Robinsons à Pékin 2.0.

Robinsons à Pékin 2.0.

Toujours dans l’idée de chercher à mieux comprendre la Chine, j’aime me plonger dans des lectures sur son histoire, que ce soit des documentaires historiques ou tout simplement sous forme de romans historiques, voir contemporains. Je voudrais donc vous partager aujourd’hui une de ces lectures, qui est une BD autobiographique.

Pourquoi est-ce que je me focalise sur cet ouvrage plutôt qu’un autre? Outre le fait qu’il est très agréable à lire, aussi bien Julien que moi nous nous sommes faits la même remarque: que l’arrivée à Pékin se fasse dans les années 80 ou 35 ans plus tard, les constats et difficultés du quotidien sont très semblables. J’ai trouvé ça plutôt rassurant finalement. C’est amusant aussi de lire des passages concernant des lieux que l’on connaît, finalement nous allons tous aux mêmes endroits… Certaines choses ont biensûr évolués, mais d’autres beaucoup moins.

Tout d’abord, comme relaté dans ce livre, nous éprouvons aussi de grandes difficultés à nous fondre dans le peuple chinois. Certes, individuellement les chinois sont vraiment très attachants, il y a toujours quelqu’un pour nous aider, mais la société est faite pour maintenir cette frontière invisible qui nous empêche de créer de vrais liens avec eux. Je ne trouve finalement pas de meilleurs mots que ceux repris du livre:

Trop s’intégrer est en réalité mal vu par le régime, qui craint une « pollution spirituelle » et que la démocratie ne déteigne sur le peuple. Nous vivons pourtant ce rêve chimérique de sauter la barrière et de franchir tous les obstacles pour y parvenir. Mais comment peut-on à la fois rester soi-même, fier de sa culture, et « devenir chinois »?

Il y a aussi biensûr la lourdeur administrative qui est toujours bien présente de nos jours. On a beau être à présent dans un pays ultra digitalisé, le sacro-saint tampon rouge est toujours indispensable, et la façon de l’apposer est encore tout un art.

Vous y reconnaitrez également nos difficultés des débuts, où faire ses courses étaient assez complexe. C’est un fait intemporel, et tout comme l’auteur nous ne pouvons pas intégralement faire nos courses comme les chinois, compléter de temps en temps avec des produits « comme chez nous » est indispensable, et pour cela nous allons chez Jenny Lou! Vous reconnaîtrez sans doute la petite marchande chez qui Eric Meyer se rendait. Est-ce que les graines de Basilic rapportées d’Europe sont à l’origine de la chaîne de magasin du même nom? L’histoire ne le dit pas.

Par contre, une différence majeure rapport aux années 80 est que biensûr le rationnement n’existe plus. Pourtant, la notion de liberté a une définition toujours bien différente ici. Je pense que nos enfants auront ici bien compris l’importance de vivre dans une démocratie, en ayant vécu dans un pays qui ne l’est pas.

En lisant ces pages, on ressent déjà le fourmillement qui anime la ville de Pékin. Il est toujours là, et a même été accentué avec les progrès des temps modernes et l’évolution des moyens de communications

  • les vélos, même si toujours très présents, ont été remplacés par les scooters électriques
  • les petits marchands sont toujours présents, et de plus en plus accessibles du fait de l’utilisation excessive des livreurs, qui vont partout, tout le temps. Et ici, en termes de consommation, le dimanche est un jour comme un autre
  • les informations circulent très vite du fait du réseau sociale WeChat, qui nous sert aussi à payer nos courses, se faire des virements bancaires (ici c’est instantané!), à payer l’eau et l’électricité, suivre les colis venant d’Europe

Mais ces évolutions sont-elles bien positives? Difficile à imaginer que cela arrive en France ou en Belgique, culturellement c’est plutôt inconcevable. Nous n’avons par contre pas non plus le monopole de la bonne solution, peut-être est-elle entre les 2?

En revanche, je suis un peu étonnée d’avoir trouvé ce livre ici (nous avons une libraire francophone à l’Alliance Française). En effet, la seconde partie de l’ouvrage concerne les évènements de 1989. Je ne vais bien entendu pas m’étendre sur le sujet ici, mais laissez-moi vous montrer quelques images prises cet hiver quand nous nous sommes rendus sur la place Tiān’ānmén.

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en arrière-plan: le mausolée de Mao

Située au centre de Pékin, cette place tient son nom de la Porte de la Paix Céleste (Tiān’ānmén – 天安门), qui est l’entrée sud de la Cité Interdite.

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en arrière-plan de ce monument célébrant à la fois les JO d’hiver 2022 et le Nouvel An chinois: la Porte de la Paix Céleste

Outre les nombreux évènements historiques qui s’y déroulèrent, la place Tiān’ānmén est aussi célèbre car il s’agit du quatrième plus grand square au monde (elle mesure un peu plus de 40 ha). C’est aussi là que se trouve un de nos objectifs d’une prochaine visite culturelle: le musée national de Chine

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Je crois que cette place est un des lieux les plus sécurisés de Pékin (et donc de Chine), si ce n’est le plus sécurisés: les accès sont très limités, il faut passer plusieurs points de contrôles des passeports, du Health Kit bien-entendu, des sacs, et même fouille au corps. Pour ceux désirant se rendre à la Cité Interdite par-là doivent compter au moins 1h pour traverser la place et tous ses contrôles.

Même si la place n’est pas particulièrement belle (elle fait très style « communiste ») ça vaut le coup de s’y rendre au moins fois, ne serait-ce que pour se dire « je l’ai vue ».

3 réflexions au sujet de « Robinsons à Pékin 2.0. »

  1. Tu nous donnes envie de lire ce Robinson.
    Je ne commente pas chacun de tes articles, tous passionnants, mais je voulais te dire ici combien je les apprécie.
    Te lire est un vrai plaisir, to écriture est particulièrement agréable, les sujets toujours intéressants et approfondis, BRAVO, et MERCI !!

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  2. Bravo Angélique pour ta nouvelle pleine de sagesse et de sérénité. Tu appréhendes avec beaucoup de philosophie le monde chinois. Bonne découverte à vous quatre. Joël se joint à moi par la pensée.
    Bises.
    Sophie Pociecha-Pavillet

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