Beijing Architecture (北京建筑)

Beijing Architecture (北京建筑)

En cette période du XXième congrès de Parti Communiste Chinois, Pékin est entourée d’une frontière invisible, mais pourtant bien réelle, un peu comme ces boucliers protégeant les villes futuristes des films de science-fiction. Voyant le verre à moitié plein, nous profiterons de ce passage en Chine pour explorer Pékin au maximum, et heureusement il y a de quoi faire!

En effet, la mégalopole chinoise n’en finit pas de nous étonner par sa richesse architecturale si contrastée: l’ultra moderne côtoie des monuments phare de l’Histoire de la Chine, ainsi que l’âme de Pékin avec ses Hutongs. Nous repartons ici dans les rues de la capitale chinoise, pour découvrir son architecture. Il nous faudra pour cela parfois lever les yeux très haut dans le ciel, ou chercher un recoin caché d’un Hutongs. Il ne s’agit que d’un minuscule pan de la ville, je ne pourrai prétendre déjà tout connaître ni tout résumer dans ce simple texte. J’en profite pour remercier notre ami Quentin, qui a contribué au reportage photo que vous allez découvrir ici 📸.

Mais d’abord, je voudrais vous partager notre perception des changements profonds opérés à Pékin ces dernières décennies. Comme nous l’avons vu il y a quelques mois, Pékin a 7️⃣ périphériques (et ouai, nous sommes de petits joueurs avec notre périphérique parisien + A86 + N104). Le premier périphérique est en réalité l’enceinte de la Cité Interdite. Nous habitons juste derrière le troisième périphérique (ce qui est toujours considéré comme faisant partie du centre de Pékin!).

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le point rouge en haut à droite, c’est chez nous!

Pour imaginer cette vitesse de l’extension de la ville de Pékin, dites-vous que les 3ième périphérique a été terminé à la fin des années 90. Pour faire simple, il y a 20 ans, à la place de notre immense résidence, il y avait des champs et des vaches 🐮. C’est comme tout ici: on construit vite, on voit tout en grand, tout est toujours démesuré. Nous n’étions pas là pour le voir, mais les français installés ici depuis des années (des héros à nos yeux) nous décrivent aussi un changement opéré depuis quelques années consistant à remplacer l’ancien par du nouveau. Il ne s’agit de rénover une habitation ou un magasin, mais de raser ce qui fait l’âme de Pékin, par du moderne aseptisé. Les petites échoppes traditionnelles sont remplacées par des banques 🏦 ou des salons de coiffure💈 (ne me demandez pas pourquoi), une grande partie des Hutongs ont été rasés pour être remplacés par des immeubles de 40 étages 🌇. Oui il faut loger tout le monde, oui il faut vivre avec son temps, mais à quel prix? Un autre exemple de cette ville ayant grandi trop vite, c’est le plan du métro 🚇, qui n’est absolument pas pratique. Les stations sont toujours loin d’où l’on doit se rendre, les stations sont éloignées entre elles, et les interconnexions sont mal pensées. Le métro pékinois est en quelques sortes plus comparable au RER parisien qu’à son métro.

Revenons à l’objet de cet article. Comme dans d’autres mégalopoles chinoises, Shanghaï pour ne pas la citer, Pékin est fait de contrastes entre l’ultra design, l’historique, et l’authentique que j’associerais à pauvre aussi. Oui, le contraste est aussi très fort au niveau des richesses: Pékin fait partie du top 10 des villes les plus chers de la planète (ou 20, selon les classements), mais il y aussi beaucoup de très pauvres. Du point de vue du contraste architectural, un exemple bien connu ici illustrant cela est cette célèbre photo offrant un point de vue sur le très design Galaxy SOHO, construit au milieu des vieux Hutongs.

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Galaxy SOHO au milieu des Hutongs

Vu de l’intérieur, c’est d’ailleurs digne d’un décor de film de science-fiction.

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Il y a en fait 3 ensembles SOHO de ce type à Pékin, au style ultra moderne dessiné par la célèbre architecte Anglo-Irakienne Zaha Hadid. On y retrouve des magasins (il y a à Pékin une incitation permanente à la consommation), des bureaux, et autres lieux de divertissements. Un autre de ces trois SOHO est le Wangjing SOHO, au look tout aussi improbable.

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Wangjing SOHO

Wangjing est aussi appelé le Koreantown 🇰🇷 de Pékin. Et oui, partout dans le monde on a des Chinatown, et ici il faut bien trouver autre chose! Ce quartier a aussi ses grandes tours, qui enfilent leurs robes de lumière le soir. Il n’y a pas à dire, les Chinois sont très forts pour les illuminations de nuit.

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Les tours de Wangjing

C’est d’ailleurs étrange de s’émerveiller devant ces illuminations 💡 (c’est vraiment beau Pékin de nuit), alors que récemment sur France Inter j’entendais qu’il était question de ne plus faire d’illuminations pour Noël, à l’heure de la crise énergétique (et écologique!). Mais qui sommes-nous pour avoir bien profité pendant des décennies, avoir donc bien contribué à cette crise, et pour donner des leçons de sobriété aux pays qui ont pris leur élan après nous? Enfin bref, revenons à notre sujet, c’est beaucoup plus léger!

Toujours dans la thématique de l’architecture design, la CCTV tower est l’emblème du nouveau Pékin. Conçue par l’architecte néerlandais Rem Koolhaas, cette tour défiant les lois de la gravité, abrite le siège de la télévision centrale chinoise 📺. Notamment en raison des risques de séisme, sa construction fut considérée comme un défi d’ingénierie. Sa forme unique lui fait valoir le surnom dà kùchǎ (大裤衩), signifiant « gros pantalon ».

Dans ce même quartier d’affaires de Guomao 🏙, le CBD pour Central Business District, se trouve un fameux gratte-ciel à la forme singulière: le China Zun (中国尊). Son nom vient du zūn, un ancien type de vase chinois en bronze qui inspira le style architectural de l’édifice. En temps normal il est possible de monter jusqu’au 108ième (et dernier) et étage, où une terrasse d’observation doit offrir une vue à couper le souffle sur la capitale. Mais restriction COVID oblige, elle n’est pas accessible. Mais vue d’en bas, cette tour donne aussi le vertige!

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Pour la petite histoire, nous voyons cette tour China Zun de notre salon (j’avoue que ce n’est pas désagréable comme vue, surtout le de nuit 🌃), et elle nous sert d’indicateur du niveau de pollution: si nous la voyons mal, voire pas du tout, c’est qu’il y a un pic de pollution.

Finalement, le CBD est le symbole moderne de Pékin, une des images typiques que l’on pourrait envoyer par carte-postale. J’aime d’ailleurs beaucoup ce contraste que l’on voit sur la photo ci-dessous, prise depuis la colline au Charbon avec le CBD en arrière-plan.

Pékin n’en reste pas là sur le thème des constructions audacieuses et futuristes 🛸. Au sud de Chaoyang Park, qui est un peu le Central Park de notre district, se trouve le Chaoyang Park Plaza, conçu par l’architecte Chinois Ma Yansong. Les formes des bâtiments ont été dessinés de façon à faire écho à ce que l’on retrouve dans les paysages naturels et les peintures traditionnelles chinoises, et réintroduisent ainsi la nature dans le domaine urbain. Ce n’est cependant pas exactement ce qui me vient à l’esprit en voyant cette construction, mais elle a le mérite d’être très atypique.

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Chaoyang Park Plaza vu depuis l’autre côté du lac de Chaoyang Park

Non loin de là, toujours aux abords du sud de Chaoyang Park, se trouve cette drôle de construction en forme de Donut 🍩, le Phoenix Center, ou Phoenix television. Cette construction est surtout impressionnante vue de l’intérieur, mais malheureusement il n’est pas possible d’y rentrer depuis plusieurs mois, à moins de travailler pour la chaîne Hong Kongaise évidemment.

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A l’ouest de la place Tian’Anmen, une autre construction étrange ressemblant cette fois-ci à un Oeuf posé sur l’eau mérite le détour 🥚💧: le National Centre for the Performing Arts 🎶 (NCPA pour les intimes). Cet opéra démesuré est l’oeuvre du Français Paul Andreu 🐓.

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Changement de décors pour un autre symbole de Pékin: les Hutongs. Les Hutongs, ça grouille de vie (ou plutôt ça grouillait, il paraît qu’avant c’était beaucoup plus animé qu’à présent), mais ce sont aussi de vieux vélos ou scooters garés en vrac 🚲🛵, ce sont des oiseaux 🐦, vestige du Pékin d’autrefois où les soldats en attente d’être appelés s’occupaient aux jeux et en faisant de l’élevage d’oiseaux, et puis on y joue, on y crie, ou on y fait la sieste. L’oisiveté d’antan est toujours un peu présente dans les Hutongs…

Dans les Hutongs on ressent aussi un fort sentiment nationaliste chinois, notamment avec les drapeaux accrochés à côté de chaque porte 🇨🇳. Nous avons des amis installés dans les Hutongs, et à la veille de la fête nationale début octobre (la Golden week), le comité de quartier a fait le tour des habitations pour s’assurer que chacun accroche bien un drapeau à sa porte. Nos amis (Français) n’ont pas eu d’autre choix que d’acheter un drapeau chinois (c’était le plus neuf de la rue!), le comité de quartier ayant un pouvoir de nuisance non négligeable, comme faire passer le health kit, précieux sésame du quotidien, du vert au rouge sans aucune raison. Chiche qu’ils feront mettre un drapeau français à leurs voisins pour le 14 juillet 🇫🇷!

On aime jeter un oeil au travers des portes pour deviner comment c’est à l’intérieur, et on y trouve de tout: des Hutongs joliment rénovés, du bric à brac, des Hutongs dans leur jus 🏮.

Où on aime simplement s’arrêter devant les portes closes🚪, car elles sont toujours étonnantes, très joliment ornées, le plus souvent du rouge typiquement chinois.

Mais les Hutongs, ce sont aussi des toits en quinconces, parfois avec des volières au milieu, qui renforcent le sentiment de dédale et de bouillonnement de la vie pékinoise. Si ça n’avait pas été si compliqué de se rendre au lycée d’ici, c’est là que j’aurais voulu habiter! Attention toutefois, car mis à part pour les hutongs rénovés, il n’y a pas d’autres sanitaires que les WC publiques dans la rue 🚻, et ces hutongs sont souvent si mal isolés que l’hiver, très rude à Pékin, il faut garder le gros manteau aussi bien dehors que dedans 🥶.

Pékin est aussi LA ville qui a accueilli les JO d’hiver ET d’été🏅(la Chine en est d’ailleurs très fière). Cela a par conséquent laissé une empreinte architecturale plutôt chouette, comme le stade national de Pékin, surnommé aussi le « Nid d’Oiseau ». C’est là que ce sont déroulées les épreuves d’athlétisme, mais aussi les cérémonies d’ouverture et de fermeture des JOs.

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On retrouve aussi la Tour d’Observation Olympique, mais dont la construction n’a commencé qu’en 2011, soit 3 ans après les JO 2008. Son rôle n’est que de faire de l’observation, rien d’autre. Elle est située sur l’Olympic Green, où l’on voit aussi ci-dessous le Nid d’Oiseau, le « Cube » (le centre national aquatique de Pékin, en blanc à droit sur la photo), et la tour de diffusion des médias pour les JO (la tour ressemblant à un empilement de toupies).

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Mais comment parler d’architecture pékinoise sans évoquer un autre symbole, qui n’a nul autre pareil: la Cité Interdite 🚫! Je présume que vous seriez curieux de lire un article à ce sujet, encore un peu de patience, car nous ne l’avons visitée qu’une fois, ce qui est bien trop peu pour commencer à en percer ses mystères. Mais en attendant, voici un magnifique panorama depuis la colline du charbon, où l’on aperçoit aussi plus loin sur la droite l’Opéra de Pékin.

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Un autre cliché célèbre à prendre à Pékin est cette vue prise à l’un des angles nord de la Cité Interdite, à l’équilibre symétrique parfait.

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Bien évidemment à Pékin on trouve une multitude de temples. On ne peut jamais vraiment les dater, dire s’ils sont très anciens ou pas. En Europe nous prêtons une grande attention à la façon d’entretenir, voire de restaurer nos monuments anciens, pour ne pas impacter leur authenticité (il n’y a qu’à regarder tous les débats autour de la reconstruction de la flèche de Notre-Dame de Paris). Ces temples ont par contre une caractéristique commune que nous aimons beaucoup: la forme élancée des toits, avec leurs tuiles vernissées . Toujours du rouge et du doré, mais aussi du vert et du bleu.

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On y voit ici un dǒugǒng (斗拱), un élément architectural spécifique au monde chinois, basé sur un emboîtement de supports en bois. Servant au début à fixer les structures des toits sur des piliers et des colonnes, ils évoluent avec le temps pour devenir un ornement. C’est un des éléments les plus importants de l’architecture chinoise traditionnelle.

Tous ces temples que nous pouvons visiter ici sont de forme rectangulaire, sauf un temple très célèbre, presqu’autant que la Cité Interdite, et qui est aussi un véritable symbole de Pékin: le temple du Ciel. Il est considéré comme l’achèvement de l’architecture chinoise traditionnelle. La croyance chinoise symbolisant la Terre de forme carrée, et le Ciel de forme ronde, l’architecture ici est faite d’enceintes carrées avec des tuiles de couleur verte qui symbolisent la terre 🌍🟩, de bâtiments ronds avec des tuiles de couleur bleue qui symbolisent le ciel 🌈🔵. Ici aussi, il nous faudra y revenir, car ce genre d’endroit est trop immense pour être visiter complètement en une seule fois, surtout avec des enfants.

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Temple du Ciel

Et pour finir, n’oublions pas que le Communisme a aussi laissé sa trace sur l’architecture pékinoise, surtout aux abords de la place Tian’anmen 🪖. Le Palais de l’Assemblée du Peuple en est sans doute le meilleur représentant.

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Le Parlement

Je ne vais évidemment pas commenter plus ce sujet du congrès du PCC, qui commence aujourd’hui, mais pour les curieux que vous êtes, je vous propose d’écouter quelques Podcast pour mieux comprendre le contexte dans lequel nous vivons, notre réalité. Sur l’application Spotfy:

  • il y bien entendu « Les Chroniques d’Eric » (qui est d’ailleurs l’auteur de « Robinson à Pékin », dont nous avons parlé dans Robinsons à Pékin 2.0. ): épisodes du 14 octobre et du 14 septembre 2022
  • mais aussi « L’Heure du Monde »: épisode du 13 octobre

3 réflexions au sujet de « Beijing Architecture (北京建筑) »

  1. Que de noms à retenir !
    Moi je n’y arriverai jamais, mais ce serait un bon entraînement d’essayer.
    Si nous avons la chance de pouvoir aller en Chine, ton blog sera un vrai guide touristique « vu de l’interieur ».
    En attendant, tu nous mets en immersion au travers de tes articles, si bien écrits, documentés et imagés.
    Merci !

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  2. Merciiii Angelique pour cet article qui m’a encore une fois fait bien voyager, j’avais l’impression de déambuler dans Pékin et d’avoir droit à une visite privée!!! Bravo aussi pour les photos avec un coup de cœur spécial pour celle prise depuis la colline au charbon où se mêlent l’ancien et le nouveau Pékin, elle pourrait résumer à elle seule ce que semble être la ville auj.!

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  3. Un grand merci pour cet article qui nous fait voyager sans y être. Merci pour les petits détails sur la vie des Pékinois. Je ne suis pas une grande admiratrice de ces constructions démesurées mais j’admire l’audace, la solidité…mais j’aime beaucoup mieux les maisons à grandeurs humaines ainsi que les constructions qui ont traversé les âges.

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