section de la muraille à Gubeikou présente une longueur d’environ 10 km et est divisée en deux segments: l’extrémité ouest, appelée Wohushan, et la partie orientale, Panlongshan. En raison de son état, Gubeikou attire beaucoup moins de visiteurs que les sections restaurées du mur. Gubeikou n’a pas de zone délimitée par une entrée et une sortie, on peut donc y accéder à tout moment par n’importe quel endroit. Cependant, un billet est nécessaire pour accéder à cette section, des gardes patrouillant sur la muraille pendant la journée pouvant contrôler les billets. Nous n’avons cependant pas eu à nous inquiéter de cela, avec la situation sanitaire les visiteurs ne peuvent plus si facilement qu’auparavant accéder à la grande muraille sans un guide local.

En cette saison d’hiver, la nature nous offre un paysage « gris », mais cela n’en reste pas moins magnifique avec ce contraste par rapport au ciel bleu. Il paraît que chaque saison offre de merveilleux paysages sur la Grande Muraille: le gris froid, avec parfois une pellicule de neige, et le ciel bleu éclatant en hiver, les fleurs colorées au printemps, le vert en été, et le camaïeu rouge orangé en automne.

Vous l’avez compris, nous reviendrons sur la muraille, à Gubeikou mais aussi ailleurs. J’ai notamment très envie d’aller sur la section de Jiankou, très sauvage mais aussi plus périlleuse du fait des pentes très raides à passer. Cela remplacera notre traditionnelle randonnées alpine estivale ;-).

Pour finir cette belle randonnée, voici des sculptures illustrant comment a été construite la muraille, les images parlent d’elles-mêmes.

C’est promis, le prochain article sera moins long à arriver. Nous commençons enfin à nous sentir « à la maison » ici, et avec les enfants enfin de retour à l’école, je retrouve ce qui m’a motivée à venir ici: découvrir, voyager, et partager!

2 réflexions au sujet de « Gubeikou 古北口: découverte de la Grande Muraille 长成 »

  1. Ça fait plaisir de te lire de nouveau !
    Merci pour les jolies photos… c’est juste incroyable cette muraille ❤ Oui à chaque saison ça doit être joli. Faudra nous montrer ça 🙂
    J’avais eu la chance d’y aller lors d’une mission sur Pekin (sur une partie rénovée, car en très bon état pour le coup) et j’avais été impressionnée. Et surtout je m’étais sentie « toute petite » face à cette création de l’homme incroyable, et je me disais « ça y est, je marche sur la muraille de Chine.. » en mode « j’ai du mal à y croire » lol
    Contente de lire que vous prenez vos marques et que vous commencez à vous sentir bien !

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