J’avais commencé à prendre des photos pour illustrer cet article avant la vague Omicron qui vient de nous tomber dessus. Je ne vais donc pas aller au bout de mon idée car il me manque quelques clichés, mais tant pis, je me lance quand même. Je voudrais donc ici vous montrer le visage des rues de Pékin, comment on s’y déplace, qu’est-ce que l’on peut y croiser, et quelles sont nos impressions après nos 5 premiers mois ici.
L’hiver dernier, nous nous sommes rapidement mis à nous déplacer en métro, mais cela reste encore peu pratique car les lignes de métro ici sont dessinées comme le RER parisien, à savoir des stations très éloignées entre elles, et donc souvent à au moins 15 à 20 minutes à pied de notre destination finale. Par contre ça ne coûte rien, entre 40 et 60 centimes d’€ le trajet, payé simplement en posant sur le portique le téléphone avec l’application Wallet de l’iPhone qui aura été préalablement chargée (le pass Navigo, c’est d’un autre temps!).
Le vélo est donc résolument la meilleure façon de se déplacer ici, ou sa version moderne avec le scooter électrique, chacun sa religion à ce sujet. En ce moment je suis plutôt une adepte du vélo, même si j’apprécie aussi beaucoup les virées en scooter avec Elsa. Mais quand il recommencera à faire vraiment froid, il est probable que je me reconvertisse. En conséquence de ce mode de transport à deux roues, les trottoirs ressemblent bien souvent à ces images, avec un enchevêtrement de vélos et scooters plus ou moins bien rangés.
Ces vélos jaunes (Meituan), ou verts (Didi), ou encore bleus (Alipay), sont des vélos partagés selon un principe équivalent aux Vélib’. A côté de ces vélos, qui paraissent minuscules, mon B’TWIN fait figure de vélo de course, et j’avoue apprécier la sensation d’être super rapide tellement c’est facile de dépasser tous les autres. Les scooters électriques côtoient également les vélos, car notamment utilisés par les livreurs (et croyez-moi, les livraisons sont utilisées tout le temps par tout le monde, pour absolument tout). L’alternative pour les livreurs est l’utilisation de triporteurs en tous genres. Tous ces petits véhicules viennent donc compléter l’effet désordre des trottoirs et bords de route. Mais cela fait aussi évidemment partie du charme de Pékin :).
En Chine, la sieste après le déjeuner, c’est sacré, même au travail! C’est donc amusant de croiser des livreurs ou autres en train de se reposer sur leur véhicule en début d’après-midi.
Nous sommes donc très nombreux à emprunter les pistes cyclables, dont l’aménagement aurait bien de quoi faire rougir de jalousie Anne Hidalgo. Pédaler ici est à la fois plus et moins sécurisé que chez nous. Plus sécurisé car les pistes cyclables sont très larges et très bien délimitées, parfois même par un terreplein.
Les feux tricolores sont aussi systématiquement équipés d’un feu dédié aux 2 roues. De plus ici en ville, les voitures ne roulent pas vite, et les voies les plus rapides (limitées à 80km/h) sont très larges. La ville de Pékin est en effet quadrillée de grands axes, s’agissant en général de 2×3 ou 4 voies, ces voies étant assez larges, et la piste cyclable étant aussi large qu’une voie pour voitures.
A contrario, on peut avoir aussi une sensation d’insécurité ici en pédalant. Tout d’abord du fait des nombreux petits véhicules électriques, qui empruntent aussi les pistes cyclables, car on ne les entend tout simplement pas arriver, et ici dépasser par la droite ou la gauche n’a pas d’importance. Je ne connais pas vraiment le code de la route en Chine, mais en tous cas dans les faits, il n’y a pas de notion de priorité de droite, ni de quelconque priorité d’ailleurs, sauf peut-être de par la taille du véhicule. Il s’agit plutôt de s’insérer dans un flux continu, désolée si ça n’est pas clair, mais je n’ai pas d’autre façon d’interpréter comment évoluer dans la circulation pékinoise. Finalement c’est à l’image de la vision chinoise qui consiste à vivre dans une bulle, où les individus n’en faisant pas partie n’existent pas, comme s’ils étaient invisibles. Et bien c’est la même chose sur la route. Heureusement donc que l’on ne roule pas vite ici, car les accidents pourraient être bien plus grave si ça roulait comme chez nous (il n’est pas rare de croiser un scooter et son chauffeur complètement sonné par terre, car une voiture l’a percuté dans un carrefour). Les petites frayeurs sont aussi souvent liées au fait qu’ici, au feu rouge, on peut avancer si on tourne à droite, même si le feu est rouge.

C’est sur la route que l’on peut aussi constater les écarts de richesse en Chine. Sachant qu’ici exposer sa richesse (que l’on n’a pas forcément, tout est dans l’apparence) est culturel, croiser des voitures de luxe est assez banale, à tel point que j’y fais maintenant si peu attention que je ne pense plus à vous les photographier. Voici tout de même ce que j’ai vu dernièrement
Mais ce qui est surtout surprenant, c’est le choix de couleur de ces voitures (en voyant de près la Mercedes en violet nacré, j’ai même vu que l’étoile de la marque ainsi que le radiateur étaient couverts de strass. Tous les goûts sont dans la nature après tout 😉 ).
Les plus petits véhicules ont aussi parfois un style déroutant, comme ce scooter Mignons ou cette Smart baptisée par les enfants « Dragon Car »
Ces goût disons douteux ne concernent évidemment pas que les voitures, mais aussi les chiens qui se retrouvent affublés de tenues ridicules, voir même de … chaussures!

Clairement il faudra un jour que je vous consacre un article dédié aux tenues vestimentaires des Chinois. Si je veux un jour tenter un style, c’est bien ici qu’il faudra le faire. En guise de mise en bouche pour ce futur sujet d’article, voyez par exemple ce que l’on peut croiser ici:
Revenons à nos rues pékinoises et ses moyens de transport. Ici on peut régulièrement croiser des modes de transport assez fantaisistes, ce qui illustre parfaitement que tout a beau être compliqué ici, rien n’est impossible pour autant.
Pékin est aussi une ville de contrastes, des immeubles de capitale à l’aspect moderne côtoient les Hutongs formant le coeur du Pékin traditionnel, en passant par des immeubles que l’on caractérise entre nous comme étant plus « chinois ».
Ci-dessous on voit par exemple le quartier de Wángfǔjǐng, considéré comme les Champs Elysées pékinois
Les Hutongs avec ses enchevêtrements de petites rues, de cours, et de petits boui-boui
Et un exemple de ce que l’on appelle entre nous une résidence « chinoise »
Pour nos 2 ou 3 ans ici, nous avons choisi une résidence qui s’appelle Phoenix City (en chinois: Fènghuáng 凤凰), située au Nord Est, juste après le troisième périphérique (Pékin comporte 7 périphériques, le premier étant l’enceinte extérieure de la Cité Interdite). Cette résidence est peu connue des Occidentaux car il s’agit d’une résidence assez chinoise (mais de plus haut de gamme que celles ci-dessus, je vous rassure), et ça nous va très bien comme ça, nous ne sommes pas venus en Chine pour rester entre-nous après tout. On peut définir une résidence comme un compound constitué d’un certain nombre d’immeubles, le tout généralement fermé par une enceinte, et dont les entrées sont surveillées par des gardiens.
Je vous emmène donc pour une petite visite: vu de l’extérieur, notre immeuble ressemble à ceci

Il est aussi moche d’extérieur que l’appartement est beau à l’intérieur. Donc l’avantage, la vue sur les beaux immeubles est pour nous, ce qui n’est pas forcément le cas de nos voisins ;-). Notre appartement paraît assez bas, alors que nous sommes déjà au 10ième étage! Disons que c’est une question de perspective, l’immeuble faisant tout de même 38 étages… La résidence comporte une douzaine d’immeubles, je vous laisse calculer le nombre d’habitants… Oui nous sommes nombreux, mais ça ne se ressent pas trop. Pour passer l’enceinte, il faut donc passer par une des portes surveillée 24h sur 24 par un gardien, qui s’assure que tout le monde scanne bien son Health Kit, et que chacun ait bien une température < 37.2°.

Nous avons la chance d’avoir un joli parc ombragé et très vert dans cette résidence, avec une plaine de jeux, un terrain de tennis (qui n’est jamais disponible…), une grande fontaine et des pièces d’eau avec jets (jeux favoris des enfants pour décompresser des journées passées devant Teams) et une piscine extérieure qui nous l’espérons sera ouverte cet été.
Comme je vous le disais plus haut, ici en Chine on utilise énormément les livraisons, pour absolument tout, l’entrée de notre immeuble déborde donc en permanence de colis

Ce que l’on apprécie particulièrement avec Julien, c’est la vue que l’on a de chez nous, et c’est encore plus beau avec la lumière de fin de journée

et de l’autre côté (car notre appartement est traversant), qui donne sur l’intérieur de la résidence, où c’est absolument magique de nuit.

En déambulant dans les rues de Pékin, on peut voir des situations qui sont pour nous assez étonnantes, comme par exemple les coiffeurs de trottoirs (Julien n’a pas encore voulu essayer, je ne comprends pas pourquoi 😂)

Ou encore les pékinois qui se retrouvent pour jouer au Mahjong ou autres jeux de cartes

mais aussi, comme nous l’avons déjà vu cet hiver, ceux qui se retrouvent pour danser ou pratiquer d’autres activités sportives
En regardant de plus près la photo précédente à droite, une des dames porte un masque qui lui couvre intégralement le visage. En effet, les Chinois ont tendance à protéger au maximum leur peau du soleil. Actuellement il fait en moyenne 35°C à Pékin, donc là où nous nous habillons de façon légère pour ne pas avoir trop chaud, eux se couvrent au maximum, pour ne pas bronzer. La raison à cela n’est pas tant médicale, mais plutôt culturelle. Les personnes dont la peau est bronzée sont celles qui travaillent dans les champs, les personnes travaillant dans les bureaux sont quant à elles plus blanches, et cela est considéré ici comme un signe extérieur de richesse, ou du moins d’un milieu social plus élevé. C’est comme pour les voitures dont nous avons parlé plus haut, ici tout est une question d’apparence.

Autre fait surprenant, c’est cette habitude qu’ils ont ici de se prendre en selfie, voir même de se filmer, comme par exemple cette jeune femme se filmant au bord de la route, en train de danser. Cela permet sans d’alimenter leurs Moments WeChat.

D’autres aussi se filment en train de manger, avec le téléphone posé sur une perche à selfie de l’autre côté de la table. Je n’en ai toujours pas compris l’intérêt, mais bon il ne faut pas toujours chercher à tout comprendre ici…
Au milieu de tout ce beau monde et ce fourmillement permanent, on croise un peu partout des Bao’an, ces agents que l’on reconnaît à leur tenue noire et brassard rouge, qui surveillent la population. Je n’en sais pas beaucoup plus sur leur rôle, d’autant plus qu’ils ne nous disent pas grand-chose car avec nos têtes d’étrangers, ils savent d’avance qu’il est vain de communiquer avec nous 😆

Si vous êtes arrivés jusqu’ici, bravo, car je crois que cet article est long, mais il y a tellement à dire! Je garde quelques sujets sous le coude, comme les gratte-ciels pékinois, et les canaux. En attendant, juste pour la beauté des yeux, voici quelques clichés de Pékin en fleurs, j’adore!
Merci pour ce partage ! On a l’impression de sa balader un peu à Pékin avec toi.
Tes articles sont tjs aussi bien… continues !
J’aimeAimé par 1 personne
Merci pour tous ces beaux carnets de voyages remplis de photos qui sont d’un grand intérêt pour les occidentaux que nous sommes. Ta perception en profondeur de la société chinoise me remplit d’admiration et me donne l’impression que vous parlez tous le chinois et que vous y êtes installés depuis des années. Garde ton moral, ton humour et ton oeil acéré de grande voyageuse qui nous ravit. J’ai bien aimé aussi ton dernier voyage en Absurdie, suivant là où tu te trouves, le mot confinement n’a pas tout à fait le même sens.
Enfin un sujet simple que je te propose pour faire passer le temps (de tout le monde) : Un grand voyage dans ton intérieur chinois.
En attendant votre voyage, portez-vous bien et bises à vous quatre.
Joël.
J’aimeAimé par 1 personne
Merci Angélique pour ce partage de votre vie Pékinoise. Et toute mon admiration pour votre zennitude !!
Sophie
J’aimeAimé par 1 personne
Tes photos des vélos et machines roulantes de toutes sortes me rapelle mon voyage au Vietnam oú nous croisions des vélos chargés avec toute la famille, homme, femmes et enfants ou encore avec des animaux comme des gros cochons.
Je me souviens aussi du bruit et des odeurs, peut-être un autre sujet pour toi….
J’aimeJ’aime
Effectivement les bruits et odeurs sont particuliers ici. Mais je pense qu’à Pékin c’est encore très aseptisé par rapport à d’autres endroits de Chine. J’espère pouvoir voyager un peu plus loin bientôt pour vous en parler après. 🙂
J’aimeJ’aime
Merci Angélique, j’attends toujours avec gourmandise tes articles superbement documentés, bravissimo. Je n’ai pas très bien compris si vous avez déménagé au bout de 6 mois car tu parles d’années,,, mais bon ce n’est pas très important. Ici en Bretagne RAS j’ai eu le plaisir d’avoir Virginie et Ariel quelques jours c’était sympa comme toujours. Je vous embrasse tous amicalement Gaelle
J’aimeAimé par 1 personne
Hello Gaëlle, quelques prévisions sur notre planning d’emmagement ☺️ Nous avons quitté la France le 28 novembre 2021 pour une arrivée à Shanghai le 29 novembre. Nous avons passé 3 semaines en quarantaine. Nous avons ensuite pris l’avion pour Pékin le 22 décembre. Nous avons passé trois semaines supplémentaires à l’hôtel avant d’emménager dans notre appartement actuel le 15 janvier 2022. Et nous restons normalement jusqu’à l’été 2024. Voilà tu sais tout 😉
De grosses bises depuis Pekin ! 🇨🇳
J’aimeJ’aime
Merci pour tes articles, très détaillés et agréables à lire. On a l’impression d’y être !
Je pense beaucoup à vous en cette reprise du Covid… Prenez soin de vous et continue de nous faire voyager, c’est génial !
J’aimeAimé par 1 personne
Merci Angiepav, tu as bien capté l’essence de Pékin !
J’aimeJ’aime
j’ai eu une bonne guide pour ça 😉
J’aimeJ’aime