Le jardin de la Grande Vue (大观园)

Le jardin de la Grande Vue (大观园)

A Pékin, on trouve une multitude de parcs ou jardins, petits ou grands, où il fait bon aller se perdre lors d’une belle journée ensoleillée. Rappelez-vous, nous sommes arrivés à Pékin en plein hiver, saison durant laquelle la nature est « grise », du fait du froid très sec pékinois. C’est donc un émerveillement de redécouvrir cette ville au printemps, où la nature se réveille et nous offre une explosion de couleurs. On sait dans quel parc aller, et quand, pour venir observer telles ou telles fleurs. Les Saints de glace viennent juste de se terminer (ici ils arrivent plus tôt qu’en France), les fleurs commencent donc timidement à s’ouvrir. C’est donc en compagnie de notre amie rue2provence.com que nous partons à la découverte du « Jardin de la Grande Vue » (appelé aussi « Jardin au Panorama Grandiose »: Dàguānyuán – 大观园).

Ce jardin de 13 hectares a été créé il y a une quarantaine d’années, afin de reconstituer le décor du roman mythique « le Rêve dans le pavillon rouge » (Hóng lóu mèng – 红楼梦), à l’occasion du tournage d’une série sur cette saga. Ce parc est donc un véritable décor de cinéma!

Les enfants se sont d’ailleurs pris au jeu de prendre la pose dans ce décor effectivement très poétique.

Ce roman, écrit au XVIIIième siècle par Cao Xueqin, est considéré comme l’un des quatre grands chefs-d’oeuvre de la littérature chinoise. Selon Mao Zedong, il s’agit d’ailleurs d’une des fiertés de la Chine. Avec ses 120 chapitres, ce roman est aussi un des plus longs jamais écrits. Vous vous en doutez, je n’ai pas (encore?) lu cet ouvrage, donc je ne peux que vous partager ce que j’ai pu trouver sur internet à ce sujet.

Il s’agit d’une saga familiale, sur fond de mythologie chinoise. Considérée en partie comme autobiographique, cette oeuvre dépeint de façon très complète la société chinoise sous la dynastie Qing, autour des aventures du jeune aristocrate Jiǎ Bǎo Yù (贾宝玉). M’aventurer plus loin dans le résumer d’une histoire si longue et que je n’ai jamais lue serait absurde. En revanche, je suis tombée sur un article intéressant qui expliquait la difficulté de traduire des textes écrits en chinois, vers nos langues occidentales. En effet, les figures de style en chinois reposent plutôt sur la graphie des caractères qui sont eux-mêmes des compositions d’éléments sur lesquels on peut jouer… mais seulement avec des caractères chinois! De même, des jeux de mots oraux tiennent aux quatre tons de la langue. Dans ces conditions, il est assez difficile voire impossible de traduire l’intention en français (par exemple). Bien sûr, les figures reposant sur les mots en tant qu’idées existent, mais là encore il s’agit souvent de comparaisons qui n’existent pas chez nous. La culture étant également très éloignée, les expressions n’ont souvent pour nous pas de sens. La traduction de tels romans a donc tendance à les rendre « plats », et à en retirer le piquant des traits d’humour. Autre point, le livre a été écrit par mélange de Chinois vernaculaire (pour le narrateur) assez « familier » et de Chinois « officiel » de haut niveau pour distinguer les personnages de plusieurs rangs sociaux/d’éducation. La traduction efface aussi malheureusement cet effet.

Revenons donc à notre promenade printanière. Ce jardin est organisé avec un lac en son centre, entouré d’une quarantaine de pavillons mettant en scène l’univers du roman.

Ce parc est aussi réputé pour y croiser beaucoup de jeunes chinoises vêtues de tenues traditionnels d’autrefois, se faisant prendre en photos, afin d’agrémenter leurs « moments WeChat » (un peu comme Instagram). Il s’agit du mouvement de mode Hanfu, dans lequel les membres s’efforcent de faire revivre les vêtements traditionnels chinois du passé. Hanfu signifie littéralement « vêtement des Hans », qui est l’ethnie majoritaire en Chine à 92%. Certains peuvent donc y percevoir aussi une tendance nationaliste, commencée suite à l’arrivée en Chine de la mode occidentale il y a quelques années. Mais peu importe, cela nous permet aussi de prendre de jolis clichés.

Il nous reste encore beaucoup de parcs et jardins à découvrir au fur et à mesure du printemps et de l’éclosion des fleurs, c’est au moins un avantage d’être très fortement incité à ne pas quitter la région pékinoise. A bientôt!

9 réflexions au sujet de « Le jardin de la Grande Vue (大观园) »

  1. Bravo pour ce nouvel article qui nous fait merveilleusement partager l’ambiance. Au passage, je ne savais pas que la famille comptait deux stars en devenir ! 😉

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  2. J’étais justement en train de me dire que j’aimerai avoir de vos nouvelles, quand soudain ce matin dans mes mails des photos magnifiques et un texte ad hoc ! Super Angélique des bises ; )

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  3. J’imagine que tu passes beaucoup de temps à décoder le chinois, ses arts et sa culture, ses habitudes et ses coutumes. Tu nous a très bien retranscrit les arts du jardin avec de très belles photos. tu as trouvé ta voie de passeur de cultures. Encore merci et grosses bises à toute la famille.
    Sophie & Joël.

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  4. Merci Angélique pour ce texte et le partage de ces belles photos.
    C’est certain que cette saison qui commence va vous amener à apprécier les sorties dans les parcs.
    En tous cas, ça me donne envie de lire ce livre; enfin pas toute la saga mais au moins les 2 derniers tomes sur qui ont donné lieu au tournage dans ce jardin.

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